Monique Barbut (nouvelle ministre de la Transition écologique, de la Biodiversité et des Négociations internationales sur le climat et la nature) sera-t-elle contrainte de rester sur la ligne actuelle de la France favorable à plus de simplifications, ou pourra-t-elle adopter une position « de rupture » 

Nouveau gouvernement : un moine soldat, des lieutenants macronistes et quelques civils

Créé pour « donner un budget à la France », le nouveau gouvernement de Sébastien Lecornu reflète une plus grande diversité que le précédent. Véritable volonté de rupture ou manque de ressources humaines ? Réponse lors du discours de politique générale.

Gouvernance  |  13.10.2025 https://www.actu-environnement.com/ae/news/gouvernement-Lecornu-2-46922.php4#ntrack=cXVvdGlkaWVubmV8Mzg2OA%3D%3D%5BNDExMDgz%5D

 |  N. Gorbatko

Nouveau gouvernement : un moine soldat, des lieutenants macronistes et quelques civils

© UN

Monique Barbut, la nouvelle ministre de la Transition écologique, de la Biodiversité et des Négociations internationales sur le climat et la nature.

Nul ne sait combien de temps cette nouvelle équipe restera en poste, mais après un mois de pilotage a minima par des ministres démissionnaires, la France est enfin dotée d’un gouvernement en bonne et due forme depuis dimanche 12 octobre. Enchainant les maroquins depuis 2018, Agnès Pannier-Runacher laisse son poste de ministre de la Transition écologique à la secrétaire exécutive de la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification (UNCCD), Monique Barbut. Contrairement à sa prédécesseuse placée onzième dans la liste des ministres, cette dernière se classe en quatrième position, signe théorique de l’importance accordée à ses missions. Son titre comporte en outre la mention des « négociations internationales sur le climat et la nature ».

Une précision qui reflète peut-être la volonté de la France de rester audible à moins d’un mois de l’ouverture de la COP 30, alors que les Vingt-Sept n’ont toujours pas fixé leurs ambitions pour 2040 et leurs engagements pour 2035, et à quelques jours du conseil des ministres de l’Environnement de l’UE, censé leur permettre d’avancer sur le très controversé paquet Omnibus. Cette réunion du 21 octobre constituera une véritable épreuve du feu pour la nouvelle ministre. Monique Barbut sera-t-elle contrainte de rester sur la ligne actuelle de la France favorable à plus de simplifications, quitte à écorner l’esprit du Pacte vert, ou pourra-t-elle adopter une position « de rupture » ?

Une actrice engagée

Le parcours de la ministre laisse entrevoir une sensibilité forte aux enjeux environnementaux planétaires, mais également une indéniable volonté d’action. Passant d’un poste de direction à l’autre, au sein de l’Agence française pour le développement, du Programme des Nations unies pour l’environnement ou du Fonds pour l’environnement mondial qu’elle a contribué à créer, elle s’est aussi vu confier le rôle de négociatrice, lors du Sommet de la Terre de 1992, à Rio de Janeiro, ou à l’occasion de la préparation du « One Planet Summit » sur la biodiversité en 2020-2021.

Elle a également assumé la présidence du WWF de 2021 à 2024. De cette tribune, elle exhortait Emmanuel Macron, en 2022, à donner un nouveau souffle autour de l’écologie. Mais rien ne dit qu’elle aura les mains libres pour passer du conseil à la pratique en période de retour en arrière environnemental et de restrictions budgétaires. À ce titre, le profil de son ministre délégué à la Transition écologique, Mathieu Lefèvre, ne porte guère à l’optimisme. Député Renaissance depuis 2022, sans appétence particulière connue pour l’environnement, ce dernier a été conseiller chargé de la synthèse budgétaire et chef de cabinet au ministère de l’Économie, avant un passage au ministère de l’Intérieur.

Quelques nouvelles têtes 

Catherine Chabaud, sa ministre déléguée à la Mer, en revanche, est largement reconnue pour son engagement en faveur des milieux maritimes. Première femme à terminer un tour du monde à la voile, en solitaire, en course et sans escale, le Vendée Globe de 1997, elle a cocréé la Fondation de la mer et la plateforme Océan et Climat, lançant en parallèle une initiative pour faire reconnaître l’océan comme « un bien commun de l’humanité ». Ambassadrice pour la mer à la COP 21, consultante et animatrice d’émissions radiophoniques sur le développement durable, ancienne rédactrice en chef de la revue Thalassa, copilote du projet Voilier du futur et du Tour de France des solutions pour le climat, elle a été conseillère au Conseil économique social et environnemental et députée européenne (Renew) de 2021 à 2024.

Également « nouveaux venus », l’ancienne juge et députée Horizon Naïma Moutchou hérite des Outremers, le député Vincent Jeanbrun (LR) de la Ville et du Logement. Ce dernier est à l’origine du think tank Urbanités spécialisé dans la santé environnementale et la transformation. Néophyte lui aussi, le député LR et président d’Intercommunalités de France, Sébastien Martin, secondera Roland Lescure à l’Énergie, tandis que Michel Fournier, président de l’Association des maires ruraux de France, prendra le poste de la Ruralité.
Il y remplacera Françoise Gatel, qui décroche cette fois une place de ministre de plein exercice de l’Aménagement du territoire et de la Décentralisation.

Des actions de recyclage

Parmi les personnalités politiques déjà connues, on retrouve aussi Roland Lescure, ancien ministre délégué chargé de l’Industrie et de l’Énergie devenu ministre de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle, énergétique et numérique. Il en est de même pour l’ex-ministre délégué chargé de l’Europe et ministre délégué chargé du Numérique, Jean-Noël Barrot, promu ministre de l’Europe et des Affaires étrangères.

Félicitée par les chambres d’agriculture, Annie Genevard conserve son poste de ministre de l’Agriculture, de l’Agroalimentaire et de la Souveraineté alimentaire, Philippe Tabarot (LR), celui de ministre des Transports, Benjamin Haddad (Renaissance), celui de l’Europe (délégué). À noter, l’arrivée de Jean-Pierre Farandou, ex-président de la SNCF, au poste de ministre du Travail d’où il pourra peut-être apporter son éclairage sur les mobilités.

Cette nouvelle équipe composée de « personnalités libres » et caractérisée par une « diversité de sensibilités », selon le Premier ministre, doit maintenant résister d’ici la fin de semaine aux motions de censure déposées par La France insoumise et le Rassemblement national, avant d’attaquer le débat budgétaire.

Nadia Gorbatko, journaliste
Rédactrice spécialisée

Publié par jscheffer81

Cardiologue ancien chef de service au CH d'Albi et ancien administrateur Ancien membre de Conseil de Faculté Toulouse-Purpan et du bureau de la fédération des internes de région sanitaire Cofondateur de syndicats de praticiens hospitaliers et d'associations sur l'hôpital public et l'accès au soins - Comité de Défense de l'Hopital et de la Santé d'Albi Auteur du pacte écologique pour l'Albigeois en 2007 Candidat aux municipales sur les listes des verts et d'EELV avant 2020 Membre du Collectif Citoyen Albi

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