Le PLFSS de Sébastien Lecornu reprend plusieurs des mesures avancées par François Bayrou, notamment concernant les arrêts de travail et les franchises médicales.

PLFSS 2026 : le gouvernement vise plus de 7 milliards d’euros d’économie sur la santé

Quentin Haroche | 14 Octobre 2025 https://www.jim.fr/viewarticle/plfss-2026-gouvernement-vise-plus-7-milliards-deuros-2025a1000rp0?ecd=wnl_all_251014_jim_daily-doctor_etid7796831&uac=368069PV&impID=7796831&sso=true

Le PLFSS de Sébastien Lecornu reprend plusieurs des mesures avancées par François Bayrou, notamment concernant les arrêts de travail et les franchises médicales.

La rupture, c’est le mot clé que tente de justifier Sébastien Lecornu depuis son arrivée à Matignon il y a cinq semaines (cinq semaines déjà marquées par une démission et deux gouvernements). Difficile cependant d’incarner la rupture, lorsqu’on est membre du gouvernement depuis 2017 et qu’on s’entoure essentiellement de ministres macronistes. Cette difficulté à rompre avec le passé se ressent dans le projet de loi de financement de la Sécurité Sociale (PLFSS) pour 2026 présenté par l’exécutif en Conseil des ministres ce mardi.

Ce PLFSS élaboré un peu en catastrophe par Sébastien Lecornu ces dernières semaines reprend ainsi un grand nombre des propositions formulées par son prédécesseur François Bayrou en juillet dernier. S’agissant des économies à réaliser, il se veut cependant encore plus ambitieux : alors que le maire de Pau tablait sur 5,5 milliards d’euros d’économie, le PLFSS 2026 vise 7,1 milliards d’euros de baisses de dépenses. 

Une hausse de l’Ondam de seulement 1,6 %

L’objectif national de dépenses d’Assurance Maladie (Ondam) n’augmenterait ainsi que de 1,6 %, pour atteindre 270,4 milliards d’euros. En moyenne, l’Ondam croit de 4,8 % par an depuis 2019 (hors dépenses liées à la Covid-19) et avait augmenté de 3,4 % en 2025. L’objectif est de faire passer le déficit de la Sécurité Sociale de 23 milliards d’euros en 2025 à 17,5 milliards en 2026 (rappelons que ce déficit n’était que de 1,5 milliard en 2018).

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Le PLFSS adopté ce mardi au Conseil des ministres se propose tout d’abord de « lutter contre les rentes dans le système de santé », une problématique que l’ancienne ministre de la Santé Catherine Vautrin avait déjà évoqué en juillet dernier. Les radiologues, les radiothérapeutes et les biologistes médicaux, dont les revenus ont fortement augmenté ces dernières années, sont donc encore une fois dans le collimateur des autorités et pourraient voir leurs tarifs diminuer. Le gouvernement souhaite également réduire le coût du médicament, en poursuivant la politique favorisant l’utilisation des génériques et des biosimilaires.

Sans surprise, l’exécutif entend également s’attaquer aux arrêts de maladie, dont les coûts ont fortement cru ces dernières années (les indemnités journalières ont augmenté de 28 % entre 2019 et 2023) et qui sont devenus l’ennemi public numéro 1 des gouvernements successifs. Là encore, Sébastien Lecornu s’est essentiellement contenté de copier sur son camarade François Bayrou pour rédiger son projet de budget. Il est prévu de plafonner à 15 jours en ville et 30 jours à l’hôpital la durée d’une primo prescription d’arrêt de travail et de simplifier le retour au travail après un congé de maternité.

Le gouvernement Lecornu tiendra-t-il la semaine ?

Autre mesure reprise du précédent gouvernement, le PLFSS 2026 acte le doublement des franchises médicales et participations forfaitaires, ces sommes qui restent à la charge des patients sur les consultations médicales, les médicaments, les transports médicaux ainsi que les actes d’imagerie ou de biologie. Ces franchises vont ainsi doubler à la fois dans leur montant (elle passera ainsi de 1 à 2 euros pour les boites de médicaments et de 2 à 4 euros pour les consultations médicales) et dans leur plafond (qui passera de 50 à 100 euros). Une mesure qui pourrait rapporter à elle seule plus de 2,3 milliards d’euros par an.

Dans le domaine de la santé, le PLFSS prévoit également des mesures de lutte contre la fraude et d’efficiences des soins. Seule dépense supplémentaire, le texte budgétaire intègre les revalorisations tarifaires promises à certains médecins spécialistes et paramédicaux (les kinésithérapeutes notamment) décidées en 2024 dans des accords conventionnels. Initialement prévues pour entrer en vigueur le 1er juillet dernier, ces revalorisations avaient été suspendues en raison du dérapage des dépenses publiques

Sébastien Lecornu devrait évoquer plus en détail certaines de ces mesures cet après-midi lors de son discours de politique générale devant l’Assemblée Nationale. Un moment d’ores et déjà décisif pour le chef du gouvernement, qui sait que sa position est plus que compromise. Le Rassemblement National (RN) et La France Insoumise (LFI) ont en effet d’ores et déjà déposé ce lundi deux motions de censure qui seront examinées ce jeudi. Comme toujours depuis les élections législatives de l’an dernier, tout reposera sur l’attitude du Parti Socialiste. Il suffirait qu’une vingtaine de députés du parti à la rose votent la censure pour que Sébastien Lecornu ne soit, à nouveau, contraint à la démission.

Publié par jscheffer81

Cardiologue ancien chef de service au CH d'Albi et ancien administrateur Ancien membre de Conseil de Faculté Toulouse-Purpan et du bureau de la fédération des internes de région sanitaire Cofondateur de syndicats de praticiens hospitaliers et d'associations sur l'hôpital public et l'accès au soins - Comité de Défense de l'Hopital et de la Santé d'Albi Auteur du pacte écologique pour l'Albigeois en 2007 Candidat aux municipales sur les listes des verts et d'EELV avant 2020 Membre du Collectif Citoyen Albi

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