Les « consultations médicales solidaires » ne font pas recette

« “Un médecin près de chez vous” : pourquoi le dispositif de lutte contre les déserts médicaux est au point mort »

 Date de publication : 13 octobre 2025 https://www.mediscoop.net/index.php?pageID=170870540ba8341c05569f408bf476b1&id_newsletter=22608&liste=0&site_origine=revue_mediscoop&nuid=44baf5968540a6248a8065e80f2f7273&midn=22608&from=newsletter

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Nathalie Raulin remarque en effet dans Libération qu’« annoncées début septembre par l’alors ministre de la Santé Yannick Neuder, les consultations médicales solidaires se font toujours attendre. La faute au manque de médecins volontaires et au trop-plein de problèmes techniques ».
La journaliste cite Marie Leclercq, maire de Montsauche-les-Settons et présidente de la communauté de communes Morvan Sommets et Grands Lacs (Nièvre), qui observe : « Les médecins volontaires pour venir exercer chez nous deux jours par mois, aujourd’hui, c’est zéro. […] On n’a plus qu’un seul généraliste pour suivre les 3500 habitants du canton, alors que la population est vieillissante. Vu la pression, il n’est même pas sûr de rester. Il en faudrait un deuxième. Un volontaire deux jours par mois, ça ne suffit pas mais bout de chandelle par bout de chandelle, on peut peut-être y arriver ».
Nathalie Raulin observe cependant que « Marie Leclercq déchante. Mercredi 8 octobre, elle est sortie dépitée de sa réunion en visio avec l’ARS de Bourgogne et la préfecture ».
L’édile précise : « Ils ne sont pas très optimistes sur le fait qu’on trouve un candidat. Ils nous ont demandé d’activer nos réseaux. J’ai téléphoné à notre généraliste partie en retraite l’année dernière pour l’inciter à postuler, mais elle ne m’a pas rappelé ».
La journaliste constate que « nombre d’élus partagent sa déception. C’est qu’un mois et demi après le lancement officiel du dispositif rebaptisé «Un médecin près de chez vous», aucun territoire «fragile» n’a reçu le moindre renfort médical ».
Le Dr Luc Duquesnel, président de la branche des médecins généralistes du syndicat CSMF, réagit : « Cette annonce ministérielle a été faite dans la précipitation. Neuder a mis la charrue avant les bœufs. Techniquement, rien n’était réglé. Sous pression, les agences régionales de santé ont voulu répondre trop vite sans mesurer les risques sur la continuité des soins et la mise en danger des patients. On était juste dans l’affichage politique ».
Nathalie Raulin souligne que « les candidats ne se bousculent pas » : « Le 22 septembre, avec un sérieux retard à l’allumage sur le calendrier initial, le ministère de la Santé met enfin en ligne la plateforme d’inscription des médecins volontaires. […] Les praticiens ne s’inscrivent qu’au compte-goutte. […] En Centre-Val-de-Loire, région la plus carencée de France, sur la vingtaine attendue, seul un praticien a confirmé à ce jour sa participation ».
François Bonneau, président socialiste de la région Centre-Val de Loire, observe toutefois : « Comme apparemment il exerce déjà dans la région, ce soi-disant renfort n’arrangera rien. J’avais prévenu l’ARS : tout le territoire régional est médicalement sous-doté, souvent gravement. Donc sauf à déshabiller Paul pour habiller Jacques, les médecins volontaires doivent venir d’ailleurs si on veut vraiment améliorer l’offre de soin ! ».
Agnès Giannotti, présidente du syndicat MG France, remarque pour sa part : « Actuellement tout est au point mort. Les questions techniques ne sont toujours pas réglées ».
Le Dr Duquesnel ajoute : « On a envie que cela marche mais tout cela est fait en dépit du bon sens. Si le médecin prescrit une IRM ou une prise de sang à un malade, il en va de sa responsabilité médicale d’en assurer le suivi. S’il n’est plus là, il faut au moins que les données du patient aient été intégrées dans le logiciel métier utilisé sur place de sorte qu’un confrère puisse prendre le relais. Mais cela suppose que le médecin volontaire y soit abonné et qu’il sache l’utiliser ! Qui va s’en charger et avec quel argent ? ».
Nathalie Raulin indique que « les ARS se sont engagées à remédier au «flou» d’ici début novembre. Quand bien même, la montée en puissance de «l’expérimentation» […] menace de se briser sur un autre écueil. C’est qu’à compter du 1er janvier 2026, sa raison d’être et son attractivité vont considérablement s’amoindrir ».
La journaliste rappelle que « les praticiens libéraux auront alors la possibilité de faire des «consultations avancées» en «zones d’intervention prioritaire», territoires fragiles qui couvrent 4,4 millions de personnes, géographiquement plus nombreux et variés que les 151 zones rouges retenues dans le dispositif «Un médecin près de chez vous» ».
Nathalie Raulin précise qu’« en contrepartie de leur effort, les médecins toucheront une «rémunération forfaitaire» de 200 euros la demi-journée, le double de ce qu’offrent les missions solidaires. Même si les deux dispositifs ne se recoupent pas complètement, il y a fort à parier que ce frein-là sera puissant ».

Publié par jscheffer81

Cardiologue ancien chef de service au CH d'Albi et ancien administrateur Ancien membre de Conseil de Faculté Toulouse-Purpan et du bureau de la fédération des internes de région sanitaire Cofondateur de syndicats de praticiens hospitaliers et d'associations sur l'hôpital public et l'accès au soins - Comité de Défense de l'Hopital et de la Santé d'Albi Auteur du pacte écologique pour l'Albigeois en 2007 Candidat aux municipales sur les listes des verts et d'EELV avant 2020 Membre du Collectif Citoyen Albi

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