« C’est énormément de tristesse et de colère » : l’unité de soins palliatifs de l’hôpital de La Roche-sur-Yon ferme
Yves-René Tapon
Publié le jeudi 9 octobre 2025 à 17:33
https://l.ici.fr/mOS
Les syndicats du centre hospitalier de Vendée dénoncent l’annonce début octobre de la direction de fermer l’unité de soins palliatifs officiellement par manque de personnel. Ils dénoncent « une méthode brutale, un mépris des patients et un manque de transparence ».
C’est la stupeur à l’hôpital de La Roche-sur-Yon en Vendée. Les salariés viennent d’apprendre la fermeture de l’unité de soins palliatifs officiellement par manque de personnel. Tous les salariés, y compris le personnel dédié à l’unité, l’ont appris par un simple mail début octobre. Plusieurs personnels soignants se sont mis en arrêt maladie, d’autres ont été répartis dans d’autres services, comme les patients.
« C’est énormément de tristesse, témoigne une salariée qui veut rester anonyme à ICI Loire Océan. Le sentiment que, au-delà de la fermeture, ce sont des valeurs qui s’écroulent. Je pense qu’on a une équipe médicale qui est très volontaire, qui se bat aussi pour se faire entendre. Et je pense qu’elle s’est en effet épuisée de ne pas être entendue par les directions, de ne pas être entendue dans les besoins. C’est devenu vrai, on est en manque de médecins, mais ces médecins se sont vraiment épuisés. »
« Les médecins se sont vraiment épuisés »
Les syndicats dénoncent « une méthode brutale, un mépris des patients et un manque de transparence ». « Il n’y a eu aucune concertation,tonne le représentant CGT Didier Cartro. La semaine précédente lors du CSE, le directeur ne nous en a absolument pas parlé. Et ces manières de faire, de fermer, de ne pas prévenir, de ne pas se concerter, vont créer une ambiance délétère dans l’établissement. On voudrait quand même que le directeur écoute tout le monde avant de prendre des décisions. » La direction du centre hospitalier de Vendée n’a pas répondu à notre demande d’interview.
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Les textes sur les soins palliatifs et la fin de vie arrivent ce lundi dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale. Le premier fait l’objet d’un relatif consensus, mais le second, ultra-sensible, fracture la société comme tous les groupes politiques.
La discussion de la proposition de loi relative aux soins palliatifs et sur la fin de vie a repris ce lundi dans l’hémicycle à l’Assemblée nationale. Un débat sensible retardé suite à la dissolution de juin 2024. Le texte a depuis été divisé en deux, l’un sur les soins palliatifs, l’autre sur la fin de vie. Sur ce deuxième aspect qui suscite le plus de débats, il propose d’instaurer un « droit à l’aide à mourir ».
Autrement dit, la possibilité pour un malade d’accéder au suicide assisté ou à l’euthanasie sous certaines conditions (être majeur, français ou résidant stable, être atteint d’une affection grave et incurable qui engage le pronostic vital en phase avancée ou terminale et qui provoque des souffrances physiques ou psychiques inapaisables et, enfin, être capable d’exprimer sa volonté libre et éclairée). Les opposants au projet veulent exclure les souffrances psychiques comme seul motif de recours à l’aide à mourir.
« On peut vivre une vie entière en soins palliatifs ».
« Quand on est en soins palliatifs, on sait qu’on ne va pas guérir de sa maladie, explique le docteur Caroline Hennion, la responsable de l’unité soins palliatifs du centre hospitalier de La Roche-sur-Yon, mais ça ne veut pas dire qu’on va mourir tout de suite. On peut vivre une vie entière en soins palliatifs et donc on prend en charge les patients à des moments aigus. Ici, on a beaucoup de cancers, des maladies neuro-évolutives comme la maladie de Charcot, la sclérose latérale amyotrophique, mais on prend aussi en charge des patients qui ont des insuffisances chroniques d’organes ».
Ce texte de loi dédié aux soins palliatifs est vu d’un bon œil par ces professionnels de santé. « C’est une bonne chose, juge le docteur Sophie Gabillaud, maintenant comment va-t-on démarrer et initier cette culture de soins palliatifs sans que les gens pensent qu’ils vont mourir dès qu’on leur parle de soins palliatifs. Est-ce qu’une loi va réussir à modifier ça ? Je ne suis pas très sûre ».
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« Le décès par mort provoquée est demandée par la société, mais très peu par les soignants »
C’est surtout le texte sur le droit à l’aide à mourir que craignent ces médecins. « On appelle ça un décès par mort provoquée. Il est demandé par la société, mais extrêmement peu demandé par les soignants, insiste Carline Hennion, parce que finalement, quand on accompagne des patients qui sont en demande de mort provoquée, on se rend compte que quand on arrive à les soulager, 95 % des demandes disparaissent. Et c’est en cela où pour nous, c’est important que la prise en charge palliative soit vraiment plus développée. C’est parce qu’on sait que ça élimine la plupart des demandes ».
« On est sur des notions de court terme, ajoute Sophie Gabillaud, il va y avoir certainement un débat à l’Assemblée sur la notion de pronostic engagé. Alors, engagé, ça veut dire quoi à court, moyen, long terme ? Qui arrive à définir réellement ça ? Ça va être aussi une grande problématique de la loi ». Ces professionnelles de santé suivront de très près les débats et les amendements déposés. Le gouvernement souhaite encadrer strictement les conditionsde l’aide à mourir. « Je complèterai le texte avec les récentes préconisations de la Haute autorité de la santé (HAS) pour que l’accès à l’aide à mourir soit très encadré. Le gouvernement va déposer un amendement pour définir la phase avancée, à savoir l’entrée dans un processus irréversible marqué par l’aggravation de l’état de santé qui affecte la qualité de vie », indique la ministre de la Santé Catherine Vautrin ce lundi dans Aujourd’hui en France.