Oiseaux: une liste rouge des espèces menacées.

Près des deux tiers des espèces d’oiseaux au monde voient leur population décliner

L’Union internationale pour la conservation de la nature a publié, vendredi, une mise à jour de sa liste rouge des espèces menacées. 

Par e

hier à 10h15, modifié à 06h03 https://www.lemonde.fr/planete/article/2025/10/10/pres-des-deux-tiers-des-especes-d-oiseaux-au-monde-voient-leur-population-decliner_6645596_3244.html

Temps de Lecture 3 min.

Philépitte de Schlegel (« Philepitta schlegeli ») mâle, parc national Tsingy de Bemaraha, à Madagascar.
Philépitte de Schlegel (« Philepitta schlegeli ») mâle, parc national Tsingy de Bemaraha, à Madagascar. CHIEN LEE / MINDEN PICTURES / BIOSPHOTO

Sur 172 620 espèces évaluées dans le monde, 48 646 sont désormais officiellement à risque d’extinction. A l’occasion de son congrès mondial, qui réunit quelque 10 000 participants jusqu’au 15 octobre aux Emirats arabes unis, l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) a publié, vendredi 10 octobre, une mise à jour de sa liste rouge des espèces menacées.

Cette nouvelle évaluation, qui fournit une photographie de l’état de santé de la biodiversité mondiale, correspond à l’achèvement du huitième cycle d’évaluation de toutes les espèces d’oiseaux (11 185). Principale conclusion de ce processus, qui a duré neuf ans et impliqué des milliers d’experts : 11,5 % de ces espèces, soit 1 256, sont considérées comme en voie de disparition, une proportion relativement stable par rapport aux années précédentes. Ces nouveaux travaux soulignent, par ailleurs, que 61 % des espèces d’oiseaux voient leur population décliner, contre 44 % en 2016.

« Le fait que le nombre d’espèces menacées reste similaire ne signifie pas que la situation ne se dégrade pas, précise Ian Burfield, coordinateur de la liste rouge des oiseaux et responsable scientifique mondial de l’ONG BirdLife. Si une espèce reste dans la catégorie vulnérable par exemple, cela veut dire que sa population continue de décliner à un certain rythme. Et beaucoup d’autres, dont les populations diminuent également, sont en quelque sorte en train de frapper à la porte de la liste rouge. »

Amélioration des connaissances

Cette forte augmentation du nombre d’espèces dont les populations régressent s’explique en partie par une amélioration des connaissances. « En Europe, en Amérique du Nord ou en Australie, nous disposons de bons programmes de suivi des espèces, détaille M. Burfield. Mais ce n’est pas le cas dans de nombreuses régions du monde, notamment sous les tropiques. Or, c’est là que se trouvent la plupart des oiseaux. »

Ces dernières années, des images satellitaires de très haute résolution de la couverture forestière dans les régions tropicales sont toutefois devenues accessibles. Une fois superposées aux cartes des aires de répartition des quelque 4 000 espèces dépendantes des forêts, elles ont permis d’en savoir davantage sur leur état de conservation. « Si une quantité significative de forêt disparaît, il est très probable que la population ait décliné d’autant, explique M. Burfield.Jusqu’à récemment, nous n’avions pas ces données et, faute d’autres preuves, nous avons donc supposé que la plupart des espèces tropicales se portaient probablement bien. »

Lire le décryptage :  Pesticides et engrais, causes majeures de l’effondrement des populations d’oiseaux en Europe

Dix-sept espèces endémiques des forêts de Madagascar ont ainsi vu leur statut décliner, dont le philépitte de Schlegel, un passereau aux remarquables excroissances bleues et vertes autour des yeux. En Afrique de l’Ouest par exemple, la déforestation apparaît également comme une menace croissante pour le calao à casque noir, un gros oiseau qui a besoin d’arbres matures pour faire son nid – et qui est également menacé par la chasse et le trafic.

Préserver les forêts

Publiée un mois avant la conférence mondiale pour le climat (COP30), qui se tiendra aux portes de l’Amazonie brésilienne, la liste rouge rappelle, s’il le fallait, l’importance de préserver les forêts, essentielles pour lutter contre la crise climatique mais aussi contre l’effondrement de la biodiversité. Outre la déforestation, l’intensification agricole demeure l’un des facteurs majeurs de perte et de dégradation des habitats propices aux oiseaux, également menacés par les espèces invasives, la chasse, les pollutions, les pesticides ou encore le changement climatique.

Autre enseignement de la liste rouge, cette crise climatique menace directement les phoques arctiques, qui vivent dans une région se réchauffant plus vite qu’ailleurs : le phoque à capuchon, le phoque barbu et le phoque du Groenland changent tous les trois de catégorie à l’occasion de cette actualisation. Ces animaux dépendent de la banquise pour se reproduire, élever leurs petits, se reposer et accéder aux zones où ils peuvent se nourrir. L’amincissement et la disparition de cette banquise provoqués par le réchauffement affectent leurs habitudes alimentaires mais rendent aussi l’Arctique plus accessible aux humains, ce qui accroît le risque global pour ces espèces.

« L’atténuation des activités humaines – réduire les captures, mettre en place une gestion prudente des pêches, limiter la pollution… – contribuera à ralentir le déclin, note Kit Kovacs, coprésidente du groupe de spécialistes des pinnipèdes à l’UICN et responsable du programme Svalbard à l’Institut polaire norvégien. Mais la baisse des émissions de CO2 et l’inversion des tendances du changement climatique sont les mesures les plus importantes » pour protéger ces phoques.

Lire aussi |    Au Svalbard, l’endroit qui se réchauffe le plus vite au monde : « C’est comme un scénario catastrophe »

Exemples de réussite

Comme à chaque mise à jour de sa liste rouge, l’UICN met également en avant des exemples de réussite en matière de conservation. Pour les oiseaux, elle cite l’exemple de la rousserolle de Rodrigues, autrefois considérée comme « en danger critique », qui a bénéficié des efforts de restauration des forêts de l’île où elle se trouve, dans l’océan Indien.

La tortue verte, qui vit dans les eaux tropicales et subtropicales, a également vu son statut s’améliorer, passant de « en danger » à « préoccupation mineure ». Sa population a augmenté d’environ 28 % depuis les années 1970 grâce aux efforts visant à protéger les nids des femelles et leurs œufs sur les plages, à diminuer les captures accidentelles liées à la pêche et à réduire la consommation de ces animaux pour l’alimentation humaine. « Il ne faut pas se concentrer uniquement sur les tortues mais sur le fait de conserver leurs habitats et leurs fonctions écologiques », rappelle Roderic Mast, du groupe de spécialistes des tortues marines de l’UICN.

Six espèces rejoignent la catégorie des espèces éteintes, dont le courlis à bec grêle, premier oiseau continental à disparaître depuis cinq siècles. Quatre espèces, dont trois mammifères australiens et une plante native d’Hawaï, ont été évaluées pour la première fois et directement classées comme disparues.

Lire aussi  Le courlis à bec grêle, échassier des zones humides, n’existe plus : récit de la première extinction d’un oiseau continental depuis cinq siècles

Publié par jscheffer81

Cardiologue ancien chef de service au CH d'Albi et ancien administrateur Ancien membre de Conseil de Faculté Toulouse-Purpan et du bureau de la fédération des internes de région sanitaire Cofondateur de syndicats de praticiens hospitaliers et d'associations sur l'hôpital public et l'accès au soins - Comité de Défense de l'Hopital et de la Santé d'Albi Auteur du pacte écologique pour l'Albigeois en 2007 Candidat aux municipales sur les listes des verts et d'EELV avant 2020 Membre du Collectif Citoyen Albi

Laisser un commentaire