Une histoire étonnante comme quoi apprécier une situation « d’obstination déraisonnable » de poursuite des soins de coule pas de source.

« L’hôpital veut arrêter les soins, la famille refuse : controverse judiciaire autour de l' »obstination déraisonnable » »

 Date de publication : 9 octobre 2025 Temps de lecture: 3 min

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Antoine d’Abbundo indique dans La Croix que « le tribunal administratif de Montreuil examine […] la requête de la famille de Jean-Claude Seknagi contre l’hôpital Robert Ballanger, en Seine-Saint-Denis. En 2022, les médecins avaient décidé de l’arrêt des traitements de ce patient qu’ils estimaient condamné et qui est aujourd’hui bien vivant ».
Le journaliste remarque ainsi : « Le service réanimation de l’hôpital […] a-t-il commis une faute en décidant l’arrêt des traitements de Jean-Claude Seknagi ? Et si oui, quel est le prix du préjudice moral subi par le patient et sa famille qui ont dû batailler ferme devant la justice pour empêcher la mise en œuvre de ce que son fils Ilan qualifie de «mise à mort programmée» ? ».
Antoine d’Abbundo rappelle que « l’histoire commence à la fin de novembre 2021 lorsque Jean-Claude Seknagi, 70 ans, est pris en charge par l’établissement pour un grave problème urologique qui dégénère en septicémie. […] Admis en réanimation et plongé dans un coma artificiel, l’équipe soignante prévient alors son épouse Nicole et leurs trois enfants qu’en cas de dégradation de son état, il ne sera pas pratiqué d’acharnement thérapeutique ».
Le journaliste observe que « pour les soignants, il ne s’agit que d’appliquer la loi dite Claeys-Leonetti de 2016 qui instaure la notion d’obstination déraisonnable ».
Le journaliste relève cependant que « Jean-Claude Seknagi veut vivre. C’est ce qu’il a toujours dit à ses proches et qu’il réaffirme de vive voix, le 22 décembre, dans un moment de conscience, à son épouse et son fils Ilan qui saisit l’instant dans une vidéo prise par téléphone ».
Antoine d’Abbundo continue : « Lorsque le 21 février 2022, les médecins annoncent qu’ils «débrancheront» 48 heures plus tard le patient dont l’état se dégrade, selon eux, irrémédiablement, elle saisit en urgence le tribunal administratif de Montreuil pour les en empêcher. Et elle obtient gain de cause : le 24 février, les juges suspendent la décision d’arrêt de traitement le temps qu’un expert se prononce sur le dossier. Mais entre-temps et contre toute attente, l’état de santé de Jean-Claude Seknagi s’améliore ».
Ilan déclare : « Son escarre s’était résorbée, l’infection régressait et il montrait des signes de réveil, ce que nous avons fait constater par huissier. Pourtant les médecins maintenaient que poursuivre les soins était de l’obstination déraisonnable ».
« Sans convaincre les juges qui, en avril, ordonnent à l’hôpital de ne pas mettre en œuvre la décision d’arrêt thérapeutique. Bien leur a pris puisque, quelques semaines plus tard, Jean-Claude Seknagi sort du coma et est hospitalisé à domicile en septembre 2022. Trois ans plus tard, il est toujours là », relève Antoine d’Abbundo.
Ilan précise : « Handicapé, oui, mais bien vivant et heureux d’être avec nous sa famille alors que les médecins l’avaient condamné ».
Le journaliste indique que « la famille espère encore obtenir de l’hôpital qu’il reconnaisse sa faute et l’indemnise, au moins à titre symbolique, pour ce qu’elle a été obligée d’endurer ».
Ilan ajoute que « si nous avons saisi une nouvelle fois la justice, c’est aussi pour que notre histoire serve d’exemple et contribue à informer les gens sur leur droit car je reçois beaucoup de messages de personnes qui vivent ce que nous avons traversé. Je ne connais rien en médecine, mais j’estime que si un malade a décidé de se battre, le médecin doit respecter sa volonté. Ce n’est pas à ce dernier de juger ce qui est déraisonnable ou pas et qui doit vivre ou mourir ».

Publié par jscheffer81

Cardiologue ancien chef de service au CH d'Albi et ancien administrateur Ancien membre de Conseil de Faculté Toulouse-Purpan et du bureau de la fédération des internes de région sanitaire Cofondateur de syndicats de praticiens hospitaliers et d'associations sur l'hôpital public et l'accès au soins - Comité de Défense de l'Hopital et de la Santé d'Albi Auteur du pacte écologique pour l'Albigeois en 2007 Candidat aux municipales sur les listes des verts et d'EELV avant 2020 Membre du Collectif Citoyen Albi

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