2025
« “Une manière de faire de l’argent sur le corps des mères” : les échographies “de plaisir” dénoncées par les sages-femmes »
Date de publication : 7 octobre 2025 https://www.mediscoop.net/index.php?pageID=7add825d2e22ef75e805028e1b1830d4&id_newsletter=22553&liste=0&site_origine=revue_mediscoop&nuid=44baf5968540a6248a8065e80f2f7273&midn=22553&from=newsletter
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Cassandre Leray constate en effet dans Libération que « depuis plusieurs années, des entrepreneurs sans formation médicale proposent aux femmes enceintes de découvrir le sexe de leur bébé en toute illégalité. Malgré une condamnation de l’un d’eux en juin, ce business, où l’on trouve esthéticiennes ou startupers, perdure ».
La journaliste évoque ainsi cette « échographie «plaisir», «de confort» ou encore «commerciale». Moyennant des sommes de 60 à une centaine d’euros, les futurs parents peuvent y découvrir le sexe de leur bébé avant l’échographie obligatoire du deuxième trimestre, ou encore obtenir des photos et des vidéos en 3D de l’enfant à venir ».
« Une pratique strictement interdite aux soignants par le code [de] la santé publique en raison de son caractère commercial. Ces imageries sont ainsi réalisées en toute illégalité par des personnes n’étant pas autorisées – ni formées – à en pratiquer », observe Cassandre Leray.
Elle fait savoir que ce « business [est] dans le viseur du Conseil national de l’Ordre des sages-femmes (Cnosf) qui dénonce une pratique illégale. D’abord parce que des entrepreneurs sans formation médicale proposent aux femmes enceintes de découvrir le sexe de leur bébé en toute illégalité.», martèle Isabelle Derrendinger, présidente du Cnosf. Ensuite, «parce que ce ne sont pas des professionnels de santé mais des entrepreneurs, et en plus, c’est dangereux !» Rien qu’en 2025, l’Ordre a déposé 6 plaintes contre des établissements proposant des échographies «de plaisir» afin de mettre un terme à leur activité ».
Cassandre Leray remarque qu’« il n’existe pas de chiffres officiels permettant de quantifier le phénomène. Certains professionnels comptent une quinzaine de lieux où pratiquer des échographies non médicales, sans certitude ».
« En pratique, il suffit de quelques clics sur Google pour trouver ce type de services. Un site invite ainsi les parents à venir «admirer dans le calme et le confort» leur bébé, tandis qu’un autre garantit une «expérience magique» », observe la journaliste.
Elle indique qu’« il n’existe pas de données permettant d’affirmer avec certitude que les échographies non médicales seraient physiquement dangereuses pour le fœtus. Toutefois, dès 2012, la Haute autorité de santé (HAS) rappelait dans un rapport l’importance du «principe de précaution» en limitant l’exposition aux ultrasons ».
Marianne Benoit, maïeuticienne dans un hôpital d’Ile-de-France et secrétaire générale de l’Ordre des sages-femmes, souligne par ailleurs qu’« il y a aussi un risque de découvrir quelque chose de grave dans un cadre inadapté ».
Cassandre Leray note que « la soignante le rappelle : en France, en plus d’être médecin ou sage-femme, l’obtention d’un diplôme universitaire d’échographie obstétricale et gynécologique – généralement en un an – est obligatoire pour poser une sonde sur le ventre d’une femme enceinte ».
Cassandre Leray indique que « le Collège français d’échographie fœtale et le Conseil national de l’Ordre des médecins plaident pour l’interdiction totale des échographies non médicales. […] Le ministère de la Santé tient la même position : la pratique d’échographies fœtales est réservée aux médecins et sages-femmes y étant autorisés via leur diplôme, et «les échographies ludiques sont à éviter». Le cabinet du ministre l’assure : une fois informées de cas de pratiques d’échographies «par des personnes non autorisées», les Agences régionales de santé doivent «faire cesser» l’activité ».
« De leur côté, les sages-femmes ne lâchent rien et attendent des réponses de la justice à leurs plaintes », ajoute la journaliste.