Les Français majoritairement favorables aux énergies renouvelables, y compris parmi les électeurs de droite et d’extrême droite
Une enquête d’opinion, portant sur un panel de 12 000 personnes, montre une dichotomie entre les positions des hommes politiques et les attentes des citoyens en matière d’énergie.
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Débats houleux au Parlement, critiques nourries contre l’éolien et le solaire… De plus en plus, l’énergie apparaît, dans le débat public, comme un sujet particulièrement clivant, opposant notamment les partisans des renouvelables aux tenants du nucléaire. Cette polarisation a culminé avant l’été lorsque l’Assemblée nationale a adopté un moratoire sur tout nouveau projet renouvelable, finalement rejeté lors du vote solennel. Elle a aussi des conséquences très concrètes : la nouvelle feuille de route énergétique du pays (la troisième programmation pluriannuelle de l’énergie), attendue depuis plus de deux ans, n’est toujours pas publiée, et la croissance des emplois dans le secteur des renouvelables ralentit.
Loin de ces divisions politiques, les Français semblent pourtant, dans leur grande majorité, avoir une image positive des renouvelables et être acquis à l’idée de bâtir un système énergétique fondé à la fois sur ces énergies et sur le nucléaire. C’est en tout cas ce qui ressort d’une vaste enquête d’opinion présentée lundi 6 octobre par la Fondation Jean Jaurès.
Réalisée par l’institut de sondage IFOP pour le groupe énergétique Engie, elle révèle une dichotomie profonde entre la teneur du débat au niveau national et les attentes des citoyens. Cette étude, qui s’appuie de manière inédite sur un très vaste panel de plus de 12 000 personnes interrogées en avril, confirme les résultats de précédents sondages réalisés pour la filière renouvelable, en 2021 ou en 2024, par exemple, ou par l’Institut Montaigne.
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« Un sujet majeur »
Premier enseignement, l’énergie est un thème qui préoccupe les citoyens interrogés : la moitié considère qu’il s’agit d’un « sujet majeur », et 36 % que c’est une question « importante mais pas prioritaire ». « Le contexte des dernières années, avec la guerre en Ukraine, les risques de pénurie d’électricité en 2022 et le renchérissement du coût de l’énergie ont installé l’idée que l’approvisionnement en énergie n’allait plus forcément de soi », explique Jérôme Fourquet, directeur du département opinion et stratégies d’entreprise de l’IFOP. La question de l’indépendance énergétique du pays, notamment, est davantage identifiée.
Deuxième conclusion, les citoyens ont, en grande majorité (84 %), une image globalement positive des énergies renouvelables – 58 % en ont « plutôt une bonne image » et 26 % une « très bonne image ». Parmi l’ensemble des sources d’énergie, les personnes interrogées se déclarent favorables en premier lieu au solaire et à l’hydraulique (89 %), puis à la géothermie, au biogaz et à l’éolien (78 %). Ensuite, 61 % disent avoir une image positive du nucléaire et, en fin de liste, 32 % soutiennent le charbon.
Surtout, il ressort de cette enquête que ce soutien aux renouvelables est partagé par l’ensemble des électeurs. Si les sympathisants de gauche sont parmi les plus convaincus, les électeurs du Rassemblement national (RN) et des Républicains, dont les élus sont très clairement opposés aux énergies renouvelables électriques (éolien et solaire), sont, eux aussi, majoritairement favorables à ces sources d’énergie (77 % des électeurs du RN, par exemple). « Entre les partis, il y a une différence de degré, mais pas de nature, précise Jérôme Fourquet. L’électorat du RN a une meilleure image du nucléaire et des [énergies] fossiles que la moyenne et une moins bonne image de l’éolien, mais 68 % y sont quand même favorables. Et, même à gauche, 53 % des électeurs sont favorables au nucléaire. »
L’étude confirme également une autre tendance, a priori contre-intuitive : les personnes se déclarant riveraines d’infrastructures renouvelables, soit 21 % des personnes interrogées, soutiennent davantage ces énergies que celles qui en sont éloignées. « Lorsqu’on renouvelle des champs éoliens au bout de vingt ans, il n’y a quasiment pas de recours, assure William Arkwright, porte-parole d’Engie. Une fois que l’éolienne a été démythifiée, elle ne pose plus de problème. »
« Les riverains sont à la fois ceux qui ont la meilleure image des renouvelables et ceux qui en soulignent le plus les externalités négatives, affirme M. Fourquet. C’est un public conscientisé, qui voit les éléments positifs et négatifs. » Enfin, une majorité de citoyens (56 %) semble soutenir l’idée qu’un système énergétique fondé à la fois sur le nucléaire et sur les renouvelables est nécessaire, 23 % souhaitant développer uniquement les renouvelables et 12 % seulement le nucléaire.
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