Idées – Tribunes à l’occasion des 80 ans de la sécu

Sécurité sociale : « Il est urgent de renouer avec la dimension de projet d’avenir que la “Sécu” a longtemps incarnée »

Tribune

Giacomo CanepaHistorien

Ce sentiment de maîtrise de l’avenir construit une citoyenneté sociale censée assurer une participation libre et active à la vie sociale et politique, note l’historien Giacomo Canepa dans une tribune au « Monde ».

Publié le 05 octobre 2025 à 06h00 https://www.lemonde.fr/idees/article/2025/10/05/securite-sociale-il-est-urgent-de-renouer-avec-la-dimension-de-projet-d-avenir-que-la-secu-a-longtemps-incarnee_6644505_3232.html

 Temps de Lecture 3 min.

Quatre-vingts ans après la création de la Sécurité sociale, l’ambiance n’est pas à la célébration festive. Les voix invitant les pays européens à restreindre leur Etat social afin de construire un Etat de guerre se multiplient, suggérant que l’arbitrage entre dépenses sociales et militaires serait un jeu à somme nulle. En France, le débat se concentre de manière obsessionnelle autour des économies, en présentant les crises de financement comme le résultat d’un système pervers dès son origine. Un retour sur la généalogie intellectuelle de la « Sécu » s’avère donc intéressant pour comprendre les choix qui l’ont façonnée.

Lire aussi |    Pour augmenter leurs dépenses militaires, les pays européens tentés de réduire l’Etat-providence ***

Choisi dès 1944 pour désigner les objectifs du Conseil national de la Résistance, le concept de Sécurité sociale, qui remonte à l’époque des Lumières, vient alors de connaître un énorme succès à l’échelle mondiale. Porté par la réponse politique à la crise des années 1930 et par la mobilisation contre le nazisme, il renvoie à la nécessité de garantir à celles et ceux qui dépendaient uniquement de leur travail un horizon de prévisibilité pour bâtir leur existence.

Popularisée par les réformes de Franklin D. Roosevelt aux Etats-Unis [président de 1933 à sa mort, en 1945], la Sécurité sociale devient la promesse d’un monde à l’abri du besoin et de la peur, la garantie d’une future paix durable. Alors que le conflit mondial fait rage, c’est sur ce projet d’avenir que les pays des Nations unies s’appuient pour mobiliser leurs citoyens, en pointant l’horizon d’une société plus équitable pour laquelle il vaut la peine de se battre.

En 1945, l’architecte de la Sécurité sociale française, Pierre Laroque [1907-1997], mobilise ces références. Aux aides uniformes ne garantissant que le minimum vital – préconisées par le rapport parlementaire britannique dit Beveridge, en 1942 – le haut fonctionnaire oppose la « vérité sociale » de la formule américaine, celle du New Deal, qui prévoit des prestations proportionnelles au revenu, dans la limite d’un plafond : en découle la généralisation des assurances sociales, offrant un revenu de remplacement aux ménages touchés par la maladie, par le chômage ou par la vieillesse. Bien que confié aux partenaires sociaux, le système a vocation à couvrir toute la population, puisque, comme l’argumente le ministre communiste [du travail et de la Sécurité sociale] Ambroise Croizat [1901-1951], nul ne peut « être certain de se trouver dans une sécurité durable ».

Logique de fragmentation

Le système préconisé à la Libération offre ainsi la possibilité d’une projection sereine dans l’avenir : l’historien Lucien Febvre (1878-1956) y voyait un tournant historique, qui faisait de l’« entretien de cette paix intérieure » un devoir essentiel de l’Etat. Ce sentiment de maîtrise de l’avenir construit une citoyenneté sociale censée assurer une participation libre et active à la vie sociale et politique. Cette possibilité nouvelle de se projeter dans le temps doit également contribuer à la soutenabilité du système, en créant les conditions de confiance pour le redressement de la natalité, qui, à son tour, assure le financement de la branche vieillesse.

Quatre-vingts ans plus tard, et malgré d’innombrables compromis et réformes, la demande de Sécurité sociale et le soutien politique des Français aux assurances sociales restent élevés. Les récentes évolutions ont toutefois introduit des arbitrages complexes. Des exigences de court terme ont conduit à tarir les sources de financement de la « Sécu » ou à envisager de l’utiliser comme une variable d’ajustement pour combler les déficits publics.

Lire aussi |   Plusieurs experts relativisent le « risque de crise de liquidité » pour la « Sécu »****

Dans les projets de réforme, la logique de la fragmentation a pris le pas sur les principes d’universalité et d’inconditionnalité. Les défenseurs du système eux-mêmes préfèrent souligner que la Sécurité sociale est un bon investissement social, puisqu’il assure l’entretien d’un capital humain bénéfique aux entreprises.

Or, au vu des défis environnementaux, démographiques ou géopolitiques, il est urgent de renouer avec la dimension de projet d’avenir que la « Sécu » a longtemps incarnée. Aucune pédagogie gouvernementale ne pourra remplacer les effets politiques de la sécurisation des risques, qui exprime la capacité du système démocratique à maîtriser un avenir incertain.

En ce sens, réduire la protection sociale au nom de la hausse des dépenses militaires reviendrait à renoncer à un capital politique essentiel pour assurer la défense et le fonctionnement de la démocratie. Un pari téméraire : la situation actuelle réclame une réflexion sur la Sécurité sociale et son financement qui, plutôt que des arbitrages de court terme, prenne la mesure de son rôle historique et de la place qu’elle occupe au cœur de la cohésion de nos sociétés.

Giacomo Canepa est chercheur associé au centre d’histoire de Sciences Po et chercheur post-doctoral Marie Skłodowska-Curie à l’université de Bâle (Suisse) et à l’université de Padoue (Italie).

Giacomo Canepa (Historien)

Sécurité sociale : « L’histoire ne peut pas prédire l’avenir, mais elle peut aider à le penser »

Tribune

Judith Rainhornhistorienne

La « Sécu » a permis d’améliorer l’état de santé de la population, elle a favorisé l’allongement de l’espérance de vie, soutenu les familles et donné aux retraités des ressources, rappelle, dans une tribune au « Monde », l’historienne Judith Rainhorn.

Publié le 04 octobre 2025 à 10h00  

Temps de Lecture 3 min. https://www.lemonde.fr/idees/article/2025/10/04/securite-sociale-l-histoire-ne-peut-pas-predire-l-avenir-mais-elle-peut-aider-a-le-penser_6644388_3232.html

Rarement une institution aura été autant célébrée et autant critiquée. Créée dans l’élan de la Libération, la Sécurité sociale fête ses 80 ans dans un climat paradoxal : son objectif fondateur – garantir « à chacun qu’en toutes circonstances il disposera des moyens nécessaires pour assurer sa subsistance et celle de sa famille dans des conditions décentes » – reste d’une évidente actualité. Pilier du modèle social redistributif français, elle est pourtant régulièrement accusée de « coûter trop cher », voire de plomber l’économie française.

Récurrentes, ces critiques oublient qu’elle est autant un élément fondamental de la solidarité intergénérationnelle qu’un investissement pour l’avenir : en préservant la santé, en réduisant la pauvreté et en amortissant les risques individuels comme les crises collectives – pensons à la pandémie de Covid-19 –, elle évite des coûts économiques et sociaux incomparablement plus lourds.

Comment la « sécu » peut-elle faire face au vieillissement de la population, à l’augmentation des coûts de santé, à la montée des emplois précaires, autant de défis qui fragilisent son financement ? Pour répondre à cette question, l’histoire ne peut pas prédire l’avenir mais elle peut aider à le penser. L’un de ses nombreux enseignements est que l’efficacité de la sécurité sociale réside précisément dans son caractère universel et solidaire.

Des racines plongeant dans l’histoire longue

En plongeant au cœur des archives publiques, et grâce à une ample collecte de témoignages oraux menée par le comité d’histoire de la Sécurité sociale, historiennes et historiens continuent d’éclairer aujourd’hui le système de protection sociale « à la française », à la suite du pionnier Henri Hatzfeld (1919-2019).

L’analyse des étapes de sa construction légale depuis un siècle et demi, la mise au jour des « petites mains » de la protection sociale souvent oubliées, ou encore la comparaison du modèle français avec d’autres expériences en Europe et dans le monde nous apprennent beaucoup : la dernière livraison de la Revue d’histoire de la protection sociale (n° 18, 2025) commémore ce « moment 1945 » en faisant dialoguer les trajectoires nationales depuis quatre-vingts ans, du Japon à la Belgique, de l’Allemagne au Royaume-Uni, de l’Italie aux Etats-Unis.

Lire aussi |    Qui a créé la Sécurité sociale ? Quatre-vingts ans après, une paternité toujours disputée

L’idée d’un système collectif de protection sociale n’est pas née en 1945. Elle plonge ses racines dans l’histoire longue de l’assistance aux indigents et, au tournant du XXe siècle, dans la volonté partagée de résoudre ce qu’on nomme alors la « question sociale », c’est-à-dire la pauvreté et la précarité qui dominent l’existence des populations marquées par les transformations économiques majeures des sociétés industrielles et urbaines.

Dans un mouvement lancé par l’Allemagne, dès les années 1880, la France s’engage, comme plusieurs Etats européens, dans une voie interventionniste en matière sociale, qui se traduit par des lois créant ou améliorant la prise en charge des accidents du travail (1898) et des maladies professionnelles (1919), les pensions de retraite pour les ouvriers et les paysans (1910), ou encore le congé de maternité indemnisé pour les salariées (1913).

Entre 1928 et 1930, les lois sur les assurances sociales instaurent un système complet et obligatoire de couverture des risques de l’existence pour les salariés de l’industrie et du commerce en France. Les Etats-Unis, frappés de plein fouet par la violence d’une crise économique inédite, créent, en 1935, un système de sécurité sociale dans le cadre du New Deal.

Entraide collective et obligatoire

Comme la Grande Guerre en son temps, le second conflit mondial a joué un rôle d’accélérateur, et ses lendemains voient une impulsion commune pour poser les bases d’une société plus juste. La misère des vieux travailleurs qui peinent à subsister, la cruelle mortalité infantile qui contrarie l’élan démographique, l’état de santé médiocre de la population sont des obstacles à la cohésion sociale.

Instauré par les ordonnances des 4 et 19 octobre 1945, le dispositif français de sécurité sociale se distingue par son ambition : il a vocation, à terme, à couvrir toute la population et à regrouper dans un système unique les risques de la vie – maladie, vieillesse, maternité, famille, travail. Le modèle, conçu par le haut fonctionnaire Pierre Laroque et ses collaborateurs, et dont la mise en œuvre politique est portée par le ministre du travail, Ambroise Croizat, vise une universalité qui tranche avec les dispositifs fragmentés d’avant-guerre.

Lire aussi |    Sécurité sociale : « Il n’y a pas de fatalité à laisser détruire une institution sociale qui est notre patrimoine commun »*

Depuis quatre-vingts ans, la Sécurité sociale a profondément transformé l’existence des populations en France. Elle a permis l’amélioration spectaculaire de l’état de santé de la population, favorisé l’allongement de l’espérance de vie (de 66 ans en 1950 à plus de 82 ans aujourd’hui), soutenu les familles par les allocations et donné aux retraités des ressources qui les ont massivement sortis de la pauvreté.

Système d’entraide collective et obligatoire, la « Sécu » a aussi contribué à cimenter le lien social. Dans une société traversée par des fractures économiques, culturelles, sociales et politiques, elle a consolidé le socle solidaire : chacun cotise selon ses moyens, chacun reçoit selon ses besoins.

Retracer l’histoire de la Sécurité sociale, c’est regarder en arrière pour réaffirmer un principe d’avenir : dans une société incertaine, marquée par la globalisation, la crise environnementale et l’accroissement des inégalités sociales et territoriales à toutes les échelles, la protection sociale est plus que jamais l’expression d’un choix politique collectif. Pour réinventer les solidarités – par une meilleure prévention de la santé, une couverture adaptée aux nouvelles formes d’emploi, un soutien accru aux aidants –, son esprit fondateur reste une boussole.

Judith Rainhorn, historienne, préside le conseil scientifique du comité d’histoire de la Sécurité sociale.

Judith Rainhorn (historienne)

80 ans de la Sécurité sociale : « Ce modèle est le plus équitable et le plus rentable possible »

Tribune

Malgré les critiques dont elle fait souvent l’objet et les nombreux défis qu’elle pose, la « Sécu » reste le modèle le plus à même de garantir à tous l’accès aux soins et de protéger la santé des Français, estime, dans une tribune au « Monde », le médecin Jean-David Zeitoun.

Publié le 03 octobre 2025 à 09h30  https://www.lemonde.fr/idees/article/2025/10/03/80-ans-de-la-securite-sociale-ce-modele-est-le-plus-equitable-et-le-plus-rentable-possible_6644240_3232.html

Temps de Lecture 4 min.

Bon ou mauvais anniversaire ? En octobre 2025, la Sécurité sociale française aura 80 ans. Pourtant, son modèle est fréquemment vu comme un problème, surtout s’agissant du système de soins. A chaque élection, et même plus souvent, des responsables politiques réactivent la tentation d’y toucher. Leurs prétextes sont connus : le modèle ne serait plus adéquat, il ne fonctionnerait plus, serait inefficient, il y aurait trop d’abus.

En théorie, notre modèle est le meilleur. Chacun y participe en fonction de ses moyens du moment, la Sécurité sociale perçoit tout l’argent puis gère, entre autres, l’ensemble du système de soins. Elle pilote les hôpitaux, rembourse les soins, décide des autorisations… Le modèle est à la fois le plus équitable, car il couvre tout le monde, et le plus rentable, car il évite la fragmentation des dépenses et la dilution du pouvoir de négociation.

Lire aussi  Qui a créé la Sécurité sociale ? Quatre-vingts ans après, une paternité toujours disputée

Cette théorie a été validée par l’expérience. Les comparaisons internationales montrent que les pays qui se donnent un modèle similaire ont un système de soins plus performant, avec un large accès à la médecine et une efficience d’ensemble. Quand les pays se démocratisent, ils le choisissent, et la vingtaine de pays en cours d’autocratisation tendent à l’abandonner – même s’ils y perdent.

En France comme ailleurs, les décideurs politiques sont sous pression économique. Ils cherchent à contrôler les dépenses publiques et se mettent à croire que ce modèle n’est plus le bon. Ils proposent des changements douteux, comme la baisse de la couverture, l’exclusion de minorités, ou une part de financement privé.

Il est possible que ces idées sans potentiel soient sincères ; elles sont inspirées de la logique libérale, dans laquelle le marché laissé à lui-même produit naturellement la meilleure efficience possible. Mais ce qui fonctionne bien dans beaucoup de domaines ne marche plus, ou pas de la même façon, dans l’industrie médicale, pour des raisons que la science économique a expliquées.

Deux lourdes erreurs

Les responsables politiques commettent deux lourdes erreurs dans leur appréciation de notre système de sécurité sociale.

Premièrement, ils ne pensent pas au contrefactuel, c’est-à-dire ce qui se serait passé si ce modèle n’avait pas été suivi. La réponse est que ce serait pire : les gens seraient moins couverts et les dépenses totales seraient supérieures, toutes les études le prouvent sans ambiguïté. Mais les politiciens sont comme nous : ils ressentent les problèmes qu’ils ont, et non pas ceux qu’ils ont évités.

L’insoutenable dérive de la Sécurité sociale

Leur deuxième erreur est qu’ils supposent que nos complications viennent du modèle, alors que c’est le contraire : elles sont accentuées parce que le réel ne colle pas assez au modèle. En clair, la pratique ne ressemble pas assez à la théorie. L’Etat n’exerce pas à fond ses avantages de payeur unique, en particulier concernant les dépenses administratives, pas plus que son pouvoir de négociation face aux acteurs, qui sont d’ailleurs très nombreux.

En jouant au maximum son rôle, en tirant le meilleur parti de notre modèle, il diminuerait certaines dépenses sans que les soins en souffrent. Au passage, il y a une faille dans le modèle, du fait des assurances complémentaires. Nous sommes le seul pays à avoir ces systèmes parallèles. Les personnes qui travaillent pour ces assurances sont méritantes, mais cette duplication est une source d’inefficience. Si l’idéal serait une fusion complète, sans doute infaisable, une optimisation reste possible.

Lire aussi |    « Qu’est-il de plus socialement soutenable que la production de santé ou d’égalité permise par un système qui redistribue presque un tiers de la richesse nationale ? »

Sans dégrader le modèle, trois types d’action peuvent atténuer les difficultés du système de soins, qui vont du très facile au très difficile.

Mieux dépenser

La première intervention est assez facile, déjà connue, c’est celle de l’efficience directe, c’est-à-dire à la fois faire des économies et mieux dépenser. Pour les économies, il y a encore de la marge. Il existe des examens, des interventions ou des traitements qui n’ont pas d’utilité clinique, des achats non regroupés, du gaspillage de matériel, ou encore de la dispersion énergétique dans les hôpitaux.

Ensuite, pour mieux dépenser, on peut aller plus loin pour conditionner la rémunération sur la valeur des soins, dévaluer les soins sans grand intérêt et valoriser ceux qui apportent le plus. Beaucoup d’expériences ont été décevantes et il faut rafraîchir l’approche, mais cela est possible, et sain.

Lire aussi |  Dominique Méda : « Faire de la Sécurité sociale l’instrument d’une véritable démocratie sociale »**

La deuxième intervention concerne le remaniement de l’architecture du système, qui n’est pas optimale ni pour maintenant ni pour les prochaines décennies, compte tenu de la transition démographique en cours. C’est une tâche excessivement difficile, qui mène à traiter des questions pour lesquelles il n’y a pas de réponse scientifique. Quelle doit être la taille optimale des hôpitaux selon leur localisation ? Comment répartir l’offre de soins ? Comment faire un marché de qualité avec les nouvelles technologies ?

La troisième voie d’amélioration est techniquement la plus facile. Elle permet à la fois d’augmenter le financement et de diminuer les dépenses, en taxant les producteurs de maladies.

Deux industries ont traversé le XXe siècle, le tabac et l’alcool. Aujourd’hui, elles prospèrent moins, voire ne progressent plus, et ce, pour des raisons différentes, même si elles tuent encore beaucoup. Elles se font dépasser par deux risques qui sont déjà la marque du XXIe siècle : l’environnement et l’alimentation.

Taxer les industriels coupables

La pollution tue plus de 9 millions de personnes par an dans le monde, l’obésité, environ 5 millions, un chiffre en constante augmentation. En France seulement, on pense qu’au moins 40 000 personnes meurent chaque année de la pollution, et plus de 50 000 à cause de l’obésité. Taxer les industriels coupables est une bonne version du « tu casses, tu répares ; tu salis, tu nettoies ». Qui s’y opposera ?

S’ils veulent trouver du courage, les leaders politiques peuvent lire une étude récente du Commonwealth Fund [un centre américain de réflexion sur la santé], comparant les performances de dix systèmes de soins depuis 2020, incluant donc les effets post-Covid-19. Les auteurs ont analysé 70 indicateurs appartenant à cinq domaines : accès aux soins, procédures de qualité, efficience administrative, équité, résultat en termes de santé.

Lire aussi la tribune (2024) |  Santé : « L’Assurance-maladie est un bien commun »

Comme prévu, la France dépense plus que la plupart des autres pays, à l’exception des Etats-Unis. Mais notre performance d’ensemble est supérieure à celles de l’Allemagne, de la Suède, de la Suisse ou du Canada, équivalente à celle de la Nouvelle-Zélande. Ce bon résultat, nous le devons à notre modèle.

Dans Les Carnets du sous-sol, le personnage de Dostoïevski (1821-1881) se lamente : « Moi je suis seul, et eux, ils sont tous. » Notre modèle national nous apprend que l’inverse est possible. L’Etat est seul face à beaucoup d’acteurs, une condition difficile pour lui mais qui est la meilleure possible pour la santé des Français. Nous serions plus malheureux si les choses devenaient différentes. Bon anniversaire.

Jean-David Zeitoun est docteur en médecine et docteur en épidémiologie clinique. Il est l’auteur de l’ouvrage « Les Causes de la violence » (Denoël, 2024).

Lire aussi :  « La Sécurité sociale est menacée par sa dépendance à un modèle économique qui est voué à disparaître »

*https://environnementsantepolitique.fr/2025/10/07/lambition-de-la-secu-sest-progressivement-diluee-au-profit-dun-discours-purement-budgetaire-concernant-son-deficit/

**Dominique Méda : « Faire de la Sécurité sociale l’instrument d’une véritable démocratie sociale » https://environnementsantepolitique.fr/2025/09/28/66464/

***https://environnementsantepolitique.fr/2025/10/01/larmee-ou-la-sante-la-defense-ou-letat-providence/

Voir aussi:

https://environnementsantepolitique.fr/2025/10/07/lambition-de-la-secu-sest-progressivement-diluee-au-profit-dun-discours-purement-budgetaire-concernant-son-deficit/

Publié par jscheffer81

Cardiologue ancien chef de service au CH d'Albi et ancien administrateur Ancien membre de Conseil de Faculté Toulouse-Purpan et du bureau de la fédération des internes de région sanitaire Cofondateur de syndicats de praticiens hospitaliers et d'associations sur l'hôpital public et l'accès au soins - Comité de Défense de l'Hopital et de la Santé d'Albi Auteur du pacte écologique pour l'Albigeois en 2007 Candidat aux municipales sur les listes des verts et d'EELV avant 2020 Membre du Collectif Citoyen Albi

Laisser un commentaire