L’augmentation galopante des dépenses de santé
Serge Cannasse | Publié 4 sept. 2025 https://www.univadis.fr/viewarticle/laugmentation-galopante-des-dépenses-santé-2025a1000jw0?ecd=mkm_ret_250930_mscpmrk-FR_BO_etid7757616&uac=39940PJ&impID=7757616&sso=true
Dans son magazine Points de repère de juillet 2025, l’Assurance maladie propose une « analyse médicalisée » de l’augmentation des dépenses de santé de 2015 à 2023, sous forme de cartographie par groupements de pathologies (voir figure 1). Au total, « 58 pathologies, traitements chroniques et épisodes de soins, regroupés en 18 catégories, sont repérés ». Les autres sont dits « non repérés ».

Situation en 2023
En 2023, l’ensemble des remboursements effectués par l’organisme s’est élevé à 202,5 milliards d’euros, pour près de 67,5 millions de personnes.
Les dépenses pour pathologies et traitements chroniques concernaient 37 % de la population (presque 25 millions de patients), mais 60 % de la dépense (126 milliards d’euros).
Quatre groupes de pathologies représentaient plus de la moitié des dépenses remboursées :
- Les hospitalisations hors pathologies repérées : 22 % des dépenses, soit 44,9 milliards d’euros.
- Les maladies cardiovasculaires sans événement aigu dans l’année : un peu plus de 14 % des dépenses, soit 29 milliards d’euros.
- La santé mentale (incluant les maladies psychiatriques et les traitements chroniques par psychotropes, dont les anxiolytiques et les hypnotiques) : un peu moins de 14 % des dépenses, soit 27,8 milliards d’euros.
- Les cancers : 13 % des dépenses, soit 27 milliards d’euros.
Évolution des dépenses
Entre 2015 et 2023, le total des dépenses remboursées a augmenté de 49,6 milliards d’euros (soit + 32,5 % en 8 ans). La dépense moyenne individuelle était de 3 010 euros en 2023, soit + 26,4 % par rapport à 2015. La tendance à l’augmentation concerne quasiment toutes les pathologies, traitements chroniques et épisodes de soins, mais principalement les cancers actifs (plus de 21 % de l’augmentation totale), les hospitalisations hors pathologies repérées, les maladies psychiatriques et les maladies cardiovasculaires chroniques.
La dépense remboursée pour les « maladies respiratoires chroniques » a augmenté de manière importante chaque année depuis 2021 (au minimum 4,3 % en 2023), par rapport à la période précédant la pandémie (augmentation de seulement + 1 % sur la période 2015 à 2019). Cette augmentation est principalement due à l’augmentation de la dépense moyenne par individu en 2021, à celle du nombre de personnes identifiées en 2022 et à celle de ces 2 composantes en 2023.
Les dépenses liées à la maternité ont fortement baissé en 2023 (de 87 millions d’euros par rapport à 2022, soit un total de 9 065 millions d’euros). Cette diminution est due à la baisse du nombre de patientes concernées (- 6,4 %), alors que la dépense moyenne par patiente a augmenté (+ 5,9 %).
Focus sur quelques pathologies en 2023
En 2023, les dépenses totales ont été plus élevées pour les cancers en phase active (24,7 milliards d’euros) que pour les cancers sous surveillance (2,5 milliards d’euros). Il s’agit notamment des cancers du sein actifs (4 milliards d’euros), des cancers bronchopulmonaires actifs (3,3 milliards d’euros), des cancers de la prostate actifs (2,4 milliards d’euros) et des cancers colorectaux actifs (1,7 milliard d’euros). Cette part importante des dépenses pour cancers actifs s’explique par la prépondérance de leur prise en charge hospitalière, à l’exception du cancer de la prostate actif (où les dépenses concernent surtout les soins de ville).
« Les traitements antihypertenseurs et les maladies cardiovasculaires chroniques présentent les dépenses remboursées les plus importantes (entre 5,2 milliards d’euros pour les premiers et, par exemple, 4,4 milliards pour les maladies coronaires chroniques) en raison principalement du nombre élevé de personnes prises en charge (respectivement 7,5 millions et 2,1 millions d’assurés), les dépenses moyennes individuelles étant parmi les plus faibles (entre 695 et 2 050 euros en moyenne par patient). »
Les maladies psychiatriques concernent 2,8 millions de personnes. Leur dépense moyenne individuelle est élevée (6 530 euros et jusqu’à 11 500 euros pour les troubles psychotiques). Plus de la moitié de cette dépense est consacrée à leur prise en charge en établissement psychiatrique.
Le montant total élevé des remboursements pour traitements anxiolytiques (3,0 milliards d’euros) et antidépresseurs (3,9 milliards d’euros) tient au nombre important de patients (respectivement 3,0 millions et 3,4 millions).
En conclusion, l’évolution des dépenses la plus inquiétante est celle portant sur les maladies chroniques, pour lesquelles le nombre de patients concernés augmente de 1,1 % par an depuis 2015 et la dépense par patient de 2,9 % sur la période. Elle pose « un certain nombre de défis au système de santé », concluent les auteurs de l’étude.