Nouveaux actes médicaux confiés aux pharmaciens : la médecine n’est pas une « banque d’organes », s’insurge la profession
Le Premier ministre a annoncé que 900 officines rurales proposeraient « davantage d’actes » de diagnostic, de prescription et de renouvellement d’ordonnances.
Par Aveline Marques

« La médecine est donc, pour le Premier ministre, cette banque d’organes qui vient au secours d’un corps différent du sien sans qu’elle ait donné, à quelque moment que ce soit, l’autorisation de prélèvement », s’est insurgé jeudi 25 septembre le syndicat UFML, en réaction aux annonces de Sébastien Lecornu.
Mercredi, le chef de l’exécutif a trouvé un accord avec les pharmaciens, en lutte depuis le début de l’été. Outre la suspension pour trois mois de l’arrêté qui diminuait le plafond des remises sur les médicaments génériques, l’accord trouvé avec l’Ordre et les deux syndicats représentatifs des pharmaciens prévoit de confier « davantage d’actes » aux pharmaciens de « 900 officines rurales », a précisé le Premier ministre.
Dans le cadre du « nouveau plan France santé », annoncé le 13 septembre mais dont on peine encore à saisir les contours, ces pharmaciens pourront réaliser des « diagnostics », des « prescriptions » et des « renouvellements ou prolongations d’ordonnances », a déclaré Sébastien Lecornu.
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Sébastien Lecornu https://www.linkedin.com/embed/feed/update/urn:li:share:7376880718137794560?collapsed=1
Premier Ministre – Élu du département de l’Eure – Président du Musée de Giverny.3 j.
Un accord a été trouvé suite aux négociations tenues ces derniers jours avec l’Ordre des pharmaciens et les syndicats représentatifs de la profession. Il repose sur des engagements réciproques, que nous avons actés hier à l’issue d’une rencontre. Pour renforcer l’offre de soins de proximité, notamment dans le cadre du nouveau plan France Santé, les pharmaciens de 900 officines rurales proposeront davantage d’actes : diagnostics, prescriptions, renouvellement ou prologations d’ordonnances. Une mission d’évaluation précise des flux financiers de la distribution de médicaments sera initiée, pour éclairer les futures décisions. En accord avec les représentants des pharmaciens, j’ai décidé de suspendre pour au moins trois mois l’arrêté pris en août dernier qui abaissait les remises sur les médicaments génériques.
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Pour l’UFML, cela revient ni plus ni moins à « voler » des actes aux médecins, car ces derniers n’ont pas été consultés en amont, dénonce le syndicat présidé par Jérôme Marty. « L’UFMLS se réjouit que l’on sauve des pharmacies mais demande aux pharmaciens quelle serait leur réaction si les médecins accédaient à la vente de médicaments par décision ministérielle sans que les pharmaciens participent aux discussions ? », interpelle le syndicat dans un communiqué du 25 septembre.
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« Le diagnostic et la prescription ne s’improvisent pas : c’est médical. Suspendre le décret génériques est juste, mais en faire une monnaie d’échange est cynique », déplore également l’association Médecins pour demain. « Ah je me disais aussi qu’il allait bien falloir trouver des endroits pour les fameuses 5000 maisons ‘France Santé’. En voici déjà 900 ! Et pour pas cher, ironise à son tour sur Linkedin un médecin psychiatre, le Dr Alexis Bourla. On avait naïvement pensé qu’il s’agirait de maisons médicalisées, mais finalement permettre à des gens qui n’ont pas fait médecine de faire du diagnostic, de la prescription, du renouvellement d’ordonnance ça semble tout aussi bien. »
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