Fabrice Arfi, journaliste à Mediapart, Sara Guibaudo, journaliste à France Inter et le politologue Jérôme Jaffré analysent les répercussions de la condamnation de Nicolas Sarkozy à cinq ans de prison dans l’affaire de soupçons de financement libyen de sa campagne de 2007.
Avec
- Fabrice Arfi, journaliste à Mediapart
- Jérôme Jaffré, directeur du Centre d’études et de connaissances sur l’opinion publique (CECOP)
- Sara Ghibaudo, cheffe du service police-justice
« Je suis sidéré par le climat de conversation publique et médiatique autour du jugement », regrette Fabrice Arfi, journaliste à Mediapart, détonateur de l’affaire sur des soupçons de financement libyen qui a valu à l’ancien président Nicolas Sarkozy d’être condamné à cinq ans de prison pour « association de malfaiteurs » avec incarcération prochaine. « La question qu’on se pose, c’est s’il y a un problème des juges avec la politique », regrette-t-il. « On pourrait se demander si Nicolas Sarkozy n’a pas un problème, lui, avec le code pénal. »
Selon lui, « les juges ne jugent pas des politiques, mais des personnes susceptibles d’avoir commis un délit, il se trouve que parfois ce sont des politiques, et c’est souvent le cas dans la délinquance en col blanc et les atteintes à la probité qui concernent la rencontre du pouvoir et de l’argent ». Ce genre de délits, ironise Fabrice Arfi, « concerne assez peu les nécessiteux ». Et, « quand les mis en cause sont condamnés, ils ont, contrairement à celles et ceux qui nous écoutent, la possibilité d’aller au 20 heures d’une grande chaîne, prendre la main sur le récit pour faire croire que le problème, ce sont les juges et pas les faits ».
Le journaliste qualifie de « trumpien » le moment qui a suivi la condamnation de l’ancien président de la République. « Dès qu’il sort, il dit que les juges sont haineux et que c’est un scandale pour l’Etat de droit, nous sommes à front renversé, mais ça, c’est le privilège de la délinquance en col blanc », juge encore Fabrice Arfi.