EN IMAGES. « Nous sommes en manque de lits » : immersion au cœur de l’hôpital psychiatrique de Saint-Égrève

L’hôpital psychiatrique de Saint-Égrève (Isère) accueille 20 000 patients chaque année. Pour la première fois, Elisa Martin, députée LFI de l’Isère, a visité cet établissement où le nombre de prises en charge augmente sans cesse. • ©France Télévisions
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Écrit parOlivia Boisson et Jordan Guéant
Publié le23/09/2025 à 17h00 https://france3-regions.franceinfo.fr/auvergne-rhone-alpes/isere/en-images-nous-sommes-en-manque-de-lits-immersion-au-c-ur-de-l-hopital-psychiatrique-de-saint-egreve-3221228.html
L’hôpital psychiatrique de Saint-Égrève (Isère) accueille 20 000 patients chaque année. Pour la première fois, une députée a visité cet établissement où le nombre de prises en charge augmente sans cesse.
Depuis peu, les parlementaires peuvent exercer un droit de visite et de contrôle dans ces centres de soin. Elisa Martin, députée La France insoumise (LFI) de l’Isère, a donc décidé de pousser les portes de l’hôpital psychiatrique de Saint-Égrève. Sa mission : inspecter les lieux de privation de liberté tels que les soins sous contention et les chambres d’isolement.
En ce qui concerne les chambres d’isolement, l’hôpital de Saint-Egrève en compte 11. « Un espace sécurisé, insonorisé, clos, pour que le patient se sente protégé« , explique Christelle Gamberini, cadre supérieure de santé au centre hospitalier Alpes Isère.

L’hôpital de Saint-Egrève compte 11 chambres d’isolement comme celle-ci. • © J. Guéant / FTV
L’utilisation de ces chambres est devenue exceptionnelle et très encadrée selon les équipes soignantes. « Parfois, sur 16 patients, huit étaient très suicidaires« , témoigne Téodora Peykova, cadre de santé.
Pour protéger ces personnes fragiles, l’équipe soignante dispose de contentions « adaptées » à la morphologie du patient et de « tenues de prévention du suicide matelassées » permettant « l’impossibilité de se stranguler avec« , poursuit Christelle Gamberini.

« J’avoue que je ne m’attendais pas à ce qu’il y ait un tel travail profond pour chercher toutes les alternatives à la contention, à l’enfermement et c’est plutôt une bonne nouvelle« , sourit Elisa Martin.
Je retiens un fort engagement des équipes, qu’elles soient soignantes ou administratives.Elisa Martin, députée (La France insoumise) de l’Isère
« Malgré l’engagement des équipes, on constate un manque de moyens, notamment en termes de psychiatres« , regrette cependant l’élue en visite dans cet établissement totalement reconstruit où 20 000 patients sont hospitalisés chaque année, parfois en urgence, depuis le Centre hospitalier Grenoble Alpes.
Un service débordé
Lors de la visite d’Elisa Martin, 17 personnes attendaient d’être prises en charge, déambulant dans les couloirs de l’établissement. « Depuis 2017, nous avons fermé une cinquantaine de lits, soit deux unités complètes« , témoigne le Dr Moustapha Bensaadi, médecin psychiatre et chef du pôle urgences, « il y a eu des ouvertures par-ci, par-là d’unités spécialisées mais globalement, nous sommes vraiment en manque de lits, ce qui impacte de facto nos conditions de travail et ce qui retarde nos prises en charge« .L’hôpital psychiatrique de Saint-Égrève, en Isère. • © J. Mériot / FTV
Malgré ce manque de moyens, l’engagement des soignants, lui, ne faiblit pas. Pour le prouver, l’équipe soignante décide de montrer à Elisa Martin la salle d’apaisement, un lieu à l’ambiance feutrée et réconfortante. « Le patient qui commence à se sentir angoissé, moins bien et qui a du mal à verbaliser les angoisses, peut aller voir l’équipe infirmière qui peut l’accompagner dans cette salle« , précise Téodora Peykova. Au-delà de cette salle d’apaisement, il existe des lieux pour la musicothérapie ou encore le sport.
« Dans les années 90, il y avait cette puissance médico-soignante où les médecins et les infirmiers, les aides-soignants, avaient le savoir sur la prise en charge des patients« , se souvient Renaud Rolland, cadre de santé, ajoutant que « depuis une dizaine d’années, cela a changé. Celui qui le sait est le patient, le malade« .
On a besoin de leur savoir pour les aider à aller mieux.Renaud Rolland, cadre de santé à l’hôpital de Saint-Égrève
Loin des idées reçues, Saint-Égrève semble être le modèle d’une nouvelle psychiatrie. Un hôpital plus ouvert pour atténuer l’enfermement provoqué par la maladie. Le centre hospitalier Alpes Isère emploie 1 800 agents et 80 médecins.