« Les Big Pharma invoquent Trump pour vendre leurs médicaments plus chers en France »
Date de publication : 24 septembre 2025 https://www.mediscoop.net/index.php?pageID=c5df2bccc2023e57cf7a96e37e91a420&id_newsletter=22477&liste=0&site_origine=revue_mediscoop&nuid=44baf5968540a6248a8065e80f2f7273&midn=22477&from=newsletter
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Marie Bartnik observe dans Le Figaro que « dans le secteur de la pharmacie aussi, Donald Trump façonne un nouvel ordre mondial au profit des États-Unis. Les pays d’Europe, et singulièrement la France, s’y trouvent plus que jamais menacés de voir l’industrie pharmaceutique déserter leur territoire, alerte le Leem, le lobby de l’industrie pharmaceutique dans l’Hexagone. Pis, leurs patients pourraient être privés d’accès aux médicaments les plus innovants ».
Thierry Hulot, président du Leem, déclare ainsi que « la spirale du déclassement sanitaire de notre pays est enclenchée ».
Marie Bartnik rappelle que « chaque année, au moment de l’élaboration du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS, le texte qui régit les dépenses de santé), les laboratoires pharmaceutiques s’insurgent devant la faiblesse du prix des médicaments en France et le poids de la fiscalité qui leur incombe. Six taxes sectorielles amputent leur résultat d’exploitation de 60%, constate le Leem, soulignant que les prix français sont 10% moins élevés qu’ailleurs en Europe ».
La journaliste relève que « cette année marque un tournant, alertent les laboratoires. Afin de doper la production pharmaceutique locale, Donald Trump a, en effet, promis des droits de douane exorbitants sur les médicaments exportés vers les États-Unis. Ceux fabriqués en Europe sont d’ores et déjà taxés à hauteur de 15%. […] Autant de barrières douanières qui ont conduit les laboratoires pharmaceutiques à investir massivement aux États-Unis ».
Thierry Hulot déclare que « 300 milliards de dollars d’investissement y ont été recensés ces derniers mois. Or ce qui est investi là-bas n’est pas investi ici ». Le responsable note en outre que « les États-Unis se sont rendu compte qu’ils payaient plus que les autres le prix de l’innovation dans la santé ».
Marie Bartnik explique : « Ils déboursent 2% de leur PIB pour couvrir leurs dépenses pharmaceutiques, contre un peu plus de 1,5% pour la France, selon la Drees. Le prix des médicaments y est jusqu’à 4 fois plus élevé qu’ailleurs dans le monde. Comme il l’a fait dans la défense, Donald Trump entend rééquilibrer cette charge et faire payer l’Europe. Il a publié un décret prévoyant que les États-Unis ne paieront dorénavant pas plus cher que le pays développé ayant négocié le prix le plus bas ».
Thierry Hulot estime que « dans ce nouveau contexte, l’Europe ne sera plus attractive ».
La journaliste poursuit : « Loin de donner satisfaction aux laboratoires pharmaceutiques, le PLFSS pour 2026 pourrait accentuer encore la pression sur ces entreprises ». Thierry Hulot déclare : « C’est une catastrophe qui s’annonce. Nous anticipons une baisse record du niveau des prix. Tout semble être fait pour que les médicaments ne soient plus commercialisés en France ».