« Un début d’explication à la hausse de la mortalité néonatale en France »
Date de publication : 17 septembre 2025 https://www.mediscoop.net/index.php?pageID=f9169129823d64807faa3112cfb8d170&id_newsletter=22446&liste=0&site_origine=revue_mediscoop&nuid=44baf5968540a6248a8065e80f2f7273&midn=22446&from=newsletter
Temps de lecture: 3 min

Marc Cherki rappelle dans Le Figaro que « depuis 2012, la mortalité infantile (avant 1 an) augmente en France, tandis qu’elle continue de reculer dans la plupart des autres pays riches, à l’exception des États-Unis et du Royaume-Uni ».
Le journaliste note ainsi qu’« en mai dernier, la Société française de néonatalogie déplorait qu’en «comparaison européenne, la France soit passée de la 3e à la 23e place en deux décennies, avec environ 1200 décès en excès chaque année» par rapport aux pays les plus performants ; des décès qui «concernent principalement les nouveau-nés prématurés» ».
Marc Cherki fait savoir que « des facteurs socio-économiques pourraient être à l’origine de la hausse inquiétante de la mortalité néonatale (celle des nourrissons âgés de moins de 28 jours) en France », selon un travail paru dans BMJ Medicine.
Jennifer Zeitlin, directrice de recherche à l’Inserm en épidémiologie obstétrique, périnatale et pédiatrique à l’hôpital Cochin et à l’université Paris Cité, qui a mené ce travail, précise : « En l’absence de données disponibles pour l’instant sur le niveau socio-économique de chaque mère, notre travail se fonde sur celui du lieu de résidence du foyer à partir du Système national des données de santé de l’Assurance-Maladie ».
Le journal relève que « le constat est sans appel : le risque de mortalité est plus important pour les 40% des bébés dont les familles vivent dans les zones économiquement plus défavorisées, selon des critères qui se fondent sur le taux de chômage, la proportion de population immigrée, de locataires, du nombre de familles monoparentales et du revenu médian ».
Victor Sartorius, pédiatre à l’hôpital Necker et coauteur, souligne que « la santé des nourrissons est intimement liée à celle de «leurs mamans qui, dans les zones les plus défavorisées, ont des taux d’obésité et de tabagisme plus importants que ceux de la population générale» ».
Le spécialiste note en outre qu’en France, « le taux d’interruptions médicales de grossesse pour des pathologies fœtales graves diminue ».
Marc Cherki observe que « pour les 60% des familles qui résident dans les zones économiquement plus favorisées, en revanche, la mortalité néonatale est restée quasiment stable sur la période 2015 à 2020 par rapport à celle comprise entre 2001 et 2008 ».
Le journaliste conclut que « les chercheurs espèrent avoir accès à des données plus larges, notamment avec la mise en place d’un nouveau registre des naissances. Ce dernier doit réunir les sources d’information existantes sur les naissances en France ; un accord a été donné par le ministère de la Santé, mais ce registre nécessite d’obtenir des autorisations d’accès, notamment pour la protection des données personnelles ».
Marc Cherki relève de plus que « les scientifiques veulent analyser plus en détail les causes de décès dans les zones défavorisées et évaluer l’accès aux soins de qualité, en tenant compte de la distance à parcourir jusqu’aux maternités et aux services de néonatalogie, mais aussi de la charge de travail dans ces établissements de santé ».