Déserts médicaux Une trop longue attente
- La Croix
- 17 Sep 2025
- Esther Serrajordia
Le déploiement de médecins généralistes volontaires dans des zones insuffisamment pourvues se met en place depuis début septembre, mais les résultats varient selon les régions
Le premier ministre Sébastien Lecornu vient de promettre une offre de soins à moins de trente minutes de chaque Français.
Alors que Sébastien Lecornu vient de promettre une offre de soins à moins de trente minutes de chaque Français, la mesure lancée par son prédécesseur François Bayrou consistant à déployer des m…(suite abonnés)
Author:Esther Serrajordia
« Déserts médicaux : les renforts de médecins généralistes arrivent au compte-gouttes »
Date de publication : 17 septembre 2025 https://www.mediscoop.net/index.php?pageID=5e09eeb41899793de57cae53378a41f0&midn=22446&from=newsletter
Temps de lecture: 4 min

Esther Serrajordia explique dans La Croix qu’« en avril dernier, l’ancien Premier ministre François Bayrou avait annoncé le déploiement de médecins généralistes volontaires dans des déserts médicaux, à raison de 2 jours par mois et pour une contrepartie de 200 € par jour ».
« Son successeur Sébastien Lecornu a complété cette stratégie en promettant la création, d’ici à 2027, d’un réseau national de de 5000 maisons « France Santé » afin de garantir à chaque Français une offre de soins accessible en moins de 30 minutes », relève la journaliste.
Elle observe que « si la promesse de Sébastien Lecornu reste encore à préciser, celle de François Bayrou commence, elle, à se concrétiser. Au cours de l’été, le gouvernement a identifié 151 intercommunalités classées en « zones rouges » qui vont bénéficier d’un renfort médical. Il a également promis que le dispositif serait opérationnel dès la mi-septembre. Dans la réalité, sa mise en œuvre se révèle complexe ».
Esther Serrajordia remarque ainsi que « pour que cela fonctionne, il faut un cadre technique précis. D’abord, les médecins généralistes volontaires – prêts à consacrer une demi-journée, une journée, voire deux au maximum – doivent se faire connaître auprès de leur agence régionale de santé (ARS) ou de l’Ordre des médecins. Ensuite, les structures d’accueil doivent être identifiées et prêtes à les recevoir : maison de santé, Ehpad, cabinet médical ou encore centre hospitalier. Mais cela ne suffit pas ».
La Dre Alikada Moktaria, présidente de Médecins pour demain, indique que « ce n’est pas simplement “on arrive et on s’installe”. Il nous faut un ordinateur, un logiciel de prescription, un lecteur de carte Vitale et un terminal pour la connexion avec l’Assurance-maladie ».
Luc Duquesnel, président de la branche généraliste du syndicat CSMF, ajoute que « pour intervenir dans un autre cabinet, un médecin doit disposer d’une seconde carte [professionnelle de santé]. Il faut en faire la demande auprès de l’Ordre des médecins, mais son obtention prend au minimum 15 jours ».
Esther Serrajordia note que « sur le terrain, les professionnels pointent une mise en œuvre désorganisée ».
Claude Bronner, président de l’Union régionale des médecins libéraux (URPS-ML) du Grand Est, déclare : « L’idée de mobiliser des médecins pour intervenir ponctuellement dans les zones sous-dotées n’est pas absurde, même si, bien sûr, on sait que chaque médecin déplacé manquera ailleurs. Sauf que, comme souvent, la méthode pose problème : c’est du bricolage. Au niveau national, la réflexion a manqué de profondeur et les ARS se retrouvent à gérer seules sur le terrain. Résultat : l’efficacité du dispositif sera inévitablement inégale ».
La journaliste relève que « dans sa région, qui comprend 10 des 151 sites concernés, «ils ont décidé d’y aller tranquillement», constate-t-il. À ce stade, aucun appel aux médecins volontaires n’a encore été lancé. […] A l’autre bout du pays, en Nouvelle-Aquitaine, le dispositif est à l’inverse bien engagé. Début septembre, l’ARS annonçait que plus de 260 médecins s’étaient portés volontaires ».
Esther Serrajordia souligne que « la question de la rémunération figure parmi les principaux obstacles évoqués par les médecins réticents. Ils viennent d’apprendre que l’indemnisation serait de 200 €, en plus du tarif des consultations… ».
Patricia Lefébure, médecin généraliste et présidente de la Fédération des médecins de France, observe que « ce montant inclut les frais de transport et, si nécessaire, l’hébergement. Or, selon la distance à parcourir, les coûts peuvent rapidement dépasser les 200 €. Les volontaires seront surtout des remplaçants ou des retraités. Pour les autres c’est compliqué, car il faut trouver quelqu’un pour les remplacer au cabinet, ce qui est de plus en plus difficile ».
La journaliste ajoute que « la qualité des soins constitue l’un des autres obstacles ». La Dre Lefébure déclare que « les médecins ne viendront qu’occasionnellement, principalement pour signer des renouvellements d’ordonnances, et à mon avis, guère plus. Ils ne vont pas demander à faire passer des examens au patient si ensuite ils n’ont plus de contact avec lui… ».
Déserts médicaux : les renforts de médecins généralistes arrivent au compte-gouttes
Publié le 17 septembre 2025 à 6h01
Lecture : 4 min https://www.la-croix.com/sante/deserts-medicaux-les-renforts-de-medecins-generalistes-arrivent-au-compte-gouttes-20250916
Article réservé à nos abonnés.

Alors que Sébastien Lecornu vient de promettre une offre de soins à moins de trente minutes de chaque Français, la mesure lancée par son prédécesseur François Bayrou consistant à déployer des médecins généralistes dans les déserts médicaux se met en place depuis début septembre. Les résultats varient selon les régions.Offrir l’article
En avril dernier, l’ancien premier ministre François Bayrou avait annoncé le déploiement de médecins généralistes volontaires dans des déserts médicaux, à raison de deux jours par mois et pour une contrepartie de 200 € par jour. Cette mesure s’ajoute à la dizaine de plans déjà mis en place par l’État pour améliorer l’accès aux soins depuis une vingtaine d’années. À peine nommé, son successeur Sébastien Lecornu a complété cette stratégie en promettant la création, d’ici à 2027, d’un réseau national de de 5 000 maisons « France Santé » afin de garantir à chaque Français une offre de soins accessible en moins de trente minutes.(…suite abonnés)
Voir aussi:
https://environnementsantepolitique.fr/2025/04/15/loi-inter-partisane-garot-quest-ce-que-cest/