La Chambre régionale des comptes alerte sur la situation financière « fragilisée » de ce département et un budget 2025 sous tension

Écrit parCorinne Carrière
Publié le16/09/2025 à 12h51
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La situation financière du département du Tarn « fragilisée » selon le dernier rapport de la Chambre régionale des comptes. Un éclairage minimisé par le Président Christophe Ramond, qui dénonce notamment la baisse des dotations de l’Etat.
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Dans son rapport, publié le 15 septembre dernier, la Chambre régionale des comptes, révèle une situation financière« fragilisée » du conseil départemental du Tarn entre 2022 et 2024. Avec une détérioration de sa capacité d’autofinancement et un budget prévisionnel 2025 qui mettrait dans les finances dans le rouge. Dans un communiqué, Christophe Ramond, le Président du Conseil départemental du Tarn réagit à ce rapport tout en rappelant « la réalité financière des départements ».
Cet été, la chambre régionale des comptes a effectué un contrôle des comptes et de la gestion des treize départements de la région Occitanie. Objectifs : apprécier l’évolution de leur situation financière entre 2022 et 2024 et les conditions dans lesquelles leur budget a été préparé et voté.
Elle épingle notamment la situation financière du département du Tarn et prévient des conséquences défavorables du budget prévisionnel 2025.
Le département du Tarn compte 396 168 habitants au 1er janvier 2025, avec une augmentation de 0,3% chaque année entre 2019 et 2025. Il enregistre un taux de chômage de 8% au 3ᵉ trimestre 2024.
Une situation financière « fragilisée entre 2022 et 2024 »
Le rapport de la Chambre régionale des comptes d’Occitanie pointe une situation financière fragilisée entre 2022 et 2024.
« La capacité d’autofinancement du département se détériore progressivement après un pic en 2021, en raison d’une augmentation à la fois des dépenses sociales de 25 M€ entre 2022 et 2024, mais aussi de la masse salariale (+8 M€). Sur ces deux aspects, la dégradation s’explique par l’incidence des mesures nationales mais également par la volonté du département de maintenir le même niveau de prestations sociales », publie le rapport. La collectivité s’est également heurtée à des éléments conjoncturels comme la baisse des droits de mutation à titre onéreux, la taxe sur les transactions immobilières. Elles ont fortement baissé entre 2022 et 2024 dans le Tarn, un manque à gagner pour le département du Tarn de 21 millions d’euros.
Ce rapport évoque également que si sa politique d’investissement reste très dynamique, le département s’est endetté fortement en 2024.
Un désengagement financier de l’État
Christophe Ramond, le Président du Conseil départemental du Tarn dénonce de son côté la baisse des ressources : « Depuis 2022, les départements se sont vus imposer 8 milliards d’euros de dépenses nouvelles, alors que, dans le même temps, ils ont perdu 6 milliards d’euros de ressources.
Cette situation est inacceptable.Christophe Ramond
Président du conseil départemental du Tarn
Et rajoute que le Tarn figure toujours parmi les bons élèves des départements de France : « Nous avons su préserver la santé financière de notre collectivité : notre capacité à dégager une épargne, c’est-à-dire à garder de l’argent une fois toutes nos charges de fonctionnement payées, atteint 7,6%. Concrètement, le rapport le confirme, cela signifie que nous avons gardé une marge de manœuvre supérieure à la moitié des départements français ».
Christophe Ramond met en avant son mandat et les efforts qui ont permis de réduire la dette de la collectivité :
« Depuis 2018, alors que l’État a augmenté sa dette de plus de 1 000 milliards d’euros, le Conseil départemental du Tarn s’est désendetté avec volontarisme et clairvoyance. La dette a été réduite de 62 millions d’euros en six ans ».
Notre gestion rigoureuse se traduit aussi par une maîtrise exemplaire de nos frais de fonctionnement (charges générales…) : 51 € par habitant, quand les départements de taille comparable s’acquittent en moyenne d’une facture de 74 € par habitant. Ainsi, le Tarn est le département le plus économe d’Occitanie.
Un budget prévisionnel 2025 qui pourrait conduire le département « à une situation très défavorable »
Selon le rapport, à ce niveau de dépenses, fin 2025, l’épargne nette du Tarn sera négative et le département devra emprunter à nouveau pour rembourser ses emprunts.
« En conclusion, alors qu’en 2022 le département pouvait s’appuyer sur une épargne de 56 M€ pour financer son programme d’investissement à 59 M€ et reconstituer son fonds de roulement de 20 M€, en 2025, il serait contraint, pour financer un investissement un peu supérieur, d’emprunter fortement faute d’épargne. Il s’ensuivrait une dégradation de sa situation financière qui serait non soutenable dans la durée », précise le rapport.
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Christophe Ramond, le Président du Conseil départemental du Tarn, dit construire ses budgets avec prudence : « pour 2025, nous diminuons nos investissements de 11 millions d’euros et nous augmenterons légèrement le recours à l’emprunt afin de faire face au désengagement de l’État ».
Le Président minimise les conclusions du rapport concernant l’analyse budgétaire.
« L’enveloppe budgétaire prévue n’est jamais consommée à 100%. Notre budget est suivi quotidiennement, ce qui nous permet d’anticiper et de réaliser les ajustements nécessaires en cours d’année », rajoute-t-il.
La Chambre régionale des comptes pointe une situation financière « très tendue » pour le département du Tarn
Publié le 15/09/2025 à 15:01 , mis à jour à 19:43 https://www.ladepeche.fr/2025/09/15/la-chambre-regionale-des-comptes-pointe-une-situation-financiere-tres-tendue-pour-le-departement-du-tarn-12931407.php
La rédaction
Déstabilisé par les restrictions budgétaires nationales, le Département du Tarn voit ses finances se dégrader. La Chambre régionale des comptes s’en inquiète et l’appelle à revoir ses dépenses.
Christophe Ramond ne cesse d’alerter sur le sujet depuis plus d’un an. C’est désormais consigné noir sur blanc. Dans un rapport, mis en ligne la Chambre régionale des comptes s’inquiète de la rapide dégradation des finances du conseil départemental du Tarn, redoutant que la situation ne devienne « très tendue » dès 2025, « sauf révision importante » du budget.
À lire aussi : Christophe Ramond : « C’est le budget le plus compliqué à réaliser depuis mon élection en 2017 »
Ces conclusions font écho aux alertes répétées du président du conseil départemental, Christophe Ramond, qui a dénoncé à de nombreuses reprises les restrictions budgétaires imposées par l’État et leurs conséquences pour les collectivités. Fin 2024, il évoquait même un département « en PLS à cause du projet de loi de finances » de 2025.
« Un effort en dépenses de fonctionnement »
Paradoxalement, le Département du Tarn s’est fait prendre au piège de ses finances longtemps restées saines. Au début des années 2020, ses capacités d’autofinancement importantes lui ont ainsi permis d’investir, notamment au soutien des projets des communes. « Son niveau d’intervention reste, par exemple, en matière d’autonomie, supérieur à celui d’autres départements, reflet de son volontarisme en la matière », relève la Chambre.
À partir de 2023, cependant, sa situation financière se dégrade « en raison d’une hausse des dépenses, majoritairement imputable à des mesures nationales ». Le Département réagit en réduisant ses dépenses et profite de son faible endettement pour souscrire « un emprunt important » de 40 M€ lui permettant de maintenir « un niveau d’investissement dynamique ».
Mais la trajectoire financière reste très défavorable pour la Chambre, qui anticipe des dépenses de fonctionnement en hausse et un recours à l’emprunt « pour une deuxième année consécutive ». « Sa capacité de désendettement s’établirait à 11,1 ans, soit au-delà du seuil d’alerte de 10 ans », met en garde l’institution. Cette dernière lui recommande un nouvel « effort en matière de dépenses de fonctionnement » et « la fin d’un pic d’investissements » qui conditionneront sa « capacité à dégager des marges de manœuvre dans les années ultérieures. »
Dans un communiqué, Christophe Ramond a tenu à réagir à la publication de ce rapport. « Depuis 2022, les Départements se sont vu imposer 8 milliards d’euros de dépenses nouvelles, alors que, dans le même temps, ils ont perdu 6 milliards d’euros de ressources. Dans ce contexte défavorable, le Tarn figure dans les bons élèves. Nous avons su préserver la santé financière de notre collectivité. Notre gestion rigoureuse se traduit aussi par une maîtrise exemplaire de nos frais de fonctionnement. La dette a été réduite de 62 millions d’euros en six ans. Cet effort considérable, conduit avec rigueur, a permis à notre Département de continuer à investir », affirme le président, qui revendique une collectivité « solide, responsable et volontaire ».
« Ce sont les élus qui décident, pas les technocrates de Bercy »: le département du Tarn pilonne le rapport de la Chambre régionale des comptes
Publié le 10/10/2025 à 16:01 , mis à jour à 16:15 https://www.ladepeche.fr/2025/10/10/ce-sont-les-elus-qui-decident-pas-les-technocrates-de-bercy-le-departement-du-tarn-pilonne-le-rapport-de-la-chambre-regionale-des-comptes-12983925.php#=
L’assemblée plénière du département a été l’occasion de revenir sur le récent rapport de la Chambre régionale des comptes, qui épingle la trajectoire financière du département. Des conclusions vivement contestées par les élus.
Piquée au vif ? La majorité départementale n’a guère apprécié le récent rapport de la Chambre régionale des comptes, qui s’alarmait de sa trajectoire financière, qualifiée de « tendue ». Alors que l’institution préconisait de nouvelles réductions de dépenses, Christophe Ramond, a lancé la contre-attaque ce vendredi 10 octobre, lors de l’examen du rapport en assemblée plénière.
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« Recentrons-nous »
« Quelles sont les propositions apportées par la Chambre régionale des comptes pour faire face à la rudesse du contexte national ? Il n’y en a pas. Sauf la sempiternelle recommandation de nous recentrer sur nos compétences obligatoires. Autrement dit, devenir une agence de l’État destinée à redistribuer de l’aide sociale. Cela, nous le refusons », tonne le président du département.

Les élus du Département ont débattu des conclusions de la Chambre régionale des comptes DDM – MARIE PIERRE VOLLE
C’est pourtant la préconisation de l’opposante Marie-Louise At : « Recentrons-nous sur la solidarité envers les plus démunis, l’aménagement équilibré du territoire, l’accompagnement des communes », exhorte la cheffe de file de l’opposition, pour qui « cette situation était évitable ». « La majorité départementale aurait dû davantage anticiper et gérer en bon père de famille », souligne l’élue albigeoise.
« Il y a des clignotants rouges… et d’autres verts »
Mais elle est aussitôt contredite par son propre camp. Prenant la parole dans la foulée, son binôme, Michel Franques, tient un propos beaucoup plus nuancé. « Ce sont les élus qui décident, pas les technocrates de Bercy », lance le premier adjoint d’Albi, actant une divergence de vue, à laquelle l’approche des municipales n’est sans doute pas étrangère. « La fragilité financière des collectivités est générale ; elle appelle vigilance et rigueur. Il y a des clignotants rouges… et d’autres verts », poursuit-il.
Christophe Ramond ne pouvait rêver meilleure passe décisive. « Je ne peux pas entendre qu’il n’y a pas de cap ni que le département est mal géré. Nous avons un cap financier : nous l’avons tenu et nous allons le tenir. Le Tarn s’est fortement désendetté », indique le président qui prend « trois engagements » devant ses élus. Contenir l’endettement à un niveau « nettement inférieur à celui de 2017 ». Maintenir ses capacités d’autofinancement « afin de minimiser le recours à l’emprunt ». Allonger l’aide aux communes de plus d’un million d’euros dans une prochaine décision modificative.
Des décisions saluées par les élus de sa majorité qui se succèdent au micro pour réaffirmer toute leur confiance dans la bonne gestion de la collectivité et parachever le torpillage en règle des conclusions de la Chambre. Le débat n’était qu’une présentation du rapport. Il s’est donc conclu sans vote.