Avec le nouveau gouvernement, le budget de la Sécurité sociale pour 2026 est au cœur des inquiétudes. 

Les urgences du secteur de la santé après la chute du gouvernement Bayrou : crise de l’hôpital, santé mentale, budget de la Sécu

Alors que plusieurs pistes d’économies inflammables, sur les franchises médicales notamment, étaient défendues par l’ancien premier ministre, le budget de la Sécurité sociale pour 2026 est au cœur des inquiétudes. 

Par  et Publié hier à 12h00, modifié hier à 12h25 https://www.lemonde.fr/societe/article/2025/09/13/apres-la-chute-du-gouvernement-bayrou-le-secteur-de-la-sante-dans-le-flou-a-un-moment-charniere_6640832_3224.html

Temps de Lecture 3 min.

  Article réservé aux abonnés

A Toulouse, lors de la mobilisation Bloquons tout, le 10 septembre 2025.
A Toulouse, lors de la mobilisation Bloquons tout, le 10 septembre 2025.  VINCENT NGUYEN/RIVA PRESS POUR « LE MONDE »

Des déserts médicaux à la crise de l’hôpital, de la santé mentale à la promesse de légiférer sur une « aide à mourir », les dossiers qui s’empilent sur le bureau du futur ministre de la santé – il y en a eu sept depuis 2022 – varient à peine, à mesure que les gouvernements changent. L’urgence de s’en emparer, elle, s’accroît, à entendre les acteurs du secteur. Un dossier prime néanmoins sur tous les autres, disent-ils aussi, particulièrement en raison du calendrier parlementaire : le budget de la Sécurité sociale, débattu chaque automne par les députés et sénateurs.

Lire aussi |  Sébastien Lecornu est à Mâcon pour son premier déplacement depuis sa nomination, consacré à la santé et à « la vie quotidienne » des Français

L’heure des choix : entre un déficit de l’Assurance-maladie qui se creuse (16 milliards d’euros attendus en 2025, près de 20 milliards d’euros en vue pour 2029), le vieillissement de la population, l’augmentation du nombre de malades chroniques, les progrès médicaux et leurs coûts… c’est bien le modèle de financement de la Sécurité sociale – 80 ans en 2025 – qui est en jeu. Dans la période d’incertitude qui s’ouvre, le débat risque néanmoins encore une fois d’être escamoté. Veut-on augmenter les ressources, comme le défend la gauche ? Baisser les remboursements des patients ? Réviser l’offre de soins à hauteur des moyens disponibles ?

Pour l’année 2026, Catherine Vautrin, ministre du travail, de la santé, des solidarités et des familles démissionnaire, avait annoncé un cap particulièrement contraint. La hausse de l’objectif national de dépenses d’assurance-maladie (Ondam), soit l’enveloppe fixée à l’hôpital et à la médecine de ville dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS), ne devait pas dépasser 2 %. Un chiffrage avancé dans Le Monde, en juillet, particulièrement faible par rapport aux années précédentes. Ce cap sera-t-il maintenu ?

Lire aussi |  Catherine Vautrin : « Nous souhaitons limiter tout premier arrêt de travail prescrit en médecine de ville à quinze jours »

« Très pessimistes »

Ces derniers jours, l’attention s’est polarisée sur l’une des principales pistes d’économies défendues par un gouvernement en sursis, alors que 5,5 milliards d’économies ont été promises au secteur de la santé. Le doublement des franchises médicales, soit ces sommes restant à la charge des assurés sur les boîtes de médicaments et les consultations médicales, a fait l’objet de projets de décrets examinés le 4 septembre par le conseil de la Caisse nationale de l’assurance-maladie (CNAM) – et a été rejeté par l’instance, dont l’avis est consultatif. Plus de 2 milliards d’euros d’économies découleraient, selon des sources administratives, de ce doublement des franchises et de celui de leurs plafonds annuels (de 50 euros à 100 euros par assuré). Nul ne sait quel sort sera réservé à cette mesure sensible, rejetée par les associations de patients comme par les organisations de soignants.

Autre sujet inflammable, posé sous l’angle budgétaire par le gouvernement de François Bayrou – renversé lundi 8 septembre – et resté en suspens : la réforme de l’aide médicale d’Etat (AME), ce panier de soins destiné aux étrangers sans papiers sous certaines conditions de ressources, a été mise de nouveau sur la table à quelques jours de la chute du gouvernement, par le biais d’autres projets de décrets. Un marqueur politique, unanimement dénoncé dans la communauté médicale.

Lire aussi |  Reforme de l’aide médicale d’Etat : le gouvernement démissionnaire retire les projets de décrets ; les syndicats s’en félicitent

Dans les rangs des acteurs de la santé, cette nouvelle période de flottement suscite l’inquiétude. « Les professionnels sont très inquiets, très pessimistes de repartir, ainsi, pour des mois d’attentisme, sans être même sûrs d’avoir un budget, rapporte Jérôme Marty, médecin et président de l’Union française pour une médecine libre – Syndicat. Alors qu’une loi pluriannuelle pour la santé semble plus que jamais nécessaire, on va encore nous opposer du court-termisme. »

Une « loi de programmation » demandée

Dans un communiqué commun, les fédérations d’établissements de santé – publics comme privés – ont porté cette même demande d’une « loi de programmation de santé », et d’une « présentation rapide » du PLFSS 2026. Ces représentants d’hôpitaux et de cliniques espèrent au moins une hausse de 3 %, « afin de couvrir les besoins réels et de permettre un fonctionnement soutenable ».

A l’hôpital public, où les déficits ont atteint près de 3 milliards d’euros en 2024, la crainte est vive, ces derniers mois, avec le retour du discours de « l’efficience », qui prévalait avant la crise due au Covid-19. « On sait ce que cela veut dire,estime Olivier Milleron, cardiologue membre du Collectif inter-hôpitaux. Travailler plus, avec toujours moins de moyens… c’est cette politique qui a déjà fait très mal à l’hôpital public, et provoqué les départs de soignants. »

Sur le plan des finances, reste à savoir, aussi, ce que deviendra la taxe de 1 milliard d’euros promise par Catherine Vautrin aux complémentaires santé, à la suite de l’abandon de la hausse du ticket modérateur sur les consultations médicales, envisagée par le gouvernement lors du précédent budget. Les mutuelles étaient montées au créneau : cette taxe, si elle se confirmait, aurait des répercussions sur les cotisations des assurés.

Lire aussi |  Taxe sur les mutuelles : les complémentaires santé dénoncent un tour de passe-passe

Publié par jscheffer81

Cardiologue ancien chef de service au CH d'Albi et ancien administrateur Ancien membre de Conseil de Faculté Toulouse-Purpan et du bureau de la fédération des internes de région sanitaire Cofondateur de syndicats de praticiens hospitaliers et d'associations sur l'hôpital public et l'accès au soins - Comité de Défense de l'Hopital et de la Santé d'Albi Auteur du pacte écologique pour l'Albigeois en 2007 Candidat aux municipales sur les listes des verts et d'EELV avant 2020 Membre du Collectif Citoyen Albi

Laisser un commentaire