Le Parti Socialiste propose 4,6 milliards d’euros d’économies sur les dépenses de santé mais également des investissements pour l’hôpital.

Budget de la santé : le PS promet des investissements…et des économies

Quentin Haroche | 02 Septembre 2025

Dans son projet de contre-budget présenté ce samedi, le Parti Socialiste propose 4,6 milliards d’euros d’économies sur les dépenses de santé mais également des investissements pour l’hôpital.

Qui gouvernera la France après le 8 septembre ? La question est sur toutes les lèvres. Depuis que le Premier Ministre François Bayrou a annoncé qu’il allait demander la confiance de l’Assemblée Nationale lundi prochain, il est quasiment acquis que son gouvernement va être renversé. La balle est donc dans le camp du Président de la République Emmanuel Macron et personne ne sait quel sera son prochain coup de poker. Nomination d’un nouveau gouvernement ? Dissolution ? Démission ?

Malgré l’incertitude, le Parti Socialiste dit toujours espérer que le chef de l’Etat nommera un représentant de la gauche (qui, rappelons-le, est arrivée en tête des dernières élections législatives mais sans majorité à l’assemblée) à Matignon. Pour montrer qu’il est prêt à gouverner, le parti de la rose a donc présenté ce samedi un projet de budget pour la France (proposition qui devait initialement être présentée le 9 septembre, mais la situation politique a poussé le PS à accélérer les choses). Un contre-budget donc, même si le PS n’aime pas cette expression. « Il n’y a pas de contre-propositions à un budget qui n’existe plus » a ainsi commenté Luc Broussy, président du Conseil national du parti, qui semble donc avoir acté la chute du gouvernement Bayrou.

Olivier Faure et François Bayrou, même combat

Si le PS présente son budget comme un projet de rupture par rapport au macronisme et au budget « d’austérité » défendu depuis près de deux mois par François Bayrou, force est de constater que sur les questions sanitaires, PS et Modem ne sont pas si éloignés. Là où le chef du gouvernement actuel propose 5,5 milliards d’euros d’économies sur la santé, le (très) hypothétique futur Premier Ministre Olivier Faure en propose lui 4,6 milliards, conscient lui aussi que la situation actuelle de la Sécurité Sociale (près de 22 milliards d’euros de déficit en 2025) est difficilement tenable.

Sans aller dans le détail de ces économies, le PS propose notamment de baisser le prix des médicaments, de lutter contre la financiarisation du système de santé et d’améliorer la pertinence et le parcours de soins. Des propositions finalement très proches de celle du gouvernement actuel, lancé dans une politique de baisse du prix des génériques et qui s’est engagé à diminuer les revenus des spécialités médicales qui constituent des « rentes économiques » (comme la radiologie ou la biologie) selon les termes de la ministre de la Santé Catherine Vautrin. Tout comme le gouvernement actuel, le PS espère également tirer de substantielles recettes (3,2 milliards d’euros !) du renforcement de la lutte contre la fraude sociale. 

Pour réaliser des économies, le PS mise aussi sur un « choc de prévention », via un renforcement des mesures de santé publique visant le tabagisme et l’alcool, qui pourrait rapporter, selon les socialistes, 400 millions d’euros par an. Olivier Faure et ses troupes proposent également d’instaurer une « taxe malbouffe » pour un revenu annuel de 200 millions d’euros. Là aussi, des propositions assez consensuelles.

Des milliards pour « sauver l’hôpital et les Ehpad »

Ce n’est que sur le front de l’hôpital que le PS se démarque véritablement du gouvernement actuel. Les socialistes proposent ainsi de « réduire l’intérim » sans plus de détail. Surtout, ils souhaitent lancer un plan d’investissement de 10 milliards d’euros afin de « sauver l’hôpital, les EHPAD et les crèches publiques ». Ces fonds permettraient de recruter davantage de personnel et d’améliorer les conditions de travail promet Olivier Faure.

Contacté par nos confrères du Quotidien, le Pr Antoine Pelissolo, chef du service de psychiatrie de l’hôpital Henri Mondor mais également secrétaire national du PS chargé des questions de santé, estime que 34 000 emplois pourraient être créés dans le domaine de la santé grâce à ces investissements. Il promet également le lancement d’une politique de rénovation de l’immobilier hospitalier, via des « budgets supplémentaires sanctuarisés » ainsi qu’un « plan spécifique avec des ressources supplémentaires dédiées » en faveur de la santé mentale. 

Avec ce contre-budget qui prévoit au total une baisse du déficit de 21,7 milliards d’euros, le PS cherche à se démarquer du gouvernement actuel, tout en montrant qu’il a conscience de la situation budgétaire difficile du pays et éviter tout procès en radicalité. Cette position médiane suffira-t-elle à convaincre Emmanuel Macron de nommer un socialiste à Matignon ? Rien n’est moins sûr.

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Publié par jscheffer81

Cardiologue ancien chef de service au CH d'Albi et ancien administrateur Ancien membre de Conseil de Faculté Toulouse-Purpan et du bureau de la fédération des internes de région sanitaire Cofondateur de syndicats de praticiens hospitaliers et d'associations sur l'hôpital public et l'accès au soins - Comité de Défense de l'Hopital et de la Santé d'Albi Auteur du pacte écologique pour l'Albigeois en 2007 Candidat aux municipales sur les listes des verts et d'EELV avant 2020 Membre du Collectif Citoyen Albi

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