Pour Nicolas Sarkozy le RN appartient à « L’arc Républicain »

Nicolas Sarkozy adoube le Rassemblement national

Assurant que le RN appartient « à l’arc républicain », l’ex-chef de l’État plaide à son tour pour une dissolution, estimant que le parti d’extrême droite pourrait obtenir une majorité. Une sortie qui entérine son rapprochement avec le mouvement de Marine Le Pen. 

Alexandre Berteau

3 septembre 2025 à 08h55

DébutDébut juillet, au lendemain de son entretien en tête à tête avec Jordan Bardella, les proches de Nicolas Sarkozy avaient assuré le service après vente en jurant qu’il n’y avait « pas de sens politique » à donner à cette rencontre. Deux mois plus tard, l’ancien président de la République ne cache plus sa complaisance avec le Rassemblement national (RN).

Dans une interview accordée au Figaro mardi 2 septembre, l’ex-patron de l’UMP – devenu Les Républicains (LR) – n’a pas hésité à présenter la victoire du parti d’extrême droite à de potentielles législatives anticipées comme une porte de sortie à la crise politique qui se dessine à l’approche de la chute annoncée du premier ministre, François Bayrou, le 8 septembre. Une orientation qui va à rebours de ce que prône le président de son parti, Bruno Retailleau, même si quelques résistances existent au sein du groupe à l’Assemblée. « On ne va pas rejoindre les incendiaires qui voudraient allumer la mèche de ce qui pourrait être demain une explosion financière et budgétaire », assurait ainsi le ministre de l’intérieur lundi sur TF1.

Qualifiant la convocation du vote de confiance de « suicide politique » – exactement comme Marine Le Pen – et plaidant pour une dissolution de l’Assemblée nationale – exactement comme Marine Le Pen –, Nicolas Sarkozy a jugé que « les conditions peuvent être réunies pour dégager une majorité, au moins relative », dans le cadre de nouvelles élections. Avant de laisser entendre que le parti de Jordan Bardella serait à même de la décrocher, et donc potentiellement d’entrer à Matignon.

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Nicolas Sarkozy lors d’un dîner d’État en l’honneur du président brésilien à l’Élysée. Paris, France, le 5 juin 2025.  © Photo Jacovides Dominique / ABACA

« Le RN est un parti qui a le droit de se présenter aux élections. Il peut donc aussi les gagner si c’est le choix des Français », a estimé l’ancien leader de la droite, qui a poussé la banalisation du parti héritier du Front national (FN) jusqu’à affirmer qu’il « [appartient] à l’arc républicain ». Un discours qu’il tenait déjà en avril 2012, mais de façon beaucoup moins assumée qu’aujourd’hui.

L’interview de l’ex-chef de l’État marque une étape supplémentaire dans le pas de deux qu’il a entamé ces derniers mois avec l’état-major du RN. Quelques semaines après avoir reçu Jordan Bardella dans son bureau à Paris, Nicolas Sarkozy y a ainsi accueilli le député et vice-président du parti d’extrême droite, Sébastien Chenu, à qui il a pu distiller quelques conseils.

Une proximité ancienne

Dans le même temps, Jordan Bardella assume vouloir s’inspirer de l’ancien président de la République pour draguer l’électorat de LR. Depuis l’an dernier, le patron du RN multiplie en effet les appels du pied à la droite traditionnelle et aux milieux d’affaires.

« L’idée de réunir dans un même élan les Français issus de la classe populaire et une partie de la bourgeoisie conservatrice – comme Nicolas Sarkozy le fit en 2007 – est pertinente », écrit-il dans son autobiographie, publiée à l’automne 2024, avant de vanter certaines mesures libérales introduites sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy, comme la défiscalisation des heures supplémentaires.

Cette proximité de Nicolas Sarkozy avec les thématiques frontistes ne date pas d’aujourd’hui – ni d’hier du reste. Dès sa première campagne présidentielle, en 2007, il n’a cessé de chasser sur les terres du parti d’extrême droite, en adoptant ses accents sécuritaires et identitaires, notamment sous l’influence de son conseiller Patrick Buisson, ancien directeur du journal d’extrême droite Minute.

À l’époque, sa victoire avait d’ailleurs été rendue possible en partie grâce au ralliement de nombreux électeurs et électrices du FN. Ce qui ne l’empêche pas de se présenter aujourd’hui très sérieusement, dans son entretien au Figaro, comme un supposé « adversaire » du parti de Marine Le Pen : « Les seules fois où ils n’ont pas été au deuxième tour de la présidentielle depuis vingt-cinq ans, c’est lorsque j’étais candidat », se vante-t-il.

L’ancien président de la République et Marine Le Pen ont aussi en commun d’être tous deux inquiétés par la justice.

Durant son quinquennat, Nicolas Sarkozy n’a cessé de légitimer le discours nationaliste, reprenant à son compte les mots et les idées du FN. Le débat sur l’identité nationale proposé à l’automne 2009 a servi de défouloir à la droite. Le discours de Grenoble, le 30 juillet 2010, a poursuivi le travail, en ouvrant la voie à une extrême-droitisation d’une partie de ses cadres et de son électorat. L’instauration systématique du « ni ni » à chaque élection, au mépris du « front républicain », l’a parachevée.

Artisan de la banalisation de l’extrême droite, Nicolas Sarkozy n’a tiré aucune leçon de cette stratégie dangereuse que d’autres, à l’instar d’Emmanuel Macron, finiront même par reprendre à leur compte. Dans Le Figaro, il continue d’ailleurs à imiter le RN, présentant la « crise migratoire » comme un « risque existentiel pour l’Europe » et minimisant, en comparaison avec cette « menace », les velléités expansionnistes de la Russie de Vladimir Poutine.

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L’ancien président de la République et Marine Le Pen ont aussi en commun d’être tous deux inquiétés par la justice. Lundi 8 septembre, la cheffe de file des député·es RN connaîtra la date de son procès en appel dans l’affaire des assistants parlementaires du Parlement européen, pour laquelle elle a été reconnue coupable de détournement de fonds publics, fin mars. Condamnée à cinq ans d’inéligibilité avec exécution immédiate, elle espère toujours pouvoir se présenter à la prochaine présidentielle.

Dans les colonnes du Figaro, l’ex-chef de l’État a de nouveau affiché son soutien à Marine Le Pen face à la possibilité qu’elle soit empêchée de se représenter à la présidentielle. Lui attend le 25 septembre son jugement dans le procès des financements libyens, pour lequel il risque sept ans de prison pour corruption.

Alexandre Berteau

Publié par jscheffer81

Cardiologue ancien chef de service au CH d'Albi et ancien administrateur Ancien membre de Conseil de Faculté Toulouse-Purpan et du bureau de la fédération des internes de région sanitaire Cofondateur de syndicats de praticiens hospitaliers et d'associations sur l'hôpital public et l'accès au soins - Comité de Défense de l'Hopital et de la Santé d'Albi Auteur du pacte écologique pour l'Albigeois en 2007 Candidat aux municipales sur les listes des verts et d'EELV avant 2020 Membre du Collectif Citoyen Albi

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