« Les attaques de Robert F. Kennedy Jr contre la vaccination aux Etats-Unis se multiplient, semant la confusion »
Date de publication : 5 septembre 2025 Temps de lecture: 4 min



Delphine Roucaute évoque dans Le Monde « une nouvelle manifestation de la défiance montante contre les vaccins aux Etats-Unis, après de multiples attaques contre la politique vaccinale du pays, venues du ministre de la santé, Robert F. Kennedy Jr, qui professe un vaccinoscepticisme assumé depuis plusieurs années ».
La journaliste explique que ce mercredi, « le plus haut responsable de la santé de l’Etat républicain de Floride, Joseph Ladapo, a comparé les obligations vaccinales à de l’«esclavage» et annoncé vouloir «mettre fin à toutes les obligations vaccinales en Floride», y compris celle des écoliers ».
« Reflet de la polarisation entre républicains et démocrates sur la question, trois Etats démocrates – la Californie, l’Oregon et l’Etat de Washington – ont riposté le même jour en annonçant former une «alliance sanitaire» pour proposer leurs propres recommandations vaccinales «élaborées par des scientifiques, des médecins et d’autres responsables de santé publique de confiance» », note Delphine Roucaute.
Les trois Etats évoquent ainsi une « réponse aux actions fédérales récentes qui ont (…) soulevé des inquiétudes concernant la politisation de la science ».
La journaliste rappelle entre autres que « dès la fin du mois de mai, M. Kennedy avait annoncé retirer du calendrier des vaccinations recommandées l’injection contre le Covid-19 pour les enfants et les femmes enceintes en bonne santé. Une décision prise unilatéralement, bouleversant le processus standard de recommandation. L’Académie américaine de pédiatrie et la Société américaine d’infectiologie ont déposé une plainte contre M. Kennedy, le 7 juillet, l’accusant d’avoir enfreint la loi ».
« Au-delà de la forme, c’est le fond qui fait bondir les scientifiques », ajoute Delphine Roucaute. Amesh Adalja, infectiologue à l’université Johns-Hopkins, à Baltimore (Maryland), observe : « Il n’y a aucune base scientifique, la seule base est l’irrationalisme et le nihilisme de Robert F. Kennedy Jr ».
Jason Schwartz, maître de conférences en politique et gestion de la santé à l’Ecole de santé publique de l’université Yale (Connecticut), souligne quant à lui que « le Covid-19 reste une menace pour [les femmes enceintes et les enfants], et les vaccins se sont toujours révélés sûrs et efficaces ».
Delphine Roucaute note ainsi que « les principales organisations d’obstétriciens, de gynécologues et de pédiatres américains continuent de recommander ces vaccins ».
La journaliste constate en outre que « de multiples voix se sont élevées pour mettre en garde contre la politique menée par M. Kennedy. Dans une tribune publiée lundi dans le New York Times, neuf anciens directeurs des CDC, ayant officié de la présidence démocrate de Jimmy Carter, en 1977, à l’actuelle, républicaine, de Donald Trump, ont accusé le ministre de «mettre en danger la santé de tous les Américains» ».
« Le risque principal, in fine, est que la confiance dans les vaccins, déjà mise à mal lors de la pandémie de Covid-19, s’effrite encore plus aux Etats-Unis et dans le reste du monde », continue Delphine Roucaute.
Libération titre pour sa part : « Aux Etats-Unis, le ministre de la Santé affirme que les limogeages de scientifiques sont «indispensables» ».
Le journal explique que « le secrétaire américain à la Santé, Robert Kennedy Jr., a comparu ce jeudi 4 septembre devant la commission des finances du Sénat américain, afin de s’expliquer sur les récentes agitations survenues au sein des agences fédérales de santé. Pressé de questions, l’antivax a notamment dû se justifier sur le renvoi la semaine dernière de la directrice de la principale agence de santé américaine, Susan Monarez, accompagné de nombreuses suppressions d’emplois dans les centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC) ».
Le ministre a déclaré : « Ils n’ont pas fait leur travail. Leur travail consistait à nous garder en bonne santé. Je dois licencier certaines de ces personnes pour m’assurer que cela ne se reproduira plus ».
Le sénateur démocrate Ron Wyden a quant à lui remarqué : « Il est dans l’intérêt du pays que Robert Kennedy Jr démissionne, et s’il ne le fait pas, Donald Trump devrait le licencier avant qu’il y ait d’autres victimes ».
Le Figaro explique aussi qu’« aux États-Unis, les États républicains et démocrates s’affrontent sur les vaccins obligatoires ».
Le journal observe notamment que « les critiques contre les vaccins se sont amplifiées ces dernières années, alimentées par de fausses allégations comme celles les associant à l’autisme. Mais les conservateurs ont toujours été plus enclins à demander des exemptions pour des raisons religieuses. En 2025, les États-Unis ont connu leur pire épidémie de rougeole en plus de trois décennies, avec environ 1400 cas concentrés dans une communauté mennonite ultraconservatrice du Texas ».
Attaques contre la vaccination aux Etats-Unis : Robert F. Kennedy Jr sème la confusion
Après des licenciements massifs dans les principales agences américaines, le ministre de la santé a pris, cet été, plusieurs décisions menaçant l’écosystème vaccinal du pays, libérant la parole antivax.
Temps de Lecture 5 min

C’est une nouvelle manifestation de la défiance montante contre les vaccins aux Etats-Unis, après de multiples attaques contre la politique vaccinale du pays, venues du ministre de la santé, Robert F. Kennedy Jr, qui professe un vaccinoscepticisme assumé depuis plusieurs années. Mercredi 3 septembre, le plus haut responsable de la santé de l’Etat républicain de Floride, Joseph Ladapo, a comparé les obligations vaccinales à de l’« esclavage » et annoncé vouloir « mettre fin à toutes les obligations vaccinales en Floride », y compris celle des écoliers.
Reflet de la polarisation entre républicains et démocrates sur la question, trois Etats démocrates (Californie, Oregon et Washington) ont riposté le même jour en annonçant former une « alliance sanitaire » pour proposer leurs propres recommandations vaccinales « élaborées par des scientifiques, des médecins et d’autres responsables de santé publique de confiance ». Selon leur communiqué, il s’agit d’une « réponse aux actions fédérales récentes qui ont (…) soulevé des inquiétudes concernant la politisation de la science ».
La crise est ouverte depuis plusieurs mois entre Robert F. Kennedy Jr et les centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC), organisme chargé, entre autres actions, d’orienter la stratégie vaccinale. Avec pour point d’orgue l’abrupt limogeage, le 27 août, de la directrice des CDC, Susan Monarez, qui avait été nommée moins d’un mois auparavant. Elle a été remplacée, dès le lendemain, par Jim O’Neill, un ancien cadre en biotechnologie sans formation médicale ou scientifique. Le refus de Mme Monarez d’adouber la politique vaccinale de M. Kennedy est l’une des raisons de sa chute. Dans son sillage, plusieurs hauts responsables ont claqué la porte. « Je n’imaginais pas que la frontière entre la science et l’idéologie serait totalement abattue », a déploré, sur ABC News, Demetre Daskalakis, chargé de la politique de vaccination et de lutte contre les maladies respiratoires.
« Robert F. Kennedy Jr nie la valeur des vaccins et mène donc une attaque calculée contre l’ensemble de l’écosystème vaccinal aux Etats-Unis », observe Amesh Adalja, infectiologue à l’université Johns-Hopkins, à Baltimore (Maryland). Dès la fin du mois de mai, M. Kennedy avait annoncé retirer du calendrier des vaccinations recommandées l’injection contre le Covid-19 pour les enfants et les femmes enceintes en bonne santé. Une décision prise unilatéralement, bouleversant le processus standard de recommandation. L’Académie américaine de pédiatrie et la Société américaine d’infectiologie ont déposé une plainte contre M. Kennedy, le 7 juillet, l’accusant d’avoir enfreint la loi.
Mises en garde
Au-delà de la forme, c’est le fond qui fait bondir les scientifiques. « Il n’y a aucune base scientifique, la seule base est l’irrationalisme et le nihilisme de Robert F. Kennedy Jr », assure M. Adalja. « Le Covid-19 reste une menace pour [les femmes enceintes et les enfants], et les vaccins se sont toujours révélés sûrs et efficaces », abonde Jason Schwartz, maître de conférences en politique et gestion de la santé à l’Ecole de santé publique de l’université Yale, dans le Connecticut. Les principales organisations d’obstétriciens, de gynécologues et de pédiatres américains continuent de recommander ces vaccins.
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Pour avoir les coudées plus franches, M. Kennedy a licencié, en juin, les 17 membres du comité consultatif sur les pratiques de vaccination, dont les décisions sont primordiales, puisque les compagnies d’assurances et Medicaid (couverture de santé pour les familles modestes) sont tenues de rembourser les vaccins qu’ils recommandent. La moitié d’entre eux ont d’ores et déjà été remplacés par des médecins et chercheurs ayant, pour la plupart, exprimé des positions vaccinosceptiques. Lors de leur première réunion, en juillet, les nouveaux experts ont retiré de la liste des recommandations un vaccin contre la grippe contenant du thiomersal, un conservateur que le mouvement antivax a faussement lié à l’autisme. La prochaine réunion aura lieu le 18 septembre, avec probablement sept conseillers supplémentaires.
M. Kennedy s’est également attaqué aux vaccins à ARN messager, technologie qui a permis de développer le principal vaccin utilisé contre le Covid-19, qu’il qualifiait, en 2021, de « vaccin le plus mortel jamais fabriqué ». Après avoir annulé, le 28 mai, un contrat de près de 600 millions de dollars (515 millions d’euros), attribué au laboratoire Moderna, pour développer un vaccin contre la grippe aviaire, le ministère de la santé a mis fin, le 5 août, à près de 500 millions de dollars de subventions et de contrats fléchés vers 22 projets de vaccin à ARN messager. « Ces décisions laisseront les Etats-Unis et le monde moins préparés lorsque la prochaine pandémie surgira », déplore M. Schwartz.
De multiples voix se sont élevées pour mettre en garde contre la politique menée par M. Kennedy. Dans une tribune publiée lundi dans le New York Times, neuf anciens directeurs des CDC, ayant officié de la présidence démocrate de Jimmy Carter, en 1977, à l’actuelle, républicaine, de Donald Trump, ont accusé le ministre de « mettre en danger la santé de tous les Américains ». Sur CNN, Tom Frieden, qui a dirigé les CDC de 2009 à 2017, sous la présidence de Barack Obama, a affirmé qu’il n’est « plus possible d’avoir confiance dans ce qui émane du ministère de la santé ou des CDC ».
Mercredi, plus d’un millier d’employés actuels et anciens du ministère de la santé ont adressé une lettre à M. Kennedy, exigeant sa démission. « Monsieur, vous êtes un charlatan », a protesté la sénatrice démocrate Maria Cantwell, lors d’une audition tendue au Sénat jeudi 4 septembre, au cours de laquelle M. Kennedy a tenté de justifier les limogeages, en affirmant que les scientifiques « n’avaient pas fait leur travail ».
La rougeole bien présente
Robert F. Kennedy Jr continue malgré tout à jouir du soutien du président Donald Trump, qui a exprimé de longue date son inquiétude à propos des vaccins. Cultivant l’incohérence, le président américain vante dans le même temps les mérites de l’opération « Warp Speed » qui, sous son premier mandat, a permis aux laboratoires pharmaceutiques de développer des vaccins à la vitesse de l’éclair sans se soucier de perdre de l’argent. Et invective les industriels, sur son réseau, Truth Social, leur intimant de « justifier le succès de leurs différents médicaments contre le Covid ». « Beaucoup de gens pensent qu’ils sont un miracle qui a sauvé des millions de vies. D’autres ne sont pas d’accord », écrivait-il, lundi, sur le même réseau.
Le risque principal, in fine, est que la confiance dans les vaccins, déjà mise à mal lors de la pandémie de Covid-19, s’effrite encore plus aux Etats-Unis et dans le reste du monde. « Les décisions du ministère de la santé ont créé une profonde incertitude parmi le public et les professionnels de la santé, souligne Heidi Larson, professeure d’anthropologie et de science du risque et de la décision, à la London School of Hygiene & Tropical Medicine. Nous avons perdu notre boussole de vérité. »
Les taux de vaccination des enfants américains sont en baisse en 2024-2025, à 92,5 % pour le vaccin contre la rougeole, les oreillons et la rubéole et 92,1 % pour celui contre la diphtérie, le tétanos et la coqueluche. « Bien que minime, cette baisse est significative, car elle passe sous le seuil critique de 95 % permettant d’atteindre l’immunité collective », précise Mme Larson. Alors que la rougeole est officiellement « éliminée » aux Etats-Unis depuis 2000, le pays a signalé plus de cas au cours du seul premier semestre que durant toute autre année depuis trente ans.
« Les récentes actions et déclarations du ministère de la santé conduiront, presque certainement, davantage de parents à choisir de retarder ou de refuser la vaccination de leurs enfants, et des maladies comme la rougeole et la coqueluche continueront de réapparaître, causant des maladies et des décès qui auraient pu être évités », avertit M. Schwartz.
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La Floride en passe de supprimer l’obligation vaccinale, y compris pour les enfants
Cette initiative se situe en droite ligne avec la profonde refonte de la politique vaccinale portée par l’administration Trump. Une décision décriée par des experts et des élus d’Etats démocrates.
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La Floride pourrait devenir le premier Etat américain à abandonner les obligations vaccinales, comparées à de l’« esclavage » par Joseph Ladapo, le plus haut responsable de santé de cet Etat républicain du sud-est des Etats-Unis. L’initiative concernerait même les écoliers.
« Le ministère de la santé de Floride, en partenariat avec le gouverneur [Ron DeSantis], va s’efforcer de mettre fin à toutes les obligations vaccinales, toutes sans exception, jusqu’à la dernière », a lancé, mercredi 3 septembre, le directeur de la santé publique floridien lors d’un discours à l’école chrétienne Grace Christian School, à Valrico, dans le centre de l’Etat.
Depuis le retour à la Maison Blanche de Donald Trump, les Etats-Unis ont amorcé, sous la houlette du ministre fédéral de la santé, Robert Kennedy Jr, une profonde refonte de la politique vaccinale, en restreignant par exemple l’accès aux vaccins contre le Covid-19 ou en coupant des fonds pour en développer de nouveaux.
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« Qui suis-je, moi qui me tiens ici devant vous, pour vous dire ce que vous devez mettre dans votre corps ? Qui suis-je pour vous dire ce que votre enfant doit mettre dans son corps ? Je n’ai pas ce droit. Votre corps est un don de Dieu », a également déclaré Joseph Ladapo, connu pour son opposition aux vaccins contre le Covid-19.
Les critiques contre les vaccins – qui ont pourtant permis d’éradiquer des maladies comme la rougeole, les oreillons, la rubéole, la poliomyélite et l’hépatite B – se sont amplifiées ces dernières années, alimentées par de fausses allégations comme celles les associant à l’autisme. Mais les conservateurs ont toujours été plus enclins à demander des exemptions pour des raisons religieuses.
« Une capitulation servile »
Cette année, les Etats-Unis ont connu leur pire épidémie de rougeole en plus de trois décennies, avec environ 1 400 cas concentrés dans une communauté mennonite ultraconservatrice du Texas.
Pour Amesh Adalja, expert en maladies infectieuses à l’université Johns-Hopkins (Maryland), l’annonce de la Floride relève d’« une capitulation servile devant le mouvement nihiliste antivaccins ». « Les vaccins sont sûrs, efficaces et sauvent des vies », abonde l’épidémiologiste Syra Madad ; selon elle, supprimer la vaccination obligatoire à l’école revient à « mettre en danger les enfants et des millions d’autres personnes ».
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Mercredi, plus d’un millier d’employés et d’anciens personnels du ministère de la santé américain ont signé une lettre adressée aux parlementaires demandant la démission de Robert Kennedy Jr, accusé de « mettre en danger » la population.
Formation d’une « alliance sanitaire »
De l’autre côté du pays, la Californie et deux autres Etats de l’Ouest ont riposté, mercredi, en annonçant la formation d’une « alliance sanitaire », en « réponse » au limogeage, la semaine dernière, de Susan Monarez, qui était à la tête des centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC), la principale agence sanitaire du pays.
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Accusant l’administration Trump de « politisation de la science », les dirigeants démocrates de la Californie, de l’Oregon et de l’Etat de Washington ont expliqué dans un communiqué vouloir fournir à leurs résidents des recommandations vaccinales ainsi que des informations sur l’efficacité et la sûreté des vaccins « élaborées par des scientifiques, des médecins et d’autres responsables de santé publique de confiance ».
Ce n’est pas la première fois que le gouverneur démocrate de Californie, Gavin Newsom, considéré comme un futur candidat sérieux à la présidentielle, s’érige contre l’administration Trump. En juin, il s’était opposé au déploiement de la garde nationale lors des manifestations anti-Trump de Los Angeles.
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Le Monde avec AFP