Une future mine de lithium dans l’Allier

La France poursuit sa quête de métaux rares

Afin de réduire sa dépendance en matière de métaux critiques, ingrédients incontournables de sa transition énergétique, la France multiplie les initiatives. L’un de ses projets les plus aboutis est celui de la future mine de lithium dans l’Allier.

Gouvernance  |  02.09.2025  |https://www.actu-environnement.com/ae/news/visite-Ferracci-Allier-Mine-Lithium-46712.php4#ntrack=cXVvdGlkaWVubmV8MzgzOQ%3D%3D%5BNDExMDgz%5D

  N. Gorbatko

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La France poursuit sa quête de métaux rares

© TomTooM03, CC BY-SA 4.0 , via Wikimedia CommonsLa carrière de Beauvoir, à Échassières dans l’Allier, où Imerys envisage d’exploiter du lithium.

Un crédit d’impôt de 200 millions d’euros pour lui permettre de produire jusqu’à 34 000 tonnes d’hydroxyde de lithium par an à l’horizon 2030 : telle est la promesse faite à la société Imerys par le ministre de l’Industrie et de l’Énergie, Marc Ferracci, lundi 1er septembre, lors de sa visite sur le site de l’entreprise dans l’Allier. Du sous-sol d’Échassières, la société extrait déjà chaque année entre 25 000 et 30 000 tonnes de kaolin destiné à la céramique. Mais la carrière recèle surtout du lithium, particulièrement précieux pour la fabrication des batteries.

Son gisement de Beauvoir serait le plus riche en lithium d’Europe et se placerait dans le top 5 des gisements mondiaux. De quoi répondre à une bonne partie des besoins croissants des usines de batteries installées sur le territoire français. Baptisé Emili, le projet d’Imerys est donc fortement soutenu par le Gouvernement. Bénéficiant des toutes nouvelles dispositions du code minier qui étend la durée des permis d’exploration de cinq à quinze ans, il pourrait ainsi s’étaler sur un demi-siècle. Son atout : il respecterait la norme internationale Initiative pour une assurance minière responsable (Irma), considéré comme la plus stricte de toutes. Mais la demande de concession débute à peine et le dossier est encore loin d’aboutir.

Des crédits d’impôts prévus

L’aide de l’État promise à Imerys prendra la forme d’un crédit d’impôt au titre des investissements dans l’industrie verte (C3IV) prévu par la loi Industrie verte de 2023. Elle devrait ensuite générer 1,8 milliard d’euros d’investissement. Cependant, cette seule carrière ne suffira pas à satisfaire toutes les demandes en matière de transition énergétique. D’autres sources de ce minerai rare seront nécessaires. D’autres métaux seront aussi recherchés : classiques, comme le cuivre et l’aluminium, ou « de spécialité », comme le nickel, le cobalt ou les terres rares.“ Nos batteries, nos éoliennes, nos panneaux solaires, nos technologies numériques reposent toutes sur des matières premières stratégiques ”Marc Ferracci, ministre de l’Industrie et de l’Énergie

D’autres projets de production et de valorisation de matières premières critiques bénéficieront donc aussi du crédit d’impôt C3IV : Caremag, à Carester-Lacq (Pyrénées-Atlantiques) pour l’extraction de dysprosium, de terbium et de terres rares ; CoRaLi à Lauterbourg (Bas-Rhin) pour le raffinage de lithium (25 000 tonnes par an à partir de 2028) ; Electro Mobility Materials Europe, dans et autour de Bordeaux (Gironde) pour le raffinage de sulfates de nickel et de cobalt ; ou encore Brees-Solvay, à La Rochelle (Charente-Maritime) pour la séparation de terres rares lourdes et légères.

Des appels à projets en renfort

En complément, un appel à projets « métaux critiques » a été lancé dans le cadre de France 2030 pour soutenir des projets d’extraction, de transformation et de recyclage. Doté d’une enveloppe de 400 millions d’euros, il soutient déjà 23 projets, pour 2,3 milliards d’investissements capacitaires. Dans l’Allier, le ministre de l’Industrie a annoncé 12 nouveaux lauréats pour la production de terres rares, d’aluminium ou de cuivre, pour la fabrication de batteries au lithium-ion et de cellules dans les gigafactories françaises, en particulier.

En cas de succès, ces projets pourraient répondre « à plus de 40 % de nos besoins en lithium au bon niveau de pureté attendu, et à plus de la moitié de nos besoins en graphite artificiel nécessaire à la production de matériaux d’anodes pour l’électrode négative de cellules de batteries », explique le Gouvernement. Un autre appel à projets « Solutions innovantes pour l’amélioration de la recyclabilité, du recyclage et de la réincorporation des matériaux », doté d’une enveloppe de 120 millions d’euros, a permis d’encourager des projets de recherche et développement et de faire éclore des démonstrateurs industriels pour le recyclage de métaux critiques. 

L’Europe veille aussi au grain

Destiné à accélérer leur extraction et leur raffinage, créer des stocks, regrouper les achats et financer des contrats de long terme, un Centre européen pour les métaux critiques pourrait voir le jour en 2026. Son rôle exact et son organisation restent toutefois encore à définir. En mars 2024, l’UE avait elle aussi adopté une réglementation sur les matières premières critiques.

Lancé en 2023 et géré par la société InfraVia Capital Partners, un fonds d’investissements spécialisé dans les métaux critiques est par ailleurs abondé à hauteur de 500 millions d’euros par l’État. Il a vocation à être investi par des partenaires privés, industriels comme financiers, contre des accords d’achat sécurisés. Une première levée de fonds est en cours de finalisation. Objectif visé : 2 milliards. « Il n’y a pas d’industrie sans ressources, pas de transition énergétique sans minerais. Nos batteries, nos éoliennes, nos panneaux solaires, nos technologies numériques reposent toutes sur des matières premières stratégiques », insiste le ministre.

Des progrès très lents

Mais les progrès s’accomplissent à toute petite vitesse. Concrètement, aujourd’hui, le domaine minier métropolitain reste très faiblement valorisé. L’exploitation ne concerne plus que le sel (15 concessions, 4,5 Mt/an), la bauxite (3 concessions, 115 000 t/an), les calcaires bitumineux (1 concession, 1 800 t/an), la fluorine (1 concession) et l’or (1 concession). Seuls 12 permis de recherche sont actuellement valides dans l’Hexagone, 24 sont en cours d’instruction (Hexagone et Guyane). Par conséquent, le Gouvernement cherche également à sécuriser ses approvisionnements à l’étranger, via une feuille de route approuvée en 2022 par la Première ministre de l’époque, Élisabeth Borne.

Cette stratégie s’est traduite par la signature de quinze partenariats stratégiques bilatéraux avec le Canada, l’Australie, le Chili, l’Argentine, le Kazakhstan, la République démocratique du Congo, la Serbie, le Brésil, l’Indonésie, le Vietnam et le Maroc. « Chaque site relancé, chaque permis accordé, chaque partenariat noué est un pas de plus vers notre indépendance et notre prospérité », se félicite Marc Ferracci. Dans un avis publié le 30 juin dernier, l’Ademe avait insisté, pour sa part, sur l’importance de ne pas négliger la piste de la sobriété, en limitant par exemple la taille des voitures ou des batteries.

Nadia Gorbatko, journaliste
Rédactrice spécialisée

Publié par jscheffer81

Cardiologue ancien chef de service au CH d'Albi et ancien administrateur Ancien membre de Conseil de Faculté Toulouse-Purpan et du bureau de la fédération des internes de région sanitaire Cofondateur de syndicats de praticiens hospitaliers et d'associations sur l'hôpital public et l'accès au soins - Comité de Défense de l'Hopital et de la Santé d'Albi Auteur du pacte écologique pour l'Albigeois en 2007 Candidat aux municipales sur les listes des verts et d'EELV avant 2020 Membre du Collectif Citoyen Albi

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