Coupes budgétaires : le monde de la santé prêt à « tout bloquer » ?

Quentin Haroche | 25 Août 2025

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Médecins hospitaliers, pharmaciens et transporteurs sanitaires ont tour à tour annoncé des mouvements de grève pour la rentrée dans un contexte social très tendu.

Entre les appels à « tout bloquer » le 10 septembre prochain, désormais soutenus par une partie de la gauche et les menaces de censure, la rentrée s’annonce particulièrement difficile pour le Premier Ministre François Bayrou. Son plan d’économie de 44 milliards d’euros semble en effet faire l’unanimité contre lui. Alors que le chef du gouvernement tente désespérément d’obtenir le soutien de l’opinion publique (tentative qui, si l’on en croit les sondages, est vouée à l’échec), il semble qu’il ne pourra pas compter sur le soutien des professionnels de santé, où les sources de mécontentement sont nombreuses.

A l’hôpital, le projet de François Bayrou de diminuer de 5,5 milliards d’euros le budget de la santé en 2026 passe très mal, même si la plupart des mesures avancées ne concernent pas directement le monde hospitalier. « François Bayrou exige aussi des hôpitaux qu’ils soient plus efficients alors qu’ils sont déjà à l’os, ses mesures ne sont que des attaques contre les professionnels de santé », commente ainsi pour Le Parisien Barbara Filhol, secrétaire général de la CGT Action sociale. Certaines mesures plus généralistes avancées par l’exécutif, comme le gel du point d’indice ou le non-remplacement d’un fonctionnaire sur trois, sont également contestées.

Les hospitaliers prêts à participer au mouvement du 10 septembre

Dès ce lundi, tous les syndicats de l’AP-HP appellent ainsi à organiser des assemblées générales au sein des hôpitaux pour « préparer la grève, unie, de toute l’AP-HP, dans le cadre d’un mouvement d’ensemble public-privé ». « Ça serait mentir de dire que notre fédération n’appelle pas à se mobiliser dès le 10 septembre » commente Barbara Filhol, qui souhaite donc que les hospitaliers prennent leur part dans le mouvement de « blocage » du pays.

Dans ce contexte social tendu, les pharmaciens ne sont pas en reste. Cela fait plusieurs semaines qu’ils protestent contre le projet du gouvernement de baisser le plafond des remises consenties par les laboratoires sur les génériques. Une première baisse, de 40 à 30 % du prix du médicament, doit entrer en vigueur le 1er septembre et in fine, le plafond sera abaissé à 20 % d’ici 2028. Une catastrophe économique pour les pharmaciens (ces remises constituent jusqu’à 30 % de leur excédent brut d’exploitation) qui craignent de nombreuses fermetures d’officines et des licenciements.

Déjà engagés dans une grève des gardes depuis le 1er juillet et après une grève très suivie le 16 août dernier, les pharmaciens sont prêts à continuer le combat dans ce contexte social difficile. L’intersyndicale a ainsi appelé à la grève le 18 septembre, puis tous les samedis à compter du 27 septembre et se dit prête à une « lutte à mort » avec le gouvernement.

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Les libéraux rejoindront-ils le mouvement ?

Enfin, les transporteurs sanitaires et en particulier les taxis, qui s’étaient déjà mobilisés en mai dernier, reprennent également la lutte. Eux protestent contre une réforme de la tarification du transport sanitaire, qui doit entrer en vigueur le 1er octobre. Ils craignent eux aussi que cette réforme entraine une perte importante de chiffres d’affaires et donc des licenciements et des destructions d’entreprise. Une manifestation est prévue à Paris le 5 septembre prochain et les taxis se disent prêts à « bloquer le pays » (décidément, le mot est à la mode) s’il le faut. 

Les médecins libéraux ne sont pour leur part pas encore entrés dans la danse et aucun appel à manifester ou à faire grève n’a été émis par les principaux syndicats. Mais ce n’est peut-être que partie remise, tant les sources de mécontentement sont nombreuses chez eux aussi, entre le gel des revalorisations pour les spécialistes, le doublement des franchises médicales (dans leur montant comme dans leur plafond) et la volonté de l’exécutif d’accentuer les contrôles sur les délivrances d’arrêt maladie. 

Y-aura-t-il une « convergence des luttes » entre les différents acteurs de la santé, voir même avec ceux qui veulent « bloquer » le pays ? Difficile à dire tant les revendications et intérêts de chaque groupe sont divers. Une seule chose semble les réunir : un rejet massif de la politique menée par François Bayrou, plus que jamais sur la sellette.

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Publié par jscheffer81

Cardiologue ancien chef de service au CH d'Albi et ancien administrateur Ancien membre de Conseil de Faculté Toulouse-Purpan et du bureau de la fédération des internes de région sanitaire Cofondateur de syndicats de praticiens hospitaliers et d'associations sur l'hôpital public et l'accès au soins - Comité de Défense de l'Hopital et de la Santé d'Albi Auteur du pacte écologique pour l'Albigeois en 2007 Candidat aux municipales sur les listes des verts et d'EELV avant 2020 Membre du Collectif Citoyen Albi

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