Encore des cliniques privées lucratives qui pratiquent des fermetures perlées de leurs urgences, non sanctionnées par l’ARS.

Les médecins mettent fin au volontariat forcé en fermant les urgences de l’hôpital Agen-Nérac : un plan blanc déclenché

Les médecins urgentistes avaient annoncé la fermeture des urgences et de la régulation du Samu ce week-end, un plan blanc les réquisitionne.

Les médecins urgentistes avaient annoncé la fermeture des urgences et de la régulation du Samu ce week-end, un plan blanc les réquisitionne. Photo Morad Cherchari.

Santé,  Agen

Publié le 29/08/2025 à 11:44 , mis à jour à 18:59 https://www.facebook.com/share/p/19VTs7QkjC/?mibextid=wwXIfr

Caroline Saint-Pierre

Alors que les urgentistes ont annoncé la fermeture des urgences du centre hospitalier Agen-Nérac ce samedi 30 août et dimanche 31 août pour épuisement, conditions de travail dégradées et risques encourus par les patients, aussi sec, la direction de l’hôpital en lien avec l’ARS, a déclenché un plan blanc.

L’annonce de la fermeture des urgences du centre hospitalier Agen-Nérac ce samedi 30 et dimanche 31 août pour « mettre fin à une situation de volontariat forcée des praticiens », est survenue dans la soirée de jeudi 28 août. Un communiqué émanant de l’équipe médicale des urgences de l’hôpital stipulant également la fermeture du Samu 47 et du SMUR, ce qui signifie la neutralisation de la régulation médicale via le 15 sur tout le département.

Face à cette alerte, la réponse de la direction de l’hôpital ne s’est pas fait attendre ce vendredi matin dès 7 h 30, affirmant qu’un plan blanc était d’ores et déjà déclenché, ce qui signifie des médecins et des soignants réquisitionnés pour faire face.  » Ce dispositif exceptionnel permet, d’assurer la continuité des soins et la sécurité de la population d’Agen et du Lot-et-Garonne, grâce à l’organisation d’un service minimum aux urgences. Parallèlement, toutes les possibilités d’appui extérieures sont activées ».

Les médecins urgentistes dénoncent : « une équipe mobilisée tout l’été et aujourd’hui épuisée. C’est avec un profond regret qu’elle annonce que ses praticiens cessent d’être volontaires, pour remplir les lignes de planning vides, à compter du samedi 30 août 2025, sur l’ensemble des lignes de garde de ses structures de médecine d’urgence de son service. Depuis la mi-août, les médecins urgentistes et généralistes du service des urgences d’Agen-Nérac et du SAMU 47 assurent la continuité des soins bien au-delà du temps de travail légal de 48 heures par semaine. Sur la base du volontariat, plus de 5 000 heures supplémentaires ont été réalisées en quatre mois dans un contexte estival extrêmement tendu ».

Ces professionnels affirment avoir tout tenté pour maintenir un accès aux soins de qualité. « Le 18 août 2025, le tableau de service n’avait plus de praticiens volontaires pour exercer dans des conditions devenues dangereuses et insécurisantes […] ».

La direction de l’hôpital assure pourtant poursuivre un dialogue constructif en lien étroit avec l’ARS et avec l’équipe des urgentistes « afin d’apporter des réponses aux revendications exprimées et de trouver, collectivement, des solutions durables ».

L’ARS s’efforce de trouver des solutions

Depuis le 25 juillet, à l’initiative de l’ARS Nouvelle-Aquitaine, les réunions de crise s’enchaînent. Après avoir déjà pris part mardi à une longue réunion, Benoît Elleboode, le directeur général de l’ARS, est revenu une nouvelle fois ce vendredi après-midi à l’hôpital, s’asseoir à la table des négociations afin de dialoguer, mettre toutes les revendications et dissensions à plat.

Joint par téléphone, il assure en préambule que le plan blanc en termes d’assignation de praticiens, couvre ce week-end les besoins spécifiques liés à l’afflux de public aux Fêtes d’Agen. Il s’est engagé à débloquer la prime de solidarité territoriale relative au Smur de Nérac et à dégager des solutions pour augmenter le nombre d’urgentistes formés. D’autres voies de recrutement que celle initiale, sont recherchées pour pallier le manque de 4 à 5 médecins équivalents temps plein. Il parle aussi d’une passerelle pour les généralistes vers la médecine d’urgence. Les urgences étant pour lui « le point névralgique de tout le système de santé ». L’ARS va financer une 5e ligne d’assistants de régulation pour compenser la prise en compte des appels du Gers et de Moissac parfois. Elle va favoriser le renfort de soignants lorsque les urgences de la clinique sont fermées. À ce titre, la clinique est priée de prévenir assez tôt des fermetures perlées. Il a évoqué aussi un reliquat de crédits pour les services qui ont dû faire face aux fermetures d’autres établissements sur le territoire et la rédaction d’un contrat-cadre en vue du recrutement de jeunes patriciens. « On va essayer de régler les choses, le plus vite possible. Certaines sont en cours, d’autres prendront plus de temps ».

Le SAMU-SMUR-SU d’Agen au bord de la rupture : le point avec le Dr Laurent Maillard, chef du département des urgences 

Jean-Bernard GervaisAUTEURS ET DÉCLARATIONS 

27 août 20250 https://francais.medscape.com/voirarticle/3613270?ecd=WNL_mdplsfeat_250827_mscpedit_fr_etid7671114&uac=39940PJ&impID=7671114

« Les conditions d’exercice et le temps de travail additionnel des urgentistes pour l’été 2025 ne sont plus tenables !!! » dénoncent les syndicats d’urgentistes Samu Urgences de France (SUdF) et l’association des médecins urgentistes de France (Amuf) dans un récent communiqué.

Du fait de fermetures ponctuelles de services d’admission aux urgences (SAU) et de régulation de nombreux services d’urgences, les médecins qui travaillaient dans des structures ouvertes ployent sous le nombre d’heures supplémentaires à effectuer, pour compenser les carences territoriales, « avec des urgentistes contraints d’enchaîner jusqu’à 96 heures hebdomadaires, dépassant très largement leurs obligations maximales, l’absence de contractualisation du temps de travail additionnel (TTA) pourtant obligatoire ». Les syndicats pointent du doigt « une rémunération irrespectueuse : un forfait horaire de 33,76 € brut au-delà de 48 h, inférieur au taux horaire de base d’un praticien premier échelon » et font état d’ « un système qui ne tient que par le volontariat ».

Le SAMU-SMUR-SU d’AGEN en pleine crise de nerf

C’est le cas à Agen (47), où « les urgentistes du Centre Hospitalier d’Agen-Nérac ont cumulé plus de 10 000 heures de TTA en 2024, soit l’équivalent de 30% de l’effectif médical en poste » pour soutenir l’activité défaillante des structures d’urgence environnantes du Lot-et-Garonne (47) mais aussi du Gers (32). « Tous les médecins de cette équipe ont d’ores-et-déjà réalisé leur temps de travail pour le mois d’aout. Certains cumulent plus de 250 heures extra-supplémentaires et sont épuisés ».

Cerise sur le gâteau, restriction économique oblige, la direction n’a pas reconduit cette année le dispositif de rémunération de l’an dernier, à savoir le doublement du tarif de temps de travail additionnel. A bout, l’équipe des urgences d’Agen a menacé de cesser le travail pour que l’agence régionale de santé (ARS) entame des négociations avec les médecins.

Le Dr Laurent Maillard, chef du département des urgences du centre hospitalier d’Agen, explique à Medscape édition française comment les urgentistes de son service en sont arrivés à de telles extrémités.

Nous avons été clairs au sein de l’établissement : si aucune solution n’est proposée face aux difficultés organisationnelles, l’équipe ne reviendra pas travailler.

Medscape édition française : Pouvez-vous nous expliquer comment vous en êtes arrivés à une telle situation aux Urgences du centre hospitalier d’Agen cet été ? La pénurie de personnel n’avait-elle pas été anticipée ?

Dr Laurent Maillard : Le centre hospitalier d’Agen avait initialement élaboré un planning aussi complet que possible afin de gérer l’ensemble des dysfonctionnements susceptibles de survenir sur le territoire pendant l’été. Mais comme chaque année, il y a eu des arrêts maladie ; lesquels ont pu être remplacés au mois de juillet. En revanche, il n’a plus été possible de pourvoir aux absences à partir du mois d’août. Durant ce mois, nous avons aussi affronté la fermeture perlée du SMUR de Nérac [situé à 25 km au sud-ouest d’Agen, NDLR]. Par ailleurs, notre établissement assure la régulation du SAMU du Gers (32) chaque nuit. Concrètement, lorsqu’un appel est passé au 15 dans le Gers, la prise en charge initiale est assurée par les assistants de régulation médicale du SAMU de ce département, puis la régulation médicale s’effectue depuis le Lot-et-Garonne (47), via le SAMU 47.

On nous demande de faire toujours plus avec moins.

Publié par jscheffer81

Cardiologue ancien chef de service au CH d'Albi et ancien administrateur Ancien membre de Conseil de Faculté Toulouse-Purpan et du bureau de la fédération des internes de région sanitaire Cofondateur de syndicats de praticiens hospitaliers et d'associations sur l'hôpital public et l'accès au soins - Comité de Défense de l'Hopital et de la Santé d'Albi Auteur du pacte écologique pour l'Albigeois en 2007 Candidat aux municipales sur les listes des verts et d'EELV avant 2020 Membre du Collectif Citoyen Albi

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