Les pharmacies rurales se font de plus en plus rares
Quentin Haroche| 28 Août 2025 https://www.jim.fr/viewarticle/pharmacies-rurales-se-font-plus-plus-rares-2025a1000mrt?ecd=wnl_all_250828_jim_daily-doctor_etid7674568&uac=368069PV&impID=7674568&sso=true
De plus en plus d’élus s’inquiètent de la diminution du nombre de pharmacies dans les zones rurales. Les mesures prises par les autorités sont jugées insuffisantes et contradictoires.
Une mairie, une vieux clocher, quelques commerces et, bien en vue avec sa croix verte, une pharmacie : les petites officines, souvent familiales, font partie intégrante du paysage des communes rurales. Dans nos campagnes, qui sont touchées depuis plusieurs années par un phénomène grandissant de désertification médicale, ces officines constituent parfois le premier accès aux soins pour les habitants. Au-delà de leur rôle premier de distribution de médicaments, ces officines offrent un service de prévention (via la vaccination notamment), de conseil médical et même plus globalement un lien social.
Mais ces pharmacies rurales sont en danger, s’inquiètent un nombre grandissant d’élus. Le 1er juillet dernier, le député de Meurthe-et-Moselle Antony Boulogne a ainsi alerté la ministre de la Santé Catherine Vautrin sur « la tendance inquiétante à la baisse du nombre de pharmacies d’officine en France». Et jeudi dernier, c’est le sénateur des Bouches-du-Rhône Stéphane Le Rudulier qui s’est publiquement alarmé de « la situation préoccupante des pharmacies dans les petites communes rurales ».
10 % d’officines en moins en dix ans
Les chiffres confirment cette inquiétude. Selon le dernier bilan dressé par le Conseil national de l’ordre des pharmaciens (CNOP), la France comptait, en 2024, 19 627 officines soit 1,3 % de moins sur un an. Ces dix dernières années, le nombre d’officines a diminué de 10 %, alors même que la population augmentait et vieillissait. Le CNOP estime qu’entre 200 et 300 pharmacies ferment chaque année. https://02715e5485193edb75a75e84c29c3a12.safeframe.googlesyndication.com/safeframe/1-0-45/html/container.html
Alors que les jeunes pharmaciens sont moins intéressés que leurs ainés par le travail en officine, les anciens officinaux ne parviennent pas toujours à trouver de repreneurs. « Près d’une dizaine de pharmacies sont en vente pour un euro mais ne trouvent pas de repreneurs, particulièrement dans les zones rurales » reconnaissait ainsi le ministre de la Santé de l’époque Frédéric Valletoux en avril 2024. nullnull
Même si le phénomène est moins prégnant que pour les médecins libéraux, la répartition des officines n’est pas toujours en adéquation avec celle de la population et des déserts pharmaceutiques commencent à se former. L’Ile-de-France en est un bon exemple : Paris regroupe 29 % des plus de 13 000 officines de la région, alors que la capitale ne concentre que 16 % de la population régionale. A l’inverse, la Seine-et-Marne ne compte que 8 % des officines pour 11 % de la population.
Face à ce phénomène, les autorités ne restent pas les bras croisés. Le 7 juillet 2024, le gouvernement a ainsi pris un décret (six ans après le vote de la loi que ce décret vient appliquer !) autorisant l’ouverture d’officine dans les communes de moins de 2 500 habitants. Plusieurs conditions doivent cependant être remplies (notamment l’absence d’officine à proximité de la commune) et l’ouverture de la pharmacie doit être autorisée par l’Agence régionale de Santé (ARS). https://02715e5485193edb75a75e84c29c3a12.safeframe.googlesyndication.com/safeframe/1-0-45/html/container.html
La baisse des remises sur les génériques ne passe pas
Par ailleurs, depuis la signature d’un nouvel avenant à la convention pharmaceutique l’an dernier, les pharmaciens exerçant dans un désert médical peuvent également bénéficier d’une aide de 20 000 euros par an, si leur officine est la seule de la commune et si son chiffre d’affaires annuel est inférieur à 1 million d’euros.
Des mesures jugées insuffisantes par les pharmaciens, qui dénoncent les contradictions d’un gouvernement qui semble vouloir aider les officines d’un côté mais diminuer leurs revenus de l’autre. Depuis plusieurs mois, les syndicats de pharmaciens sont en effet engagés dans une « lutte à mort » (ce sont leur propres termes) contre le projet du gouvernement de baisser le plafond des remises sur les génériques consentis par les laboratoires, mesure qui doit entrer en vigueur ce lundi. Selon les syndicats, cette perte de revenus importante va conduire de nombreuses pharmacies à mettre la clé sous la porte, notamment dans les zones rurales.
Pour venir en aide aux officines rurales, les pharmaciens en appellent désormais directement au Premier Ministre François Bayrou. Le 5 août dernier, le président du conseil de l’Ordre des pharmaciens de Nouvelle-Aquitaine Gérard Deguin a ainsi adressé une lettre ouverte au chef du gouvernement dans lequel il l’alerte sur le risque que les officines rurales « voient leur situation financière aggravée par les nouvelles mesures », à savoir la baisse des remises sur les génériques. Jouant sur la corde sensible, le pharmacien évoque le sort des villes de Rivehaute, Barcus et Tardets, trois communes du Béarn (la terre natale de François Bayrou) dont les pharmacies sont sur le point de fermer.https://02715e5485193edb75a75e84c29c3a12.safeframe.googlesyndication.com/safeframe/1-0-45/html/container.htmlLISEZ LA SUITE CI-DESSOUS
Mais entre sa probable prochaine chute le 8 septembre prochain et les appels à tout bloquer, François Bayrou a malheureusement d’autres chats à fouetter.