Et la pire ville de France en termes d’accès aux soins est…
Quentin Haroche| 18 Avril 2025 https://www.jim.fr/viewarticle/et-pire-ville-france-termes-daccès-aux-soins-2025a100099n?ecd=mkm_ret_250823_jim_boq_&uac=368069PV&impID=7644266&sso=true
Le journal Le Point a publié un classement des pires villes de France en termes d’accès aux soins. Les trois quarts d’entre elles se situent en Ile-de-France.nullLISEZ LA SUITE CI-DESSOUS
Connaissez-vous la ville d’Houilles dans les Yvelines ? Si vous êtes médecin, cela est peu probable. Cette cité des Yvelines de 33 000 habitants, appartenant à l’agglomération parisienne et nichée entre Sartrouville et Nanterre, a en effet une particularité peu enviable : il s’agirait de la ville présentant le plus faible accès aux soins de ville en France, si l’on en croit un classement publié par le journal Le Point ce jeudi.
C’est évidemment l’actualité politique qui a poussé l’hebdomadaire, amateur de classements médicaux (il publie chaque année un classement des hôpitaux), à réaliser ce palmarès des déserts médicaux.
L’Assemblée Nationale a en effet voté le 2 avril dernier l’article 1er d’une proposition de loi dédiée à la lutte contre les déserts médicaux qui prévoit d’obliger les médecins à s’installer dans les zones considérées comme insuffisamment dotées en praticiens (le reste du texte sera examiné le 6 mai dernier).null
Un vote qui a provoqué une véritable levée de boucliers des syndicats d’internes et de jeunes médecins, qui ont lancé un appel à la grève le 28 avril prochain.nullnull
Pour mener à bien leur classement, plutôt que de calculer bêtement le nombre de médecins par habitant de chaque commune de France, les journalistes du Point se sont servis de l’indicateur d’accessibilité potentielle (APL).
Développé par la Drees (le service de statistiques du ministère de la Santé) et l’IRDES (l’institut de recherche en économie de la santé), l’APL permet de « mesurer l’adéquation spatiale entre l’offre et la demande de soins de premier recours à un échelon géographique fin » nous explique la Drees. null
L’APL, un indicateur particulièrement fin
Il prend ainsi en compte le nombre de médecins de la commune, mais également l’offre de soins des communes environnantes, le niveau d’activité des professionnels de santé, la distance entre les patients et les soignants ainsi que l’âge de la population, dont dépend la demande de soins. Il permet ainsi d’obtenir un nombre de consultations disponibles par an et par habitant.
En utilisant les données en accès libre de la Drees, Le Point a ainsi pu établir son top 50 des villes de plus de 10 000 habitants (les plus petites villes ont été exclues par souci de « lisibilité ») avec la plus faible offre de soins en médecine générale.
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Houilles prend donc la tête du classement, avec un APL de 1,2 consultations par an par habitant (la moyenne nationale est de 3,3), suivi de Montesson (1,3 consultations) et Carrières-sur-Seine (1,3), trois villes limitrophes toutes situées dans les Yvelines.
Contrairement aux idées reçues qui voudraient que les déserts médicaux soient généralement des territoires ruraux, les trois-quarts des villes de ce top 50 se situent en Ile-de-France (hors Paris). La Seine-et-Marne, l’Essonne et donc les Yvelines sont particulièrement peu dotés en médecins (même si cette faible offre de soins est à relativiser du fait de la proximité avec la capitale).
Pour expliquer ce phénomène, Le Point met en avant la forte augmentation de la population ces dernières années en région parisienne, tandis que l’insécurité grandissante décourage les médecins de s’y installer.
Mieux vaut avoir mal à Bordeaux qu’à Houilles
Les territoires ruraux ne sont cependant pas totalement épargnés. Dans le top 15 des pires villes de France en termes d’accès aux soins de ville, on trouve ainsi une bourgade du Maine-et-Loire (Montrevault-sur-Evre) et deux cités du Cher (Saint-Armand-Montrond et Vierzon).Par ailleurs, l’idée selon laquelle de nombreux médecins sont attirés par le climat clément du sud de la France au moment de choisir leur lieu d’installation se confirme : on ne trouve aucune ville du top 50 au sud de Lyon.
Le Point a également établi un classement des 50 villes où l’offre de soins en médecine générale est la meilleure, ce qui permet des comparaisons intéressantes. A Villenave-d’Ornon (dans la banlieue de Bordeaux), numéro 1 du classement avec un APL de 9,1, les habitants ont donc accès à neuf fois plus de consultations par an qu’à Houilles.
Globalement, il apparait sans surprise que ce sont les grandes villes (Paris, Lyon, Lille, Bordeaux, Marseille, Strasbourg) et même parfois les localités avoisinantes (plusieurs villes de la banlieue bordelaise et lyonnaise sont dans le top 10) qui sont les mieux loties. Quelques territoires plus ruraux parviennent cependant à tirer leur épingle du jeu, comme la Bretagne ou l’Indre-et-Loire.
Ces disparités importantes entre en région donnent en tout cas du grain à moudre à ceux qui voudraient contraindre les médecins à s’installer dans les territoires sous-dotés. Ainsi, peut être faudrait-il interdire aux médecins franciliens de poser leur plaque à Paris, afin qu’ils s’installent à Houilles. Même si ça leur fait un peu mal.