Un examen approfondi pour s’assurer de leur « alignement » avec la vision de l’Amérique prônée par Donald Trump, fondée selon son courrier sur la « vérité et la raison ».

Les principaux musées de Washington priés de s’aligner sur la vision de Donald Trump

Il y a 3 heures•1 min RTBF https://www.facebook.com/rtbfinfo/posts/la-maison-blanche-lance-un-examen-des-musées-de-washington-pour-vérifier-leur-al/1174747898017114/

La Maison Blanche a annoncé mardi à l’institution qui gère les principaux musées de Washington que l’administration américaine allait mener un examen approfondi pour s’assurer de leur « alignement » avec la vision de l’Amérique prônée par Donald Trump, fondée selon son courrier sur la « vérité et la raison ».

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Par la rédaction avec Belga

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Cet examen est justifié par les festivités autour du 250e anniversaire des Etats-Unis l’an prochain, selon le courrier que la Maison Blanche a publié sur son site internet.

« Cette initiative vise à garantir l’alignement avec la directive du président pour célébrer le caractère exceptionnel de l’Amérique, à supprimer les discours clivants ou partisans et à restaurer la confiance dans nos institutions culturelles« , peut-on lire dans la missive.

L’Histoire américaine

La Maison Blanche fait référence à un décret signé en mars visant à reprendre le contrôle du contenu des musées du Smithsonian, accusés de « révisionnisme historique » par Donald Trump et d’avoir mené au cours de la décennie passée un « endoctrinement idéologique » racial.

« Dans cet esprit et conformément au décret » visant à « restaurer la vérité et la raison dans l’Histoire américaine, nous allons mener un examen interne approfondi« , a ajouté la lettre datée de mardi.

Les établissements concernés sont le Musée d’histoire américaine, le Musée d’histoire naturelle, le Musée d’histoire et de la culture afro-américaine, le Musée des Indiens d’Amérique, le Musée de l’air et de l’espace, le Musée Smithsonian d’art américain, le National Portrait Gallery et le Hirshhorn Museum and Sculpture Garden.

A Washington, Donald Trump s’en prend à la culture pour prôner sa vision de l’Amérique

La reprise en main du président américain dans la capitale passe également par la mise sous tutelle du récit historique national, à travers la prise de contrôle de deux institutions culturelles, le Smithsonian et le Kennedy Center. 

Par Nicolas Chapuis (Washington, envoyé spécial)Publié le 14 août 2025 à 06h00, modifié le 14 août 2025 à 08h57 https://www.lemonde.fr/international/article/2025/08/14/a-washington-donald-trump-s-en-prend-a-la-culture-pour-proner-sa-vision-de-l-amerique_6629219_3210.html

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Donald Trump, devant les portraits du chanteur de country George Strait, du comédien Michael Crawford et de l’acteur Sylvester Stallone, nouveaux lauréats des Kennedy Center Honors, à Washington, le 13 août 2025.
Donald Trump, devant les portraits du chanteur de country George Strait, du comédien Michael Crawford et de l’acteur Sylvester Stallone, nouveaux lauréats des Kennedy Center Honors, à Washington, le 13 août 2025. MANDEL NGAN / AFP

En cette matinée du mercredi 13 août, les militaires de la garde nationale patrouillent aux abords du National Mall, à Washington DC, là où siègent les principales institutions politiques des Etats-Unis, signe de la reprise en main par Donald Trump des forces de police de la capitale. Mais, à quelques centaines de mètres de là, c’est une autre mise sous tutelle qui se joue, moins spectaculaire, mais tout aussi importante : celle du récit historique américain, à travers la prise de contrôle des deux principales institutions culturelles de la ville, la Smithsonian Institution et le Kennedy Center.

« Il y a quelques mois, je suis devenu président du Kennedy Center et nous avons complètement inversé la situation, nous avons mis fin à la programmation politique “woke” et nous sommes en train de rétablir [cette institution] comme lieu privilégié des arts du spectacle », a clamé Donald Trump, mercredi, lors d’une cérémonie dans le hall de l’établissement, visant à dévoiler les noms des lauréats des Kennedy Center Honors, des récompenses prestigieuses pour les artistes aux Etats-Unis. La liste porte son empreinte, avec la présence notamment de l’acteur et réalisateur, Sylvester Stallone, l’un de ses proches.

Le bâtiment imposant, tout en marbre, colonnades et chandeliers, qui rivalise par la taille avec les autres monuments présidentiels de la ville, est le principal lieu de spectacle à Washington, avec ses trois grandes salles de concerts et son orchestre symphonique. Construit au bord du Potomac sous Eisenhower, il a été dédié à John Fitzgerald Kennedy, par décision bipartisane du Congrès, après son assassinat, en 1963. Les cadeaux de plus d’une soixantaine de pays, en mémoire du président démocrate, y sont exposés.

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La programmation est très diverse, accueillant tant de l’opéra que des spectacles de hip-hop ou les plus gros succès de Broadway. Sitôt intronisé en janvier, Donald Trump s’était autoproclamé président de l’institution et avait remodelé le conseil d’administration à sa main. Il a déjà fait graver son nom dans le marbre, au pied de la liste des conservateurs de l’établissement et fait mine de vouloir le mettre un jour au fronton.

« Supprimer les récits qui divisent »

Le Kennedy Center n’est pas la seule cible de Donald Trump. La veille, c’est le Smithsonian, la plus grande institution culturelle publique de la ville et du pays, avec ses 21 musées et ses 14 centres de recherche, qui avait reçu une mise en demeure de la part de la Maison Blanche. Le courrier adressé à la direction, et révélé par The Wall Street Journal, annonce un examen des expositions présentes et à venir, afin de « garantir l’alignement sur la directive du président visant à célébrer l’exception américaine, à supprimer les récits qui divisent ou sont partisans, et à rétablir la confiance dans nos institutions culturelles communes ».

Les musées sont vivement invités à mettre de côté les présentations jugées négatives ou antipatriotiques de l’histoire américaine, pour se concentrer sur les aspects positifs. Les opérations de contrôle devraient être finies début 2026 et les musées auront cent vingt jours pour corriger les contenus jugés problématiques.

Cette double offensive n’est pas une surprise. Au Kennedy Center, Donald Trump avait annoncé son intention de revoir la programmation pour élaguer les programmes contraires à sa vision de la culture. Un interventionnisme qui, semble-t-il, coûte cher à l’institution, financée en partie par la billetterie. Donald Trump a vanté, mercredi, les recettes en hausse, mais un membre de l’établissement, interrogé par Le Monde, mentionne, de son côté, une baisse de plus de 30 %.

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Quant au Smithsonian, il faisait déjà partie des bêtes noires du président. Le 27 mars, il avait signé un décret baptisé« Restaurer la vérité et la raison dans l’histoire américaine », qui ciblait l’institution, accusée d’être « tombée sous l’influence d’une idéologie conflictuelle et centrée sur la race. Ce changement a favorisé des récits qui présentent les valeurs américaines et occidentales comme étant intrinsèquement nuisibles et oppressives ». Il avait demandé à J. D. Vance, le vice-président, membre du conseil d’administration, d’intervenir rapidement.

« Faire taire les voix critiques »

Donald Trump n’est pas le premier à vouloir remodeler en partie les institutions culturelles de la capitale, qui ont toujours fait l’objet des appétits politiques. Chaque président a souhaité apposer sa patte, notamment architecturale. Mais l’interventionnisme direct de la Maison Blanche sur la programmation des concerts ou sur les expositions des musées est d’une autre ampleur.

« Ces institutions sont, d’une certaine façon, la manière dont les Etats-Unis se représentent à leurs propres citoyens et au reste du monde. Pour cette administration, la culture est importante et ils cherchent à promouvoir un énorme changement idéologique. La meilleure manière d’y parvenir, c’est en changeant la culture officielle », explique M. J. Rymsza-Pawlowska, professeure d’histoire publique à l’American University, à Washington, dont les travaux portent notamment sur les musées, les commémorations et la culture populaire.

La chercheuse appelle à considérer le tableau d’ensemble : « Le Kennedy Center, le Smithsonian, l’assaut contre la Fondation nationale pour les sciences humaines, contre l’Institut des services des musées et des bibliothèques, les attaques contre les universités, la surveillance de certains départements… Tout cela est un effort total qui vise à faire taire les voix critiques et analytiques. Mais c’est aussi une perte matérielle énorme pour ceux qui font de l’art, pour ceux qui font de l’histoire, pour ceux qui font de la recherche culturelle. »

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Derrière ce remodelage, le président républicain a un horizon en tête : l’organisation des cérémonies autour du 250ᵉ anniversaire de la déclaration d’indépendance, le 4 juillet 2026, qu’il prévoit de piloter. Alors que le pays accueillera au même moment la Coupe du monde de football et sera, encore plus que d’habitude, au centre de l’attention, Donald Trump entend faire prévaloir sa vision de l’Amérique.

Nicolas Chapuis (Washington, envoyé spécial)

Publié par jscheffer81

Cardiologue ancien chef de service au CH d'Albi et ancien administrateur Ancien membre de Conseil de Faculté Toulouse-Purpan et du bureau de la fédération des internes de région sanitaire Cofondateur de syndicats de praticiens hospitaliers et d'associations sur l'hôpital public et l'accès au soins - Comité de Défense de l'Hopital et de la Santé d'Albi Auteur du pacte écologique pour l'Albigeois en 2007 Candidat aux municipales sur les listes des verts et d'EELV avant 2020 Membre du Collectif Citoyen Albi

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