En Pologne, le boom spectaculaire des énergies renouvelables
En juin, 44,1 % de l’électricité produite dans le pays était issue des énergies renouvelables, soit davantage que celle provenant du charbon (43,7 %), une première pour la Pologne. Un chiffre record qui reflète l’essor récent du solaire et de l’éolien dans le mix énergétique polonais.
C’est une nouvelle qui n’est pas passée inaperçue en Pologne, pays traditionnellement producteur de charbon. Pour la première fois dans l’histoire du pays, en juin, la part d’électricité issue des énergies renouvelables (éolienne et solaire principalement) a dépassé celle provenant du charbon (houille et lignite). Soit 44,1 % pour la première contre 43,7 % pour la seconde, selon les estimations de Forum Energii, un centre d’analyse sur l’énergie basé à Varsovie.
Ce chiffre confirme une tendance de fond dans le pays où les énergies renouvelables sont en plein boom. En 2024, le charbon n’avait produit que 56 % de l’électricité annuelle – soit 4 points de pourcentage de moins qu’en 2023, toujours selon Forum Energii. Les énergies renouvelables ont contribué à hauteur de 29 % de l’électricité sur la même période, soit une hausse de 2 points par rapport à l’année précédente. Au total, en l’espace d’une décennie, l’importance du charbon dans la génération d’électricité a quasiment reculé de moitié, avec une décélération nette depuis 2021, puisqu’il se situait encore à 80 % de l’électricité produite en 2015 et à 73 % en 2021.
Le cap symbolique du mois de juin constitue, pour Tobiasz Adamczewski, vice-président de Forum Energii, « un moment important », que l’expert explique par un accroissement significatif des installations photovoltaïques et éoliennes dans le pays, dont la capacité a été poussée par un mois particulièrement venteux et ensoleillé. Forum Energii relevait dans son dernier rapport, publié le 30 juillet, consacré à la transition énergétique, que, pour la seule énergie solaire, la capacité totale théorique du pays avoisinait celle des centrales à charbon.
Des toits recouverts de panneaux solaires
« Pour ce qui est de la puissance installée, en matière de renouvelables, ce sont les panneaux solaires sur les maisons et les bâtiments qui dominent. Viennent ensuite les éoliennes, puis les fermes solaires », détaille Tobiasz Adamczewski. Mais avec un ensoleillement limité au cœur de l’hiver polonais, c’est en fin de compte le vent qui génère le plus d’électricité à l’année (14,5 % pour l’éolien terrestre et 9 % pour le solaire en 2024). Un peu d’hydroélectricité, de la biomasse et du biogaz viennent compléter le tableau des renouvelables polonais.
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La Pologne comptait ainsi un million et demi d’installations solaires dites « prosommatrices » (à la fois productrices et consommatrices) en 2024. Dans tout le pays, à la campagne, les toits des particuliers recouverts de panneaux solaires font désormais partie du paysage. Un phénomène encouragé par des subventions étatiques, des réductions d’impôts et, jusqu’en 2022, par un avantageux système comptabilisant l’électricité réinjectée dans le réseau.
« Cette multiplication des installations s’est faite rapidement et les capacités de stockage n’ont pas suivi », regrette néanmoins Tobiasz Adamczewski, qui aimerait que les dotations soient conditionnées à l’avenir à la mise en place de stockages intelligents, à même de se charger lors des heures les plus creuses et de restituer l’énergie lors des pics de consommation.
En parallèle, l’extraction de charbon dans les bassins miniers polonais chute constamment (– 39 % entre 2015 et 2024), alors que la ressource se fait de plus en plus rare, difficile, dangereuse et coûteuse à extirper des sous-sols polonais. Selon les prévisions de Forum Energii, le charbon pourrait bien disparaître du mix énergétique à l’horizon 2035.
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Nouvelles turbines
Si le solaire, on l’a vu, prend le relais, la Pologne est en revanche à la traîne en matière d’énergie éolienne terrestre. La faute à une réglementation particulièrement restrictive, amendée une première fois en 2023. Elle supposait une distance minimale entre les éoliennes et tout édifice résidentiel équivalant à 10 fois la hauteur du dispositif, soit au maximum à 2 kilomètres des plus hautes éoliennes. Abaissée à 700 mètres en 2023, cette distance pourrait bientôt se réduire encore à 500 mètres.
Une loi en ce sens validée par les deux Chambres parlementaires attend désormais la promulgation du président conservateur, Karol Nawrocki. Ce dernier, opposé au gouvernement de centre droit de Donald Tusk, dénonce un « chantage », alors que le texte prévoit également de geler les prix de l’électricité pour les foyers jusqu’à la fin de l’année.
Ce n’est pas tout à fait le même tableau en matière d’éolien offshore, pour lequel les investissements décollent. De nouvelles turbines, totalisant une puissance de 6 GW, devraient être ajoutées d’ici à 2030 sur les côtes de la Baltique polonaise, une puissance installée qui pourrait même être portée à 30 GW à long terme – l’équivalent d’une quinzaine de réacteurs nucléaires de type EPR.
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