Les bons réflexes devant les incidents de santé de l’été

Que faire après une piqûre de guêpe ou de méduse, une morsure de vipère, une brûlure… Les bons réflexes à connaître

Les accidents de la vie courante sont responsables chaque année d’environ 20 000 morts. Certaines d’entre elles peuvent être évitées en maîtrisant quelques gestes de premiers secours simples. 

Par Fanny ArlandisPublié le 11 août 2025 à 05h30, modifié le 11 août 2025 à 13h46 https://www.lemonde.fr/sante/article/2025/08/11/que-faire-apres-une-piqure-de-guepe-ou-de-meduse-une-morsure-de-vipere-une-brulure-les-bons-reflexes-a-connaitre_6628044_1651302.html

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Un petit accident est si vite arrivé… mais les bons réflexes si faciles à adopter. Pour vous aider à bien réagir, La Matinale passe en revue quelques gestes simples de premiers secours qui permettent d’éviter des complications à la suite de brûlure, de piqûre, de plaie, de noyade, ou de choc. Ces « accidents de la vie courante » (Ac-VC) sont à l’origine de plus de 20 000 décès, chaque année, en France – et la première cause de mortalité des enfants âgés de 1 à 14 ans.

Les brûlures

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Certains gestes simples permettent de prévenir les accidents : ne pas laisser le manche d’une casserole d’eau bouillante vers l’extérieur du plan de travail (surtout en présence d’enfants en bas âge), vider sa bouilloire après s’être servi une tasse, etc. « Si toutefois un individu se brûle avec l’eau, l’huile, des flammes, ou autre, il faut – sans exception – arroser avec de l’eau à température ambiante pendant au moins dix minutes, et idéalement vingt minutes. Il faut que l’eau ruisselle sans que cela soit douloureux. La diminution thermique est beaucoup plus efficace sous l’eau courante que dans une eau stagnante, comme dans une bassine par exemple. L’eau arrête la chaleur, la douleur, et évite que la brûlure ne s’étende et aille en profondeur », détaille Pascal Cassan, directeur médical du Centre mondial de référence des premiers secours de la Fédération internationale des sociétés nationales de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.

Selon le degré de gravité (si la brûlure est étendue, s’il y a des cloques sur plus de la moitié de la paume de la main de la victime, si elle se situe près d’orifices naturels – nez, bouche, organes génitaux…), on appelle immédiatement les secours (SAMU 15) pour obtenir un avis médical. « Dans tous les cas, si dans les heures ou les jours qui suivent la brûlure est rouge, chaude et douloureuse, c’est qu’elle s’infecte et des soins supplémentaires, dispensés par des professionnels de santé, vous seront nécessaires », prévient M. Cassan.

Les piqûres et morsures

JÜRGEN FÄLCHLE/ADOBE STOCK

Entre les taons, les bourdons, les guêpes ou encore les abeilles, l’été offre de nombreuses rencontres fortuites. En cas de piqûre, le premier réflexe est de vérifier si le dard est présent dans la plaie, et dans ce cas de l’enlever (sachez que certains insectes, comme les tiques, nécessitent un outil particulier – que l’on trouve en pharmacie – pour être ôtés). Il est ensuite nécessaire de nettoyer la peau à l’eau, puis de désinfecter la plaie. Si la piqûre devient rouge, chaude et douloureuse dans les jours qui suivent, allez consulter. « En cas d’œdème de Quincke, et si la personne allergique n’a pas avec elle son auto-injecteur, appelez immédiatement les secours, conseille Pascal Cassan. Vous ne pouvez pas faire grand-chose en tant que sauveteur isolé. Surveillez-la victime jusqu’à l’arrivée des secours, en particulier sa respiration. »

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Certains poissons (comme la raie, la rascasse…) peuvent aussi piquer. « Il faut alors plonger son pied, ou la partie du corps concernée, dans de l’eau la plus chaude possible pour détruire le venin et diminuer la douleur. »

Pour les méduses, lavez-vous à l’eau de mer (surtout pas à l’eau douce !) et mettez du sable sur la piqûre. « Si vous avez une carte de crédit avec vous, raclez avec la tranche pour éliminer les filaments et billes laissés par l’animal afin d’éviter qu’ils n’explosent et provoquent une brûlure plus importante. Le vinaigre fonctionne aussi très bien pour laver le venin (les postes de secours en ont généralement). »

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Les vipères mordent en réalité rarement, mais dans ce cas de figure, le vrai risque, comme avec toute plaie, c’est de contracter le tétanos. Il est donc important de bien nettoyer et désinfecter la morsure, tout en essayant de ne pas bouger le membre pour ne pas diffuser le venin. « Je déconseille fortement d’utiliser un Aspivenin, cet outil est même très néfaste car il augmente la vascularisation autour de la plaie, ce qui permet au venin de se diffuser encore plus », explique Pascal Cassan.

Pour les morsures de chien ou de chat, nettoyez bien la plaie avec de l’eau et éventuellement du savon, et surveillez-la. Si elle devient rouge, chaude et douloureuse dans les jours qui suivent, allez consulter.

Les plaies

« Les plaies sont extrêmement fréquentes, et la plupart du temps sans gravité, mais les gens y appliquent parfois de curieux produits », pointe Pascal Cassan. Il n’y a pourtant qu’une seule chose à avoir en tête : nettoyer à l’eau, et éventuellement à l’eau et au savon si vous disposez d’un savon neutre comme le savon de Marseille. Mais l’eau seule est tout à fait suffisante. « Si vraiment vous voulez appliquer un produit, précise le médecin, utilisez un antiseptique comme la chlorhexidine, appliqué à la compresse, mais attention, un seul ! Le mélange de deux antiseptiques peut provoquer de nouvelles brûlures. » Comme pour les brûlures, on surveille ensuite que la plaie ne devienne ni rouge ni chaude ni douloureuse dans les jours qui suivent.

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Si la plaie provoque une hémorragie, il faut appuyer dessus pour arrêter le saignement. « On demande à la victime de le faire elle-même si elle en est capable, sinon une tierce personne peut effectuer le geste en évitant le contact direct avec le sang – elle peut se protéger avec des gants, un sac plastique ou un linge. Toutes les plaies s’arrêtent de saigner si on les comprime suffisamment, fait savoir Pascal Cassan. On allonge ensuite la victime et on appelle les secours. S’il s’agit d’un doigt sectionné, appuyez là où ça saigne et mettez la partie sectionnée dans un sac plastique sur un lit de glace pour avoir plus de chances de pouvoir la réimplanter, et, bien sûr, appelez les secours immédiatement. »

Les traumatismes

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Quand un individu chute et ne peut plus bouger un membre, l’essentiel est de l’immobiliser. S’il s’agit d’un membre supérieur, la personne peut maintenir son bras immobilisé contre son thorax (par exemple avec une écharpe ou avec son pull-over retourné) avant de chercher du secours. S’il s’agit de la jambe ou de la cuisse, et qu’on ne peut plus bouger, il n’y a pas d’autre solution que d’appeler les secours. Si vous en avez sous la main, la glace aide à diminuer la douleur et le gonflement dans le cas d’une entorse.

« Un choc au niveau de la tête est heureusement, la plupart du temps, sans gravité, note le docteur Pascal Cassan. Mais dans le cas d’un bébé, si vous observez qu’il n’est pas comme d’habitude, qu’il semble somnolent, qu’il ne joue pas, ou qu’il a perdu connaissance et qu’il se met à vomir de manière répétée, il faut absolument appeler les secours (SAMU, 15) ou se rendre aux urgences. »

En cas de chute et de perte de connaissance, dans un escalier, à vélo ou autre, l’important est d’abord d’appeler les secours et de leur décrire la situation pour leur demander conseil avant toute manipulation. Dans certains cas, on évitera de bouger la personne pour ne pas aggraver les traumatismes et on la surveillera jusqu’à l’arrivée des secours. Dans d’autres, on la mettra en position latérale de sécurité (PLS) pour éviter tout étouffement. « Pour cela, on bascule prudemment sa tête en arrière une main posée sur le front, l’autre sous le menton, puis on saisit son épaule, et de l’autre main sa hanche et on tire la personne vers nous. On plie ensuite la jambe du dessus pour stabiliser la personne. » Puis on appelle les secours tout en vérifiant qu’elle continue à bien respirer. Si la personne ne respire plus, il faut remettre la victime sur le dos et commencer au plus vite un massage cardiaque.

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La noyade

En France, c’est la première cause de mortalité par accident de la vie courante chez les moins de 25 ans, même si elle concerne tous les âges. Il est extrêmement dangereux de laisser un enfant sans surveillance aux abords d’une piscine – même si celle-ci dispose de normes de sécurité. « Si vous êtes témoin d’une noyade, et que vous n’avez pas pied, ne sautez pas, conseille Pascal Cassan, essayez plutôt d’envoyer des choses qui flottent à la personne pour qu’elle puisse s’accrocher, car si vous n’êtes pas formé, vous n’aurez pas la capacité physique de ramener seul la victime sans vous épuiser, et il y aura deux victimes. »

Si un enfant boit une très grosse tasse, surveillez qu’il ne tousse pas et ne fait pas de fièvre dans les jours qui suivent. En revanche, s’il perd connaissance et ne respire plus, il faut immédiatement débuter un massage cardiaque tout en appelant les secours par téléphone.

L’électrisation et l’électrocution

L’électrisation correspond à ce que l’on appelle plus communément « un coup de jus ». La première chose à faire est de débrancher l’appareil ou de couper le courant. Si l’accident a provoqué une brûlure, il faut l’arroser avec de l’eau à température ambiante pendant vingt minutes.

L’électrocution, beaucoup plus violente, peut provoquer, elle, un arrêt cardiaque. La première chose à faire est de couper le courant pour vous assurer d’être en parfaite sécurité. Si la personne ne respire plus, il faut immédiatement débuter un massage cardiaque tout en appelant les secours par téléphone.

Pour poursuivre et mettre en pratique ces conseils, il est nécessaire de suivre une formation aux premiers secours citoyens (PSC).

Se former avec la Croix-Rouge : croix-rouge.fr

Se former avec la Protection civile : protection-civile.org

Se former avec les sapeurs-pompiers : pompiers.fr

Fanny Arlandis

Publié par jscheffer81

Cardiologue ancien chef de service au CH d'Albi et ancien administrateur Ancien membre de Conseil de Faculté Toulouse-Purpan et du bureau de la fédération des internes de région sanitaire Cofondateur de syndicats de praticiens hospitaliers et d'associations sur l'hôpital public et l'accès au soins - Comité de Défense de l'Hopital et de la Santé d'Albi Auteur du pacte écologique pour l'Albigeois en 2007 Candidat aux municipales sur les listes des verts et d'EELV avant 2020 Membre du Collectif Citoyen Albi

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