Evolution du corps des praticiens hospitaliers

Le corps des praticiens hospitaliers poursuit son rajeunissement et sa féminisation

Publié le 13/08/25 – 14h46 https://abonnes.hospimedia.fr/articles/20250812-ressources-humaines-le-corps-des-praticiens-hospitaliers-poursuit?at_campaign=EDITION_QUOTIDIENNE&at_medium=Email&at_source=SFMC

La cellule statistiques du CNG a dévoilé les données concernant les praticiens hospitaliers au 1er janvier 2025*. Le corps compte à cette date 56 928 praticiens. Cette année encore, il poursuit son rajeunissement et sa féminisation. 

*https://s3-eu-west-1.amazonaws.com/static.hospimedia.fr/documents/238200/11340/bilan_ph_vf_2025.pdf?1755066437

56 928. C’est le nombre de praticiens hospitaliers (PH) comptabilisés par le Centre national de gestion (CNG) au 1er janvier 2025 et recensés dans une publication de sa cellule statistiques, mise en ligne au début de l’été. En dix ans, l’effectif de PH a progressé de 16,9%. Cela représente 7 251 praticiens de plus qu’en 2015, pour un taux de croissance annuel moyen de 1,6%.

Repère

Ce rapport vise à fournir « une photographie actualisée » des praticiens hospitaliers (PH) en établissement public de santé au 1er janvier 2025. Les statistiques sont établies à partir des bases de données issues de l’outil de gestion des praticiens hospitaliers dénommé Sigmed. Ce document, explique le CNG, porte trois objectifs : décrire la structure démographique des PH, selon la spécialité, l’âge, le genre, le type d’établissement et la répartition géographique ; identifier les dynamiques d’évolution à l’œuvre au sein du corps ; et enfin fournir aux décideurs publics des indicateurs « essentiels » pour anticiper les tensions de recrutement, planifier les ressources médicales et ajuster les politiques en matière de ressources humaines.

Un ralentissement de la croissance

Entre 2024 et 2025, cette hausse s’établit à 3,4%. Le CNG note un ralentissement : « sur les deux dernières années le taux d’augmentation est plus du double« , soit 7,3%. Une tendance à relativiser toutefois. « Ce dernier pourcentage doit être pris avec précaution car malgré une forte augmentation des effectifs depuis au moins trois ans, le solde des entrées et des sorties enregistre en2024 une diminution de7%, soit 2180PH en2024, contre 2344PH en2023« , détaille le CNG. Cette tendance sera donc « à suivre » une fois les données consolidées pour les entrées et les sorties de 2024. À noter que parmi ces 56 928 professionnels, 50 223 exercent en établissement, soit plus de 88% du corps. 690 sont en activité au-delà de l’âge légal du départ à la retraite, dont 75 avec recul de l’âge limite.

Un corps plus jeune et féminin

Le corps des PH reste jeune. L’âge moyen diminue légèrement ces dix dernières années, passant de 49,7 ans en 2015 à 48,7 ans au 1er janvier 2025. Le corps se féminise également. Les femmes représentent désormais 56,2% des PH, contre 55,6% en 2024. Il y a dix ans, la part des femmes dans le corps n’était que de 48%. Là encore, les données sont à relativiser et montrent une grande disparité. Par exemple, la part des chirurgiens hommes est deux fois plus importante que celle des chirurgiennes : 17,3% sont des hommes, contre 8,1% des femmes. De plus, toutes spécialités confondues, les femmes ont un âge moyen inférieur à celui des hommes, de 3,5 ans. Elles participent au rajeunissement du corps et sont logiquement plus nombreuses dans les classes plus jeunes. Cela se traduit notamment par une part plus importante des praticiennes dans les échelons inférieurs. Plus largement, la part des moins de 40 ans est en progression constante depuis quelques années. Elle a augmenté de 1,3 point en un an.

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Le CNG passe aussi au crible les effectifs spécialité par spécialité. 74,2% des PH exercent une spécialité médicale ou chirurgicale, tandis que 10,3% exercent la psychiatrie, 6,8% la pharmacie, 4,6% la biologie et 3,5% la radiologie et l’imagerie médicale. Comme en 2024, 54,8% des chirurgiens se répartissent dans trois spécialités : la gynécologie-obstétrique (27,8%), la chirurgie orthopédique et traumatologique (15,8%) et la chirurgie viscérale et digestive (11,2%). En médecine, quatre spécialités se partagent plus de la moitié des PH (54,2% de l’ensemble). Il s’agit de la médecine d’urgence (17,8%), la médecine générale (13,1%), l’anesthésie-réanimation (13,2%) et la pédiatrie (10,1%).

Des PH plus nombreux en CHU et CHR

Le document explicite aussi la répartition des effectifs entre établissement CHU-CHR et non CHU-CHR. La tendance d’une progression de la part des PH exerçant dans les CHU et CHR se poursuit. Elle s’établit cette année à 36,4%, contre 35,8% l’an passé. Toutefois, selon la discipline et l’établissement d’affectation, la répartition des effectifs rémunérés varie sensiblement. Plus de la moitié des anesthésistes et des biologistes exercent dans les plus grosses structures quand les médecins, chirurgiens, pharmaciens et psychiatres exercent davantage en dehors des CHU et CHR. Pour la psychiatrie, ce taux élevé est notamment lié à l’existence d’établissements dédiés. 

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Concernant la répartition sur le territoire, dix régions connaissent une densité supérieure à la moyenne nationale de 73,2 praticiens pour 100 000 habitants. C’est le cas de La Réunion, de la Bretagne ou encore des Hauts-de-France. À l’inverse, huit régions ont une densité inférieure, comme l’Occitanie, la Guyane ou Mayotte. Concernant enfin la densité par discipline, la médecine, hors anesthésie-réanimation, affiche la densité la plus élevée avec 39,5 PH pour 100 000 habitants.

Liens et documents associés

Commentaire Dr Jean SCHEFFER

Dans le document du CNG on constate que la région d’Occitanie fait partie des régions les moins dotées en praticiens hospitaliers.

La plus faible densité est observée, en France métropolitaine, en Occitanie, avec 62 PH pour 100 000 habitants

On note une augmentation exponentielle des praticiens en disponibilité ou détachés: leur nombre double en 10 ans, 2300. en 2015 et 5600 en 2025, qui traduit la perte d’attractivité de l’hôpital public.

La moitié des détachements s’effectue vers des établissements privés à but non lucratif (ESPIC)

Une nette majorité de motifs personnels pour les disponibilités

 Avec un taux de 18,3 %, les démissions constituent le deuxième motif de sortie définitive du corps des PH.

En 2024, les démissions représentent 22,8 % des sorties chez les chirurgiens (21,8 % en 2023), 21,9 % chez les radiologues (35,2 % en 2023), 19,8 % chez les psychiatres (24,6 % en 2023), 18,4 % en médecine (22,9 % en 2023) et 16,8 % en anesthésie-réanimation (22,4 % en 2023). A contrario, la biologie et la pharmacie ne sont que très peu concernées, respectivement 4,1 % et 7,2 %.

Au total on est très étonné devant une énorme contradiction entre les chiffres de ce rapport affirmant l’augmentation régulière du nombre de praticiens hospitaliers (sur les dix dernières années + 16,9 % entre 2015 et 2025, gain de 7250 PH) et le nombre de postes vacants (40% dans nos CHG et 50% dans les hôpitaux psychiatriques). Ces vacances de postes très élevées existent compte tenu de l’apport de nombreux praticiens étrangers dont le CNG ne parle pas. L’Ordre estimait en 2014 que 22 568 médecins à diplôme étranger étaient inscrits au tableau (grossièrement 10% du total des médecins). Dans certains CH ils représentent 30 à 40% des effectifs. Pas de médecin étranger signifie pas de continuité des soins.

Le CNG se garde bien de parler de ces postes vacants, il se contente de parler du niveau significatif de mise en disponibilité : près de 5 658 praticiens hospitaliers sont en position de disponibilité au 1er janvier 2025;
En 2019 le taux de vacance en médecine avait été publié par le même CNG, et il était de 30%

Taux de vacance CNG 2019 PH temps plein médecine

Publié par jscheffer81

Cardiologue ancien chef de service au CH d'Albi et ancien administrateur Ancien membre de Conseil de Faculté Toulouse-Purpan et du bureau de la fédération des internes de région sanitaire Cofondateur de syndicats de praticiens hospitaliers et d'associations sur l'hôpital public et l'accès au soins - Comité de Défense de l'Hopital et de la Santé d'Albi Auteur du pacte écologique pour l'Albigeois en 2007 Candidat aux municipales sur les listes des verts et d'EELV avant 2020 Membre du Collectif Citoyen Albi

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