Déserts médicaux : « La contrainte n’est pas la bonne solution… » comment Emmanuel Macron lâche prise face aux médecins
En France, les déserts médicaux ne cessent de progresser depuis 2017. AFP – THOMAS SAMSON
Santé, France – Monde, Politique
Publié le 03/07/2025 à 06:31 , mis à jour à 09:17 https://www.ladepeche.fr/2025/07/03/la-contrainte-nest-pas-la-bonne-solution-comment-emmanuel-macron-lache-prise-face-aux-deserts-medicaux-12796672.php
l’essentiel
Une carte recensant les zones les plus sous-dotées en médecins généralistes a été publiée ce lundi. Les praticiens sont invités à aller y exercer quelques heures.

Les braseros brûlent sur les ronds-points. À l’Élysée, une carte circule. Elle se regarde comme un calque. Les zones où les médecins se font rares, où les habitants doivent parcourir des kilomètres pour trouver un hôpital, correspondent presque exactement aux régions où la mobilisation des gilets jaunes est alors la plus forte. Les conseillers du Château découvrent les déserts médicaux, sources de colère et de détresse. Ils observent que le terme revient lors des grands débats, dans les cahiers de doléances… Mais la crise passée, ils auront vite fait de l’oublier. Le dossier sera recouvert par d’autres, jugés plus importants, plus urgents…
Les déserts médicaux ne cessent de progresser
En conséquence, la situation continue de se détériorer. Entre 2017 et 2021, la densité médicale par département, soit le nombre de généralistes par rapport à la population, a diminué en moyenne de 1 % par an. On estime aujourd’hui, selon les chiffres du gouvernement, que 87 % du territoire peut être classé en zone dite blanche. La carte des 151 zones en difficulté, établie par le ministère de la Santé et rendue publique lundi, n’en couvre qu’une infime partie. Elle ne concerne que 4 % du territoire. Lors d’une première phase de test, des médecins volontaires seront invités à consulter quelques heures par mois dans ces zones. La mesure, annoncée dans le cadre d’un « pacte de lutte contre les déserts médicaux », dévoilé par le Premier ministre François Bayrou le 25 avril, pourrait à terme devenir obligatoire. Mais rien n’est certain, tant les gouvernements successifs redoutent, depuis des années, de heurter le corps médical.
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En 2022, Emmanuel Macron, alors candidat à sa réélection et fort des enseignements de 2019, annonce lors d’une conférence de presse de plus de quatre heures sa volonté de » réguler l’installation » des praticiens pour mieux lutter contre cette désertification inquiétante. Il évoque même la possibilité de » stopper les conventionnements dans les zones que l’on considère comme déjà dotées « . Mais il revient rapidement sur sa position.
Moins de deux ans plus tard, le 16 janvier, lors d’une conférence de presse tout aussi fleuve, il assure : « Est-ce que la contrainte est la bonne solution ? La réponse est non ». Et de privilégier « des coordinations plus simples » entre médecine de ville et hôpital pour lutter contre les déserts médicaux. Régulièrement, le Président doit répondre sur le sujet, mais ses propos sont de plus en plus flous. Il faut privilégier la création d’une « offre de soins organisée [et] qui correspond aux besoins sur le terrain », répond-il par exemple quelques mois plus tard.
Allumer des contre-feux
C’est paradoxalement la dissolution de l’Assemblée nationale et l’émancipation des députés de l’ex-majorité qui va faire bouger les choses. En avril, une proposition de loi (PPL) est présentée par le socialiste Guillaume Garot. Cosignée par des LR mais aussi des élus du bloc central, elle est adoptée le 7 mai, contre l’avis du gouvernement.
Le texte crée une autorisation préalable à l’installation pour les professionnels de santé. Dans les zones surdotées, celle-ci ne sera délivrée qu’à la condition qu’un autre praticien cesse son activité, pour un départ en retraite par exemple. Un véritable choc pour la profession. Le gouvernement est prié d’allumer des contre-feux.
Le texte de Guillaume Garot, qui doit être étudié au Sénat, est donc mis en concurrence avec une autre PPL déposée par le sénateur Les Républicains Philippe Mouiller. Celle-ci, beaucoup moins contraignante, est soutenue par le gouvernement. Elle est votée le 22 mai par la chambre haute, alors que son aînée n’est toujours pas inscrite à l’ordre du jour. Pendant ce temps, les déserts médicaux progressent chaque jour un peu plus.
ENTRETIEN. Déserts médicaux : faut-il contraindre les généralistes ? « Si on impose des pénalités financières, ce sera un blocage »
Déserts médicaux, Santé, France – Monde
Publié le 03/07/2025 à 06:30 https://www.ladepeche.fr/2025/07/03/entretien-deserts-medicaux-faut-il-contraindre-les-generalistes-si-on-impose-des-penalites-financieres-ce-sera-un-blocage-12800465.php
Recueilli par Virgile Guilhamet
l’essentiel
Mobiliser les généralistes dans les déserts médicaux, oui, mais sur la base du volontariat, insiste Luc Duquesnel, médecin généraliste en Mayenne et président de la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF).
La mission de solidarité, qui mobilisera les généralistes jusqu’à deux jours par mois dans des zones sous-dotées, vous semble-t-elle une réponse adaptée à l’urgence des déserts médicaux ?
Oui, c’est une réponse qui peut fonctionner, à condition de remplir plusieurs critères. Il faut rappeler que les médecins généralistes assurent déjà la permanence des soins sur 97 % du territoire, y compris les nuits, week-ends et jours fériés. On a mis en place un service d’accès aux soins dans chaque département, et les généralistes ont toujours répondu présents, notamment pendant la crise du Covid avec l’ouverture de centres en trois jours. Donc oui, cette mission peut marcher, mais uniquement si elle repose sur le volontariat, comme les précédentes.

Pensez-vous que cette mesure pourra fonctionner sans passer par une forme de contrainte ?
La contrainte serait contre-productive. Ce qui a toujours fonctionné, c’est le volontariat. Si on impose des pénalités financières, ce sera un blocage. Les médecins ne veulent pas être menés à la cravache. Si l’on veut que ce dispositif fonctionne, il faut créer les conditions de confiance.
Que répondez-vous à ceux qui considèrent cette mission comme une atteinte à la liberté d’exercice des médecins libéraux ?
Ce n’est pas une atteinte si cela reste volontaire. Mais en parallèle, la proposition de loi Mouiller, votée au Sénat, envisage des contraintes. Si cette menace plane, ce sera un échec. Nous voulons discuter avec les agences régionales de santé (ARS), mais sans pression ni sanctions financières.
Comment définissez-vous concrètement un désert médical aujourd’hui en France ?
C’est une zone avec peu ou pas de médecins traitants. Le métier n’attire plus : seulement 40 % des généralistes exercent comme médecins de famille. Beaucoup préfèrent d’autres modèles plus souples, comme la téléconsultation, les centres de soins non programmés ou la médecine esthétique. On regarde aussi le taux de patients atteints de maladies chroniques sans médecin traitant, l’âge des praticiens, et l’imminence des départs en retraite.
La cartographie dévoilée par le ministère cible 151 intercommunalités. Ce découpage vous semble-t-il pertinent et équitable ?
Non, pas toujours. Certaines zones ont été définies sans concertation. Dans mon département, une zone a été choisie alors qu’une autre, plus en difficulté, a été ignorée. Et certaines zones frontalières dépendent de plusieurs ARS, qui ne se coordonnent pas toujours.
Selon vous, quelles sont les causes principales de la désertification médicale ?
La réduction du numerus clausus dans les années 1990 est une des grandes fautes. On a sous-estimé les départs à la retraite et le vieillissement de la population. Le métier est devenu trop exigeant, pas assez attractif, et les jeunes médecins cherchent d’autres équilibres. Aujourd’hui, la consultation d’un patient chronique prend du temps, ce n’est plus le même rythme qu’avant.
Quelles conditions doivent être réunies pour que ce plan réussisse ?
Il faut équiper les zones d’accueil avec des cabinets prêts à l’emploi, fournis par les collectivités. Y adjoindre des assistants médicaux et des infirmiers en pratique avancée. Il faut aussi garantir un remplacement au cabinet du médecin mobilisé : on ne peut pas soigner d’un côté en désertifiant de l’autre. Enfin, une indemnité incitative et la levée de toute sanction sont indispensables. Sinon, ce sera un échec.
28 zones prioritaires pour l’accès aux soins et la solidarité territoriale en Occitanie
(Communiqué ARS Occitanie)
27/06/2025
Émis par : ARS Occitanie
L’Occitanie prépare les réponses aux besoins de santé de demain en prenant appui sur la dynamique et les initiatives concrètes des acteurs de proximité. Ce pari des territoires est désormais renforcé dans le cadre du Pacte de lutte contre les déserts médicaux, qui va accentuer la solidarité territoriale entre médecins, pour garantir l’accès aux soins pour tous et partout. Dans notre région, 28 zones sont identifiées en priorité pour y déployer ces nouvelles mesures, confirmées ce jour par le Ministre de la santé et de l’accès aux soins.
Dans la continuité du Pacte de lutte contre les déserts médicaux annoncé par le Premier ministre le 25 avril dernier, et face à l’urgence d’agir dans les territoires les plus en difficulté en matière d’accès aux soins, le ministère chargé de la santé vient de présenter la cartographie des zones prioritaires sur lesquelles sera mise en place la mesure de solidarité territoriale. Cette mesure sera lancée dès septembre dans le cadre d’une phase pilote afin de préparer sa montée en puissance à l’échelle nationale. L’identification de ces zones prioritaires constitue une première étape importante. Elles ont été définies à partir d’une cartographie élaborée sur la base des travaux nationaux de la DREES et finalisée après concertation territoriale entre ARS, élus locaux et Préfets.
Le pari des territoires : des solutions pour garantir l’accès aux soins La dynamique de notre région ne doit pas pour autant masquer l’urgence de préparer l’avenir. Comme le rappelle régulièrement Didier Jaffre, Directeur général de l’ARS : « L’Occitanie apparaît aujourd’hui mieux pourvue en soignants que la plupart des autres régions de France, mais nous sommes confrontés à un double paradoxe : celui des fortes disparités qui marquent nos territoires et surtout celui de besoins de santé qui vont s’accroître très fortement dans les prochaines années. Nous sommes mobilisés pour anticiper ces difficultés à venir ».
L’ARS Occitanie prépare les réponses aux besoins de santé de demain en prenant appui sur la dynamique et les initiatives concrètes des acteurs de proximité. Tous les dispositifs déjà déployés sur le terrain seront complétés par les mesures annoncées dans le cadre du nouveau Pacte de lutte contre les déserts médicaux.
Concrètement, l’objectif est de permettre à tous les médecins généralistes volontaires de venir renforcer, sur une partie de leur temps, l’offre de soins dans chacune des zones identifiées comme prioritaires. Dès maintenant, des lieux de consultation dans ces territoires sont en cours d’identification, par les équipes de l’ARS et les élus locaux, pour offrir aux professionnels de santé solidaires des conditions d’exercice facilitées et de qualité. Cette mesure, très concrète, de solidarité territoriale s’ajoute aux autres mesures de ce pacte et, notamment, l’arrivée des internes de 4ème année de médecine générale en appui partout sur le territoire, en particulier dans les zones sous-denses.
28 zones prioritaires pour l’accès aux soins et la solidarité territoriale en Occitanie

Dans notre région, 28 intercommunalités sont identifiées à fort indice de vulnérabilité pour l’accès aux soins. Elles regroupent 323 497 habitants, soit environ 5,3% de la population. Ensemble, nous pouvons faire reculer les déserts médicaux et garantir à chaque citoyen un accès effectif aux soins dans chaque territoire «Dans chaque territoire, les ARS et les préfets, en lien avec les élus locaux, ont diagnostiqué la vulnérabilité en termes d’accès aux soins de leur population. Cette cartographie était indispensable mais les inégalités ne sont pas seulement statistiques : elles pèsent chaque jour sur la vie de millions de Français vivant dans une commune isolée, de familles ne trouvant pas de médecin traitant, de soignants souffrant d’être en première ligne, isolés. Ce mécanisme de solidarité territoriale repose sur une conviction : l’accès aux soins ne peut plus dépendre uniquement de la bonne volonté ou du sacrifice de quelques-uns, il doit être garanti dans un principe de solidarité et de fraternité. L’engagement des médecins est la clé de la transformation que nous engageons.» a déclaré Catherine Vautrin, ministre du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles.
« Trop souvent, l’accès aux soins pour les Français se heurte à des délais inacceptables, à des distances infranchissables, à des découragements silencieux. Cette réalité, je l’ai vécue comme médecin, je veux la résoudre aujourd’hui comme ministre. Pour les Français, la santé ne peut plus être un parcours du combattant. Elle doit redevenir pour eux, grâce à nos soignants, un parcours de confiance. » a précisé Yannick Neuder, ministre chargé de la Santé et l’Accès aux soins.
Voir aussi :
*https://environnementsantepolitique.fr/2025/06/27/lobligation-volontaire-demandee-aux-medecins-pas-le-gouvernement-ne-peut-etre-quun-grand-fiasco/
**https://environnementsantepolitique.fr/2025/06/28/la-mission-de-solidarite-territoriale-de-m-neuder-plutot-que-de-demander-beaucoup-a-peu-de-medecins-autant-demander-peu-mais-a-beaucoup/
Déserts médicaux : Tarn, Gers… quelles sont les 151 zones rouges sélectionnées pour « la mission de solidarité obligatoire » des médecins ?
https://www.ladepeche.fr/2025/06/27/deserts-medicaux-tarn-gers-quelles-sont-les-151-zones-rouges-selectionnees-pour-la-mission-de-solidarite-obligatoire-des-medecins-12789676.phph
Déserts médicaux, Santé, France – Monde
Publié le 27/06/2025 à 08:59 , mis à jour à 10:04
Mathilde Lcz
l’essentiel
« La mission de solidarité obligatoire » des médecins sera effectuée dans les 151 zones rouges affectées par les déserts médicaux. Parmi elles, le Tarn ou encore l’Aude.
« Deux millions de patients sont concernés. » Ce vendredi 27 juin 2025, sur BFMTV, le ministre de la Santé Yannick Neuder a indiqué que 151 zones rouges impactées par les déserts médicaux ont été officialisées par le gouvernement. Ce sont ces territoires qui bénéficieront, dès septembre, du soutien de médecins généralistes, jusqu’à deux jours par mois.
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Le Tarn, le Gers, l’Aude…
Parmi les 151 intercommunalités retenues, certaines se trouvent dans le Tarn, l’Aude, le Gers, la Creuse, l’Indre, l’Yonne, le Cher… « Avec ce découpage, on ne règle pas le problème des déserts médicaux car c’est 87 % du territoire », indique Yannick Neuder.
Les secteurs ont été sélectionnés en concertation avec les préfets, élus locaux et professionnels de santé et prennent compte du nombre de kilomètres parcourus jusqu’au premier centre de soins, de soignants mais aussi du nombre de patients et la gravité de leurs souffrances.
Du Nord-Est au Sud-Ouest, en passant par la Dordogne, le Lot-et-Garonne, les territoires ruraux sont, sans surprise, unanimement sélectionnés.
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Un engagement volontaire et indemnisé
Contrairement à ce que son nom indique, la « mission de solidarité obligatoire » reposera dans un premier temps sur la base du volontariat. Cet engagement fait l’objet une compensation financière, en plus de la rémunération des actes et consultations réalisés, précise Le Monde, sans dévoiler le montant.
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Dès septembre, les premiers mois constitueront une « phase test » de cette mission expérimentale, dont le parcours parlementaire n’est toujours pas achevé. Les futurs médecins volontaires – et non pas spécialistes – s’installeront dans des cabinets existants (maisons de santé, locaux de l’ARS) avec l’aide des élus locaux pour s’équiper.

« Remède miracle » ou « coquille vide »? Face au désert médical, les maisons de santé fleurissent
Publié le 23/07/2025 à 17:19
l’essentiel
Dans le Tarn, les maisons de santé pluridisciplinaires se multiplient pour tenter d’endiguer la pénurie de médecins et garantir un accès aux soins. Si certaines réussissent à séduire praticiens et patients, beaucoup d’obstacles subsistent. Tour d’horizon dans le Tarn.
On les voit fleurir aux quatre coins du Tarn. Les maisons de santé apparaissent comme le grand espoir pour lutter contre le désert médical, à l’image de celle qui vient d’être inaugurée récemment à Arthès par Carole Delga et Christophe Ramond. Regrouper médecins, kinésithérapeutes, infirmières et autres professionnels sous un même toit permet non seulement de mutualiser les moyens, mais aussi d’offrir aux soignants de meilleures conditions de travail, loin des semaines à rallonge de 70 heures et des gardes solitaires.

Faut-il y voir le remède miracle pour résoudre la pénurie de soignants ? « En maison de santé, beaucoup souhaitent exercer à mi-temps, soit pour préserver du temps personnel, soit parce qu’ils travaillent ailleurs. Résultat : ils ne sont présents que deux jours et demi par semaine. C’est un vrai problème », tempère Étienne Moulin, président de l’Ordre des médecins du Tarn. En clair, il faut installer deux médecins pour bénéficier d’un temps plein.
Si le concept séduit sur le papier, il n’est pas toujours simple à mettre en œuvre. Certaines collectivités, dans la précipitation, ont parfois construit des locaux flambant neufs… restés vides, faute de médecins pour les occuper. « Les communautés de communes et les communes ont compris qu’il fallait travailler main dans la main avec les professionnels de santé pour éviter de créer des coquilles vides », souligne Étienne Moulin. Pour lui, la situation dans le Tarn reste « tendue ». « Je ne vois pas de vrai changement durable avant 2030-2032. »
Malgré ces défis, plusieurs communes montrent qu’une maison de santé peut devenir un vrai succès local. À Villefranche-d’Albigeois, le maire Bruno Bousquet se souvient avoir « pris [son] bâton de pèlerin pour aller chercher de nouveaux praticiens » après le départ à la retraite de deux médecins.
« Il faut dire qu’on l’a chouchouté »
La municipalité s’est démenée pour trouver un local assez grand et fonctionnel. En seulement huit mois, entre la décision, l’achat et l’aménagement, le projet Hippocrate a vu le jour en 2023. Depuis, la structure rayonne bien au-delà de la ville. Elle compte actuellement trois médecins, et un quatrième devrait bientôt les rejoindre. « Il s’agit d’un interne venu en stage chez nous. Il a aimé le lieu et l’organisation. Il faut dire qu’on l’a chouchouté pendant sa formation », sourit le maire, qui lui a trouvé un logement pour un tarif imbattable.
La maison de santé héberge aussi plusieurs infirmières, une sage-femme, une psychologue-clinicienne, une psychomotricienne travaillant étroitement avec le centre pour autistes Lou Bouscaillou, une diététicienne, ainsi qu’une orthophoniste et une pédicure. Un cabinet dentaire doit également être rénové prochainement.
Pour faire face aux nombreux « trous dans la raquette » qui subsistent ailleurs dans le Tarn, le territoire peut compter sur la mobilisation de la Région, qui a créé plusieurs maisons de santé avec des médecins salariés à Lacaune et Mazamet, pour apporter des solutions en zone rurale. Mais la problématique n’épargne pas les villes, où trouver un médecin traitant relève encore du parcours du combattant.
« Une fermeture serait une catastrophe » : pharmacies en danger dans le Tarn, 11 villages face au risque de désert médical
ABONNÉS
Santé, Industrie pharmaceutique, Tarn
Publié le 24/05/2025 à 17:01 , mis à jour le 27/05/2025 à 16:10 https://www.ladepeche.fr/2025/05/24/une-fermeture-serait-une-catastrophe-pharmacies-en-danger-dans-le-tarn-11-villages-face-au-risque-de-desert-medical-12711581.php
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La situation des pharmacies rurales inquiète dans le Tarn. À tel point que lors d’un comité territorial, l’Agende régionale de santé a acté que 11 officines tarnaises sont en difficulté. 5 vont être aidées financièrement. Toutes dans le sud du département.
L’inquiétude monte dans les campagnes face à l’avenir des pharmacies rurales dans le Tarn. Bernard Champanet, président départemental des pharmaciens, dénonce une situation de plus en plus critique : « Évidemment que je suis inquiet pour le zonage des pharmacies rurales, alors qu’il est un exemple depuis plusieurs décennies. Dans chaque village de France, on en trouve une. Ce ne sera peut-être plus le cas dans quelque temps. »
Lors d’un comité territorial organisé avec l’Agence régionale de santé (ARS), il a été constaté que onze pharmacies rurales du Tarn se trouvent en difficulté. Parmi elles, seules cinq bénéficieront d’un soutien financier. « Ce qui veut dire qu’on va en laisser six se débrouiller seules dans ce marasme ambiant », alerte Bernard Champanet.

Les officines concernées sont situées à Aiguefonde, Boissezon, Monestiès, Vabre, Teillet, Guitalens, Tanus, Valderiès, Murat-sur-Vèbre, Trébas et Viane.
Seules les pharmacies du sud du département vont être aidées
Selon les premières informations, les aides – d’un montant de 20 000 euros par an, reconductibles sur trois ans – seraient destinées uniquement à cinq pharmacies situées dans le sud du département : Aiguefonde, Murat-sur-Vèbre, Boissezon, Vabre et Viane.
Ce choix géographique suscite l’incompréhension. « Il faut une aide plus vaste, sur tout le territoire », plaide le président départemental des pharmaciens, soulignant l’importance de ces officines pour le lien social dans des villages où les médecins et services publics se font rares. « Une fermeture serait une catastrophe pour les habitants âgés et isolés. »
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Certains professionnels concernés découvrent cette décision avec surprise. À Trébas, le pharmacien affirme ne pas être au courant : « C’est nouveau. Personne ne m’a rien communiqué. Je peux vous dire que tout va bien pour moi. » Même constat à Valderiès : « Ah bon, on est considéré comme fragile ? Je pense que l’ARS a mis cette liste en place avec des données statistiques. En tout cas, moi, je n’ai aucun problème », assure la pharmacienne.
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Pourtant, à Tanus, une autre praticienne, installée depuis vingt ans, reconnaît que l’équilibre est fragile : « Je continue à me dégager un salaire, mais j’ai dû réduire les heures de ma salariée. Elle ne vient plus qu’un jour par semaine. On verra pour la suite. » Et d’ajouter : « Comme toute entreprise privée, si je n’ai plus assez d’argent pour vivre, je partirai ailleurs. Mais ce n’est pas à l’ordre du jour. » Elle interroge néanmoins les critères retenus par l’ARS : « Il y aurait deux poids, deux mesures selon où l’on vit ? »
Bernard Champanet ne compte pas baisser les bras. « Je crois que ceux qui nous gouvernent ne prennent pas la mesure de ce problème. Il faut agir avant qu’il ne soit trop tard, que les pharmacies deviennent aussi rares que les médecins. »
Désert médical : quelles sont les communes du Tarn les mieux dotées en médecins
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La communauté de communes du Centre-Tarn est le territoire avec le plus de médecins par habitant. DDM – DDM- MARIE PIERRE VOLLE
Publié le 16/09/2024 à 18:13 https://www.ladepeche.fr/2024/09/16/desert-medical-quelles-sont-les-communes-du-tarn-les-mieux-dotees-en-medecins-12156083.php
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Alors que le Tarn souffre, comme beaucoup de départements, de la désertification médicale, un territoire s’en sort étrangement mieux que les autres. Et ce n’est ni Albi, ni Castres.
Dans l’imagerie populaire, qui dit désert médicaux dit zones rurales. Cela ne correspond pourtant pas à la réalité dans le Tarn. Le territoire qui possède le plus de médecins par habitant, est la communauté de communes du Centre-Tarn, dont les principales communes sont Réalmont et Montredon-Labessonnié.
Ce territoire accueille 10 médecins généralistes sur son territoire. Soit en moyenne 1 médecin pour 1 195 habitants. C’est de loin le meilleur ratio du département pour ce territoire qui compte 11 communes, toutes rurales.
« Je ne suis pas surpris », appuie Etienne Moulin, le président de l’ordre des médecins. « Les maisons de santé de Réalmont et de Montredon-Labessonnié sont plébiscitées par les médecins et les patients. Il y a une vraie attractivité dans ce secteur, depuis quelques années. » Le président rappelle aussi que la couverture médicale des Monts de Lacaune s’est récemment renforcée. Deux nouveaux médecins se sont installés à Saint-Pierre-de-Trivisy. Idem à Lacaune.
« On progresse dans ce long combat contre les déserts médicaux, même si tout n’est rose. C’est compliqué dans le Mazamétain et à Saint-Amans où un praticien vient de partir, sans que l’on ait trouvé un remplaçant ».
Tarn Agout, le mauvais élève
Ailleurs dans le département, la communauté de communes des Monts d’Alban et du Villefranchois (14 communes) accueille 6 médecins généralistes, soit 1 pour 1 226 habitants.
À titre de comparaison, la communauté d’agglomération Gaillac-Graulhet accueille 56 médecins généralistes, soit 1 pour 1 396 habitants.
Au sein de l’Agglo Castres-Mazamet, ce sont 61 médecins généralistes, soit 1 pour 1 351 habitants. Autrement dit, le nombre de médecins généralistes par habitant dans ces agglomérations, qui accueillent pourtant des centres urbains (Castres, Gaillac, Graulhet, etc.) est plus faible que dans des communautés de communes rurales. Parmi les plus mal lotis, Tarn Agout, qui accueille pourtant deux communes de 10 000 habitants (Saint-Sulpice, Lavaur), dispose de 16 médecins généralistes, soit 1 pour 1 920 habitants.
La problématique du déplacement
Si on délaisse le prisme des intercommunalités pour s’intéresser aux bassins de vie, on note que Réalmont est toujours en tête avec 1 médecin pour 1 009 habitants devant Puylaurens (1 pour 1 041 habitants) et à Albi (1 pour 1 068 habitants).
Si certains territoires ruraux peuvent sembler mieux dotés, attention cependant à la problématique du déplacement. Dans les campagnes, la densité médicale est plus faible. Et pour beaucoup de Tarnais, une consultation est synonyme de longs déplacements. Ainsi, il y a 1 médecin tous les 0,15 km2 dans l’agglomération Castres-Mazamet, contre 1 médecin tous les 0,30 km2 pour le Centre Tarn.
Là aussi, les chiffres prouvent que dans les zones rurales, les médecins sont bien présents. Mais sans voiture, isolée, une partie de la population décide de ne plus se soigner. C’est aujourd’hui, l’un des problèmes cruciaux qu’il va falloir résoudre au plus vite avec le vieillissement de nos campagnes.
Voir aussi:
https://environnementsantepolitique.fr/2025/04/15/loi-inter-partisane-garot-quest-ce-que-cest/