Les pénuries de médicaments psychotropes se poursuivent en France, malgré une amélioration
Les traitements contre les troubles psychiatriques ou de l’humeur, qui connaissent de fortes tensions d’approvisionnement depuis l’automne, continuent de faire défaut dans de nombreuses pharmacies.

Des tiroirs qui se vident et d’autres qui se remplissent. Les pénuries de médicaments, fléau des patients et des professionnels de santé, se poursuivent dans les pharmacies en France. Les traitements contre les troubles psychiatriques ou de l’humeur, qui connaissent de fortes tensions d’approvisionnement depuis l’automne, continuent de faire défaut dans de nombreuses officines, en dépit d’un léger mieux sur certaines références.
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L’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a notamment averti, le 5 août, d’une « dégradation de la disponibilité » des traitements à base de quétiapine, un antipsychotique prescrit à 250 000 personnes dans l’Hexagone pour soigner les troubles bipolaires et la schizophrénie, dans les dosages de 300 mg et 400 mg. L’autorité de santé estime que les difficultés d’approvisionnement persisteront jusqu’à la mi-septembre.
Inscrite sur la liste des médicaments considérés comme essentiels, la quétiapine, distribuée en France sous le nom de marque Xeroquel ainsi que sous des versions génériques, connaissait déjà depuis l’automne 2024 de fortes tensions à la suite de problèmes de production chez l’un de ses principaux fabricants, le façonnier grec Pharmathen, qui fournit habituellement 60 % du marché français. Le laboratoire Viatris, qui ne dépendait pas de ce sous-traitant, avait jusqu’ici compensé ces insuffisances. Mais il fait aujourd’hui face, lui aussi, à des difficultés à la suite d’un « retard de conditionnement du produit fini ».
La situation reste tendue
La quétiapine n’est pas le seul psychotrope à connaître des tensions d’approvisionnement persistantes. La situation reste tendue concernant la venlafaxine, un antidépresseur, dont les approvisionnements, bien qu’en amélioration, restent incertains, observait l’ANSM mi-juillet. Quant à la sertraline, également touchée, elle revient progressivement dans les tiroirs des officines, bien qu’il ne s’agisse pas encore d’un retour à la normale.
Tout comme le Teralithe, un sel de lithium indiqué dans le traitement des troubles bipolaires. Distribué par les laboratoires Delbert, ce dernier avait subi le contrecoup des pénuries de quétiapine, les patients s’étant subitement reportés sur le Teralithe, faute de pouvoir se procurer leur médicament initial. Face à cet afflux inhabituel, les laboratoires Delbert ont dû, dans l’urgence, lancer une nouvelle production au printemps. Grâce à leur sous-traitant local, le laboratoire lyonnais Benta, qui disposait de lignes de production destinées à être mobilisées pour ce genre d’imprévus, celle-ci a pu être rapidement mise en place.
Si la situation se rétablit légèrement sur plusieurs médicaments psychotropes, elle reste, de façon générale, tendue. Ainsi, l’olanzapine, commercialisée sous le nom de marque Zypadhera, un antipsychotique sous forme injectable administré à l’hôpital, a vu sa situation se dégrader ces dernières semaines.
Mesures anti-pénurie
Afin de limiter les perturbations pour les patients, l’ANSM a mobilisé son arsenal de mesures anti-pénurie depuis plusieurs mois. Celles-ci comprennent, entre autres, l’interdiction des exportations des psychotropes en tension, une restriction des prescriptions, ainsi qu’un recours aux préparations magistrales, ces médicaments confectionnés par des officines habilitées lorsqu’un traitement fait défaut.
Depuis plusieurs années, l’autorité de santé a affûté les moyens à sa disposition pour faire face aux pénuries à répétition. Si ces derniers ne permettent pas d’éradiquer entièrement les tensions d’approvisionnement, ils ont néanmoins contribué à desserrer l’étau et accru la coordination des acteurs de l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement en cas de crise.
Dans cet esprit, l’ANSM avait lancé, en 2023, un plan hivernal, reconduit depuis chaque année, visant à anticiper et prévenir les difficultés d’approvisionnement des médicaments les plus consommés pendant l’hiver. Parmi eux des antibiotiques, comme l’amoxicilline, des médicaments contre la fièvre, ou encore des corticoïdes. Le 4 août, l’autorité de santé a d’ailleurs indiqué qu’elle ne prévoyait pas, à ce stade, de difficultés sur ces médicaments lors de l’hiver 2026. « A date, la disponibilité des médicaments est assurée », a-t-elle précisé.
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