Santé environnementale
Publié le Mercredi 30 juillet 2025 https://www.conseil-national.medecin.fr/publications/communiques-presse/sante-environnementale
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Le Cnom affirme la place du médecin au cœur des enjeux de santé environnementale
Le Conseil national de l’Ordre des médecins (Cnom), renouvelé en juin avec l’élection d’un nouveau Président et d’un nouveau Bureau, a défini quatre axes structurants pour les trois années à venir. L’un d’eux place le médecin au cœur des enjeux de santé environnementale.
L’actualité récente, avec l’adoption de la loi Duplomb, a ravivé les inquiétudes : la possible réintroduction de l’acétamipride, un pesticide de la famille des néonicotinoïdes, fait polémique. Si la détresse du monde agricole est indéniable, cette décision divise jusque dans ses rangs, et suscite une large opposition dans la société civile, parmi les restaurateurs, les citoyens, et dans le monde médical. Plusieurs organisations, dont la Ligue contre le cancer, ont alerté sur les risques sanitaires graves associés à cette substance.
Le Cnom rappelle que le médecin est au service de la personne et de la santé publique. Il exerce sa mission dans le respect de la vie humaine et de sa dignité (article R.4127-2 du Code de la santé publique).
Nous déplorons l’écart persistant entre les connaissances scientifiques disponibles et les décisions réglementaires. Ce décalage compromet l’application effective du principe constitutionnel de précaution.
Sur le plan médical, nous affirmons que le doute n’est pas raisonnable lorsqu’il s’agit de substances susceptibles d’exposer la population à des risques majeurs : troubles neuro-développementaux, cancers pédiatriques, maladies chroniques. Ces alertes ne peuvent être ignorées.
La compétitivité agricole et les distorsions de concurrence au sein de l’Union Européenne ne doivent pas servir d’arguments pour relâcher notre vigilance en matière de protection de la biodiversité et de santé humaine. Les difficultés réelles du monde agricole doivent trouver des réponses compatibles avec ces exigences fondamentales.
C’est pourquoi le Cnom s’engage à lancer sans délai une réflexion structurée sur les liens entre santé et environnement. Cette démarche associera des médecins de terrain, des experts scientifiques, des agriculteurs, des élus politiques et des représentants des usagers de la santé. Notre objectif est clair : faire de la santé environnementale un pilier de la politique de santé publique, et défendre la santé comme bien supérieur, dans toutes ses dimensions.
Loi Duplomb : l’ordre des médecins prend position contre, estimant que les « alertes ne peuvent être ignorées »
Alors que le texte contesté prévoit la réintroduction de l’acétamipride, l’instance juge que « sur le plan médical (…) le doute n’est pas raisonnable » et déplore « l’écart persistant entre les connaissances scientifiques disponibles et les décisions ».

Alors que la pétition contre la loi Duplomb a dépassé lundi la barre des deux millions de signatures sur le site de l’Assemblée nationale, le Conseil national de l’ordre des médecins a pris position contre, affirmant que « les alertes ne peuvent être ignorées », dans un communiqué publié mercredi 30 juillet.
La loi doit permettre notamment la réintroduction sous conditions de l’acétamipride, un insecticide toxique pour la biodiversité et potentiellement pour la santé humaine, interdit en France depuis 2018, mais autorisé ailleurs en Europe.
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« Plusieurs organisations, dont la Ligue contre le cancer, ont alerté sur les risques sanitaires graves associés à cette substance. (…) Nous déplorons l’écart persistant entre les connaissances scientifiques disponibles et les décisions réglementaires. Ce décalage compromet l’application effective du principe constitutionnel de précaution », écrit l’instance.
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« Le doute n’est pas raisonnable »
« Sur le plan médical, nous affirmons que le doute n’est pas raisonnable lorsqu’il s’agit de substances susceptibles d’exposer la population à des risques majeurs : troubles neurodéveloppementaux, cancers pédiatriques, maladies chroniques. Ces alertes ne peuvent être ignorées », poursuit-elle.
Dans une tribune publiée mardi dans Le Monde, des sociétés savantes et des associations de patients ont appelé le Conseil constitutionnel à rejeter le texte, très contesté. Ce dernier doit rendre « a priori » sa décision le 7 août.
Pour l’ordre des médecins, « la compétitivité agricole et les distorsions de concurrence au sein de l’Union européenne ne doivent pas servir d’arguments pour relâcher notre vigilance en matière de protection de la biodiversité et de santé humaine », qui ajoute que « les difficultés réelles du monde agricole doivent trouver des réponses compatibles avec ces exigences fondamentales ».
L’instance s’engage ainsi à lancer une « réflexion » sur « les liens entre santé et environnement », qui associera « des médecins de terrain, des experts scientifiques, des agriculteurs, des élus politiques et des représentants des usagers de la santé », afin de « faire de la santé environnementale un pilier de la politique de santé publique ».
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