Vives inquiétudes autour du projet de ligne à grande vitesse (LGV) Toulouse-Bordeaux.

INTERVIEW. La LGV Toulouse-Bordeaux menacée dans un contexte budgétaire tendu : « les tentations de Bercy de faire des économies sont inacceptables »

Jean-Luc Gibelin, vice-président de la région Occitanie chargé des mobilités pour tous et Infrastructures de transports.

Écrit parSylvain Duchampt

Publié le29/07/2025 à 12h32 https://france3-regions.franceinfo.fr/occitanie/haute-garonne/toulouse/interview-les-tentations-de-bercy-de-faire-des-economies-sont-inacceptables-la-lgv-toulouse-bordeaux-menacee-dans-un-contexte-budgetaire-tendu-3194718.html#at_medium=5&at_campaign_group=1&at_campaign=occitanie&at_offre=4&at_variant=V2&at_send_date=20250729&at_recipient_id=726375-1497345337-da129e8d&at_adid=DM1129049&at_highlight=TDF2025

Occitanie

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Vives inquiétudes autour du projet de ligne à grande vitesse (LGV) Toulouse-Bordeaux. Selon le journal Les Echos, l’État pourrait remettre en question son financement. Jean-Luc Gibelin, vice-président de la région Occitanie, insiste sur l’importance de ce chantier et appelle à respecter les engagements financiers malgré les difficultés budgétaires.

Le projet de ligne à grande vitesse entre Toulouse (Haute-Garonne) et Bordeaux (Gironde) est-il en danger ? C’est ce que croit savoir le quotidien Les Echos. Le journal économique rapporte que dans ses conclusions rendues le 9 juillet 2025, la conférence Ambition France Transport souhaite une réévaluation des grands projets ferroviaires. Le projet de LGV du sud-ouest serait le « plus fragile » et déjà « condamné » selon plusieurs interlocuteurs en raison de la mauvaise santé budgétaire française. L’annonce sème le doute sur l’avenir de la LGV, notamment concernant le maintien du financement public à hauteur de 40% par l’État, dans un contexte de tensions budgétaires.

« Inenvisageable » pour Jean-Luc Gibelin, vice-président de la région Occitanie, ayant participé à la conférence Ambition France Transport et au Conseil d’orientation des infrastructures pour le compte de l’association Régions de France.

France 3 : Les Échos font état d’une demande de réévaluation des grands projets et du risque encouru par la LGV Toulouse-Bordeaux. Confirmez-vous ces informations ?

Jean-Luc Gibelin : Dans les conclusions d’Ambition France Transports, il est proposé que le Conseil d’orientation des infrastructures réalise un travail de priorisation. Mais il est aussi bien précisé que la priorité doit être donnée aux attentes des territoires et à la régénération du réseau ferroviaire.

Or, les deux projets en Occitanie, que ce soit la ligne Perpignan-Montpellier ou la ligne Bordeaux-Toulouse et Bordeaux-Dax, sont des doublons des lignes existantes, qui sont elles, saturées. Ce ne sont donc pas des projets de confort.

Ils doivent permettre de développer le réseau ferroviaire et contribuer à la politique de décarbonation des transports collectifs. Ces dossiers sont donc bien en cours.

Je souhaite d’ailleurs insister sur le problème de l’intitulé « projet », qui pourrait être mal interprété, ici ou là, et peut-être même à Bercy, comme quelque chose qui n’existerait pas. La nouvelle ligne entre Toulouse et Bordeaux est déjà engagée, il y a déjà des travaux, et 2 milliards d’euros y ont été consacrés.

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Les collectivités locales sont partenaires et ont participé au financement. Elles ont même avancé une partie de la contribution ministérielle qui n’était pas encore versée. Les usagers, les citoyens, participent aussi via une fiscalité spécifique mise en place. L’Union européenne a aussi cofinancé ce projet.

Donc ces dossiers sont bien en cours. Il n’est pas envisageable que le ministère ne tienne pas ses engagements. Il est indispensable que Bercy soit au rendez-vous

France 3 : vous affirmez donc que le financement à 40% de l’État ne sera pas remis en cause d’ici la fin de l’année par le ministère des Transports ?

Jean-Luc Gibelin : Le ministère des Transports est très attaché à ces lignes car il en connaît la vitalité pour les territoires. Nous avons compris que Bercy a une volonté de remettre en cause certaines dépenses, mais ce n’est absolument pas ce qui a été validé lors de la conférence Ambition France Transport.

Le président Bussereau n’a jamais dit que ces projets étaient inutiles. Au contraire. Il n’y a aucune raison que le ministère ne respecte pas ses engagements, ni que le gouvernement se désengage.

Personnellement, je ressens une pression très désagréable de Bercy pour revenir sur ce qui a été écrit et décidé. Les tentations de Bercy de faire des économies sur ces dossiers engagés sont inacceptables pour les territoires. Les engagements pris doivent être tenus. Les citoyens ont respecté leurs engagements. Les collectivités aussi. L’Europe également. Il est hors de question que le ministère se défausse maintenant.

Il y a bien une incertitude aujourd’hui, c’est certain. Des décisions doivent être prises, mais le dossier avance : les travaux sont en cours. Les usagers peuvent voir qu’il y a des travaux autour de Toulouse, comme autour de Bordeaux. Il est inenvisageable que cela soit arrêté ou abandonné.

Les habitants du territoire ont d’ailleurs été consultés : deux sondages montrent que plus de 8 Français sur 10 approuvent cette ligne, et 86% dans le Sud-Ouest.

C’est une réalisation soutenue bien au-delà, et il est donc inenvisageable que Bercy décide quoi que ce soit, contre l’avis des territoires, des collectivités et des habitants du Sud-Ouest.

De mon point de vue, il n’y a rien à trancher : des engagements ont été pris, il faut les respecter. Il est indispensable, dans ce pays, de faire ce que l’on dit et de tenir parole.

France 3 : ce projet pourrait-il se faire sans ces 40% apportés par l’État ?

Jean-Luc Gibelin : Non, bien sûr que non. Ce serait une injustice flagrante. On fête actuellement le premier anniversaire des Jeux Olympiques de Paris : de nombreuses réalisations ont eu lieu en Île-de-France pour cet événement, financées par l’ensemble des Français.

À lire : LGV Toulouse-Bordeaux : la justice valide le plan de financement, les opposants restent déterminés avec plusieurs recours devant les tribunaux

Il n’est donc pas acceptable, un an après, d’annoncer aux habitants du Sud-Ouest que le chantier en cours, visible, serait remis en cause alors qu’il y a des engagements pris aux niveaux national et européen. Il faut absolument tenir la parole publique.

France 3 : le contexte a changé. Le déficit de l’État dépasse les 6%. François Bayrou veut réaliser 40 milliards d’économies. Est-il finalement possible de maintenir le financement du projet ? Accepteriez-vous une baisse de l’aide de l’État ?

Jean-Luc Gibelin : Non, ce n’est pas acceptable. La participation ministérielle de 40% est déjà la plus faible des lignes nouvelles. Toutes les autres étaient financées par le gouvernement à hauteur d’au moins 50%. 40% constituent déjà une forme de discrimination envers nos territoires.

La situation économique est connue, avec ses difficultés et ses sources bien identifiées. Ce ne sont pas les habitants ou les politiques régionaux qui en sont responsables. Mais ils ne doivent pas en plus subir les conséquences avec un chantier qui ne serait pas mené à terme. Le financement ministériel doit donc absolument être maintenu.

France 3 : Quelles sont les prochaines étapes à venir sur ce dossier ?

Jean-Luc Gibelin : Des réunions du Conseil d’orientation des infrastructures et de l’Agence de financement des infrastructures de transport (AFIT) sont prévues d’ici la fin de l’année. Nous espérons que ces rendez-vous permettront de confirmer le maintien du soutien financier ministériel, indispensable pour le territoire.

Publié par jscheffer81

Cardiologue ancien chef de service au CH d'Albi et ancien administrateur Ancien membre de Conseil de Faculté Toulouse-Purpan et du bureau de la fédération des internes de région sanitaire Cofondateur de syndicats de praticiens hospitaliers et d'associations sur l'hôpital public et l'accès au soins - Comité de Défense de l'Hopital et de la Santé d'Albi Auteur du pacte écologique pour l'Albigeois en 2007 Candidat aux municipales sur les listes des verts et d'EELV avant 2020 Membre du Collectif Citoyen Albi

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