« Loi Duplomb : cancer, troubles cognitifs… Le vrai du faux sur l’acétamipride, l’insecticide au coeur des débats »
Date de publication : 22 juillet 2025 Temps de lecture: 3 min

Nicolas Berrod revient dans Le Parisien sur ces « 12 lettres [qui] cristallisent l’opposition de plus d’1,5 million de citoyens. L’acétamipride est un insecticide interdit depuis 2020 en France, mais qui pourrait faire son retour — pour certaines cultures — si la loi Duplomb entre en vigueur ».
Le journaliste rappelle que « ce texte, adopté début juillet par le Parlement mais qui n’a pas encore été promulgué, est contesté par une pétition déposée sur le site de l’Assemblée nationale et massivement soutenue ».
« Il comporte plusieurs mesures favorables aux agriculteurs, mais c’est bien la réintroduction de l’acétamipride qui fait le plus réagir et suscite le plus d’inquiétudes. Alors, craintes légitimes ou non ? », continue Nicolas Berrod.
Il explique notamment que « l’acétamipride fait partie des néonicotinoïdes, ces insecticides qui agissent sur le système nerveux des insectes. Utilisé pour combattre les chenilles, cochenilles, et autres pucerons, il est considéré comme toxique, et donc potentiellement dangereux ».
Nicolas Berrod note que « parmi ses effets, cet insecticide serait notamment responsable de cancers chez les humains. De façon générale s’agissant des pesticides, la Ligue contre le cancer fait état d’une «présomption forte» pour les tumeurs du système lymphatique, du sang, de la prostate ainsi que des cancers de l’enfant suite à une exposition pendant la grossesse ».
« Sauf qu’à ce jour, aucune étude épidémiologique de grande ampleur chez l’humain ne permet de conclure concernant l’acétamipride. Celui-ci n’a pas été classé cancérogène, que ce soit par les agences françaises, européennes, ou internationales, alors que c’est notamment le cas pour la viande rouge, le tabac, des polluants, etc. », indique le journaliste.
Il ajoute qu’« on dispose de résultats chez des rongeurs, avec des résultats contrastés ». Sylvie Bortoli, chercheuse en toxicologie à l’Inserm, fait savoir qu’« une étude récente menée chez la souris a montré que l’acétamipride induit une progression du cancer mammaire, avec une augmentation de la taille des tumeurs et l’apparition de métastases ».
Nicolas Berrod note par ailleurs que « de nombreuses études menées à l’étranger suggèrent un risque accru diabète de type 2, de déficience intellectuelle et de différentes maladies — notamment rénales — en cas d’exposition à l’acétamipride. Ce produit serait aussi risqué pour le développement du fœtus chez une femme enceinte. Mais ces études sont souvent réalisées sur de petits effectifs. Elles induisent un «faisceau d’indices», mais pas (encore ?) de preuve solide ».
Le journaliste observe que « la science avance donc à son rythme pour aboutir à un consensus. Mais sans attendre, le principe de précaution peut décider certains pays à interdire tout de suite certaines substances ».
Sylvie Bortoli déclare que « les effets les plus probables de l’acétamipride pour l’humain me semblent être des effets neurotoxiques, avec notamment une diminution des capacités cognitives chez les enfants exposés in utero ».
« Quoi qu’il en soit, tout dépend de la dose à laquelle un être humain serait exposé, arguent les agences de santé. […] En mai 2024, l’Efsa a proposé d’abaisser la dose journalière admissible quotidienne d’acétamipride de 0,025 à 0,005 mg/kg de poids corporel », continue Nicolas Berrod.
Sylvie Bortoli indique cependant que « si on n’observe aucun effet toxique d’une substance seule, son association avec d’autres, même à des doses faibles, peut conduire à un effet cocktail toxique »