Un rapport accablant présenté, jeudi, sur les infractions au droit international commises par le gouvernement de Benyamin Nétanyahou,

Guerre à Gaza : l’UE continue de tergiverser sur les pressions à exercer sur Israël

Malgré le rapport accablant présenté, jeudi, par la cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas, sur les infractions au droit international commises par le gouvernement de Benyamin Nétanyahou, les Vingt-Sept ne s’accordent pas sur une éventuelle suspension de l’accord d’association avec l’Etat hébreu. La décision est repoussée à la mi-juillet. 

Par  (Bruxelles, bureau européen)Publié hier à 05h30, modifié hier à 11h10 https://www.lemonde.fr/international/article/2025/06/27/guerre-a-gaza-l-union-europeenne-continue-a-tergiverser-sur-les-pressions-a-exercer-vis-a-vis-d-israel_6616074_3210.html

Temps de Lecture 3 min.Read in English

Lors des funérailles de Palestiniens tués par des frappes aériennes israéliennes, à l’hôpital Al-Shifa, à Gaza, le 26 juin 2025.
Lors des funérailles de Palestiniens tués par des frappes aériennes israéliennes, à l’hôpital Al-Shifa, à Gaza, le 26 juin 2025.  JEHAD ALSHRAFI/AP

Comment peser pour qu’Israël cesse ses opérations militaires dans la bande de Gaza et fasse entrer massivement l’aide humanitaire pour les 2 millions d’habitants affamés du territoire ? Alors que la guerre éclair qu’a menée l’Etat hébreu, avec le soutien des Etats-Unis, contre l’Iran a éclipsé le sort des Palestiniens durant une douzaine de jours, le sujet s’est réinvité, jeudi 26 juin, au sommet des Vingt-Sept, à Bruxelles.

Comme c’est le cas depuis octobre 2023, les Européens continuent à diverger, non pas sur l’évaluation de la situation humanitaire catastrophique sur le terrain, que tous déplorent, pas plus que sur la nécessité que le Hamas libère les otages israéliens au plus vite, mais plutôt sur la méthode et le degré de pression politique qu’ils doivent employer pour qu’Israël mette un terme aux frappes meurtrières et aux destructions, et rétablisse un système de distribution d’aide humanitaire sûr et neutre.

Le 20 mai, après onze semaines de blocus humanitaire de l’enclave palestinienne, l’Union européenne (UE) avait, pour la première fois, haussé le ton contre l’Etat hébreu en un an et demi de conflit. Une majorité d’Etats membres, dont la France, avaient demandé à Kaja Kallas, la cheffe de la diplomatie européenne, un réexamen de l’accord d’association entre l’UE et Israël, afin de vérifier le respect par ce dernier de l’article 2 de ce traité, qui stipule que les parties doivent respecter les droits de l’homme.

Lire aussi |  Article réservé à nos abonnés  Guerre à Gaza : l’Union européenne au défi d’apporter une réponse commune après sa décision de réexaminer son accord d’association avec IsraëlLire plus tard

Jeudi, l’ancienne première ministre estonienne a présenté aux chefs d’Etat et de gouvernement cette évaluation accablante : Israël a enfreint pas moins d’une trentaine de principes du droit international. Mme Kallas venait également avec une demande : que les dirigeants donnent une orientation sur les conclusions à tirer de ce rapport, tant les dissensions sont fortes entre les Vingt-Sept.

Des positions tranchées

« Face aux violations continues des droits de l’homme par Israël, l’Europe doit agir », a ainsi plaidé Pedro Sanchez. Soutien historique de la Palestine, le premier ministre espagnol, qui a aussi dénoncé, jeudi, une « situation catastrophique de génocide », a appelé à suspendre « immédiatement » l’accord d’association avec Israël, tout comme, notamment, les premiers ministres irlandais et slovène.

Pas question de suivre cette pente glissante pour d’autres Etats, dont certains avaient pourtant réclamé le réexamen de l’accord, comme l’Autriche ou la Belgique. « L’accord d’association n’a pas grand-chose à voir avec la situation humanitaire à court terme », a assuré Bart De Wever, le premier ministre belge, qui rappelle que la procédure d’examen prévoit, après l’évaluation, un dialogue entre Kaja Kallas et le ministre des affaires étrangères israélien, Gideon Saar, sur le sujet. Cette dernière s’est engagée à le mener. Et, « à l’issue de ces discussions, nous verrons ce qu’il y a lieu de faire », juge M. De Wever.

Lire aussi |  Article réservé à nos abonnés  Vis-à-vis d’Israël, l’Allemagne durcit le ton sans changer de politiqueLire plus tard

Alors que Friedrich Merz, le chancelier allemand, avait vertement critiqué, le 26 mai, la politique de Benyamin Nétanyahou dans la bande de Gaza, l’Allemagne a, depuis l’attaque contre l’Iran, resserré les rangs avec Israël. Si Berlin appelle à un cessez-le-feu, à l’envoi massif d’aide humanitaire et à la solution à deux Etats, le chancelier a répété qu’il ne soutiendra aucune remise en cause de l’accord de l’UE avec Israël.

Une position partagée par Giorgia Meloni, la présidente du conseil italien, qui estimait, pour sa part, lundi, à Rome, qu’il serait « contre-productif de prendre des initiatives qui ferment les canaux de dialogue avec Israël, à un moment où cela peut donner des résultats, notamment en ce qui concerne le cessez-le-feu à Gaza ».

Options symboliques

Vu les divergences, les dirigeants ont décidé de simplement prendre « note du rapport », sans même en qualifier les conclusions. Alors que certains Etats voulaient enterrer le document, les Vingt-Sept ont bien invité le conseil des affaires étrangères à « poursuivre les discussions sur un suivi, le cas échéant, en juillet, en tenant compte de l’évolution de la situation sur le terrain ».

Mme Kallas a, par ailleurs, été mandatée pour faire des propositions lors de cette future réunion. « Nous attendons des décisions dès le prochain conseil des affaires étrangères », a même déclaré, à la fin du sommet, Antonio Costa, le président du Conseil européen. « Au mieux, il y aura une discussion et les décisions seront repoussées à la rentrée », tempère un diplomate européen.

Outre une suspension partielle ou totale de l’accord d’association, qui requiert l’unanimité des Vingt-Sept et semble donc inatteignable, Mme Kallas et la Commission européenne peuvent proposer une série d’options bien plus limitées ou symboliques. Une douzaine d’Etats soutiennent désormais l’idée, proposée par la Belgique, d’interdire l’importation de produits et de services issus des colonies en Cisjordanie. « C’est l’une des mesures qui pourraient être prises », avait confirmé, lundi 23 juin, Mme Kallas.

Lire aussi |  Article réservé à nos abonnés  L’accord d’association UE-Israël mis à mal par le non-respect des droits de l’homme de l’Etat hébreu à Gaza et en CisjordanieLire plus tard

Dans les faits, beaucoup d’Européens ne veulent pas en arriver là. « Ils espèrent que Donald Trump réussira à imposer à Benyamin Nétanyahou un cessez-le-feu à Gaza, améliorant de fait la situation des populations », déclare un diplomate européen. Pour Robert Golob, le premier ministre slovène, si les Européens n’arrivent pas à prendre de décision, « chaque Etat membre, y compris la Slovénie et certains pays aux vues similaires, devra prendre les mesures qui s’imposent par lui-même, et nous sommes prêts à le faire ».

Publié par jscheffer81

Cardiologue ancien chef de service au CH d'Albi et ancien administrateur Ancien membre de Conseil de Faculté Toulouse-Purpan et du bureau de la fédération des internes de région sanitaire Cofondateur de syndicats de praticiens hospitaliers et d'associations sur l'hôpital public et l'accès au soins - Comité de Défense de l'Hopital et de la Santé d'Albi Auteur du pacte écologique pour l'Albigeois en 2007 Candidat aux municipales sur les listes des verts et d'EELV avant 2020 Membre du Collectif Citoyen Albi

Laisser un commentaire