A69 : entre arrêt du chantier et péages subventionnés, une facture écrasante pour le contribuable

©Capture d’écran TF1
Qu’il s’agisse du coût d’un chantier fantôme ou de la mise en service d’une autoroute dont l’usage sera financé par l’impôt, l’A69 plombera les comptes publics.
Le feuilleton de l’autoroute A69 Castres-Toulouseconnaît un nouveau rebondissement avec le vote par le Sénat, le 15 mai dernier, d’une loi de validation visant à relancer un chantier stoppé net par la Justice.
Sous le bitume, l’argent des contribuables : entre les dépenses pharaoniques engendrées par l’arrêt des travaux et la perspective de péages subventionnés par l’argent public, la facture s’annonce salée.
Depuis la suspension du chantier le 27 février 2025, suite à une décision du tribunal administratif de Toulouse, des tombereaux d’argent public sont gaspillés.
L’association Via81 et des sources sénatoriales évoquent un coût quotidien pour l’État oscillant entre 180 000 et 200 000 euros par jour d’arrêt. En trois mois d’interruption, ce sont près de 20 millions d’euros d’argent public qui auraient été déboursés.
Ces sommes englobent la mobilisation d’une centaine d’employés pour baliser, sécuriser le site, et assurer sa « gestion environnementale ».
À cela s’ajoutent, selon La Dépêche du Midi, quelque 5 millions d’euros de frais de « démobilisation »(licenciements d’ouvriers, déplacement des engins, sécurisation du tracé) initialement supportés par le concessionnaire Atosca.
Le rapporteur public de la cour administrative d’appel de Toulouse a rendu un avis favorable, le 19 mai, à la reprise des travaux, ce qui pouvait potentiellement entraîner une relance prochaine du chantier. Et depuis le 28 mai, cette même cour administrative a décidé d’autoriser la reprise du chantier.
« Si on doit attendre le jugement au fond d’ici 18 mois, les gens vont devenir fous. Surtout quand on connaît l’état des finances publiques », alerte le sénateur centriste du Tarn, Philippe Folliot.
À terme, la facture risque en effet de retomber sur le dos des contribuables.
Car Atosca, l’entreprise concessionnaire, qui a mis un millier d’ouvriers au chômage technique, pourrait réclamer des indemnisations se chiffrant en centaines de millions d’euros si l’arrêt du chantier se prolonge ou devient définitif.
A69 : un projet jugé impératif
Alors que 70 % de l’autoroute est achevé (budget déjà engagé : 300 millions d’euros, soit 65 % du total), les parlementaires tarnais ont adopté une proposition de loi de validation visant à reconnaître la « raison impérative d’intérêt public majeur » (RIIPM) du projet.
Une victoire qui ne présage pas de l’issue de la guerre que les écolos mènent contre les collectivités locales. Une saisine du Conseil constitutionnel sur le projet est probable.
Même si l’autoroute voit finalement le jour, le fardeau financier ne s’arrêtera pas là.
Un accord entre les financeurs publics (État, Région Occitanie, Département du Tarn et intercommunalités) prévoit qu’une partie significative du tarif du péage soit subventionnée : 33 % du coût du trajet sur la section tarnaise (70 % du parcours total entre Villeneuve-lès-Lavaur et Soual-Est) sera pris en charge par de l’argent public.
L’État assumera 50 % de cette « ristourne », le Conseil régional d’Occitanie 26,5%, le reste étant réparti entre les autres collectivités tarnaises.
Le chiffrage exact de cette charge annuelle pour les finances publiques reste cependant difficile à évaluer. Il dépendra de la fréquentation réelle de l’A69 et du tarif qui sera finalement appliqué (6,77 euros évoqués pour un aller simple).
Pris entre les coûts d’un chantier fantôme qui se chiffrent en millions et la perspective d’une autoroute dont l’usage sera en partie payée par l’impôt, la note finale promet d’être lourde pour les contribuables.