20 milliards investis aux US par SANOFI, la pilule a du mal à passer sur les tapis de Versailles !

Sanofi va investir plus de 17 milliards d’euros aux États-Unis d’ici cinq ans

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Provenant du podcastLe décryptage éco

Le géant français des médicaments va investir plus que prévu outre-Atlantique où il réalise près de la moitié de ses ventes. Une décision qui tombe après les annonces de Donald Trump sur les droits de douane et son intention de réduire les prix des médicaments sur ordonnance.

Il faut croire que les intimidations de Donald Trump font effet. Le laboratoire pharmaceutique français a annoncé mercredi 14 mai son intention d’investir 20 milliards de dollars, soit un peu plus de 17 milliards d’euros pour continuer à offrir au marché américain des médicaments clés en investissant dans la R&D. Mais aussi en agrandissant ses usines sur place, il en a cinq aux États-Unis. Et en passant des partenariats avec des fabricants pharmaceutiques locaux pour augmenter ses capacités de production.

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**De son côté, Sanofi assure qu’il avait déjà prévu des investissements massifs aux États-Unis bien avant l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche et sa menace de mettre des droits de douane sur les produits de santé européens. Reste que le géant français va mettre, outre-Atlantique, un peu plus qu’il n’avait prévu.

Une baisse des prix de 80% annoncée par Donald Trump

Sanofi chouchoute le marché américain. Pour cause, le groupe réalise près de la moitié de ses ventes là-bas et y emploie 13 000 personnes. Surtout, les États-Unis sont le plus gros marché pharmaceutique mondial et le plus rentable. Les prix y sont 2,5 fois plus élevés que dans les autres pays développés, car les tarifs sont librement fixés par les laboratoires pharmaceutiques.

Mais Donald Trump justement veut baisser les prix. Lundi 12 mai, le président américain a douché les laboratoires pharmaceutiques étrangers en annonçant son intention de faire baisser de 80% le prix des médicaments sur ordonnances aux États-Unis. De quoi mettre un coup de pression supplémentaire sur des groupes comme Sanofi, qui en bourse a vu son cours baisser.

Aides publiques et plans sociaux en France

Annoncer un renforcement de sa présence aux États-Unis, est-il une façon de rassurer les investisseurs et actionnaires ? Difficile en tout cas, d’y voir une simple coïncidence. Pourtant, d’autres groupes n’ont pas adopté cette stratégie. Après les annonces de Donald Trump, le laboratoire Roche, par exemple, a au contraire, dit ne plus être sûr d’investir 50 milliards de dollars aux États-Unis d’ici 2030 comme il l’avait annoncé au mois d’avril.

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**Mais si Sanofi investit plus aux États-Unis, il assure qu’il ne réduira pas sa présence en France. De toute façon, l’Hexagone ne représente que 3% de son chiffre d’affaires. Il n’empêche, cet investissement américain promet de relancer les polémiques autour des aides publiques que touche Sanofi, notamment les 100 millions d’euros de crédit d’impôt recherche annuel. Les polémiques aussi autour des quatre plans sociaux que Sanofi a mené en France ces dix dernières années, sans oublier la vente de sa filiale Doliprane aux Américains en 2024.

« Sanofi aurait tort d’oublier ce qu’il doit à la France »

Chronique

Isabelle Chaperon

Le géant pharmaceutique tricolore a annoncé vouloir investir 20 milliards de dollars d’ici à 2030 aux Etats-Unis dans la production et la recherche. Pour la France, qui mise sur le crédit d’impôt recherche afin de conserver les activités du laboratoire, cela s’apparente à une provocation, observe Isabelle Chaperon, journaliste économique au « Monde ».

Publié le 16 mai 2025 à 11h00, modifié le 16 mai 2025 à 11h01 https://www.lemonde.fr/economie/article/2025/05/16/sanofi-aurait-tort-d-oublier-ce-qu-il-doit-a-la-france_6606413_3234.html

  Temps de Lecture 1 min.

La pilule a du mal à passer. A quelques jours de Choose France, le grand raout versaillais d’Emmanuel Macron visant à promouvoir l’attractivité de la France, Sanofi a annoncé, mercredi 14 mai, son intention d’investir « au moins 20 milliards de dollars [17,8 milliards d’euros] » d’ici à 2030 aux Etats-Unis, à la fois en production et en recherche.

Pour la France, qui mise sur le crédit d’impôt recherche afin de conserver ces activités à haute valeur ajoutée, cela s’apparente à une provocation. Furieux, le sénateur communiste de Seine-Saint-Denis Fabien Gay, rapporteur de la commission d’enquête du Sénat sur les aides publiques aux grandes entreprises, rappelle qu’« en dix ans, Sanofi a obtenu plus de 1 milliard [d’euros] de crédit impôt recherche ».

A Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne), le 17 octobre 2024.
A Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne), le 17 octobre 2024.  MICHEL EULER / AP

De son côté, Eric Lombard, le ministre de l’économie et des finances, auditionné jeudi 15 mai par cette commission d’enquête, a plutôt cherché à défendre le laboratoire. Tout en déplorant le choix du premier investisseur privé dans l’innovation en France, il a insisté sur le fait que les pays se livrent une compétition féroce afin de relocaliser chez eux l’industrie pharmaceutique, et que lui-même tente de convaincre des industriels chinois de s’implanter dans l’Hexagone. Cette clémence laisse espérer que Sanofi, qui vient d’inaugurer une « unité d’excellence en R&D » sur les vaccins à Marcy-l’Etoile (Rhône), prépare d’autres investissements importants en France.

Contrat moral

C’est souhaitable car, même si l’actionnariat français représente moins de 20 % de son capital, le géant du médicament aurait tort d’oublier ce qu’il doit à la France, au-delà des aides publiques. Jean-François Dehecq, proche de Jacques Chirac, a bâti le groupe en rassemblant une collection de petits labos, avec la bénédiction de L’Oréal et des pouvoirs publics. Et quand, en 2004, le suisse Novartis a voulu entraver la fusion entre Sanofi et Aventis, c’est le gouvernement tricolore qui a fait barrage.

Il en découle une forme de contrat moral entre le pays et son champion auquel doit veiller Frédéric Oudéa, le président de Sanofi, avec la ferveur du laborantin face à ses éprouvettes. Car ces liens s’effilochent depuis le départ de M. Dehecq en 2010. En 2014, le déménagement du patron de Sanofi, Christopher Viehbacher, à Boston (Massachusetts) avait ulcéré Paris. En mai 2020, c’était Paul Hudson, le directeur général actuel, qui avait suscité la controverse après une interview à Bloomberg laissant entendre que les Américains bénéficieraient les premiers d’un éventuel vaccin développé par Sanofi contre le Covid-19.

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A l’heure où les sirènes américaines ou chinoises donnent de plus en plus de voix, Sanofi est suffisamment puissant pour donner des gages aux uns et aux autres. Mais pas juste « un morceau de sucre » pour la France, comme disait Mary Poppins.

Isabelle Chaperon

Commentaire Dr Jean SCHEFFER

Sanofi a auparavant abandonné ses ventes de médicaments courants et ses usines en France* pour s’intéresser qu’aux seuls traitements innovants**. Mais il y avait eu bien d’autres restructurations les années précédentes dont la fermeture de centres de recherche en France***

La politique de profit au seul bénéfice des actionnaires (Sanofi n’est pas le seul grand laboratoire à faire cela) avec comme seul développement celui de médicaments innovants très onéreux en rachetant des starts-up à grands frais, s’est faite au détriment de milliers de travailleurs et au mépris des l’Etat Français qui a continué à verser le crédit impôt recherche à coup de 100 millions par an !

*https://environnementsantepolitique.fr/2025/03/14/sanofi-poursuit-la-vente-de-ses-usines-de-medicaments-grand-public-au-tour-daspegic-et-de-kardegic/

**https://environnementsantepolitique.fr/2024/12/21/sanofi-fait-un-pari-tres-risque-en-ne-sinteressant-quaux-seuls-traitements-innovants/

***https://environnementsantepolitique.fr/2024/07/20/la-cession-de-la-branche-grand-public-de-sanofi-avant-gout-dune-grande-restructuration-apres-bien-dautres/

Publié par jscheffer81

Cardiologue ancien chef de service au CH d'Albi et ancien administrateur Ancien membre de Conseil de Faculté Toulouse-Purpan et du bureau de la fédération des internes de région sanitaire Cofondateur de syndicats de praticiens hospitaliers et d'associations sur l'hôpital public et l'accès au soins - Comité de Défense de l'Hopital et de la Santé d'Albi Auteur du pacte écologique pour l'Albigeois en 2007 Candidat aux municipales sur les listes des verts et d'EELV avant 2020 Membre du Collectif Citoyen Albi

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