Des menaces et d’anciennes mesures recyclées et qui ont déjà échoué, c’est soit disant un plan contre les déserts médicaux.

« Scandale » des déserts médicaux : les mots forts et les mesures timides de François Bayrou

25 avril 2025 https://info.mediapart.fr/optiext/optiextension.dll?ID=u23uYJKk8iVFRuL8UuMLJPZujzGz3FzMgqBRbPpJOp%2BnnSFKD0vsxXsTx2iknG2ajtunEOpj7m95TSW59wAz6KU919ZSa

| Par Caroline Coq-Chodorge

À son tour, le premier ministre exclut toute contrainte sur le lieu d’installation des médecins. Mais ceux implantés dans les secteurs surdotés devront travailler dans des zones « rouges » un à deux jours par mois. Un délai de deux ans est laissé pour se conformer à ce plan.

Les immenses difficultés d’accès aux soins d’une partie de la population française représentent bien un « scandale, pour la santé publique, l’égalité républicaine », a déclaré François Bayrou. Vendredi 25 avril, à Puycapel, dans le Cantal, il a présenté un énième « pacte de lutte contre les déserts médicaux »

Mais les termes forts employés, et qui visent les médecins, sont inédits dans la bouche d’un premier ministre. « Des régions entières sont en détresse, insiste-t-il. J’ai vu des maires pleurer », parce qu’ils n’arrivaient pas à attirer les médecins sur leur territoire, « en dépit de tous les efforts : créer des cabinets, proposer des logements ».« Ceci est, pour ceux qui croient au message de fraternité et de solidarité, inacceptable», a-t-il déclaré.

Ces paroles du chef du gouvernement font écho à celles de député·es de tous bords, hors Rassemblement national, qui sont nombreux à raconter dans l’hémicycle les larmes et la colère de leurs administré·es qui ne parviennent plus à se soigner. Six millions de Français·es sont sans médecin traitant. Une situation qui concerne par ailleurs près de 4 % des malades chroniques.

Le sujet est donc majeur, c’est l’une des premières préoccupations des Français·es, et François Bayrou affirme le mettre au « sommet des priorités du gouvernement ». Même si ces annonces paraissent bien frêles et surtout incongrues alors qu’il est pris dans la tourmente politique de l’affaire Bétharram.

François Bayrou s’entretient avec des professionnels de santé lors de sa visite au centre de santé Calvinet, à Puycapel (Cantal) le 25 avril 2025 © Photo Ed Jones / AFP

Le gouvernement était contraint de réagir sous la pression parlementaire de plus en plus forte. Depuis 2022, un groupe transpartisan de parlementaires – de La France insoumise à Les Républicains, en passant par Ensemble pour la République – porte une proposition de loi visant à mettre fin à la liberté d’installation des médecins libéraux sur le modèle des pharmacien·nes, infirmières, kinésithérapeutes ou dentistes.

Le principe proposé par les parlementaires est simple : dans les territoires surdotés – ces « oasis » médicales situées sur la côte atlantique, dans les Alpes et les grandes villes pour ce qui est des spécialistes –, un médecin libéral ne pourrait s’installer qu’à la condition du départ d’un autre médecin.À lire aussiEn ville, à la mer et à la montagne : là où se trouvent les oasis médicalesDéserts médicaux : une escouade de députés à l’assaut de la liberté d’installation

La mesure paraît d’autant plus urgente que d’importantes cohortes de jeunes docteurs et doctrices sont en cours de formation et s’installeront à leur tour plus nombreux dans ces territoires les plus attractifs : depuis 2016, plus de 8 000 étudiant·es sont admis·es en études de médecine, près de 11 000 en 2024. Au début des années 1990, le numerus clausus n’offrait que 3 500 places en deuxième année de médecine.

Les gouvernements successifs n’ont cessé de s’opposer à tout encadrement de l’installation des médecins. Pour la première fois, François Bayrou entrouvre une porte : « Si le cheminement parlementaire peut enrichir nos débats, c’est très bien. »

Pour l’instant, le plan présenté vendredi 25 avril exclut encore une fois toute contrainte. C’est un changement de pied pour François Bayrou qui, le 1er avril devant le Conseil économique, social et environnemental, s’est déclaré favorable à une « régulation », prenant acte de l’opposition têtue des syndicats de médecins libéraux. 

François Bayrou cherche à faire pression d’une autre manière : les praticien·nes qui exercent dans des territoires bien dotés devront travailler un ou deux jours par mois dans les territoires les plus désertés voisins. Celles et ceux qui accepteront seront mieux rémunérés, et les refus seront pénalisés.

La menace avant la contrainte ?

Ces mesures seront mises en place « dans des délais rapides », promet le premier ministre, et doivent aboutir à des « changements ». Pas besoin de « grande loi », dit François Bayrou. Mais il veut cependant inscrire dans la loi le principe du respect d’une « solidarité obligatoire » de la communauté médicale, puisqu’elle est largement rémunérée par la solidarité nationale, à travers la Sécurité sociale.

C’est 87 % du territoire français qui manque de médecins. Mais le gouvernement choisit de concentrer l’effort sur les zones rouges, là où ils se font les plus rares, et les patient·es sans médecin traitant les plus nombreux. 

Les agences régionales de santé (ARS) sont chargées de faire la cartographie de leur région. Le gouvernement a fait parvenir aux journalistes une carte qui est une première évaluation des zones « à fort indice de vulnérabilité », au niveau infradépartemental, pour les médecins généralistes. Elles concernent 2 226 000 habitant·es. 

La densité des médecins généralistes. © Gouvernement, avec des données de l’Insee et de l’assurance maladie

Ce principe de « solidarité obligatoire » des médecins doit permettre d’assurer 30 millions de consultations supplémentaires par an dans les zones rouges, selon le gouvernement. 

L’idée n’est cependant pas nouvelle : la dernière convention médicale entre l’assurance-maladie et les syndicats de médecins libéraux, qui a augmenté de 25 à 30 euros la consultation des médecins généralistes, prévoyait en contrepartie des consultations avancées et mieux rémunérées de spécialistes dans les déserts médicaux. La mesure n’a manifestement pas été suffisante.

Mais cette fois, le gouvernement choisit la menace : si les médecins n’adhèrent pas dans les deux ans, « les solutions plus contraignantes ser[ont] privilégiées », précisent des sources gouvernementales. Les ARS, assistées des préfets et des élus locaux, devront s’assurer du respect de ce plan par les médecins. 

Le député de la Mayenne Guillaume Garot (Parti socialiste), à l’initiative de la proposition de loi transpartisane, juge toutefois le plan du gouvernement « flou, insuffisant »« François Bayrou cherche à parer au plus pressé. Ce ne sont pas des mesures de fond, déplore le parlementaire. Depuis dix ans, les inégalités se creusent : les départements les mieux dotés ont de plus en plus de médecins, les territoires les plus désertés de moins en moins. La régulation est la seule manière de briser ce cercle vicieux qui creuse les inégalités. Cela a marché pour les autres professions de santé. »

D’anciennes mesures recyclées

Les autres annonces présentées dans le Cantal par le premier ministre en recyclent d’anciennes,jusqu’ici restées sans effet. Les internes de 4eannée de médecine générale, les « docteurs juniors » seront « mobilisés dans les territoires prioritaires », a détaillé le ministre de la santé, Yannick Neuder. Il confirme une mesure de son prédécesseur François Braun. 

À une autre ex-ministre de la santé, Agnès Buzyn, est encore emprunté le projet de « recruter plus d’étudiants issus des territoires éloignés des centres urbains », a expliqué le ministre de l’enseignement supérieur, Philippe Baptiste. La réforme des études de santé avait été pensée dans ce sens, en vain. Une nouveauté cependant : il devrait y avoir un lieu de formation en première année d’études de santé dans « chaque département », promet François Bayrou.

Sont encore revenues les mêmes promesses d’« allégement des charges administratives » des médecins, notamment grâce à l’embauche d’assistant·es médicaux, aux salaires largement financés par l’assurance-maladie. Ils et elles sont aujourd’hui 8 000, et devraient passer à 15 000. François Bayrou s’est agacé que, dans certains territoires, « cela ne prenne pas ». Une autre promesse déjà faite encore : la suppression de certains certificats médicaux jugés inutiles et qui encombrent les consultations.

De nouvelles délégations de tâches médicales à d’autres professions de santé sont aussi évoquées, particulièrement aux « 20 000 officines de pharmacie bien réparties sur le territoire », s’est félicité le premier ministre. D’ores et déjà, les pharmacien·nes dépistent et prescrivent des médicaments pour des angines bactériennes et des cystites sans gravité. Ils devraient également délivrer des médicaments sans ordonnance pour les rhinites allergiques ou les piqûres d’insectes. À lire aussiCes infirmières que les médecins veulent empêcher d’exercer

Les missions des infirmières seront élargies, par exemple à la prise en charge directe des plaies. Les infirmières de pratique avancée vont enfin pouvoir prescrire des médicaments ou des examens à de nouveaux patient·es, dans le cadre de leurs compétences, avant même qu’ils ne voient leur médecin. Ces « primo-prescriptions » ne seront possibles que dans les maisons ou les centres de santé, où l’exercice est coordonné entre médecins et paramédicaux. 

Les principaux syndicats de médecins libéraux n’ont pas encore réagi à ces annonces vendredi 25 avril en fin d’après-midi. Mais ils étaient d’ores et déjà mobilisés contre la proposition de loi des parlementaires visant à encadrer leur installation. Ils appellent à fermer les cabinets mardi 29 avril pour rejoindre des manifestations à Paris et dans d’autres grandes villes de France. Les syndicats d’internes ont, eux, posé un préavis de grève illimitée à partir de lundi 28 avril. 

Cette unanimité syndicale est de pure façade. Interrogés individuellement, les médecins libéraux qui exercent dans de grandes difficultés dans les zones désertées sont souvent ouvert·es à l’encadrement de l’installation. Dans le club de Mediapart, la Fédération nationale des centres de santé se déclare favorable à la régulation de l’installation des médecins, mais également au développement des centres de santé, des structures non lucratives aujourd’hui largement sous-financées. 

L’enjeu va bien au-delà de la corporation médicale et rejoint d’autres problématiques. La carte des territoires les plus désertés par les médecins est largement superposable à celle du vote en faveur du Rassemblement national. Ironie du sort : le parti d’extrême droite s’opposeà toute contrainte imposée aux médecins libéraux.

Pour réduire les déserts médicaux, le gouvernement mise sur une « mission de solidarité obligatoire » pour les médecins

François Bayrou a ouvert un nouveau chantier, pour améliorer l’accès aux soins, en demandant aux généralistes et aux spécialistes de réaliser des consultations délocalisées, deux jours par mois, dans les territoires en souffrance. 

Par  Publié hier à 20h48, modifié à 10h55

Temps de Lecture 5 min.

Le premier ministre, François Bayrou, lors de la visite du centre de santé Calvinet à Puycapel (Cantal), le 25 avril 2025.
Le premier ministre, François Bayrou, lors de la visite du centre de santé Calvinet à Puycapel (Cantal), le 25 avril 2025.  ED JONES/AFP

Tous les médecins devront-ils, demain, aller deux jours par mois effectuer des consultations dans les territoires où l’accès aux soins est le plus difficile ? C’est ce que le premier ministre, François Bayrou, a annoncé lors d’un déplacement dans le Cantal, vendredi 25 avril, faisant de cette « mission de solidarité obligatoire » la mesure-clé d’un « pacte de lutte contre les déserts médicaux », rendu public après un mois de concertation éclair avec les acteurs de la santé.

Face aux difficultés d’accès aux soins qui s’aggravent, le premier ministre avait surpris, début avril, en se disant favorable à une « régulation » à l’installation des médecins, un chiffon rouge dans la profession médicale. Ce positionnement inattendu de Matignon résonnait avec l’examen d’une proposition de loi transpartisane, portée par le député socialiste Guillaume Garot (Mayenne), défendant ce même principe, et partiellement adoptée le 2 avril.

L’exécutif a finalement opté pour une autre forme de contrainte : les médecins, généralistes et spécialistes, devront donner des consultations « jusqu’à deux jours par mois », dans des zones « rouges », les plus en difficulté. Aux agences régionales de santé de définir, dans le mois qui vient, les cartes de ces zones prioritaires, en lien avec les préfets et les élus.

Une réponse « originale et puissante », a défendu François Bayrou, entouré de quatre ministres – Catherine Vautrin et Yannick Neuder, qui se partagent le portefeuille de la santé, Philippe Baptiste, à l’enseignement supérieur, et Françoise Gatel, à la ruralité –, lors de la conférence de presse qui a suivi sa visite à Puycapel, une petite commune rurale à une quarantaine de kilomètres d’Aurillac, « pour mettre fin tout de suite au scandale des déserts médicaux, pour la santé publique, pour l’égalité républicaine ».

Au moins les cinq prochaines années

Les chiffres sont connus, et François Bayrou les a mis en avant : 6 millions de Français restent sans médecin traitant en 2024, dont 620 000 personnes en affection longue durée ; 87 % du territoire est classé en « désert médical » concernant l’accès aux médecins généralistes…

Selon l’exécutif, cette mesure pourrait s’appliquer pendant au moins les cinq prochaines années, et permettre d’assurer 30 millions de consultations supplémentaires par an dans ces territoires sous-dotés. Avec des « contreparties financières »rétribuant les médecins pour ces journées passées en dehors de leur cabinet habituel, précise-t-on dans l’entourage du premier ministre, mais aussi des « pénalités », pour ceux qui refuseraient de participer.

Lire aussi |  Article réservé à nos abonnés  Déserts médicaux : le débat sur la contrainte à l’installation des médecins relancéLire plus tard

Opération déminage à l’adresse d’une profession en ébullition ? Cette communication intervient alors que la tension monte dans les rangs des médecins. La proposition de loi de Guillaume Garot, cosignée par quelque 250 autres députés, a mis le feu aux poudres, avec son principe d’un conventionnement « sélectif » – une installation de médecin autorisée à la condition d’un départ, dans les zones jugées surdotées.

Les étudiants, internes et jeunes médecins ont appelé à une grève illimitée, à compter du lundi 28 avril, et à une journée nationale de manifestation le lendemain, avec le soutien de l’ensemble des syndicats de médecins libéraux. L’examen du texte doit reprendre le 6 mai.

Il s’agit de mesures de « la dernière chance », a mis en garde François Bayrou : « Si ce plan d’urgence ne réussit pas, nous savons que le jour viendra où les principes de ce système, fondé sur les choix libres des médecins, devront changer », a-t-il prévenu, évoquant un « changement plus radical » qui deviendrait alors « inéluctable ».

Nouvelles délégations de tâches

Plus consensuelles, ou d’ores et déjà mises en œuvre, plusieurs autres actions ont été inscrites dans le « pacte » du premier ministre, comme la mobilisation des compétences des autres professionnels de santé, avec la poursuite du déploiement des assistants médicaux auprès des médecins, pour gagner du temps médical – ils sont aujourd’hui 8 000. Ou encore de nouvelles délégations de tâches, par exemple en direction des pharmaciens, comme la délivrance de traitements courants pour des patients souffrant de rhinite allergique saisonnière.

Sur l’axe-clé de la formation des futurs médecins, le gouvernement a mis en avant une nouvelle fois sa volonté de diversifier l’origine géographique et sociale des étudiants, pour favoriser les installations futures dans les territoires les plus en souffrance. Des « premières années » d’étude menant à la médecine seront ouvertes dans tous les départements, a promis M. Bayrou, alors qu’une vingtaine n’en sont, aujourd’hui, pas dotés.

Lire aussi la tribune |  Article réservé à nos abonnés  Déserts médicaux : « L’accent doit être mis sur le recrutement local des médecins afin d’ancrer leur pratique, durablement, dans les territoires »Lire plus tard

Malgré la réforme de la première année, transformée depuis 2020 en deux cursus universitaires, les études de santé sont restées celles où la reproduction sociale est une des plus fortes, avec un profil d’étudiants qui n’a pas évolué, a constaté la Cour des comptes dans un rapport en décembre 2024. La promesse d’une simplification de ce système, pour revenir à un « modèle national unique », doit encore se concrétiser.

Dans les rangs des médecins libéraux, les réactions sont mitigées. Si le « pacte Bayrou » n’a pas, à ce stade, le même effet inflammable qu’une mesure de contrainte à l’installation, il ne rencontre pas pour autant de franche adhésion. Dans les rangs d’Avenir Spé – Le Bloc, l’un des principaux syndicats de spécialistes, cette délocalisation ponctuelle du médecin est défendue de longue date, sous le nom de « consultations avancées ».

« Déshabiller Pierre pour habiller Paul »

Elles se pratiquent déjà, avec des médecins qui vont voir des patients situés à 50 kilomètres voire 100 kilomètres, une fois par semaine ou par mois, à Reims (Marne), Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais), ou dans le Pays basque. « C’est une solution structurante », estime le président du syndicat, le docteur Patrick Gasser, qui reste cependant opposé à toute « obligation individuelle » pour les médecins. « Ce mécanisme pourra être bien accepté avec une dimension collective : à chaque territoire d’apporter une solution, et si cela n’est pas le cas, l’Etat, par la réquisition, pourra intervenir », espère-t-il.

A la tête du premier syndicat chez les généralistes, MG-France, la docteure Agnès Giannotti porte une voix plus critique. « Nous sommes pour cette idée d’aller donner des coups de main, mais de manière volontaire, dit-elle. Avec 87 % du territoire sous-doté, que va-t-on faire, si ce n’est déshabiller Pierre pour habiller Paul ? J’exerce dans ces 13 % restants, j’ai 2 000 patients, je suis à Paris dans le quartier de la Goutte-d’Or, où l’on ne peut pas dire que l’accès aux soins soit évident… » Pour la responsable, on passe à côté du vrai enjeu, celui de retrouver la médecine « de suivi », d’abord pour les patients lourds. « Pour cela, il faut que des conditions de travail correctes soient assurées dans ces zones, avec des cabinets réunissant d’autres professionnels de santé, des assistants, des infirmiers… pour assurer une continuité. »

Son confrère de la CSMF-Généralistes, Luc Duquesnel, interroge aussi la faisabilité du dispositif, qui fera, au mieux, un flop, selon lui, vu la population des généralistes qui ne cesse de diminuer. « Où iront ces médecins ? Qui va équiper des cabinets secondaires pour qu’ils puissent faire des consultations ? », interroge-t-il.

Questions ouvertes

Au-delà du principe, la méthode reste à éclaircir. Comment définir ces zones « rouges » vers lesquelles les professionnels des zones considérées comme bien dotées devront se diriger ? Quelle est la bonne distance, le bon délai pour avoir un rendez-vous, le bon nombre de professionnels nécessaires ? Comment faire dans les régions totalement sous-dotées ? A ce stade, toutes ces questions restent ouvertes.

Pour porter cette mesure sensible, et possiblement d’autres dans le pacte, le gouvernement n’envisage pas de projet de loi mais privilégie des textes déjà déposés par des parlementaires, précise-t-on de source gouvernementale. La proposition de loi du député Garot, donc, ainsi qu’une autre portant une autre forme de régulation, portée par des sénateurs du parti Les Républicains, dont Philippe Mouiller (Deux-Sèvres), qui doit également être examinée en mai.

Lire aussi (2024) |  Article réservé à nos abonnés  Lutte contre les déserts médicaux : la Cour des comptes critique des mesures « fragmentaires » et « peu ciblées »Lire plus tard

Les syndicalistes l’ont aussi en mémoire, ce dispositif ne manque pas de rappeler la tentative de Roselyne Bachelot, à la fin des années 2000, d’une telle option coercitive, ce que les médecins ont appelé la « taxe Bachelot », soit 3 000 euros annuels de pénalité pour ceux d’entre eux exerçant en zone surdotée et qui refuseraient de prêter main-forte à des confrères en zone sous-dotée. La mesure avait fait long feu.

Vingt-cinq ans plus tard, alors que l’accès aux soins et la santé figurent dans les premières préoccupations des Français, la pression, sur le gouvernement autant que sur les médecins, s’est accrue. Mais pour le député Guillaume Garot, la mesure, et l’ensemble du pacte, bien qu’« utiles », ne suffiront pas, vu « l’ampleur du problème »« La régulation de l’installation reste indispensable », défend-il. Un message qu’il entend porter de nouveau, ces prochains jours, dans l’Hémicycle.

Lire aussi (2023) |  Faut-il forcer les médecins à s’installer dans les déserts médicaux ? Comprendre en trois minutes

Contre les déserts médicaux, réguler l’installation des médecins

Éditorial

Le Monde

En dépit de l’augmentation du nombre de nouveaux diplômés, la répartition du corps médical sur le territoire ne s’est pas améliorée. La mise en œuvre des deux jours de solidarité par mois annoncée, vendredi, par François Bayrou constitue donc un progrès dans un domaine où les avancées n’ont jamais été à la hauteur de l’enjeu.

Publié aujourd’hui à 11h02  

https://www.lemonde.fr/idees/article/2025/04/26/contre-les-deserts-medicaux-reguler-l-installation-des-medecins_6600257_3232.html

Temps de Lecture 2 min.Lire plus tard Partager

Parmi les inégalités qui déchirent la société française et font le jeu de l’extrême droite, l’impossibilité nouvelle d’accéder facilement et rapidement à une consultation médicale dans de nombreuses parties du pays est l’une des plus insupportables. Plus d’un tiers des patients renoncent à des soins faute de rendez-vous et 6 millions d’entre eux n’ont pas de médecin traitant.

Lire aussi |  Article réservé à nos abonnés  Pour réduire les déserts médicaux, le gouvernement mise sur une « mission de solidarité obligatoire » pour les médecinsLire plus tard

C’est ce qui a rendu le « pacte de lutte contre les déserts médicaux », présenté vendredi 25 avril par François Bayrou,aussi attendu. Pour la première fois, un responsable de l’exécutif a osé annoncer une mesure contraignante tendant à « réguler » l’activité des médecins libéraux, là où ses prédécesseurs avaient choisi de simples mesures d’incitation sans réussir à endiguer ce véritable scandale sanitaire.

Le premier ministre a ainsi préconisé d’imposer tant aux médecins généralistes qu’aux spécialistes exerçant dans les endroits bien dotés un ou deux jours de temps de consultation par mois dans les zones en difficulté. Cette solidarité, soutenue par des « compensations financières » mais aussi par des pénalités pour les contrevenants, permettrait, selon le gouvernement, de réorienter près de 30 millions de consultations vers les « déserts médicaux », qui couvrent 87 % du territoire.

Appels à la grève

En cas d’échec, M. Bayrou menace implicitement de passer au cran supérieur : la remise en question du principe de liberté d’installation des médecins libéraux. Une disposition dans ce sens a été votée le 2 avril à l’Assemblée nationale, incluse dans une proposition de loi dont l’examen parlementaire doit se poursuivre le 6 mai.

Consultation dans un centre médical à Carcassonne, le 15 octobre 2024.
Consultation dans un centre médical à Carcassonne, le 15 octobre 2024.  ED JONES / AFP

La mise en œuvre des deux jours de solidarité par mois annoncés par le premier ministre apparaît difficile pour des raisons tant juridiques que logistiques. Elle constitue pourtant un progrès dans un domaine où les avancées concrètes n’ont jamais été à la hauteur de l’enjeu. En dépit de l’augmentation récente du nombre de médecins nouvellement diplômés, la répartition du corps médical sur le territoire ne s’est pas améliorée.

Lire aussi |  Article réservé à nos abonnés  Déserts médicaux : le débat sur la contrainte à l’installation des médecins relancéLire plus tard

Les syndicats de médecins assurent que des mesures de régulation – appliquées à toutes les autres professions de santé et pratiquées notamment en Allemagne – vont provoquer une fuite vers l’étranger, un risque peu documenté, et réduire l’attractivité de la profession. Vent debout contre pareille orientation, ils ont maintenu leurs appels à la grève et aux manifestations à partir du lundi 28 avril, en dépit de la modération de ces annonces. Il est vrai que, depuis des années, tous les gouvernements ont reculé devant le lobby médical, amplement représenté au Parlement et au sein des exécutifs.

Le Monde AteliersCours en ligne, cours du soir, ateliers : développez vos compétencesDécouvrir

Comment oublier que l’actuelle pénurie de médecins résulte du numerus clausus à l’entrée des études médicales appliqué pendant des années avec le soutien conjoint des autorités sanitaires – qui en attendaient une baisse des dépenses – et des organisations de médecins défendant leur corporation ? Comment négliger le fait que les études médicales sont financées par l’argent public et que la rémunération des médecins libéraux par l’Assurance-maladie impose un équilibre entre droits et devoirs ?

Lire aussi :  Article réservé à nos abonnés  Face aux déserts médicaux, vingt ans d’hésitations politiquesLire plus tard

Alors que les tendances démographiques accentuent la perspective d’un vieillissement de la population et d’une aggravation des difficultés d’accès aux soins, aucune des nombreuses pistes efficaces pour lutter contre ce fléau, qui mine la confiance en l’Etat et menace la cohésion sociale, ne peut être écartée. Notamment celle d’une régulation concertée de l’installation des médecins.

Le Monde

Publié par jscheffer81

Cardiologue ancien chef de service au CH d'Albi et ancien administrateur Ancien membre de Conseil de Faculté Toulouse-Purpan et du bureau de la fédération des internes de région sanitaire Cofondateur de syndicats de praticiens hospitaliers et d'associations sur l'hôpital public et l'accès au soins - Comité de Défense de l'Hopital et de la Santé d'Albi Auteur du pacte écologique pour l'Albigeois en 2007 Candidat aux municipales sur les listes des verts et d'EELV avant 2020 Membre du Collectif Citoyen Albi

Laisser un commentaire