Déserts médicaux : « S’il faut réussir un entretien d’embauche pour avoir un médecin, c’est grave »
Alors qu’une proposition de loi examinée à l’Assemblée nationale début avril fait polémique, en défendant la régulation à l’installation des médecins, des patients témoignent de leurs « parcours du combattant » pour trouver un rendez-vous avec un professionnel.
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Va-t-il devoir aller jusqu’en Grèce pour se soigner ? La question lui paraît de moins en moins théorique. Jean-Baptiste (les personnes dont seul le prénom apparaît souhaitent rester anonymes), 53 ans, est rentré en France en septembre 2024, après vingt-cinq ans à l’étranger, aux Pays-Bas et en Grèce. Installé à Nantes avec sa femme, grecque, et son fils, l’agent maritime parle d’un « choc », et d’un « parcours du combattant » depuis qu’il cherche, en vain, un médecin spécialiste pour son épouse, qui a besoin d’un suivi tous les mois pour sa maladie chronique. Impossible de trouver un endocrinologue pour réévaluer et ajuster son traitement.
Heureusement, le généraliste qu’ils ont déniché permet de renouveler ses ordonnances, mais cela ne peut durer. « Nous allons devoir retourner chez son médecin en Grèce, dit-il très sérieusement. C’est quand même choquant. » Lui-même fils de médecin, il connaissait les tensions sur l’offre médicale en France. « Mais je ne pensais pas qu’une ville comme Nantes était concernée, reprend-il. C’est la galère totale, et tout le monde nous le dit. »
Colère, inquiétude, sentiment d’injustice… Derrière les paroles recueillies par Lemonde.fr, début avril, dans le cadre d’un appel à témoignages sur l’accès aux soins, un même constat d’impuissance s’exprime. Voilà des années que les difficultés de trouver un médecin s’accroissent, qu’il s’agisse d’un généraliste ou de nombreux autres spécialistes. Avec des périples de plus en plus ardus, que racontent ces patients à la recherche d’un rendez-vous.
S’il n’existe pas d’indicateur permettant de mesurer précisément l’évolution des délais d’accès à un médecin, les chiffres sont légion : plus de 6 millions de patients sans médecin traitant, dont 472 000 malades chroniques comptabilisés fin 2023, selon l’Assurance-maladie ; une densité de médecins généralistes qui continue de baisser, avec 151,6 professionnels pour 100 000 habitants en 2019, contre 146,6 au 1er janvier 2023, selon les dernières statistiques ministérielles ; des dizaines de départements avec à peine un dermatologue ou un gynécologue pour 100 000 habitants…
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Contrôler davantage l’installation des médecins changerait-il la donne ? La question résonne, alors qu’une proposition de loi, portée par le député socialiste de Mayenne Guillaume Garot et examinée à l’Assemblée nationale début avril, défend la mise en place d’une régulation. Celui-ci y souligne les inégalités « flagrantes » entre les territoires, telle la hausse de la densité médicale dans 31 départements, alors qu’elle s’est détériorée dans les 69 autres, entre 2010 et 2024, selon le Conseil national de l’ordre des médecins. L’examen du texte doit reprendre le 6 mai. Si les départements ruraux, éloignés des métropoles universitaires, et les quartiers populaires restent les premiers concernés, la pénurie touche de plus en plus de territoires.
« Un droit fondamental »
« Il n’y a pas que les zones rurales qui sont touchées, les métropoles le sont aussi », témoigne un habitant de Grenoble qui, après le départ à la retraite de son médecin, n’a jamais réussi à en trouver un autre, et a fini par atterrir… à Nice, où vit sa copine, quand il a besoin de soins. « Orléans est une capitale de région, ce n’est pas un village isolé », souligne, dans la même veine, un retraité installé dans la ville du centre de la France depuis un an, et qui a dû prendre un médecin traitant à Paris, un dentiste à Versailles et un cardiologue à Cahors.
Quand Leila Mehnane, 41 ans, a posé ses bagages à Lisieux (Calvados) il y a plus d’un an, elle ne s’attendait pas à une telle bataille pour trouver un médecin traitant, en premier lieu pour sa compagne, qui travaille dans l’équitation avec un métier très physique. C’est « au culot » qu’elle a obtenu gain de cause, il y a à peine trois mois. « J’ai appelé 15 cabinets, je n’ai eu que des non, raconte-t-elle. Il y en a juste un qui m’a dit de rappeler trois mois plus tard, qu’il aurait peut-être une “opportunité”. »
Sur un « coup d’énervement interne », un jour, elle franchit la porte du cabinet en question, avant de supplier la secrétaire.« J’ai été assez misérable, j’avais quasiment un genou à terre », se souvient la jeune femme, qui voit l’accès à un généraliste comme « un droit fondamental, un accompagnement de base ». « Ça devient flippant quand même, estime la fonctionnaire. S’il faut réussir un entretien d’embauche pour avoir un médecin, c’est grave. »
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Sentiment de « déclassement », de « vivre dans un pays où l’on n’est plus soignés correctement », d’être un « citoyen de seconde zone »… « Et encore, 22 000 habitants à Lisieux, ce n’est pas un village ! », s’énerve la jeune femme, qui n’oublie pas les kilomètres qu’elle parcourt pour accéder à un kiné, jusqu’à Caen, dont elle a besoin plusieurs fois par semaine à la suite d’un accident.
Du Morvan à Paris
« Le quart-monde. » Voilà comment le médecin traitant de Daniel Murat, qui vit à côté d’Avignon, définit la situation. Le professeur de français de 74 ans, encore en activité, le dit simplement : « Impossible d’avoir un spécialiste. » Lui et sa femme cherchent depuis un an – au minimum – un dermatologue, un ophtalmo, un gynécologue, liste-t-il. Au point d’avoir en grande partie renoncé. « Vous n’êtes pas un cas assez urgent », « on ne prend que les cancers », ont-ils entendu. « Et quand vous cherchez sur Doctolib, vous ne pouvez rien faire face à l’ordinateur, vous avez l’impression d’être enfermé dans une nasse », confie l’enseignant, qui a tout de même réussi, une fois, à décrocher un rendez-vous pour une radio à Cavaillon (Vaucluse), pour son fils, en arguant que ce dernier était interne en médecine. Il a aussi pu retrouver un cardiologue, à Carpentras (Vaucluse), grâce à un ami anesthésiste.
« Le pire, c’est d’en arriver à utiliser toutes les ficelles qu’on peut pour se soigner, ce n’est pas normal, estime-t-il. On vit forcément ça comme une injustice, avec une forme de fatalisme et de découragement, parce qu’on n’a pas de poids sur le politique, et ceux qui dirigent s’en moquent… Ça crée une vraie déliquescence de la démocratie. »
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C’est aussi une manière d’expérimenter les inégalités sociales, quand bien même le rendez-vous a pu être trouvé, que racontent des patients. Lorsque Christiane, retraitée à Autun (Saône-et-Loire), a découvert qu’il fallait près d’un an pour voir un ORL dans sa ville de 14 000 habitants, et au moins six mois en faisant une heure de route jusqu’aux villes les plus proches, mais qu’en quelques clics elle a trouvé un créneau à Paris un mois plus tard, elle n’a pas hésité. Rendez-vous a été pris à 250 kilomètres, « exactement le jour et l’heure » qui lui convenaient, alors qu’elle avait prévu d’y passer quelques jours chez des amis. « Soit une médecine accessible aux personnes mobiles, disponibles et aisées, qui peuvent se permettre un voyage à Paris », résume-t-elle.
La barrière invisible du coût
Toutes les enquêtes le rappellent, le renoncement aux soins est aussi une question financière. L’offre médicale en secteur 2, avec ses dépassements d’honoraires, qui concernent désormais plus de la moitié des médecins spécialistes, constitue une autre barrière invisible, que les personnes ayant accepté de témoigner ont souvent, elles, pu franchir.
Pour Sophie, 50 ans, professeure de français à Saint-Just-le-Martel (Haute-Vienne), près de Limoges, l’accès à un médecin est depuis plusieurs années devenu synonyme de demi-journée de congé à poser et de frais de carburant. Quand son conjoint se fracture gravement la cheville durant l’été 2024, nécessitant une opération complexe, aucun orthopédiste qualifié n’est disponible à Limoges, il faut se rendre à Bordeaux pour que le bon spécialiste l’examine. Et accepte d’intervenir en clinique… à Paris, où il opère. Quand son conjoint a eu besoin d’une IRM, c’est à Bergerac (Dordogne) qu’il a fallu se déplacer, pour décrocher un rendez-vous « dans un délai raisonnable », raconte-t-elle. Et ce, en déclarant l’adresse de ses parents. « A Limoges, il n’y a que l’hôpital qui fait les IRM, il faut envoyer son ordonnance, et attendre qu’un jour il nous appelle… »
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Enfin, lorsque son conjoint a eu besoin d’un ORL, en raison de saignements de nez qui devenaient handicapants, impossible de trouver une place en urgence à Limoges. « J’ai été sur Doctolib, et j’ai regardé de plus en plus loin », reprend Sophie. Résultat, trois semaines plus tard, le rendez-vous est obtenu à Argenton-sur-Creuse (Indre), à une bonne heure de route. Pour elle, c’est Guéret qu’il a fallu rejoindre pour la radio du poumon prescrite après des mois à tousser à cause d’un Covid-19 ; Bellac (Haute-Vienne) pour une échographie du coude. Soit des lieux « au cœur de la campagne », dit-elle, où l’on trouve « parfois plus facilement », bien loin de toute logique.
Si elle se défend de voir tout en noir, elle l’assure néanmoins : « Ça fait cinq ans que tout s’aggrave, décrit-elle. Ça m’inquiète surtout pour mes enfants, parce que nous, on avait hérité d’un système de santé qui marchait bien… Mais je ne vois pas ce qu’on peut faire à notre niveau. »
Déserts médicaux : les médecins vent debout contre la régulation à l’installation, le gouvernement temporise
Alors qu’une mobilisation est prévue à partir du 28 avril, le ministre de la santé mène des concertations et un « plan de mesures concrètes » a été promis par le premier ministre pour la fin du mois.
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Le mois d’avril promet de se terminer sous tension dans le secteur de la santé. Les organisations de jeunes médecins, d’internes et d’étudiants appellent à la mobilisation à compter du lundi 28 avril, soutenus par tous les syndicats représentatifs des médecins, ainsi que l’ordre. En cause : de l’article 1 de la proposition de loi transpartisane portée par le député socialiste de la Mayenne Guillaume Garot, qui prévoit de réguler l’installation des médecins, pour lutter contre les déserts médicaux. Quand bien même le chemin parlementaire ne fait que commencer – les trois autres articles de ce texte devant être examinés à compter du 6 mai –, les libéraux serrent les rangs. Jusqu’ici, aucune des propositions législatives défendant une contrainte à l’installation n’a abouti.
Affichant un front uni dans la perspective d’une journée de manifestation prévue le 29 avril, à Paris, les représentants des médecins sont plus partagés sur les modalités de la grève. Certains appellent à fermer les cabinets, d’autres envisagent une grève de la permanence de soins (le soir, la nuit, le week-end).
La levée de boucliers était attendue, le contexte a ceci de différent que le premier ministre, François Bayrou, a semblé soutenir ce type d’option, en se disant favorable à une « régulation », quand aucun de ses prédécesseurs à Matignon sous la présidence d’Emmanuel Macron ne s’était exprimé en ce sens.
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Véritable chiffon rouge pour les médecins, qui dénoncent une mesure contre-productive et inefficace en temps de pénurie, la régulation défendue par M. Garot n’autoriserait un médecin à s’installer que lorsqu’un autre s’en va, dans les zones jugées suffisamment dotées, et ce sous le contrôle de l’agence régionale de santé. L’article polémique, qui concernerait généralistes et spécialistes, a été adopté par 155 voix contre 85, malgré l’avis défavorable du gouvernement, alors même qu’il avait été supprimé en commission.
Opération déminage
Devant la bronca des médecins, l’une des principales voix des associations de patients, France Assos Santé, a dénoncé « l’outrance et l’indignité, en regard du nombre de patients en déshérence », des prises de position contre la régulation. Une autre initiative au Sénat, portée par des élus Les Républicains, s’est invitée, depuis, dans le débat, prônant d’autres formes de régulation : l’installation de nouveaux médecins, là où l’offre de soins est plus importante, serait conditionnée, pour les généralistes, à un exercice en temps partiel dans des territoires sous-dotés.
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Face à la tension croissante autour de cette question sensible de l’accès aux soins, l’exécutif a amorcé une opération déminage. Devant le Conseil économique, social et environnemental, le 1er avril, M. Bayrou a annoncé une concertation et un « plan de mesures concrètes » pour la fin du mois. Au ministre de la santé, Yannick Neuder, d’orchestrer ce chantier.
« Initiatives innovantes »
Deux types de discussions sont menées en parallèle, rapporte-t-on dans l’entourage du ministre : des rencontres bilatérales avec les syndicats de médecins, les ordres, les conférences de directeurs d’hôpitaux… S’y ajoute la réunion, deux fois par semaine, d’un groupe d’une quinzaine d’experts mêlant des médecins impliqués dans des « initiatives innovantes » (comme le dispositif des Médecins solidaires, ou la pratique de consultations « avancées » avec des praticiens se déplaçant dans des territoires en souffrance), mais aussi des représentants des collectivités, des agences régionales de santé, des patients, des doyens des facultés de médecine… Au cabinet de M. Neuder, on défend la « méthode », l’objectif étant de rendre la copie le 25 avril. Le premier ministre, ensuite, devra arbitrer.
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En octobre 2022, une concertation, elle aussi sur l’accès aux soins, avait été enclenchée sous l’appellation de « conseil national de la refondation » en santé qui s’était étalée sur plusieurs mois. Les discussions actuelles, sur un temps resserré, sont séquencées autour de quatre volets, précise-t-on encore Avenue de Ségur : formation et territorialisation, partage des tâches et des compétences entre acteurs, exercice coordonné et collectif, simplification.
« Il n’y a pas de sujets tabous », assure-t-on dans l’entourage de M. Neuder, tout en confirmant que, du point de vue du ministre, « des mesures de coercition à l’installation ne sont pas la réponse la plus adaptée ». En cela, le cardiologue de profession n’a pas varié de sa ligne.
Mattea Battaglia et Camille Stromboni
Yannick Neuder : « Il va y avoir une augmentation des professionnels de santé formés et une réouverture de lits »
https://www.dailymotion.com/video/x9i3x6i
Grève des médecins contre l’installation régulée : « Je comprends leur colère », lance Neuder
Au micro de France Inter, ce vendredi, le ministre chargé de la Santé et de l’Accès aux soins a dit « comprendre la colère » des médecins, dont les représentants ont annoncé une grève illimitée à partir du 28 avril pour s’opposer à la régulation de l’installation votée par les députés.
18/04/2025
Par Louise Claereboudt https://www.egora.fr/actus-pro/politiques/greve-des-medecins-contre-linstallation-regulee-je-comprends-leur-colere-lance?utm_source=Newsletter&utm_medium=gms_egora&utm_campaign=En_Bref___vendredi_18_avril_2025_20h30&utm_medium=gms_egora&utm_source=email&utm_campaign=En%20Bref%20-%20vendredi%2018%20avril%202025%2020h30%2020250418&sc_src=email_4540744&sc_lid=172261350&sc_uid=XYBlorZBtz&sc_llid=12892&sc_eh=5d463c22601bc0401

Yannick Neuder (Capture écran France Inter)
Fermeture des cabinets, grève des gardes et du service d’accès aux soins, manifestation à Paris… Dans les rangs des médecins, la mobilisation s’organise pour lutter contre la proposition de loi Garot dont la mesure phare – la régulation de l’installation – a été votée à l’Assemblée le 2 avril dernier. Alors que les débats autour de ce texte transpartisan doivent reprendre le 6 mai, les syndicats de carabins et de médecins appellent à l’union, tout en mettant en avant des stratégies différentes. Leur objectif, lui, est unique : faire entendre raison aux parlementaires et sauvegarder le principe de la liberté d’installation, gage de l’attractivité du métier selon eux.
Invité au micro de France Inter, ce vendredi 18 avril, le ministre chargé de la Santé et de l’Accès aux soins a réaffirmé son opposition à cette proposition de loi. Pourquoi ? « Parce que je pense que le remède est pire que le mal« , a-t-il confié à l’antenne. « Mon objectif n’est pas de mettre [en place] une médecine à trois vitesses« , a poursuivi Yannick Neuder. « Si un médecin ne veut pas s’installer dans telle zone« , il pourrait décider « d’arrêter de pratiquer la médecine« , d’opter pour « des honoraires libres » voire de « partir à l’étranger« , a mis en garde le locataire de l’avenue de Ségur, soulignant la « concurrence internationale« .
Des craintes partagées par les syndicats de médecins – seniors comme jeunes – mais aussi par l’Ordre des médecins, qui a officiellement pris position par la voix de son président. Alors que la profession a annoncé une grève illimitée à compter du 28 avril prochain, le ministre de la Santé a dit « comprend[re] leur colère, notamment [celle] [d]es plus jeunes« . « Les études de médecine restent des études sélectives, longues ; c’est un sacré engagement, c’est dix ans de sa vie. Donc, on ne peut pas forcément modifier les règles du jeu en cours« , a estimé le cardiologue de profession.
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Et de poursuivre : « Mais d’un autre côté, il faut aussi entendre la grande détresse, le grand désarroi, de notre population d’une façon générale – [en] ville ou [à la] campagne, qui a beaucoup de difficultés à se faire soigner. » Pour améliorer la prise en charge des Français toutefois, la solution « n’est certainement pas de fracturer la communauté médicale« , a affirmé le ministre pour qui « la communauté médicale, paramédicale, est la principale richesse de notre système de santé« . « C’est ce qui [lui] permet de tenir… On l’a encore vu pendant la grippe. »
Des propositions du Premier ministre « le 25 avril »
Mais alors face aux déserts médicaux, quelles solutions ? « On ne gère pas une pénurie en [la] régulant« , a insisté Yannick Neuder, rappelant qu' »on forme actuellement le même nombre de médecins qu’en 1970« , alors que « nous étions 15 millions d’habitants en moins, [que] la population a vieilli, et surtout, [qu’il y a désormais] un facteur important que personne ne remet en cause, c’est le rapport au travail« . Pour le ministre, ce qu’il convient de faire, c’est de « former davantage de médecins, former plus et former mieux« . Ce qui, a-t-il concédé, « prendra un peu de temps« .
Au micro de France Inter, Yannick Neuder a également évoqué les jeunes Français qui partent faire leurs études à l’étranger, « en Espagne, en Roumanie, au Portugal« , et qui constituent un contingent non négligeable. « On peut aussi engager une solidarité avec des médecins qui peuvent s’organiser, notamment dans des zones particulièrement désertiques« , a-t-il poursuivi. En mettant par exemple en place une politique « d’aller vers » avec des « consultations spécialisées » et des « consultations de médecine générale qui puissent se délocaliser par rapport à un cabinet principal« . Ce qui pourrait aussi susciter des projets d’installation, avance-t-il à demi-mot.
Cette politique, Yannick Neuder est en train de la travailler en « co-construction » avec les acteurs (professionnels de santé, élus locaux, patients, associations…), dans le cadre d’un cycle de concertations. « J’ai également réuni les préfets, les agences régionales de santé pour identifier territoire par territoire les zones particulièrement rouges« , a-t-il précisé. Des propositions « seront faites le 25 avril par le Premier ministre« , a-t-il ajouté. Face à la société civile (Cese), le 1er avril dernier, François Bayrou s’était montré favorable à « une régulation » pour lutter contre les déserts, provoquant l’inquiétude au sein de la communauté médicale.
[avec France Inter]
Commentaire Dr Jean SCHEFFER:
Quelle pitié d’entendre ce matin mon collègue hospitalier cardiologue Yannick Neudeur, actuel ministre de la santé, défendre la libre installation des praticiens libéraux, pendant que le premier ministre serait soit-disant partisan d’une régulation.
Il n’a aucune proposition valable* si ce n’est d’établir une énième concertation** avec des gens qui refusent toute notion de régulation si minime soit-elle. C’était pourtant le cas avec la PPL trans-partisane de Guillaume Garot ****laissant toute installation libre dans 87% du territoire et acceptant dans les 13 autres % une installation pour un départ en retraite. On est très loin des déclarations tonitruantes des syndicats de médecins libéraux: « les attaques contre la médecine libérale se multiplient », »effets pervers », « des mesures simplistes sont souvent vendues comme une solution miracle », une « perte d’attractivité de l’exercice médical »…
Quel contraste saisissant comparé aux 97% de Français qui demandent une régulation des installations*** !
****https://environnementsantepolitique.fr/2025/04/15/les-deputes-du-groupe-trans-partisan-de-montent-les-fake-news-des-medecins-liberaux-qui-inondent-les-medias/ et https://environnementsantepolitique.fr/2025/04/15/loi-inter-partisane-garot-quest-ce-que-cest/