Liberté d’installation : les syndicats divisés sur la grève

Quentin Haroche| 17 Avril 2025 https://click.email.jim.fr/?qs=9b98ed337cc8517311fb16b1816aa5e420fc2311d0c94cd7aec1cf8e4c1b54a042276b5ad8b241819ffa136b02f3983a3c3bd0d6f216a141da0eac8673ec64c8

En apparence, le front médical est uni et solide. Ce mercredi à Paris, ils étaient tous là pour dire leur opposition à la proposition de loi Garot sur les déserts médicaux, actuellement examinée par l’Assemblée Nationale (l’article 1er a été adopté le 2 avril, le reste du texte sera débattu le 6 mai).nullLISEZ LA SUITE CI-DESSOUS 

Ce texte prévoit d’interdire aux médecins de s’installer en libéral dans les zones considérées comme suffisamment dotées en praticiens (qui correspondraient à environ 13 % du territoire). 

Lors de cette réunion intersyndicale pour décider de la riposte, ont débattu : des représentants des étudiants (ANEMF), des internes (Isnar-IMG, Isni), des jeunes médecins (Reagjir, Jeunes médecins), de tous les syndicats représentatifs mais aussi de SOS Médecins, de l’associations Médecins pour demain et même un représentant de l’Ordre des médecins.

Si tous sont favorables à mener des actions pour combattre cette proposition de loi qui remet en cause ce qu’ils estiment être un principe fondamental de la médecine libérale, ils sont plus divisés sur les modalités de l’action.

Pour les internes et les jeunes médecins, seul un long bras de fer fera flancher les députés et leur fera renoncer à leur projet. Ils ont donc appelé, le 8 avril dernier, à mener une « grève intersyndicale illimitée » dès le 28 avril prochain, grève qui sera associée à une manifestation le 29 avril « pour défendre les patients, la profession et protéger notre système de santé ».nullnull

Il faut dire que pour ces jeunes professionnels les revendications sont multiples et qu’ils entendent également protester contre la mise en place d’une quatrième année d’internat de médecine générale, dont les décrets d’application sont attendus depuis deux ans.

Vers une grève générale de la permanence des soins

Si les syndicats de médecins libéraux sont unanimes sur leur participation à la manifestation, ils sont en revanche plus divisés sur l’opportunité de faire grève et de fermer leurs cabinets. Pour la CSMF, le SML et Avenir Spé-Le Bloc, il n’est pas question d’appeler à la grève. « Si nous appelons à fermer les cabinets, ce pourrait être dangereux pour les patients dans certains endroits » se justifie le Dr Sophie Bauer, présidente du SML. null

A l’inverse la FMF a appelé ses troupes à une grève illimitée à compter du 28 avril. Premier syndicat chez les généralistes, MG France coupe la poire en deux, en considérant que puisque les médecins participeront à la manifestation du 29 avril, « de fait les cabinets seront clos pour ceux qui viendront manifester » explique sa présidente, le Dr Agnès Giannotti.

Les médecins qui ne pourraient pas faire grève ou manifester sont par ailleurs invités à participer à une cagnotte pour soutenir les externes et les internes en grève. 

Les syndicats retrouvent en revanche leur unanimité sur la question de la permanence des soins. Toujours en réaction à la proposition de loi Garot, qui prévoit le rétablissement des gardes obligatoires pour les libéraux, l’ensemble des syndicats appellent à une grève de la permanence des soins et de la participation au service d’accès aux soins (SAS), toujours à compter du 28 avril.

Sachant que les médecins hospitaliers ont également annoncé une grève de la permanence des soins à partir du 1er mai, des réquisitions ne manqueront pas d’arriver.

Le gouvernement tente de calmer le jeu

Au-delà de ces actions syndicales, les médecins et carabins tentent de gagner des points sur le terrain des idées.

L’association nationale des étudiants en médecine de France (ANEMF), le syndicat des internes en médecine générale (Isnar-IMG) et le syndicat des jeunes généralistes (Reagjir) ont ainsi dégainé une sorte de contre-proposition de loi avec « des solutions concrètes, réalisables, issues du terrain, qui amélioreraient durablement l’accès aux soins ».

Augmentation du nombre de médecins formés, simplification des démarches administratives, renforcement de la coopération avec les autres professionnels de santé… : des propositions à même d’améliorer l’accès aux soins sans remettre en cause la liberté d’installation selon ces jeunes médecins.

Quant au gouvernement, il tente de calmer la colère des praticiens, alors même que sa position sur la proposition de loi Garot est plus qu’ambiguë (le ministre de la Santé le Dr Yannick Neuder y est opposé, tandis que le Premier Ministre François Bayrou semble l’approuver).

Ce mardi, le chef du gouvernement a promis qu’il allait apporter « des réponses efficaces, immédiates, concrètes » aux problèmes des déserts médicaux. Un plan d’action devrait être révélé dans les prochaines semaines avec « des propositions innovantes » a indiqué François Bayrou.

En fait de propositions innovantes, il s’agirait, selon nos confrères de France info, d’idées relativement classiques : augmentation du nombre d’étudiants, régularisation des Padhue et mise en place d’un dispositif de retour des médecins partis à l’étranger.

Pas de quoi convaincre les députés qui soutiennent la fin de la liberté d’installation. « Le gouvernement ferait mieux de s’appuyer sur nous et de ne pas détricoter ce que fait le Parlement dans un travail transpartisan » explique l’un d’eux à France info.

Un dossier explosif donc qui devrait faire les riches heures des rubriques professionnelles du JIM dans les semaines à venir…

Publié par jscheffer81

Cardiologue ancien chef de service au CH d'Albi et ancien administrateur Ancien membre de Conseil de Faculté Toulouse-Purpan et du bureau de la fédération des internes de région sanitaire Cofondateur de syndicats de praticiens hospitaliers et d'associations sur l'hôpital public et l'accès au soins - Comité de Défense de l'Hopital et de la Santé d'Albi Auteur du pacte écologique pour l'Albigeois en 2007 Candidat aux municipales sur les listes des verts et d'EELV avant 2020 Membre du Collectif Citoyen Albi

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