Au moins 10% des personnes implantées pour une hernie pourraient subir des complications, plus ou moins pénibles.

« Alerte sur les prothèses de hernie : vers un nouveau « scandale de santé publique » ? »

Date de publication : 14 avril 2025 https://www.mediscoop.net/index.php?pageID=41b65268c4cefd6a50512f8d10900927&id_newsletter=21829&liste=0&site_origine=revue_mediscoop&nuid=44baf5968540a6248a8065e80f2f7273&midn=21829&from=newsletter

Le Parisien

C’est ce que titre Le Parisien, qui remarque que « près de 200.000 patients sont implantés chaque année dans le bas-ventre et certains d’entre eux se plaignent de très fortes douleurs, qu’ils estiment liées à leur prothèse. Des médecins se veulent plutôt rassurants, tandis que l’agence du médicament a intensifié sa surveillance et va convoquer toutes les parties prenantes en juin ».
Nicolas Berrod observe ainsi : « «Des coups de poignard en haut de la cuisse», «on passe pour des hypocondriaques», «personne ne m’a prévenu que cette prothèse était pratiquement impossible à retirer»… Sur le groupe Facebook Victimes Françaises de prothèses de hernie, les témoignages se suivent et se ressemblent, rapportant d’importantes douleurs, après la pose d’un implant dans le bas-ventre pour soigner une hernie de la paroi abdominale ».
Le journaliste indique que « pour le moment, les chiffres officiels sont plutôt rassurants. Tous signaux confondus, une trentaine de signalements en lien avec de type de prothèse «de renfort pariétal» ont été reçus par an. (…) Mais l’agence du médicament (ANSM) indique elle-même que ce nombre est sous-estimé, car une grande partie de la population ne pense pas à lui signaler des problèmes ».
Nicolas Berrod note que « fin février, l’instance a lancé une surveillance renforcée après avoir été alertée par des «douleurs persistantes pouvant parfois altérer la qualité de vie» chez certains patients ».
Arnaud Denis, fondateur du groupe Facebook, déclare quant à lui : « Ces prothèses de hernie, c’est un nouveau scandale de santé publique ».
Le Dr Jean-Pierre Cossa, chirurgien digestif à l’Institut de la hernie (Paris), rappelle en quoi consiste cette prothèse : « Cela ressemble à un morceau de voile de mariée, qui fera office de rustine comme sur la chambre à air d’un pneu crevé. (…) 10 à 12% des patients vont ressentir une sensibilité persistante, d’une intensité variable, 3 à 6 mois après l’opération ».
Nicolas Berrod note qu’« en Angleterre aussi, des chercheurs estiment qu’au moins 10% des personnes implantées pourraient subir des complications, plus ou moins pénibles. Mais on manque de données précises sur les problèmes les plus graves ».
Le chirurgien américain Brian Jacob, spécialiste de la hernie à New York, estime pour sa part qu’« on est proche de 1% pour les symptômes véritablement invalidants ». « Ce qui ferait, tout de même, autour de 200 personnes par an en France », remarque le journaliste.
Brian Jacob souligne en outre qu’« une ablation chirurgicale doit être envisagée en dernier recours, après un bilan complet et détaillé ».
Le Dr Cossa explique ainsi que « la colle naturelle au niveau des fixations peut, par excès de production, rentrer en contact avec des petits filets nerveux du voisinage et générer un signal douloureux qui sera d’un niveau très variable d’un individu à l’autre ».
Nicolas Berrod poursuit : « Mais ce n’est sans doute pas tout. Plus rarement, des malades peuvent faire des allergies à certains matériaux contenus dans la prothèse, comme le polypropylène. Une autre piste, plus rare mais nettement plus grave, a émergé ces dernières années : celle d’une réaction auto-immune à un adjuvant, décrite en 2021 pour une femme de 33 ans ayant été équipée d’une prothèse en polypropylène. Cela peut provoquer, en plus des douleurs, une fatigue chronique, une faiblesse musculaire ou encore des troubles cognitifs ».
Le Dr Cossa remarque : « Il y a une interrogation mais les données disponibles à ce jour sont rassurantes. Il ne faut pas entretenir un vent de panique sur une chirurgie parfaitement fiable dans la très grande majorité des cas ».
Nicolas Berrod ajoute que « les patients souffrants attendent, eux, des réponses. Et c’est justement pour répondre à ce type d’«interrogations» que l’agence du médicament cherche à dresser un état des lieux précis ».

Publié par jscheffer81

Cardiologue ancien chef de service au CH d'Albi et ancien administrateur Ancien membre de Conseil de Faculté Toulouse-Purpan et du bureau de la fédération des internes de région sanitaire Cofondateur de syndicats de praticiens hospitaliers et d'associations sur l'hôpital public et l'accès au soins - Comité de Défense de l'Hopital et de la Santé d'Albi Auteur du pacte écologique pour l'Albigeois en 2007 Candidat aux municipales sur les listes des verts et d'EELV avant 2020 Membre du Collectif Citoyen Albi

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