Bayrou favorable à une « régulation » de l’installation des médecins
Ce mardi 1er avril, devant le Conseil économique social et environnemental (Cese), le Premier ministre s’est montré favorable à une »régulation » de l’installation des médecins pour lutter contre les déserts médicaux.
« On ne peut pas accepter, on ne peut pas tolérer, la situation des déserts médicaux, il est donc de notre devoir d’entrer dans l’action », a déclaré le Premier ministre, ce mardi matin, devant le Conseil économique social et environnemental (Cese). Face à la société civile, François Bayrou a engagé la responsabilité de son Gouvernement « sur l’obtention de réponses immédiates et concrètes pour [y] mettre un terme », car « les inégalités territoriales continuent à se creuser ». « C’est une question naturellement délicate et il est nécessaire d’entrer dans tous les ressorts de sa complexité », a-t-il dit.
« Il faut sortir de l’enlisement et de l’impasse, a appelé le Premier ministre, le ton solennel. Il faut probablement une régulation, comme l’ont décidé, conscients de la difficulté, nombre de professions de santé », a-t-il affirmé, citant le cas des chirurgiens-dentistes « qui ont décidé de prendre en main cet impératif ».
François Bayrou a indiqué que le Gouvernement était « attentif aux initiatives des parlementaires », faisant référence, sans la citer, à la proposition de loi transpartisane portée par le député socialiste Guillaume Garot, qui entend flécher l’installation des médecins (généralistes et autres spécialistes) vers les zones où l’offre de soins est jugée insuffisante, par le biais d’une autorisation qui serait délivrée par les agences régionales de santé.
Si la PPL Garot a été adoptée en commission des Affaires sociales de l’Assemblée la semaine dernière, le texte a été amputé de sa mesure phare sur la régulation à l’installation, rejetée à trois voix près. Le groupe transpartisan espère toutefois qu’elle sera réintroduite dans l’hémicycle. Inscrite à l’ordre du jour des débats mardi et mercredi, la proposition de loi pourrait pâtir d’un calendrier embouteillé. Mais la conférence des présidents a décidé ce mardi de poursuivre son examen si nécessaire la semaine du 5 mai.
Ce Gouvernement ne sera pas celui qui acceptera que plus de 6 millions de nos compatriotes ne puissent pas facilement trouver de médecin traitant
Devant le Cese, François Bayrou a assuré que son Gouvernement était « soucieux de construire une solution incluant l’ensemble des acteurs, et donc un plan de solutions concrètes, qui tiendra compte des débats parlementaires, de leurs réussites ou de leurs difficultés, devra être présenté avant la fin de ce mois », a-t-il promis. Première étape de ce plan : élaborer une cartographie précise et complète des « territoires en souffrance ».
Mais il faudra aller plus loin, a sous-entendu le Premier ministre. Car plusieurs mesures prises par le passé, comme l’instauration d’un numerus clausus – une « aberration décidée dans la complicité générale », ont « eu des effets dramatiques sur l’offre de soins ». Et malgré les délégations de tâches, « il demeure que la situation sur le terrain est désespérante et bouleversante pour des millions de nos concitoyens », a déploré François Bayrou.
Je ferai tout pour que ces solutions soient adoptées, a assuré le chef de l’exécutif. Si elles ne le sont pas, le Gouvernement interviendra, comme je considère que c’est son devoir
Ce dernier a ajouté qu’« une partie de la solution » devra passer « par un maillage nouveau de notre territoire par les unités de formation médicale ». « C’est la concentration de la formation médicale dans les métropoles qui explique en partie la désertification médicale du reste du territoire », a-t-il estimé. Et de préciser, qu’à plus long terme, il faudra construire une « architecture nouvelle, plus efficace et moins contestée du système de santé ».
Lire aussi : Une première année de médecine dans tous les départements ? « Pas réaliste », jugent les doyens et les universités
Le Premier ministre a annoncé qu’il invitera « toutes les parties prenantes », « dès la semaine prochaine », avec les ministres concernés, « pour que nous examinions ensemble des solutions pratiques, rapides et concrètes » pour lutter contre les déserts médicaux. « Je ferai tout pour que ces solutions soient adoptées, a assuré le chef de l’exécutif. Si elles ne le sont pas, le Gouvernement interviendra, comme je considère que c’est son devoir. »
« Ce Gouvernement ne sera pas celui qui, par atermoiement, acceptera que plus de 6 millions de nos compatriotes ne puissent pas facilement trouver de médecin traitant », a-t-il insisté.
[avec AFP]
Auteur de l’article Louise Claereboudt Cheffe de rubrique Rencontres
François Bayrou favorable à une régulation de l’installation (et ce n’est pas une blague)
Quentin Haroche | 02 Avril 2025 https://www.jim.fr/viewarticle/françois-bayrou-favorable-à-régulation-2025a10007wt?ecd=wnl_all_250402_jim_daily-doctor_etid7335218&uac=368069PV&impID=7335218&sso=true
Cette fois, ce n’est pas un poisson d’avril. Si le Président de la République Emmanuel Macron ne s’est (pour l’instant) pas prononcé sur la question de la liberté d’installation des médecins libéraux, le Premier Ministre François Bayrou a décidé quant à lui de s’engager dans le débat.
Et sa position, exprimée ce mardi lors d’un discours au Conseil économique, social et environnemental (CESE) risque de fortement déplaire aux syndicats de médecins, d’internes et d’étudiants, tous opposés à une limitation de la liberté d’installation. « Il faut sortir de l’enlisement et de l’impasse, il faut probablement une régulation » a lancé le Premier Ministre.
Dans son discours, le chef du gouvernement a évoqué les autres professions de santé qui « ont décidé, conscients de la difficulté » de réguler l’installation (elle leur a en réalité plutôt était imposée par les autorités) et a notamment cité les chirurgiens-dentistes « qui ont décidé de prendre en main cet impératif ».
Depuis le 1er janvier dernier, les dentistes ont en effet vu leur liberté d’installation limitée, puisqu’ils ont désormais l’interdiction de s’installer (sauf remplacement) dans les zones considérées comme « non-prioritaires ».
François Bayrou veut « construite une solution » avec les syndicats
Cette déclaration de François Bayrou intervient évidemment à un moment clé : ce mercredi, les députés vont en effet examiner en séance publique la proposition de loi du député Guillaume Garot « visant à lutter contre les déserts médicaux ».
Ce texte, que nous avons déjà évoqué, prévoit dans son article 1er de mettre en place un système d’autorisation à l’installation. L’autorisation serait délivrée de droit par les agences régionales de santé (ARS) dans les zones sous-dotés mais ne le serait qu’en cas de remplacement dans les zones sur-dotés.
Cet article controversé a été rejeté à deux voix près en commission des affaires sociales mais pourra être réintroduit en séance publique. La conférence des présidents de groupes de l’Assemblée a d’ores et déjà annoncé que si le texte n’avait pas le temps d’être examiné entièrement ce mercredi, un nouvel examen aurait lieu la semaine du 5 mai.
Ce mardi, devant le CESE, François Bayrou a évoqué cette proposition de loi en se disant « attentif aux initiatives des parlementaires ». Il a également dit vouloir « construire une solution incluant l’ensemble des acteurs » et élaborer « un plan de solutions concrètes, qui tiendra compte des débats parlementaires, de leurs réussites ou de leurs difficultés » d’ici la fin du mois d’avril.
« La première étape de ce plan doit être le repérage précis et complet des territoires en souffrance, une cartographie des devoirs de prise en charge (…) de nos compatriotes réduits à l’abandon dans ce domaine » a-t-il poursuivi, alors que la définition de ces zones sur-dotés ou sous-dotés en médecins fait régulièrement débat. Des discussions avec « toutes les parties prenantes » pourraient débuter dès la semaine prochaine.
L’Ordre et les doyens défendent la liberté d’installation
La prise de position de François Bayrou en faveur de contrainte à l’installation n’est en soit pas une surprise, puisque le chef du gouvernement avait déclaré, dans une lettre adressée aux députés le 21 mars dernier, se tenir « au côté des parlementaires qui souhaitent prendre des initiatives, dans un cadre transpartisan, pour apporter des réponses à la question des déserts médicaux ».
Elle contredit en revanche la ligne défendue depuis plusieurs années par l’exécutif consistant à défendre la liberté d’installation des médecins. Le ministre de la Santé Yannick Neuder est d’ailleurs resté sur cette ligne : le 19 mars dernier, il a qualifié la proposition de loi Garot de « mauvais message envoyé au monde médical et paramédical ».
Hors de l’hémicycle et de ses débats politiciens, le combat des médecins contre cette attaque à la liberté d’installation se poursuit et dépasse désormais le cadre des syndicats.
Dans une interview accordée à nos confrères du Quotidien du médecin ce mardi, le Dr Jean-Marcel Mourgues, vice-président du conseil de l’Ordre, a critiqué une « mesure de régulation qui ne serait ni porteuse ni efficace », jugeant que les zones sur-dotées sont « devenues rarissimes ».
Toujours ce mardi, c’est au tour de la conférence des doyens de facultés de médecine d’exprimer son inquiétude face à cette proposition de loi et aux propos du Premier Ministre. « Imposer des contraintes, c’est prendre le risque de départs à l’étranger » plaide le Pr Marc Humbert, vice-président de la conférence, tandis que le Pr Isabelle Laffont a préconisé de préférer l’incitation à la coercition.
« Offrir des raisons positives aux jeunes de s’installer dans les territoires, c’est cela la bonne solution » a défendu la spécialiste de médecine physique, proposant la mise en place d’un assistanat territorial volontaire pour les jeunes médecins.
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Déserts médicaux : le débat sur la contrainte à l’installation des médecins relancé
Mardi 1ᵉʳ avril, François Bayrou s’est prononcé en faveur d’une « régulation ». Une proposition de loi portée par le député socialiste Guillaume Garot poursuit par ailleurs son chemin à l’Assemblée nationale.
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Passera, passera pas ? La piste inflammable d’une régulation de l’installation des médecins, alors que les déserts médicaux s’aggravent sur de nombreux territoires, est de nouveau sur le devant de la scène. Avec une prise de position du premier ministre, François Bayrou, mardi 1er avril, à laquelle les acteurs du monde de la santé ne s’attendaient pas. « Il faut probablement une régulation, comme l’ont décidé, conscients de la difficulté, nombre de professions de santé », s’est avancé le chef du gouvernement devant le Conseil économique, social et environnemental, mardi. Une référence, entre autres, aux chirurgiens-dentistes, aux pharmaciens ou encore aux infirmiers pour lesquels l’installation est aujourd’hui encadrée. Une parole encore floue, mais jamais portée en ce sens jusqu’à présent à Matignon.
Ce signal intervient alors qu’une proposition de loi sur le sujet est revenue à l’Assemblée nationale fin mars, suscitant la levée de boucliers attendue chez les médecins libéraux. Chez les parlementaires, en revanche, le soutien a été franc. Mercredi 2 avril, en séance publique, par 155 voix contre 85, et malgré l’opposition du gouvernement, ils ont voté le rétablissement de l’article 1 du texte, qui prévoit de limiter l’installation de médecins généralistes et spécialistes, libéraux et salariés, dans des zones du territoire jugées suffisamment dotées, en y conditionnant toute nouvelle arrivée d’un médecin au départ d’un autre. Un vote d’autant plus remarqué qu’en commission des affaires sociales, cet article polémique avait été supprimé, le 26 mars.
Portée par le député socialiste Guillaume Garot, qui depuis trois ans anime un groupe transpartisan sur le sujet, et prône cette solution pour améliorer la répartition des praticiens de ville, la proposition de loi est aujourd’hui cosignée par 255 autres députés (des Républicains à La France insoumise), soit quelques dizaines de plus que lors des précédentes tentatives parlementaires. Le temps a manqué, mercredi, pour aller au bout du texte, qui comprend trois autres articles. Mais ses défenseurs ont obtenu l’assurance de la conférence des présidents de l’Assemblée nationale d’une reprise des débats les 6 et 7 mai, lors de la prochaine semaine transpartisane.
Pénurie médicale généralisée
Les arguments des « pro » comme des « anti » sont connus. Les premiers soutiennent que les mesures incitatives (comme les aides financières) ou structurelles (comme l’emploi d’assistants médicaux) ont échoué. Qu’elles ne suffisent pas à arrêter l’aggravation des inégalités entre les territoires. Les défenseurs du texte ont encore plaidé en ce sens : il est urgent d’essayer cette autre voie de la régulation. En face, les médecins soutiennent l’inverse : la contrainte à l’installation ne peut être qu’inefficace à l’heure d’une pénurie médicale généralisée. Et serait même « contre-productive », car elle viendrait décourager l’installation en libéral des jeunes médecins. Une quinzaine de leurs organisations représentatives l’ont redit dans un communiqué commun diffusé le 26 mars.
Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Face aux déserts médicaux, vingt ans d’hésitations politiquesLire plus tard
Reste à voir si les propos de François Bayrou, qui a affiché son intérêt pour les « initiatives » parlementaires sur l’accès aux soins, préfigurent un véritable changement de ligne du gouvernement, alors que la santé s’est imposée dans les premières préoccupations des Français. Depuis vingt ans que la question de la contrainte à l’installation se pose, à mesure que les déserts médicaux progressent, aucun exécutif n’a suivi cette stratégie. Le président de la République, Emmanuel Macron, qui, en campagne en 2022, avait semblé entrouvrir la porte en évoquant une nécessaire « régulation » (tout en disant écarter tout « système contraignant »), n’a jamais soutenu dans les faits de mesures coercitives. Ni aucun des neuf ministres de la santé qui se sont succédé Avenue de Ségur, sous ses deux mandats.
« Solutions concrètes »
Yannick Neuder, nommé en décembre 2024, ne fait pas exception. Quelques jours avant l’intervention de François Bayrou, le ministre de la santé a rappelé sa « ligne », dans les médias. « Je ne suis pas favorable à la coercition ! Le niveau de pénurie est trop grand », déclarait le cardiologue, le 19 mars, dans Le Quotidien du médecin. Il a persévéré en ce sens, mercredi 2 avril : « Une pénurie de médecins, même potentiellement régulée, reste une pénurie », a-t-il fait valoir devant les parlementaires, pour s’opposer à la mesure, évoquant un risque de déconventionnement des médecins, de départs à l’étranger, et une « perte d’attractivité de l’exercice médical ».
Lire aussi (2023) : Article réservé à nos abonnés Déserts médicaux : une bataille politique attendue sur la proposition de loi Valletoux
Une discordance avec Matignon qui n’a pas échappé aux observateurs de ces débats récurrents. Le ministre de la santé a tenté de l’évacuer, dans l’Hémicycle, en reprenant à son compte l’annonce faite par François Bayrou, deux jours plus tôt : celle d’ouvrir des discussions, avec tous les acteurs de la santé, médecins et élus locaux, sans tarder, en avril. Le premier ministre s’est engagé à présenter, avant la fin du mois, un « plan de solutions concrètes ».
Pour le rapporteur du texte, Guillaume Garot, cette reprise en main du sujet par le gouvernement ne peut néanmoins se substituer au travail du Parlement. « Nous avons franchi une étape décisive contre les déserts médicaux, une victoire politique qui montre que les mentalités changent avec l’aggravation de la situation sur les territoires, réagit-il. Nous ferons des propositions dans le cadre de cette concertation, et c’est très bien si cela permet d’accélérer les actions contre les déserts médicaux. Mais ça ne peut être l’occasion de détricoter notre travail législatif. »
Mattea Battaglia et Camille Stromboni
François Bayrou favorable à une régulation de l’installation (et ce n’est pas une blague)
Quentin Haroche | 02 Avril 2025
Le Premier Ministre s’est dit ouvert à une régulation de l’installation des médecins libéraux, à l’heure où une proposition de loi en ce sens est examinée par l’Assemblée Nationale.
Cette fois, ce n’est pas un poisson d’avril. Si le Président de la République Emmanuel Macron ne s’est (pour l’instant) pas prononcé sur la question de la liberté d’installation des médecins libéraux, le Premier Ministre François Bayrou a décidé quant à lui de s’engager dans le débat.
Et sa position, exprimée ce mardi lors d’un discours au Conseil économique, social et environnemental (CESE) risque de fortement déplaire aux syndicats de médecins, d’internes et d’étudiants, tous opposés à une limitation de la liberté d’installation. « Il faut sortir de l’enlisement et de l’impasse, il faut probablement une régulation » a lancé le Premier Ministre.
Dans son discours, le chef du gouvernement a évoqué les autres professions de santé qui « ont décidé, conscients de la difficulté » de réguler l’installation (elle leur a en réalité plutôt était imposée par les autorités) et a notamment cité les chirurgiens-dentistes « qui ont décidé de prendre en main cet impératif ».
Depuis le 1er janvier dernier, les dentistes ont en effet vu leur liberté d’installation limitée, puisqu’ils ont désormais l’interdiction de s’installer (sauf remplacement) dans les zones considérées comme « non-prioritaires ».
François Bayrou veut « construite une solution » avec les syndicats
Cette déclaration de François Bayrou intervient évidemment à un moment clé : ce mercredi, les députés vont en effet examiner en séance publique la proposition de loi du député Guillaume Garot « visant à lutter contre les déserts médicaux ».
Ce texte, que nous avons déjà évoqué, prévoit dans son article 1er de mettre en place un système d’autorisation à l’installation. L’autorisation serait délivrée de droit par les agences régionales de santé (ARS) dans les zones sous-dotés mais ne le serait qu’en cas de remplacement dans les zones sur-dotés.
Cet article controversé a été rejeté à deux voix près en commission des affaires sociales mais pourra être réintroduit en séance publique. La conférence des présidents de groupes de l’Assemblée a d’ores et déjà annoncé que si le texte n’avait pas le temps d’être examiné entièrement ce mercredi, un nouvel examen aurait lieu la semaine du 5 mai.
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Ce mardi, devant le CESE, François Bayrou a évoqué cette proposition de loi en se disant « attentif aux initiatives des parlementaires ». Il a également dit vouloir « construire une solution incluant l’ensemble des acteurs » et élaborer « un plan de solutions concrètes, qui tiendra compte des débats parlementaires, de leurs réussites ou de leurs difficultés » d’ici la fin du mois d’avril.
« La première étape de ce plan doit être le repérage précis et complet des territoires en souffrance, une cartographie des devoirs de prise en charge (…) de nos compatriotes réduits à l’abandon dans ce domaine » a-t-il poursuivi, alors que la définition de ces zones sur-dotés ou sous-dotés en médecins fait régulièrement débat. Des discussions avec « toutes les parties prenantes » pourraient débuter dès la semaine prochaine.
L’Ordre et les doyens défendent la liberté d’installation
La prise de position de François Bayrou en faveur de contrainte à l’installation n’est en soit pas une surprise, puisque le chef du gouvernement avait déclaré, dans une lettre adressée aux députés le 21 mars dernier, se tenir « au côté des parlementaires qui souhaitent prendre des initiatives, dans un cadre transpartisan, pour apporter des réponses à la question des déserts médicaux ».
Elle contredit en revanche la ligne défendue depuis plusieurs années par l’exécutif consistant à défendre la liberté d’installation des médecins. Le ministre de la Santé Yannick Neuder est d’ailleurs resté sur cette ligne : le 19 mars dernier, il a qualifié la proposition de loi Garot de « mauvais message envoyé au monde médical et paramédical ».
Hors de l’hémicycle et de ses débats politiciens, le combat des médecins contre cette attaque à la liberté d’installation se poursuit et dépasse désormais le cadre des syndicats.
Dans une interview accordée à nos confrères du Quotidien du médecin ce mardi, le Dr Jean-Marcel Mourgues, vice-président du conseil de l’Ordre, a critiqué une « mesure de régulation qui ne serait ni porteuse ni efficace », jugeant que les zones sur-dotées sont « devenues rarissimes ».
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Toujours ce mardi, c’est au tour de la conférence des doyens de facultés de médecine d’exprimer son inquiétude face à cette proposition de loi et aux propos du Premier Ministre. « Imposer des contraintes, c’est prendre le risque de départs à l’étranger » plaide le Pr Marc Humbert, vice-président de la conférence, tandis que le Pr Isabelle Laffont a préconisé de préférer l’incitation à la coercition.
« Offrir des raisons positives aux jeunes de s’installer dans les territoires, c’est cela la bonne solution » a défendu la spécialiste de médecine physique, proposant la mise en place d’un assistanat territorial volontaire pour les jeunes médecins.
François Bayrou favorable à une régulation de l’installation (et ce n’est pas une blague)
Quentin Haroche | 02 Avril 2025 https://www.jim.fr/viewarticle/françois-bayrou-favorable-à-régulation-2025a10007wt?ecd=wnl_all_250413_jim_top-jim_
Le Premier Ministre s’est dit ouvert à une régulation de l’installation des médecins libéraux, à l’heure où une proposition de loi en ce sens est examinée par l’Assemblée Nationale.
Cette fois, ce n’est pas un poisson d’avril. Si le Président de la République Emmanuel Macron ne s’est (pour l’instant) pas prononcé sur la question de la liberté d’installation des médecins libéraux, le Premier Ministre François Bayrou a décidé quant à lui de s’engager dans le débat.
Et sa position, exprimée ce mardi lors d’un discours au Conseil économique, social et environnemental (CESE) risque de fortement déplaire aux syndicats de médecins, d’internes et d’étudiants, tous opposés à une limitation de la liberté d’installation. « Il faut sortir de l’enlisement et de l’impasse, il faut probablement une régulation » a lancé le Premier Ministre.
Dans son discours, le chef du gouvernement a évoqué les autres professions de santé qui « ont décidé, conscients de la difficulté » de réguler l’installation (elle leur a en réalité plutôt était imposée par les autorités) et a notamment cité les chirurgiens-dentistes « qui ont décidé de prendre en main cet impératif ».
Depuis le 1er janvier dernier, les dentistes ont en effet vu leur liberté d’installation limitée, puisqu’ils ont désormais l’interdiction de s’installer (sauf remplacement) dans les zones considérées comme « non-prioritaires ».
François Bayrou veut « construite une solution » avec les syndicats
Cette déclaration de François Bayrou intervient évidemment à un moment clé : ce mercredi, les députés vont en effet examiner en séance publique la proposition de loi du député Guillaume Garot « visant à lutter contre les déserts médicaux ».
Ce texte, que nous avons déjà évoqué, prévoit dans son article 1er de mettre en place un système d’autorisation à l’installation. L’autorisation serait délivrée de droit par les agences régionales de santé (ARS) dans les zones sous-dotés mais ne le serait qu’en cas de remplacement dans les zones sur-dotés.
Cet article controversé a été rejeté à deux voix près en commission des affaires sociales mais pourra être réintroduit en séance publique. La conférence des présidents de groupes de l’Assemblée a d’ores et déjà annoncé que si le texte n’avait pas le temps d’être examiné entièrement ce mercredi, un nouvel examen aurait lieu la semaine du 5 mai.
Ce mardi, devant le CESE, François Bayrou a évoqué cette proposition de loi en se disant « attentif aux initiatives des parlementaires ». Il a également dit vouloir « construire une solution incluant l’ensemble des acteurs » et élaborer « un plan de solutions concrètes, qui tiendra compte des débats parlementaires, de leurs réussites ou de leurs difficultés » d’ici la fin du mois d’avril.
« La première étape de ce plan doit être le repérage précis et complet des territoires en souffrance, une cartographie des devoirs de prise en charge (…) de nos compatriotes réduits à l’abandon dans ce domaine » a-t-il poursuivi, alors que la définition de ces zones sur-dotés ou sous-dotés en médecins fait régulièrement débat. Des discussions avec « toutes les parties prenantes » pourraient débuter dès la semaine prochaine.
L’Ordre et les doyens défendent la liberté d’installation
La prise de position de François Bayrou en faveur de contrainte à l’installation n’est en soit pas une surprise, puisque le chef du gouvernement avait déclaré, dans une lettre adressée aux députés le 21 mars dernier, se tenir « au côté des parlementaires qui souhaitent prendre des initiatives, dans un cadre transpartisan, pour apporter des réponses à la question des déserts médicaux ».
Elle contredit en revanche la ligne défendue depuis plusieurs années par l’exécutif consistant à défendre la liberté d’installation des médecins. Le ministre de la Santé Yannick Neuder est d’ailleurs resté sur cette ligne : le 19 mars dernier, il a qualifié la proposition de loi Garot de « mauvais message envoyé au monde médical et paramédical ».
Hors de l’hémicycle et de ses débats politiciens, le combat des médecins contre cette attaque à la liberté d’installation se poursuit et dépasse désormais le cadre des syndicats.
Dans une interview accordée à nos confrères du Quotidien du médecin ce mardi, le Dr Jean-Marcel Mourgues, vice-président du conseil de l’Ordre, a critiqué une « mesure de régulation qui ne serait ni porteuse ni efficace », jugeant que les zones sur-dotées sont « devenues rarissimes ».
Toujours ce mardi, c’est au tour de la conférence des doyens de facultés de médecine d’exprimer son inquiétude face à cette proposition de loi et aux propos du Premier Ministre. « Imposer des contraintes, c’est prendre le risque de départs à l’étranger » plaide le Pr Marc Humbert, vice-président de la conférence, tandis que le Pr Isabelle Laffont a préconisé de préférer l’incitation à la coercition.
« Offrir des raisons positives aux jeunes de s’installer dans les territoires, c’est cela la bonne solution » a défendu la spécialiste de médecine physique, proposant la mise en place d’un assistanat territorial volontaire pour les jeunes médecins.