Déserts médicaux : une proposition de loi vidée de son sens ! Une nouvelle fois l’intérêt général sacrifié

Déserts médicaux : une proposition de loi vidée de son sens !
Une nouvelle fois l’intérêt général sacrifié

Ce n’était pas la révolution, simplement la limitation de l’installation des médecins dans les zones les mieux dotées, 12 % du territoire seulement, avec dans chaque département des zones sous dotées. Cédant à la sirène des syndicats médicaux corporatistes, les députés de la majorité présidentielle, de la droite et du rassemblement national, ont voté pour la suppression de cet article lors de la réunion de la commission des affaires sociales de l’Assemblée Nationale.Concernant à peine plus d’un dixième du territoire national, cet article était surtout symbolique : que la liberté d’installation ne s’oppose plus à l’intérêt général, au pacte républicain voulant l’égalité d’accès aux soins pour toutes et tous et dans tous nos territoiresLes opposants à cet embryon de régulation se sont surpassés dans les arguments les plus réactionnaires et les plus contraires à la cohésion nationale, déjà en opposant l’aspiration de la population aux médecins, alors que nombre d’entre eux veulent l’intérêt général, ensuite en manifestant leur mépris pour la médecine salariée, pourtant plus soucieuse du bien commun que de son porte-monnaie.La commission a aussi supprimée la création d’un  indicateur territorial de l’offre de soins. L’ignorance est certainement meilleure !Seules ont survécu à la charge réactionnaire l’obligation de participation à la permanence des soins et la proposition d’avoir une première année d’études de médecine dans chaque département, une tentative vers la démocratisation des études à condition que la qualité des enseignements ne soit pas discriminatoire !La Coordination Nationale des Comités de Défense des Hôpitaux et Maternités de proximité rappelle ses propositions : il est impératif de former plus de médecins, sinon dans dix ans, la situation sera pire et il faut démocratiser les études en salariant les étudiants en échange d’un engagement de service public. Évidemment, la liberté d’installation ne peut s’opposer à l’intérêt général. Les médecins sont d’ailleurs la seule profession de santé pour laquelle il n’existe pas encore de régulation de l’installation. Enfin, il faut en finir avec la mise en concurrence du privé et du public en allant vers l’égalisation des revenus et des conditions de travail des médecins quelque soit leur statut libéral ou salarié et leur spécialité.Elle appelle les députés récalcitrants à se ressaisir pour rétablir les articles supprimés lors du débat en séance publique le 1er avril.
Coordination Nationale des Comités de Défense des Hôpitaux et Maternités de Proximité
1 rue Jean Moulin, 70200, Lure

D’ailleurs, cette constatation d’un nombre potentiellement « trop important » de médecins 

Commentaire Dr Jean SCHEFFER:

Je tiens une nouvelle fois à rappeler que l’augmentation du nombre de médecins, la régulation des installations des médecins généralistes mais aussi des médecins spécialistes, la création de centres de santé publics dans les zones les plus déficitaires, si elles sont nécessaires, elles ne sont pas suffisantes pour solutionner lensemble des déserts médicaux.

En effet ces derniers ne sont pas uniquement dans les zones rurales ou dans certains quartiers de nos villes moyennes ou grandes. Ils sont partout: à commencer par les hôpitaux (40% de postes vacants dans nos hôpitaux généraux, plus de 50% dans les hôpitaux psychiatriques, des postes de maître de conférence vacants en CHU…), en PMI, médecine scolaire et universitaire, crèches, CMP, médecine pénitentiaire , médecine du travail, santé publique…

Dès lors en plus de l’augmentation du « Numérus Apertus », de la création de centres de santé publics multiprofessionnels dans les déserts médicaux les plus criants, de la régulation de l’installation des médecins, il faut créer le « Clinicat Assistanat Pour Tous ». Il débuterait en fin d’internat, obligatoire pour tous, futurs généralistes comme futurs spécialistes, d’une durée de deux à 3 ans.  L’activité serait partagée entre divers établissements à l’image des assistants partagés actuels entre CHG et CHU: entre CHU et CHG pour les futurs spécialistes; entre CHG-CHU et PMI, CMP, santé publique, santé scolaire, médecine pénitentiaire, médecine du travail… ; entre CHG et centres de santé et maisons de santé… Il  s’agit donc par un seul et même dispositif de solutionner en quelques années l’ensemble des manques criants et urgents de médecins dans tous les domaines, dans toutes spécialités, sans pénaliser une catégorie, les futurs  généralistes par exemple, ou les étudiants en médecine peu fortunés, obligés de s’installer dans un désert pour se payer ses études. Cela évitera de plus le dumping entre villes, entre départements pour recruter ou débaucher, les jeunes en fin d’internat, ou ceux déjà installés et répondant à une offre plus alléchante. Il faudra définir par région, département et territoire de santé, les manques les plus urgents en généralistes et spécialistes, et en tirer les conséquences sur la répartition par spécialité pour la première année d’internat.

Publié par jscheffer81

Cardiologue ancien chef de service au CH d'Albi et ancien administrateur Ancien membre de Conseil de Faculté Toulouse-Purpan et du bureau de la fédération des internes de région sanitaire Cofondateur de syndicats de praticiens hospitaliers et d'associations sur l'hôpital public et l'accès au soins - Comité de Défense de l'Hopital et de la Santé d'Albi Auteur du pacte écologique pour l'Albigeois en 2007 Candidat aux municipales sur les listes des verts et d'EELV avant 2020 Membre du Collectif Citoyen Albi

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