Pour un numérique en santé souverain, de confiance et inclusif (Avis du CESE)

Le CESE appelle à renforcer le déploiement du numérique et de l’intelligence artificielle au service de notre système de santé

(Avis du CESE)

25/03/2025 https://toute-la.veille-acteurs-sante.fr/231586/presentation-du-projet-davis-pour-un-numerique-en-sante-souverain-de-confiance-et-inclusif-paris/

Émis par : CESE

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Le Conseil économique, social et environnemental (CESE) a adopté, le 25 mars en séance plénière, un avis qui prône un numérique en santé souverain, de confiance et inclusif au service des citoyens. Au moment où le gouvernement déploie la feuille de route 2023/2027 le CESE a souhaité contribuer par cet avis aux réflexions en cours notamment face à une certaine réticence des usagers et professionnels de santé à se saisir de ces outils.  Adopté avec 100 voix pour, cet avis défend la souveraineté française et européenne sur les données de santé, le principe de la confiance des usagers sur le partage de leur donnée de santé ainsi que la lutte contre les risques d’exclusion numérique.

65 millions de téléconsultations ont été facturées entre janvier 2020 et septembre 2024 par des professionnels de santé libéraux ou par des centres de santé. Aujourd’hui en France, le numérique en santé est déjà une réalité, avec une utilisation croissante des plateformes de rendez-vous, du partage de documents médicaux et de la télémédecine. Si le numérique en santé ne saurait, à lui seul, constituer la réponse aux grands défis auxquels le système français de santé est confronté aujourd’hui il peut néanmoins fortement contribuer à son amélioration et notamment la qualité des soins pour les usagers et des conditions de travail des professionnels.

Alors que son déploiement entraîne des bouleversements dans l’organisation et le fonctionnement de notre système de santé et constitue un véritable levier d’amélioration pour tous, le CESE considère comme essentiel d’établir des principes directeurs clairs pour son encadrement. Le CESE précise en outre qu’il n’y aura ni numérique, ni intelligence artificielle de qualité, sans données de qualité, sécurisées et maîtrisées démocratiquement.

Dès lors, le CESE formule 13 préconisations pour structurer le numérique en santé autour des trois principes transversaux : la confiance, le numérique au service de l’humain et la souveraineté. Il s’agit de coconstruire un système avec les patients et les professionnels de santé, garantissant à chacun le droit de décider, en connaissance de cause, de l’usage de ses données personnelles de santé. Le numérique doit également libérer du temps pour améliorer la qualité des soins et la prévention. Enfin, la souveraineté implique un numérique en santé qui reste sous le contrôle des pouvoirs publics nationaux et européens et au service d’une politique de santé pour tous.

1 – Garantir la souveraineté française et européenne sur les données de santé

Dans un contexte de grande tension internationale autour du digital, le numérique en santé doit rester sous la responsabilité et le contrôle des pouvoirs publics. Il faut garantir l’application du droit de l’Union européenne aux données de santé. Le CESE recommande de garantir l’hébergement des données de santé sur un cloud souverain européen ou français, d’organiser la migration de la Plateforme des données de santé sur ce cloud d’ici fin 2025 et d’accorder une place centrale au numérique et à l’IA en santé dans les financements européens pour permettre l’émergence de champions continentaux.

2 – Réunir les conditions de la confiance des usagers dans le partage de leurs données de santé

Les données des patients sont la matière première du numérique et de l’IA en santé. Il faut réunir les conditions de la confiance dans leur recueil et leur traitement pour favoriser leur partage et leur valorisation au service de toutes et tous. Dès lors, le CESE propose de faire de Mon espace santé la porte d’entrée unique avec une information claire sur le cadre juridique applicable aux données de santé et sur les projets de recherche menés sur la base de ces données. Il convient aussi de développer de nouvelles fonctionnalités dans cet outil, comme un système de prise de rendez-vous, pour répondre aux besoins.

3 – Lutter contre les risques d’exclusion numérique et mieux accompagner les citoyens

Les inégalités d’accès au numérique ne doivent pas s’ajouter aux inégalités déjà existantes : inégalités sociales et dans l’accès aux soins. Le risque serait alors que le numérique aggrave les fractures. C’est pourquoi une alternative au numérique doit toujours exister et une attention particulière doit être portée aux publics les plus éloignés du numérique. Le numérique doit être au service du public. Pour cela, le CESE préconise de lutter prioritairement contre les difficultés d’accès au numérique qui entravent l’effectivité des droits en accompagnant les usagers dans la maîtrise des nouveaux outils. Il faut aussi organiser au moment de la délivrance de la carte vitale à 16 ans, et dans le cadre d’une information plus générale sur l’Assurance maladie, un accompagnement à l’ouverture de Mon espace santé.

4 – Accompagner l’évolution des métiers et en créer de nouveaux

L’introduction des outils numériques dans le système de santé impacte considérablement les pratiques professionnelles et l’organisation des soins : cette évolution n’a pas été assez anticipée. Le CESE appelle à coconstruire, avec les professionnels, les évolutions des pratiques et des métiers ; imposer, dans le cadre des négociations conventionnelles des professionnels de santé avec l’Assurance maladie, l’enrichissement systématique de Mon espace santé.

Le numérique en santé au service de l’amélioration de la qualité des soins et de la prévention

Notre système de santé est en crise : pour le CESE, il faut avant tout recruter et renforcer la relation humaine de proximité avec les usagers. Le numérique et l’IA ne permettront pas, à eux seuls, de répondre à toutes les difficultés, mais ils peuvent contribuer à l’amélioration de l’accès aux soins, au renforcement de la prévention, et à une plus grande qualité du soin. 

💻 78% des Français ont eu recours à des plateformes en ligne pour la prise de rendez-vous médicaux en 2023  (contre 25 % en 2018).
🧑‍⚕️Entre 2020 et 2024, plus de 65 millions de téléconsultations ont été facturées.

Les enjeux sont aussi ceux de la recherche : notre capacité à faire du partage et de l’utilisation des données des outils au service de l’amélioration de la santé, et en particulier de la prévention, dépend des investissements qui seront réalisés dans la qualité des données. Pour le CESE, il ne peut y avoir une IA performante sans des données fiables et complètes.

Pour un numérique en santé souverain, de confiance et inclusif

https://www.lecese.fr/actualites/pour-un-numerique-en-sante-souverain-de-confiance-et-inclusif

https://youtu.be/gutoMrnqo6I

Les données de santé sont au centre des enjeux

Il n’y aura ni numérique, ni intelligence artificielle de qualité, sans données de qualité, sécurisées et maîtrisées démocratiquement. 
La France, pionnière sur ce sujet (base de données, cadre juridique…) s’est dotée d’une feuille de route du numérique en santé 2023-2027 construite autour d’objectifs partagés. 

Aujourd’hui, le numérique en santé se structure autour :

  • De « services socles » (dont l’application Mon espace santé est l’élément le plus emblématique) ;
  • D’une régulation (avec le rôle central de l’Agence du numérique en santé) ;
  • D’une organisation de l’accès à la donnée de santé pour la recherche (à travers la Plateforme des données de santé, Health Data Hub) ;
  • Mais aussi d’un programme d’investissements (le « Ségur du numérique ») pour soutenir la transformation digitale de tout le secteur.   

« Il n’y aura pas d’IA de qualité sans données de qualité, protégées et maîtrisées démocratiquement. La confiance des citoyens, le respect du droit qui fixe les conditions du recueil et du partage de leurs données de santé sont des impératifs », expliquent les rapporteurs du texte, Majid El Jarroudi et Gérard Raymond.

Le numérique en santé au service de l’amélioration de la qualité des soins et de la prévention

Notre système de santé est en crise : pour le CESE, il faut avant tout recruter et renforcer la relation humaine de proximité avec les usagers. Le numérique et l’IA ne permettront pas, à eux seuls, de répondre à toutes les difficultés, mais ils peuvent contribuer à l’amélioration de l’accès aux soins, au renforcement de la prévention, et à une plus grande qualité du soin. 

💻 78% des Français ont eu recours à des plateformes en ligne pour la prise de rendez-vous médicaux en 2023  (contre 25 % en 2018).
🧑‍⚕️Entre 2020 et 2024, plus de 65 millions de téléconsultations ont été facturées.

Les enjeux sont aussi ceux de la recherche : notre capacité à faire du partage et de l’utilisation des données des outils au service de l’amélioration de la santé, et en particulier de la prévention, dépend des investissements qui seront réalisés dans la qualité des données. Pour le CESE, il ne peut y avoir une IA performante sans des données fiables et complètes.

Le CESE identifie plusieurs priorités pour faire du numérique une chance pour améliorer notre système de santé et remet 13 préconisations concrètes pour y parvenir. Chacune repose sur trois principes transversaux :

  • Le principe de la confiance : pour un numérique en santé coconstruit avec les patients et les professionnels de santé et qui garantisse à chacun le droit de décider en connaissance de cause de l’usage de ses données personnelles de santé ;
  • Un numérique au service de l’humain : pour un numérique en santé qui libère du temps au service de la qualité du soin et de la prévention ;
  • Le principe de la souveraineté, française et européenne : pour un numérique en santé sous le contrôle des pouvoirs publics nationaux et européens et au service de la politique de santé pour tous.

Comment mettre le numérique au service de l’amélioration de notre système de santé ?

Le CESE s’est interrogé sur les moyens de faire du numérique, des données de santé, et, de plus en plus, de l’IA, des leviers d’amélioration réels de notre système de santé et ainsi contribuer au renforcement de la recherche, à l’amélioration de la prévention, à la réduction des inégalités dans l’accès aux soins.

Garantir la souveraineté française et européenne sur les données de santé

Dans un contexte de grande tension internationale autour du digital, le numérique en santé doit rester sous la responsabilité et le contrôle des pouvoirs publics. Il faut garantir l’application du droit de l’Union européenne aux données de santé. 
→ Que recommande le CESE ? Garantir l’hébergement des données de santé sur un cloud souverain européen ou français et y organiser la migration de la Plateforme des données de santé d’ici la fin 2025 ; accorder une place centrale au numérique et à l’IA en santé dans les financements européens pour permettre l’émergence de champions continentaux.

Réunir les conditions de la confiance des usagers dans le partage de leurs données de santé

Les données des patients sont la matière première du numérique et de l’IA en santé. Il faut réunir les conditions de la confiance dans leur recueil et leur traitement pour favoriser leur partage et leur valorisation au service de toutes et tous.
→ Que recommande le CESE ?  Faire de Mon espace santé la porte d’entrée unique avec une information claire sur le cadre juridique applicable aux données de santé et sur les projets de recherche menés sur la base de ces données ; développer de nouvelles fonctionnalités, comme un système de prise de rendez-vous, pour répondre aux besoins.

Lutter contre les risques d’exclusion numérique et mieux accompagner les citoyens

Les inégalités d’accès au numérique ne doivent pas s’ajouter aux inégalités déjà existantes : inégalités sociales et dans l’accès aux soins. Le risque serait alors que le numérique aggrave les fractures. C’est pourquoi une alternative au numérique doit toujours exister et une attention particulière doit être portée aux publics les plus éloignés du numérique. Le numérique doit être au service du public.
→ Que recommande le CESE ?  Lutter prioritairement contre les difficultés d’accès au numérique qui entravent l’effectivité des droits en accompagnant les usagers dans la maitrise des nouveaux outils ; organiser au moment de la délivrance de la carte vitale à 16 ans, et dans le cadre d’une information plus générale sur l’Assurance maladie, un accompagnement à l’ouverture de Mon espace santé.

Accompagner l’évolution des métiers et en créer de nouveaux

L’introduction des outils numériques dans le système de santé impacte considérablement les pratiques professionnelles et l’organisation des soins : cette évolution n’a pas été assez anticipée.
→ Que recommande le CESE ?  Coconstruire, avec les professionnels, les évolutions des pratiques et des métiers ; imposer, dans le cadre des négociations conventionnelles avec l’Assurance maladie, l’enrichissement systématique de Mon espace santé.
 


Les rapporteurs de l’avis

Majid El Jarroudi est délégué général et fondateur de l’Agence pour la diversité entrepreneuriale. Il est membre du groupe Agir autrement pour l’innovation sociale et environnementale).

 Gérard Raymond est président de France Assos Santé, l’Union nationale des associations agréées d’usagers du système de santé. Il est membre du groupe Santé et citoyenneté.

Ils sont rapporteurs de l’avis du CESE au nom de la commission Affaires sociales et santé.

Publié par jscheffer81

Cardiologue ancien chef de service au CH d'Albi et ancien administrateur Ancien membre de Conseil de Faculté Toulouse-Purpan et du bureau de la fédération des internes de région sanitaire Cofondateur de syndicats de praticiens hospitaliers et d'associations sur l'hôpital public et l'accès au soins - Comité de Défense de l'Hopital et de la Santé d'Albi Auteur du pacte écologique pour l'Albigeois en 2007 Candidat aux municipales sur les listes des verts et d'EELV avant 2020 Membre du Collectif Citoyen Albi

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