Bloom appelle à une pêche réellement durable
Biodiversité | Aujourd’hui à 14h05 https://www.actu-environnement.com/ae/news/rapport-bloom-peche-durable-45854.php4#xtor=EPR-50

© philippe Devanne
Dans son rapport (1) « S’affranchir du chalut », qu’elle publie ce mardi 25 mars 2025, l’association Bloom montre la possibilité de se passer des techniques de pêche destructrices, et de passer à une pêche qu’elle qualifie de « vraiment durable ».
Ce rapport est basé sur les résultats de deux études effectuées par des chercheurs de l’Institut Agro et du Muséum national d’histoire naturelle (MNHM), dans le cadre du groupement de recherche sur la transition sociale-écologique des pêches impulsées,en 2022, par Bloom et L’Atelier des jours à venir.
Le chalutage de fonds est une pratique de pêche qui consiste à traîner des filets lestés sur les fonds marins, afin de maximiser les profits de poissons attrapés. Cette technique est pourtant l’une des principales causes de destruction des habitats dans les aires marines protégées (AMP). Un seul passage de chalut de fond tue systématiquement entre 20 et 50 % des invertébrés présents sur la zone chalutée, d’après Bloom. L’association qualifie ces conséquences de « déforestation marine », qui serait 20 à 47 fois supérieure à la déforestation terrestre en termes de surface. D’après les études, les chalutiers sont responsables d’une dégradation des fonds marins équivalente à 670 000 km² (soit un peu plus que la superficie de la France métropolitaine, de la Suisse et de la Belgique). Un constat alarmant, alors qu’en France les chaluts captent 70 % des subventions publiques. D’après l’association, sans ces aides, la majorité de ces flottilles ne seraient pas rentables.
Pourtant, il est possible de pêcher autrement. Les études montrent qu’en France, 85% des volumes de poissons capturés par les chaluts de fond de moins de 40 mètrespourraient être pêchés par des techniques de pêche bien moins impactantes, dites « arts dormants », comme le casier, le filet ou la ligne. Cette pêche durable créerait jusqu’à dix fois plus d’emplois et de valeur ajoutée que les grands chalutiers, tout en étant trois à quatre fois moins émettrice de CO2, selon l’association.
« Devant ces résultats, la seule chose inéluctable est la sortie du chalut, non sa conservation. S’affranchir du chalut est une nécessité pour le vivant et la survie de la petite pêche côtière », exhorte Bloom.
Pour ce faire, l’association invite, sans plus attendre, à accompagner les pêcheurs vers une évolution de leurs pratiques, les former, les soutenir financièrement, leur donner des gages de sécurité ainsi que les moyens de pratiquer une pêche réellement durable, digne, qui empêchera la destruction des écosystèmes. « Les chalutiers bénéficient d’aides publiques à hauteur de 135 millions d’euros. C’est autant qui pourrait servir à former les pêcheurs à de nouvelles pratiques, ou encore à convertir les navires aux arts traînants vers des casiers, lignes et filets », conclut Bloom.1. Consulter le rapport
https://www.actu-environnement.com/media/pdf/news-45854-Rapport-Bloom-2025-affranchir-chalut.pdf
Camille Girardin Lang, journaliste
Éditrice – rédactrice juridique