La fermeture de l’hôpital de jour du Ramel (Lavaur) suscite une vive contestation

Déserts médicaux : la ferme thérapeutique du Ramel menacée, un coup dur pour les soins psychiatriques dans le Tarn

https://www.ladepeche.fr/2025/02/27/deserts-medicaux-la-ferme-therapeutique-du-ramel-menacee-un-coup-dur-pour-les-soins-psychiatriques-dans-le-tarn-12538594.php

Vidéo:

https://www.ultimedia.com/deliver/generic/iframe/mdtk/01325094/src/xkul8p3/zone/1/showtitle/1/sound/no/autoplay/0/ad/no/tagparam/ldi_motscles%3D%5B’ddm-12538594’%2C’sante’%2C’deserts-medicaux’%2C’thema’%2C’81140’%2C’tarn’%2C’81G’%2C’communes’%2C’lavaur%2C81140’%2C’lavaur’%2C’81’%2C’tarn%2C81’%5D%26ldi_ville%3Dlavaur%26ldi_departement%3Dtarn%26ldi_insee%3D81140%26bv%3D0%26av%3D2900-2999

Déserts médicaux,  Santé,  Lavaur

Publié le 27/02/2025 à 10:53

Correspondant

Powered by ETX Majelan

00:00 / 03:03

l’essentiel

La fermeture de l’hôpital de jour du Ramel suscite une vive contestation. Patients, médecins et syndicats dénoncent une décision brutale, un manque de concertation et l’impact sur la prise en charge psychiatrique.

« Sortir de l’hôpital, être au contact de la nature, des animaux m’a fait du bien. Et puis, il y avait le repas de midi où je voyais du monde. Ça m’a ouvert, ça m’a sorti de chez moi. » Âgé d’une soixantaine d’années, Jacques, qui vit à quelques kilomètres de Lavaur a fréquenté l’hôpital de jour du Ramel pendant cinq ans.

La ferme thérapeutique est menacée de fermeture
La ferme thérapeutique est menacée de fermeture DDM – JCC

Depuis plus de 40 ans, ce centre de soins psychiques intensifs propose une approche thérapeutique innovante : les patients sont accueillis une à plusieurs fois par semaine dans une « ferme thérapeutique », qui les aide à reconstruire leur confiance et leur équilibre, au contact de la nature et des animaux. Cette structure est aujourd’hui menacée de disparaître. Le personnel médical et les familles de patients s’en inquiètent et dénoncent un manque de dialogue.

« Le Ramel incarne une psychiatrie humaniste et émancipatrice. À travers le travail à la ferme, le soin aux animaux et le jardinage, il permet aux patients de renouer avec le monde vivant et de reconstruire leur rapport à l’autre », écrivent douze médecins psychiatres dans un courrier adressé à la direction. Ils y demandent la suspension immédiate de cette fermeture : « Il en va de notre responsabilité envers les patients, leurs familles et toute la communauté soignante. »

« Un fonctionnement de plus en plus difficile »

Cette décision s’ajoute à une série de mesures qui inquiètent les professionnels de santé. L’arrêt du chantier de l’Ehpad faute de financement en décembre, alors que les travaux étaient déjà engagés (notre édition du 17 décembre dernier) avait déjà créé la stupéfaction. Dans le secteur de la psychiatrie, le centre de réhabilitation psychosociale de Fiac avait déjà été contraint de fermer ses portes en novembre.

Dans un communiqué, la CGT dénonce une décision « brutale et incompréhensible prise sans concertation avec les équipes médicales et les instances concernées ». « Depuis plusieurs mois, l’absence de nouveaux recrutements et la baisse progressive des effectifs ont rendu le fonctionnement du Ramel de plus en plus difficile. Malgré plusieurs alertes et demandes de dialogue, aucune concertation n’a eu lieu, ni avec les soignants, ni avec les autorités de tutelle, ni avec les associations de patients comme l’Unafam. »

L’Union nationale de familles et amis de personnes malades psychiques, siégeant dans les conseils de surveillance et les commissions d’usagers, partage cette inquiétude. « Après la fermeture de Fiac en novembre, aucune concertation n’a eu lieu, alors qu’on nous parle de démocratie sanitaire », déplore Sylvette Billac. « À Fiac, certains patients se sont retrouvés sans solution », souligne Jean, autre membre de l’association.

Concernant Jacques, il est aujourd’hui suivi par le généraliste de son village. « Mais si ça ne va pas, je sais que je peux aller aux urgences à Lavaur », précise-t-il. Des urgences qui sont désormais fermées le soir et la nuit.

Face à cette fermeture, soignants et patients envisagent des mobilisations pour préserver cet espace de soin crucial pour de nombreuses familles.

Commentaire:


Geneviève HenaultGeneviève Henault • Psychiatre à l’hôpital publicPsychiatre à l’hôpital public
1 h • Il y a 1 heure

Les journaux titrent habituellement sur les fermetures de lits, ce que l’on entend comme places d’hospitalisation complète. Moins médiatisées certainement, moins spectaculaires immédiatement, les fermetures de structures de soins extra-hospitalières. Ici, c’est un hôpital de jour qui est menacé de fermeture. Un lieu de soins qui, écrivent les douze médecins qui s’opposent à sa fermeture « incarne une psychiatrie humaniste et émancipatrice. A travers le travail à la ferme, le soins aux animaux et le jardinage, il permet aux patients de renouer avec le monde vivant et de reconstruire leur rapport à l’autre ».

Moins spectaculaire mais désastreuse, cette rachitisation de l’offre de soins extra-hospitalière. Les soins qui permettent de (re)trouver un lien avec un ou des autres, de prendre le temps de (re)tisser en sécurité, patiemment, sans exigence de résultat, sans attente de réalisation d’objectif, le soin qui s’appuie sur la relation avec quelques supports simples – ici les animaux, le travail du jardin, ces soins-là, difficiles à objectiver, à excelliser, sont pourtant ceux qui préviennent la rechute, qui soulagent le sujet souffrant, qui allègent sa peine et celle de son entourage.

Lorsque l’on détruit tous les outils du soin psychique, que reste-t-il ? Des psychotropes ? Des bilans neuropsychologues suivis de 10 séances de rééducation cognitive ? Des soins ambulatoires contraints à raison d’une consultation médicale de 10 minutes tous les mois ? Et après ? C’est tout ?


Court texte de Monsieur J., accompagné par la ferme du Ramel :

« La ferme aux âmes »
C’était un coin de ciel ouvert, un bout de terre un doux repère,
Un havre ou l’on pouvait enfin souffler.
Parmi les ânesses et les moutons
Dans le silence ou en chanson
On réapprenait juste à exister
Les mains dans la terre
Le coeur un peu moins en enfer.
Ici, on guérissait sans bruit..
Mais ils ferment les portes, balayent nos espoirs
Un trait de budget et s’efface l’histoire.
Les poules picorent dans l’oubli, les ânesses pleurent sous la pluie
Comme nous elles ne comprennent pas
Des chiffres sur du papier froid
Quand l’état calcule et qu’on nous oublie.
C’était un coin de ciel ouvert, un bout de terre, un doux repère
Dis-moi, où irons-nous maintenant ?

Annie DOLE • 2e

Deléguée Departementale UNAFAM SAVOIE

6 h

Je comprends d’autant mieux ce que vous soulignez car c’est ce qui se passe maintenant à savoir que certains psychiatres considèrent que l’hopital de jour est une activité  »occupationnelle » , les ateliers thérapeutiques pas franchement utiles et peu  » rentables  » et donc les ferment . On met toutes les forces vives sur le rétablissement avec des case manager , le suivi à domicile, le projet de vie …. certes c’est très bien mais pas pour tous les patients . Les dispositifs occasionnels sont des supports essentiels à la resocialisation. Des activités simples et régulières améliorent leur bien être , leur donne une certaine autonomie et estime de soi .
Aucune concertation avec les malades et les familles . On est devant le fait accompli . et on vous oppose le manque de personnel, la restructuration et surtout la non réponse .
Il reste des soins ambulatoires contraints à raison d’une consultation médicale de 10 minutes tous les mois – des psychotropes – et tourner en rond chez soi . des GEM qui ouvrent l’après midi . le SAMSAH et le SAVS avec une liste d’attente de 2 à 3 ans et ce sont Les familles ( si il y a ) qui doivent assurer les activités occupationnelles et trouver des solutions seules . .

Lavaur. Un baroud d’honneur pour l’hôpital de jour du Ramel

ABONNÉS

Cette nouvelle fonctionnalité utilise une voix synthétique générée par ordinateur. Il peut y avoir des erreurs, par exemple dans la prononciation, le sentiment et le ton.

L’ambience était morose dans la court d’honneur.Photo DDM, JCC

L’ ambience était morose dans la cour d’honneur.Photo DDM, JCC

Powered by ETX Majelan

00:00 / 01:35 https://www.ladepeche.fr/2025/03/18/un-baroud-dhonneur-pour-lhopital-de-jour-du-ramel-12576359.php

Face à la fermeture de l’hôpital de jour du Ramel (voir notre édition du 27 février dernier), un rassemblement a eu lieu dans la cour d’honneur de l’hôpital avant la réunion extraordinaire du CSE (comité social d’établissement). À cette occasion, l’intersyndicale a lu sa déclaration liminaire, soulignant : « Nous constatons que l’objet du CSE ne correspond pas à celui que nous avons demandé. Nous avons demandé un CSE extraordinaire sur l’hôpital de jour du Ramel et non sur la volonté de fermeture », concluant en citant Philippe Koechlin : « Le vrai directeur de l’hôpital, c’est le malade ! »

Ce moment a surtout été l’occasion pour les patients d’exprimer leur stupéfaction, leur colère ou leur indignation face à cette fermeture annoncée qui fait suite à celle du site de Fiac.

« Monsieur le directeur, aujourd’hui vous signez un arrêt de mort. Pas celui d’un patient en bout de course, mais celui d’un lieu qui soignait autrement, où la psychiatrie n’était pas qu’une affaire de molécules et de protocoles », a ainsi déclaré Mickaël, qui perd là « un souffle, un répit, un espoir sous prétexte d’un manque de financement et de la pénurie de psychiatres », craignant que les patients ne « soient jetés dans des structures impersonnelles, des chambres d’isolement ou, pire encore, livrés à eux-mêmes dans une société qui ne veut déjà plus d’eux ». Si l’émotion l’a empêché de terminer le discours qu’il avait préparé, c’est sous les applaudissements qu’il a laissé le micro après ce passage particulièrement émouvant sur son vécu et ses craintes.

D’autres témoignages se sont succédé pour mettre en lumière l’humanité dont faisait preuve la structure. Une humanité qui semble aujourd’hui perdue. Rares étaient les personnes qui croyaient encore au maintien de cette ferme thérapeutique, un havre de paix unanimement regretté par tous ceux qui l’ont connu.

Publié par jscheffer81

Cardiologue ancien chef de service au CH d'Albi et ancien administrateur Ancien membre de Conseil de Faculté Toulouse-Purpan et du bureau de la fédération des internes de région sanitaire Cofondateur de syndicats de praticiens hospitaliers et d'associations sur l'hôpital public et l'accès au soins - Comité de Défense de l'Hopital et de la Santé d'Albi Auteur du pacte écologique pour l'Albigeois en 2007 Candidat aux municipales sur les listes des verts et d'EELV avant 2020 Membre du Collectif Citoyen Albi

Laisser un commentaire