Un état des lieux des industries manufacturières de plusieurs technologies bas carbone en Europe

Technologies bas carbone : l’industrie européenne en mal de soutien

Face aux investissements massifs des États-Unis et de la Chine dans les technologies vertes, l’Europe peine à suivre. Une étude dresse un état des lieux des différents secteurs et souligne les défis à relever pour maintenir l’industrie européenne.

Energie  |  20.01.2025 

 https://www.actu-environnement.com/ae/news/industrie-fabrication-technologies-propres-NZIA-europe-chine-45439.php4#ntrack=cXVvdGlkaWVubmV8MzY5Mw%3D%3D%5BNDExMDgz%5D

|  S. Fabrégat

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Technologies bas carbone : l'industrie européenne en mal de soutien

© KadirSur le photovoltaïque, Bruxelles pointe une difficile compétitivité face aux surcapacités chinoises et une dépendance dans les matières premières.

Dans le cadre de son ambition pour une industrie neutre en carbone (NZIA), la Commission européenne a publié, le 14 janvier, une étude (1) dressant un état des lieux des industries manufacturières de plusieurs technologies bas carbone. Le diagnostic est sans appel. Que ce soit sur les technologies matures (photovoltaïque, éolien) ou émergentes (électrolyse, batteries), le rapport fait le constat d’une concurrence chinoise croissante. Elle pointe également la forte dépendance européenne en matériaux et composants essentiels.

Bien que, dans ces domaines, les États membres aient mis en place des politiques de soutien, la plupart d’entre elles se concentrent sur le déploiement des technologies, et moins sur les chaînes de valeur. « Il existe relativement peu de mesures politiques dédiées directement à la capacité de fabrication des technologies neutres en carbone », déplore le document. Pour une fois, la France est positivement épinglée à plusieurs niveaux.

Photovoltaïque, éolien, batteries : une bataille difficile

Sur le photovoltaïque, l’étude pointe la part décroissante de l’Europe sur la fabrication d’équipements, limitée aux modules, avec presque aucune fabrication nationale de composants essentiels, comme le polysilicium, les lingots, les plaquettes et les cellules. Pour rappel, l’UE envisage de doubler sa capacité de production d’ici à 2030. Le rapport pointe une difficile compétitivité face aux surcapacités chinoises et une dépendance dans les matières premières, qui placent les fabricants européens dans une « position difficile ». En revanche, sur le solaire thermique, les capacités de fabrication européennes sont robustes, avec l’Allemagne comme chef de file, suivie de la France, de l’Italie et de la Pologne.

Dans l’éolien, l’UE reste leader, répondant à 85 % à sa demande intérieure tout en étant exportatrice nette. “ Il existe relativement peu de mesures politiques dédiées directement à la capacité de fabrication des technologies neutres en carbone ”Commission européenne

Cependant, sa part dans le marché mondial a diminué ces dernières années et l’expansion rapide du marché chinois menace l’avantage concurrentiel, prévient l’étude. La Chine domine désormais la fabrication de composants clés, « ce qui rend difficile pour l’UE de maintenir sa position sur le marché ». Par ailleurs, les fabricants européens sont confrontés à un flou sur les carnets de commande, un manque de compétences et à une tendance de la demande vers des turbines plus grandes, qui nécessitent une mise à niveau des capacités de fabrication.

Dans le domaine des batteries, le marché européen connait une croissance rapide, mais l’UE détient une petite part du marché mondial de la fabrication (5 % en 2023, 15 % d’ici à 2030 selon les investissements prévus). Là aussi, la concurrence chinoise et la dépendance en matières premières constituent des obstacles importants. Par ailleurs, le récent ralentissement du marché des véhicules électriques pourrait avoir un impact négatif.

PAC, biogaz, réseaux et hydrogène : un leadership à préserver

L’Europe s’en tire mieux sur le marché des pompes à chaleur. Elle produit et assemble une part importante de ses besoins (60 à 70 %). « L’Allemagne, la Suède et le Danemark sont des pôles manufacturiers clés, soutenus par des marchés intérieurs robustes. » Cependant, le ralentissement de la demande, les prix de l’électricité et la dépendance en composants fragilisent ce secteur.

Sur les électrolyseurs, l’UE dispose également d’une avance technologique et s’apprête à connaître une forte croissance de ses capacités de fabrication à 2030, avec l’Allemagne comme fer de lance. Cependant, « moins de 10 % des projets prévus en 2030 ont atteint une décision finale d’investissement », prévient l’étude. Cette incertitude fait face à une concurrence internationale forte, avec des investissements importants, notamment en Chine et aux États-Unis.

De la même manière, l’UE « joue un rôle de premier plan dans le paysage mondial de production de biogaz et de biométhane, avec des capacités importantes de fabrication d’équipements », comme des digesteurs anaérobies. L’Allemagne et l’Italie sont des pôles clés.

Sur les infrastructures réseaux, l’UE détient un leadership technologique et manufacturier, souligne l’étude. « Les efforts mondiaux de modernisation des réseaux stimulent la demande. » Cependant, l’UE fait face à des défis importants, comme sa dépendance en matières premières (cuivre et aluminium) et en semi-conducteurs, ou la concurrence sur les prix de producteurs émergents, notamment chinois.

Enfin, la chaîne de valeur du captage et du stockage de carbone (CCS) européenne est en construction. Si l’UE est à la tête des investissements mondiaux, elle fait face à des défis technologiques, de coûts et de déploiement.

Accentuer les soutiens à la chaîne de valeur

Une majorité d’États membres ont mis en place des incitations économiques spéciales, un cadre législatif ou politique et/ou des programmes ciblés de compétences. Les politiques de soutien nationales portent d’abord sur les électrolyseurs et les piles à combustible (15 États membres), les batteries et technologies de stockage (13 pays), l’éolien (12) et le photovoltaïque (11). « Souvent, ces technologies sont incluses dans les stratégies nationales dédiées à la transition verte, à la production d’énergies propres, aux plans d’action climat ou aux stratégies industrielles », note l’étude.

L’Allemagne, l’Espagne, l’Italie et la France ont mis en place des législations spécifiques pour améliorer leurs capacités de production. La France s’illustre, notamment, avec sa loi Industrie verte qui vise à réduire la durée des procédures d’autorisation pour les industries neutres en carbone. L’Allemagne a quant à elle révisé sa politique industrielle pour diversifier ses chaînes de valeur. L’Espagne et l’Italie ont mis ces industries au cœur de leurs plans de relance.

Le rapport souligne que seuls quelques États, dont la France, ont mis en place ou ont annoncé des règles propres au made in Europe dans les appels d’offres (France) ou les marchés publics (Italie, Autriche, Lituanie).

Au total, les programmes d’aides d’État approuvés par la Commission européenne dépassent les 15 milliards d’euros de subventions, de prêts ou de mesures fiscales.1. Consulter l’étude publiée par la Commission européenne
https://energy.ec.europa.eu/document/download/225ce3ad-1fae-4692-8510-620471ef4a26_en

Sophie Fabrégat, journaliste
Cheffe de rubrique énergie / agroécologie

Publié par jscheffer81

Cardiologue ancien chef de service au CH d'Albi et ancien administrateur Ancien membre de Conseil de Faculté Toulouse-Purpan et du bureau de la fédération des internes de région sanitaire Cofondateur de syndicats de praticiens hospitaliers et d'associations sur l'hôpital public et l'accès au soins - Comité de Défense de l'Hopital et de la Santé d'Albi Auteur du pacte écologique pour l'Albigeois en 2007 Candidat aux municipales sur les listes des verts et d'EELV avant 2020 Membre du Collectif Citoyen Albi

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