Des dépassements dans l’eau potable de la limite de qualité des PFAS ont déjà été observés dans plusieurs territoires.

PFAS dans l’eau potable : ce que préconise le Haut Conseil de la santé publique

Le Haut Conseil de la santé publique préconise une valeur seuil provisoire pour la gestion de quatre PFAS plus basse que la limite de qualité fixée pour 20 PFAS. Il recommande également d’intégrer une incertitude qui reflète les limites techniques.

Eau  |  10.01.2025  https://www.actu-environnement.com/ae/news/haut-conseil-sante-publique-pfas-eau-potable-gestion-preconisation-provisoires-45389.php4#ntrack=cXVvdGlkaWVubmV8MzY4Nw%3D%3D%5BNDExMDgz%5D

|  D. Laperche

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PFAS dans l'eau potable : ce que préconise le Haut Conseil de la santé publique

© show999

Des dépassements de la limite de qualité des PFAS ont déjà été observés dans plusieurs territoires.

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Comment gérer la contamination de l’eau potable aux PFAS (1)  ? C’est la très sensible question posée par la direction générale de la Santé (DGS) au Haut Conseil de la santé publique en janvier 2024.

Cette grande famille de plusieurs milliers de substances chimiques semble en effet avoir polluée l’ensemble des compartiments de l’environnement, y compris les ressources qui servent à la production d’eau potable. Même si leur encadrement est en construction, une première liste de 20 PFAS dispose désormais d’une limite de qualité pour l’eau du robinet fixée par la directive Eau potable, avec un contrôle sanitaire normalement prévu à partir du 1er janvier 2026. Toutefois, face aux contaminations importantes révélées dans certains sites, des agences régionales de santé (ARS) ont anticipé cette obligation réglementaire.

Les suivis de l’eau potable montrent d’ores et déjà des dépassements de la limite de qualité de ces substances dans plusieurs territoires, notamment dans le Rhône.

Pour savoir comment réagir face à ces situations, l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) travaille à des valeurs limites qui reflètent réellement les risques sanitaires liés aux PFAS. La limite de qualité n’est en effet qu’une valeur de gestion : elle illustre surtout le fait que la présence de ces substances doit être la plus basse possible et proche des limites de quantification des appareils de mesure. Elle devrait rendre ses conclusions en avril 2025. 

Les limites de qualité utilisées pour les PFAS

Les limites de qualité fixées sont de 100 ng/L dans les eaux destinées à la consommation humaine et de 2 000 ng/L dans les eaux brutes utilisées pour produire celles-ci. Ces deux valeurs portent sur la somme des concentrations de 20 PFAS.

En attendant, le Gouvernement souhaite s’appuyer sur les préconisations du Haut Conseil de la santé publique. Dans son avis (2) , l’instance fait un point sur la contamination dans le milieu et dans les eaux destinées à la consommation d’eau potable, sur les capacités d’analyse et d’élimination des PFAS dans les eaux, mais également sur les valeurs de gestion adoptées par des pays également confrontés à cette contamination.

L’indispensable besoin de transparence

Pour ce qui concerne la pollution, le HCSP rappelle le constat de l’Inspection générale de l’environnement  (3) (Igedd) : « Une contamination générale faible des eaux, mais avec quelques « points noirs », une contamination des nappes touchant principalement les nappes alluviales illustrant une origine essentiellement ponctuelle des PFAS viades rejets en rivières, l’identification des PFAS les plus fréquemment détectés (PFOS, PFOA, PFHxA, PFHxS, PFHpA, PFPeA, 6:2 FTS…). »

Dans les eaux potables, les données 2022-2023 des ARS de cinq régions (Auvergne-Rhône-Alpes, Bourgogne-Franche-Comté, Grand Est, Provence-Alpes-Côte d’Azur et Normandie) montrent un point positif : 9 des 20 PFAS de la directive Eau potable n’ont jamais été détectés et quantifiés (PFDoDA, PFDoDS, PFDS, PFHpS, PFNS, PFTrDA, PFTrDS, PFUnDA et PFUnDS). En revanche, les autres sont bien présents.

Le BRGM a estimé le nombre de PFAS quantifié par point d’eau.© BRGM/Laurence Gourcy

Pour le Haut Conseil de la santé publique, une des priorités est de rendre publics les niveaux de contamination de l’ensemble des eaux de boisson. « Il est indispensable de publier le plus rapidement possible les niveaux de concentrations en PFAS cibles (et autres polluants émergents) détectés dans les eaux conditionnées commercialisées ainsi que dans toutes les autres boissons, a-t-il recommandé. Une synthèse nationale trimestrielle doit être réalisée concernant les données PFAS dans les ressources en eau servant à la production des EDCH [eaux destinées à la consommation humaine, ndlr], dans les EDCH (non-conformités, définition des niveaux de contamination constituant un « bruit de fond anthropique ») et dans les eaux minérales naturelles (EMN) à usage de boisson. Ces éléments doivent viser à déterminer les zones et territoires à risque prioritaire. »

Autre point important : pour prendre en compte toutes les expositions, notamment celles qui sont les plus dommageables, il recommande de déterminer avec précision la part représentée par les eaux de boisson et de hiérarchiser les sources.

Vigilance accrue sur quatre PFAS

Concernant la gestion de cette contamination dans les eaux potables, en attendant l’avis de l’Anses, le Haut Conseil de la santé publique a élaboré un arbre de décision avec de nouveaux paramètres. Ainsi, en parallèle de la limite de qualité de 100 ng/l pour la somme des concentrations des 20 PFAS de la directive Eau potable, il préconise une vigilance accrue sur quatre PFAS : le PFOA, le PFOS, le PFNA et le PFHxS. Pour ces derniers, il conseille de retenir une valeur seuil provisoire de 20 ng/l pour la somme des concentrations dans les eaux destinées à la consommation humaine et les eaux minérales naturelles à usage de boisson.

Pour prendre en compte les limites des méthodes d’analyse, il appelle également à appliquer une incertitude sur les concentrations mesurées de 30 %.

La procédure à suivre en cas de première alerte de dépassement des limites de gestion est un suivi renforcé minimum de quatre mois sur deux saisons, avec une fréquence d’échantillonnage tous les quinze jours. Le dépassement est alors confirmé si la médiane des résultats du suivi dépasse une des valeurs. « Pour les situations locales où une pollution particulière et significative de l’eau est détectée qui concerne une autre molécule que celles prévues dans la liste des 20 PFAS, une évaluation de risque avec élaboration d’une valeur sanitaire de gestion en urgence doit être sollicitée auprès de l’Anses », complète le Haut Conseil de la santé publique.1. https://www.actu-environnement.com/dossier-actu/PFAS-eau-industries-villes-reach-polluants-eternels-mousses-anti-incendie-vallee-chimie-95#:~:text=PFAS%20(1%2F3)%20%3A,d’un%20encadrement%20plus%20strict.<br />
http://Lire PFAS : une pollution qui redevient visible2. Télécharger l’avis relatif à la gestion des risques sanitaires liés à la présence de composés per- et polyfluoroalkylés (PFAS) dans les eaux destinées à la consommation humaine et les eaux minérales naturelles à usage de boisson
https://www.actu-environnement.com/media/pdf/news-45389-gestion-risques-sanitaires-pfas-edch-emn-hcsp-2025.pdf3. Télécharger le rapport Analyse des risques de présence de per- et polyfluoroalkyles (PFAS) dans l’environnement
https://www.actu-environnement.com/media/pdf/news-45389-analyse-risques-presence-pfas-environnement-igedd.pdf

Dorothée Laperche, journaliste
Cheffe de rubrique eau / santé environnement

Publié par jscheffer81

Cardiologue ancien chef de service au CH d'Albi et ancien administrateur Ancien membre de Conseil de Faculté Toulouse-Purpan et du bureau de la fédération des internes de région sanitaire Cofondateur de syndicats de praticiens hospitaliers et d'associations sur l'hôpital public et l'accès au soins - Comité de Défense de l'Hopital et de la Santé d'Albi Auteur du pacte écologique pour l'Albigeois en 2007 Candidat aux municipales sur les listes des verts et d'EELV avant 2020 Membre du Collectif Citoyen Albi

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