Les dépenses de soins des médecins spécialistes augmentent trois fois plus vite que celles des généralistes
Dans son rapport sur les dépenses de santé en 2023, la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) du ministère de la Santé relève que la consommation de soins courants des spécialistes a augmenté de 6.6% l’an dernier.
Par Aveline Marques

Les dépenses liées aux soins et biens médicaux ont « accéléré » en 2023 pour atteindre 249 milliards d’euros (+5,2%), soit une dépense moyenne de 3.660 euros par habitant, selon le rapport annuel de la Drees, publié ce jeudi.
https://drees.solidarites-sante.gouv.fr/sites/default/files/2024-11/CNS24.pdf
Cette consommation de soins et de biens médicaux (CSBM) est « plus dynamique qu’avant la crise », tirée par la consommation de soins hospitaliers (+5,7 %), de soins de ville (+5,7 %) et de médicaments (+3,1%). En revanche, « conséquence de la forte diminution des dépenses de dépistage ou de vaccination », les dépenses de prévention ont chuté l’an dernier (-38.3%), revenant à un niveau proche d’avant-crise.
Les dépassements d’honoraires des généralistes à la hausse
La consommation de soins courants des généralistes de ville n’a que faiblement augmenté en 2023 (+1.6%), pour atteindre 10.7 milliards d’euros. Cette croissance s’explique essentiellement par la hausse des prix (+1.4%) induite par les revalorisations du règlement arbitral. Les honoraires de consultation représentent 69% de cette consommation de soins, contre 18% pour les contrats et forfaits (forfait patient médecin traitant, Rosp, aide à l’embauche d’un assistant médical…), 6% pour les actes techniques (échographies, anesthésies ou actes de chirurgie), 4% pour la prise en charge des cotisations et 3% pour les téléconsultations. A noter que les dépenses associées à la médecine à expertise particulière sont en baisse de 7.4%.
La Drees relève également qu’après 12 ans de baisse continue, qui s’explique par la diminution du nombre de praticiens en secteur 2, les dépassements d’honoraires des généralistes sont repartis à la hausse l’an dernier (+8.3%).
Les dépenses de soins courants fournis par les autres médecins spécialistes de ville sont, elles, très dynamiques : elles ont augmenté de 6.6% en 2023 pour atteindre 14.9 milliards d’euros, après une hausse de 4.4% en 2022.
En dix ans, les dépenses de soins des spécialistes « ont augmenté trois fois plus vite que les dépenses de soins courants de médecins généralistes (+38% contre +13%) », souligne la Drees. En 2023, il s’agit davantage d’un effet volume (+4.9%) que d’un effet prix (+1.6%). La cardiologie et la médecine vasculaire (+9.7%), la chirurgie (+8.1%), l’ophtalmologie (+8.2%) ou encore l’imagerie (+7.5%) ont contribué fortement à l’augmentation des dépenses.
Les dépassements d’honoraires des spécialistes sont en « nette hausse ces trois dernières années », constate enfin la Drees : les dépenses ont augmenté de 13.7% l’an dernier. Les soins de cardiologie et de médecine vasculaire et d’imagerie médicale se distinguent avec des hausses de 23% et de 21.8%, respectivement.
Auteur de l’article Aveline Marques Rédactrice en chef web
La France a dépensé 325 milliards d’euros pour sa santé en 2023
Quentin Haroche | 22 Novembre 2024 https://www.jim.fr/viewarticle/france-dépensé-325-milliards-deuros-sa-santé-2024a1000lc7?ecd=wnl_all_241122_jim_daily-doctor_etid7020899&uac=368069PV&impID=7020899&sso=true
Paris – Le dernier bilan de la Drees fait état d’une augmentation de 3,5 % des dépenses de santé en France en 2023, portée notamment par la hausse de la consommation de soins hospitaliers et ambulatoires.
L’examen du projet de loi de financement de la Sécurité Sociale (PLFSS) continue au Parlement. Après que l’Assemblée Nationale a échoué à examiner le texte à temps, il est désormais entre les mains du Sénat, qui devra se prononcer sur le projet de loi avant mardi prochain. L’un des objectifs du gouvernement à travers ce PLFSS d’austérité (toute relative) est de faire des économies : l’exécutif souhaite ainsi diminuer de 4 milliards d’euros les dépenses de la Sécurité Sociale.
Une goutte d’eau face à l’immensité des dépenses de santé. Selon le dernier rapport publié ce jeudi par la Drees, le service des statistiques du ministère de la Santé, les dépenses de santé globales en France (ne se limitant donc pas aux dépenses de la Sécurité Sociale) s’élèvent à 325 milliards d’euros, soit 11,8 % du PIB de notre pays ! Parmi les membres de l’OCDE, seuls les Etats-Unis et l’Allemagne consacrent une part plus importante de leur PIB aux dépenses sanitaires.
Les soins hospitaliers représentent la moitié de la consommation de soins
Le rapport de la Drees indique que ces dépenses ont augmenté de 3,5 % sur un an en 2023. Une hausse portée par la consommation des soins et biens médicaux (CSBM), en augmentation de 5,2 % et par les dépenses de soins de longue durée (+ 6,2 %). En revanche, la fin de la crise sanitaire et avec elle des campagnes de dépistage et de vaccination à grande échelle a provoqué un effondrement des dépenses de prévention, qui ont diminué de 38 % depuis 2022 et de 55 % depuis 2021.
La CSBM, qui représente une enveloppe de 249 milliards d’euros, se répartit entre les soins hospitaliers (49 %), les soins ambulatoires (29 %), les médicaments (13 %) et les dispositifs médicaux (9 %). Les dépenses de soins hospitaliers ont augmenté de 5,7 % en 2023. Cela s’explique notamment par la forte hausse des tarifs (+ 3,6 %) dans le secteur public, elle-même due aux revalorisations dont ont bénéficié les soignants hospitaliers et à la progression des prix de l’énergie.
C’est pourtant le secteur privé qui connait le plus fort dynamisme : son activité a augmenté de 16 % depuis 2019, alors qu’elle a diminué de 5 % dans le secteur public durant la même période.
Les dépenses de soins ambulatoires ont également augmenté de 5,7 %, en raison d’une forte hausse des dépenses de soins chez les spécialistes (+ 18,5 % depuis 2019, contre seulement + 3,4 % sur la même période pour les généralistes). Les dépenses de médicaments croissent quant à elles pour la troisième année consécutive (après avoir diminué entre 2014 et 2020) : les nouveaux produits innovants et souvent très couteux expliquent en partie cette tendance, alors même que le nombre de médicaments vendus diminue (- 1,1 %) ainsi que leur prix (- 4,4 %).
Un des restes à charge les plus faibles d’Europe…pour combien de temps ?
Signe de l’importance de notre Etat providence à la française, 80 % des dépenses de soins et de biens médicaux sont prises en charge par la Sécurité Sociale et l’Etat ; 12,5 % des dépenses sont également remboursées par les complémentaires santé, ce qui signifie que seulement 7,5 % de ces dépenses sanitaires restent à la charge des Français, soit 274 euros par an et par habitant. La France présente ainsi le troisième taux de reste à charge le plus faible des pays de l’OCDE, derrière le Luxembourg et la Croatie.
Reste à savoir si ce modèle social français est encore viable. Le déficit de la Sécurité Sociale s’élève à 18 milliards d’euros en 2024 et même avec les mesures d’économie promises par le gouvernement, il devrait s’établir à 16 milliards en 2025. Les politiques en sont à imaginer des solutions pour le moins originales, à l’image de cet amendement au PLFSS voté par les sénateurs ce mercredi consistant à obliger les actifs à travailler 7 heures de plus sans rémunération pour renflouer les caisses. Pendant que les parlementaires s’écharpent sur la meilleure manière de gérer le budget, les dépenses de santé continuent, elles, d’augmenter inexorablement.